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Soyons clairEs : Nous sommes des anarchistes queers et criminels, et ce monde ne nous suffit pas, et ne nous suffira jamais. Nous voulons anéantir la morale bourgeoise et réduire ce monde en poussière. Nous sommes là pour détruire ce qui nous détruit.

Mary Nardini Gang, Intimité Criminelle

TRANS ULTRA VIOLENCE

Samedi 5 octobre, tout un emballement médiatique a eu lieu autour d’une action initiée par l’AG Antifa Paname pour tenter d’interrompre la journée de dédicaces de Stern et Moutot et de tous leurs amis fascistes. Interceptées par un déploiement massif de la BRAV-M avant de pouvoir s’approcher de la péniche où avait lieu la sauterie transphobe, 63 personnes ont été interpellées et une cinquantaine ont été mises en garde à vue par les keufs – une personne dort actuellement en taule suite à la détention provisoire prononcée par un chien de juge tandis qu’une autre va devoir pointer au commissariat dans le cadre d’un controle judiciaire.

Tout de suite, la préfecture et le parquet ont joué les enchères de la meilleure histoire à raconter aux journaleux de préfecture : 64 antifas masquées ont été arrêtées en possession d’armes blanches et d’explosifs ! Les exagérations par le biais qualifications juridiques sont routinières et attendues : en effet, certaines personnes sont venues équipées de matraques télescopiques, de fumigènes, de mortiers d’artifice, de pétards, d’œufs de peinture ou d’un opinel (qu’il traînait au fond d’un sac ou qu’il fut destiné à un faf, on ne le saura jamais…). Évidemment, tout le monde s’était masquée ou cagoulée ; on aura cependant évité le dramatisme du dress code black bloc, l’antifascisme étant semble-t-il la tendance fashion de la rentrée. Ce banditisme vestimentaire est allé arracher leurs meilleures larmes aux transphobes du weekend : Stern comme Moutot n’ont eu de cesse de chouiner dans d’innombrables tweets sur les (valides et légitimes) menaces de mort et atteintes à leur vie, ou la récente annulation de leur événement versaillais.

Si ce n’était pas déjà assez désagréable pour nos oreilles, elles ont rapidement été rejointes dans leur grand brouhaha victimaire par tous les professionnels de la dissociation des milieux militants et LGBTI+ – et notamment leurs composantes innocentistes. On a ainsi pu voir à l’oeuvre les Grandes Organisations Inutiles, telle Du Pain et Des Roses dont la seule action restera d’avoir apposé ses logos sur un visuel moche plutôt que de repartager les appels autonomes à rassemblements devant les commissariats, déballer leurs discours victimaires habituels sur la répression qui s’abattrait sur de pauvres « manifestant-es contre la transphobie ». Les vautours professionnels font ainsi, comme à leur habitude, de la répression « injuste » le sujet principal d’une action ; des keufs les seuls possesseurs d’une quelconque agentivité ; d’une action allant à l’affrontement et visant à empêcher les fascistes d’exister dans l’espace public (ou tout court) une simple manifestation « pacifique » contre une vague transphobie abstraite.

Sans doute que les pacificateurs usuels auraient préféré que nous nous inspirerions d’eux pour organiser un rassemblement inutile et négocié avec la préfecture loin de la sauterie fasciste. N’en leur déplaise, certaines d’entre nous préfèrent les mortiers et les télescos à aller agiter des drapeaux à dix kilomètres pour faire de jolies photos. Nous ne sommes en tout cas pas surprises qu’aucune de ces organisations n’ait rejoint ou repartagé l’action avant qu’elle ne soit réprimée – comme elles ont ignoré les sabotages incendiaires contre la conférence de Stern et Moutot à Lyon, ni fait quoique ce soit de leur côté contre cet événement parisien. Après tout, nombre d’entre elles s’étaient déjà dissociées au moment du contre-rassemblement à la conférence de Stern et Moutot à Assas en mai dernier, rejetant l’usage de la grande violence politique que fut le slogan « Une TERF, une balle, justice sociale » ou l’idée de « donner de la visibilité » aux TERFs en question en allant les confronter et affronter directement.

