La lutte sera longue et pour savoir son issue, il faudra la mener de bout en bout.

C’est d’abord une rencontre entre des personnes venues d’horizons différents mais ayant une révolte commune à faire partager.

C’est une façon autre d’élargir le mouvement en conviant au jeu.

C’est très sérieux le jeu.

C’est parcourir des lieux inhabituels en conviant les passants à énoncer leur part de vie.

Pourquoi ne deviendraient-ils pas acteurs ? Un moment d’énergie en promenade.

Tu regardes, Tu me regardes, Ça nous concerne.

C’EST LA FIN DU TUNNEL !

Le Train Express des Réformes (T.E.R.) est né de rencontres, dans le cours des conflits du printemps et de l’été, d’infirmièr(e)s, de postièr(e)s, d’hospitalièr(e)s, d’intermittent(e)s, d’enseignant(e)s, et d’autres personnes . Certain(e)s d’entre nous sont engagé(e)s dans le mouvement syndical, d’autres dans le mouvement associatif, d’autres enfin s’affirment sans appartenance. Ce qui nous semble important, c’est que cette rencontre ait eu lieu. Et qu’il en résulte quelque chose. Si rencontre il y a eu, c’est que notre révolte est au-delà de la diversité de nos situations particulières. C’est qu’un monde, auquel nous étions déjà opposé, laisse la place à un monde encore plus inacceptable. Ça fédère. Se fédérer, c’est d’abord parler entre soi. La fabrication d’un T.E.R. c’est une occasion de converser, d’échanger, de s’affranchir des séparations quotidiennes qui font que l’on s’ignore, clos dans des professions, des militantismes et des murs d’appartements. Chacun à sa place. Et bien non : on se fait un joli remue-ménage, remue-méninges. Et qu’en sort-il ? Un T.E.R.. Une locomotive (l’O.M.C.) et ses wagons. C’est le matériel de carton. Et des gens : contrôleurs du MEDEF (« En avant l’industrie ! En avant la France ! »), des lobotomisés préposés au portage des wagons (la fin sera heureuse, ils prendront conscience, ils seront délivrés de leur aliénation), des électrons libres qui tendent à échapper au contrôle du MEDEF pour aller engager la conversation avec les passants. Car dans la théâtralisation ludique, il y a pour but d’inviter les passants à sortir de leur silence et de leur résignation (si c’est la cas). Foin des grands discours. Le tract qui leur est remis donne des adresses de contact et la conversation avec eux est une simple invite à dire, un court instant, leur point de vue, leur part de vie. Le T.E.R. s’apparente au spectacle de rue et n’est pas un spectacle. Il s’agit de montrer, par la représentation du réel et sans la distance de la scène, qu’il existe des opposants, que ce qui les mobilise n’est pas catégoriel mais universel, que la réalité des « réformes » peut être mise en jeu, que le réel peut être autre et que le spectateur (passif) peut se transformer en public (citoyen). Pour le moment, notre expérience est limitée. Se découvrir les uns les autres, une sortie pour le 14 juillet (il faut se réapproprier la res publica). En projet : des visites de quartiers et de lieux que délaissent le trajet des manifestations conventionnelles. Notre souhait : des T.E.R. partout, souvent. Ou, en tous cas, d’autres actions métissées, mélangées, brassées, qui aideraient à dépasser l’habitude de combats clivés, trop séparés les uns des autres. C’est un chantier, il est en cours, et le T.E.R. est une des pierres apportées.

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[http://www.acrhone.lautre.net/rubrique.php3 ?id_rubrique=43]