Vautour parmi les vautours, les poucaves journalistiques de Streetpress (répétées par Mediapart et compagnie) se sont empressées de cueillir les témoignages les plus innocentistes qu’ils ont pu trouver en sortie de GAV. Un énième discours victimaire est ainsi apparu à travers une « bande de trans et de bisounours queers » qui se seraient « mis en boule et pleuré » en cas de « bagarre avec les fafs » et affirment qu’il n’y a eu « ni dégradation, ni violence, ni appel à l’insurrection ». Dissociation dégueulasse mise à part, nous nous sentons évidemment insultées par le ridicule de ce dernier point : appel à l’insurrection il y avait, et il y aura toujours. Peu importe les dissociations, l’absence supposée de dégradation ou de violence n’est pas justifiée par une absence de désir de faire advenir l’un comme l’autre, mais bien par l’interception précoce par les keufs. Que les bisounours se tiennent sages si iels le veulent, certaines d’entre nous auraient coulé la péniche et tous ses fafs avec si nous en avions eu l’occasion. Que les journaleux de Streetpress gardent leurs torchons pour eux, certaines d’entre nous avaient bien la volonté d’en découdre.

Nous ne nous opposons pas aux transphobes et aux fascistes dans le joyeux monde du débat des idées, ni pour s’imposer dans l’espace médiatique : nous nous opposons physiquement et violemment à leur existence toute entière, comme eux s’opposent aux notres. Il n’y aura pas de réconciliation possible avec les fascistes, et il faudra bien un jour en découdre. Il faudra bien que la peur s’installe durablement dans leur camp et dans leurs têtes pour que leurs idées mortifères disparaissent à tout jamais. Cela ne pourra se faire que par la force et la violence, et donc par l’éclatage des têtes en question. Dans cette optique, une matraque télescopique semble être un pas dans la bonne direction.

Les discours innocentistes et les dissociations de tous bords ne nous surprennent que très peu : nous y sommes habituées. Syndicats, partis et organisations politiques font de la dissociation de toute action ou initiative autonome la base de toute leurs communication et modes d’organisation, une activité primordiale de chaque mouvement social. Les mouvements et milieux LGBTI+ sont traversés et gangrénés depuis bien longtemps par des lignes assimilationnistes et innocentistes. Au sein du militantisme LGBTI+, même celui qui s’approprie et dévoie des termes et concepts tels que TransPédéGouines ou Pink Bloc, le pacifisme, la non-violence et la victimisation priment. Nous y sommes habituées, et nombre d’entre nous, anarchistes et autonomes trans, désertons la majorité des espaces d’organisation LGBTI+ pour ces raisons. Le récent mouvement Riposte Trans contre l’ignoble loi transphobe des Républicains nous l’a démontré une énième fois : rien d’intéressant ou de pertinent ne se déroule dans ces espaces ultra-pacifiées – nous n’avons rien à y faire ou y trouver.

Notre propre auto-organisation au sein des espaces autonomes et anarchistes – comme envers et contre certains de ces espaces terriblement cis- ou hétérochiants – nous permettra toujours bien plus de rencontrer complices et copaines avec qui partager nos désirs, modes d’organisation et d’action. Ce n’est que par ce biais que nous pouvons affronter la transphobie et imaginer un monde sans celle-ci, ni aucun de ceux qui la propagent. Ce n’est que par ce biais que nous pourrons nous débarrasser de l’emprise du genre, du sexe et de toutes autres absurdités du genre qui catégorisent, hiérarchisent et répriment nos corps et nos vies.

Ces espaces ne sont néanmoins pas non plus homogènes ni forcément toujours pertinents. Si cela paraît enfin une évidence, c’est au fruit d’années de luttes parfois ultra-minoritaires et isolées que les milieux antifascistes s’emparent désormais de la lutte contre les fascistes transphobes – et seulement après que celles-ci aient entièrement consommé leur mariage avec les plus viles des franges ouvertement fascistes. La composition d’espaces d’organisation telles que l’AG Antifa Paname reste diverse et implique de nombreuses positions divergentes. S’il paraissait évident de se mobiliser contre la sauterie de Stern et Moutot ce 5 octobre, les modalités d’organisation et d’action étaient loin d’être évidentes, ni partagées. Elles ne le sont toujours pas, et ne le seront jamais, en témoignent les lignes pacificatrices qui s’expriment actuellement de partout – mais surtout et notamment du commentariat des réseaux sociaux. Des débats ridicules et déplorables sur « la violence » ou « les affrontements » ont eu lieu à l’AG même qui a précédé et organisé l’action organisée le weekend dernier.

L’éternelle ligne essentialiste ne tarde jamais à apparaître lorsque les défenseurs de la non-violence viennent s’exprimer sur l’usage que certaines d’entre nous font de la violence. Que ce soit par des féministes cis ou que ce soit par des pacifistes trans, notre soi-disant socialisation masculine sera toujours ramenée sur la table pour nous empêcher d’agir avec violence : soit pour démontrer qu’on est bien des mecs puisqu’on est violentes, soit pour nous protéger nous pauvres meufs trans diabolisées qui devons être bien sages pour montrer qu’on est bien des ptites meufs inoffensives. Ce double discours s’applique tout autant aux mecs trans : soit ils montrent patte blanche en épousant la non-violence pour montrer qu’ils sont bien safes et pas comme les autres mecs, soit ils démontrent que la violence est bien un acte intrinsèquement viriliste et masculin (et évidemment validiste quand on veut pousser la bêtise encore plus loin) de par leur usage de celle-ci. Ce sont bien les féministes les plus « safes » et « pro-trans », et parmi elles bon nombre de personnes trans de toutes les organisations pacificatrices inutiles, qui viennent nous mégenrer ou nous réassigner comme hommes dès lors que nous revêtons un simple k-way. Elles n’ont pas attendu et n’attendront jamais les TERFs les plus transphobes pour effacer nos expériences de trans et de meufs au profit de la préservation de leurs lignes pacificatrices essentialistes. Nous ne trouverons jamais de « sororité » ou « d’adelphité » ni parmi ces meufs, ni parmi ces personnes trans.

Qu’ils et elles aillent tous et toutes se faire foutre ! Nous sommes violentes car nous sommes trans. Nous sommes violentes car nous sommes des meufs. Nous sommes violentes car nous sommes anarchistes.

Nous sommes violentes et dangereuses car ce monde est violent et dangereux. Nous sommes violentes et dangereuses car nous vivons la violence de la transphobie, du sexisme, de l’hétérosexualité et du capitalisme au plus profond de nos chairs. Nous sommes violentes et dangereuses car c’est le seul langage que les classes dominantes puissent comprendre. Nous sommes violentes et dangereuses car il est nécessaire et impératif de l’être. Nous sommes violentes et dangereuses car nous pensons que c’est la seule stratégie révolutionnaire valable. Nous sommes violentes et dangereuses car nous désirons nous venger. Nous sommes violentes et dangereuses car nous le désirons au plus profond de nos êtres. Nous sommes violentes et dangereuses car nous aimons ça. Nous sommes violentes et dangereuses car nous aimons et désirons les sensations et sentiments que l’usage de la violence fait surgir de nous.

La seule complicité que nous recherchons est une complicité insurrectionnelle, et nous la retrouverons toujours plus dans le black bloc, dans les émeutes, dans les squats et dans les actions clandestines que dans leurs espaces aseptisés.

Nous sommes de celles qui ont formé un black bloc le 6 mai dernier devant Assas, pour perturber la conférence de Stern et Moutot et en découdre avec leurs copains fachos.

Nous sommes de celles qui ont crâmé le compteur électrique et fracassé les vitres de l’école de Marion Le Pen, contre la venue de Stern et Moutot en conférence le 19 septembre, et qui n’auraient pas hésité à en découdre avec leurs copains fachos.

Nous sommes de celles qui sommes venues pour en découdre à « l’arme blanche », aux « explosifs » et aussi sans rien dans les poches, ce 5 octobre à la péniche où se rassemblaient Stern, Moutot et leurs copains fachos.

Elles désirent notre mort, et nous désirons la leur.

Avant toute chose, nous désirons et revendiquons l’usage de la violence politique. Nous revendiquons tout appel à l’insurrection, car nous essayons chaque jour d’avancer vers celle-ci. Nous la désirons plus que tout et nous n’arrêterons jamais d’essayer – il en va de nos vies et du seul choix acceptable que nous pouvons faire pour vivre celles-ci. Nous ne nous contenterons jamais de déambulations pacifiques, de rassemblements symboliques, de manifestations lointaines inutiles. Nous refusons de nous cantonner aux modes acceptables d’organisation du militantisme, de participer à la course éternelle de recrutement d’organisations toutes teintées de transphobie et de violences sexuelles, de nous insérer dans ce cadre « militant » et « activiste » qui en ferait un second travail à gérer en respectant ses cadres et traditions.

Nous n’y voyons aucun intérêt : tout d’abord par l’inutilité et inefficacité chroniques de ce mode d’organisation et, au fond, surtout parce qu’on s’y ennuie à mourir. Nous voulons vivre et non survivre, ainsi nous ne nous satisferons jamais des voies réformistes ou assimilationnistes qui voudraient nous intégrer à la société hétérosexuelle. Nous voulons vivre pleinement, et pour cela nous rejetons ce monde et tout ce qui le compose, et ainsi nous conspirons chaque jour pour sa destruction la plus totale. Nous voulons vivre pleinement, et la seule voie pour vivre est celle de l’insurrection.

Ce n’est pas parce que nous avons grandi en tant que garçons que nous recherchons et usons de la violence. Nous sommes violentes car nous sommes des femmes, et cette expérience justifie pleinement toute violence que nous pourrions exercer. C’est bien parce que nous avons choisi de devenir des femmes au cours de nos vies que nous ne pourrons jamais comprendre l’attrait du féminisme cis soi-disant radical pour la non-violence sous toutes ses formes. Tout dans l’expérience du patriarcat pousse à la révolte, assumons-la, embrassons-la. Nous ne devrions jamais avoir à nous sentir comme les petites choses faibles que les hommes veulent faire de nous : ce sont les violeurs qui devraient avoir peur de rentrer chez eux chaque soir au risque de se faire planter, ce sont les mascus qui devraient avoir peur de rentrer chez eux chaque soir au risque de se retrouver sous les coups de télescos, ce sont les flics qui devraient avoir peur de rentrer chez eux chaque soir au risque de se faire allumer de tous feux.

Il n’y a bien que dans la violence insurrectionnelle que nous ressentons le patriarcat trembler, que nous pouvons rendre tous les coups que nous prenons chaque jour. Ce n’est qu’à travers la violence émeutière qui s’abat sur les flics, les banques et l’État que nous nous donnons la capacité d’allumer les flammes qui embraseront le patriarcat dans son entièreté. Ce n’est qu’à travers la violence en bandes armées que nous nous donnons la capacité de rendre coup pour coup aux fascistes et aux violeurs. Ce n’est qu’à travers la violence qui craque portes et serrures que nous nous donnons la capacité de vivre et de se rencontrer dans des espaces libérés des proprios. Rien ni personne d’autre ne nous sauvera que notre propre auto-organisation en tant que femmes, et celle-ci ne pourra être qu’insurrectionnelle si elle veut se donner les moyens d’aboutir à la fin du patriarcat.

Il n’y a aucun scandale dans le fait que les flics défendent les transphobes et fascistes : ces deux camps prétendument opposés n’en composent qu’un unique. Tout flic est transphobe et fasciste, de par son existence même en tant que flic. Il ne pourra jamais exister un État qui ne soit pas complaisant avec les fascistes et les transphobes : l’État lui-même sera toujours transphobe et fasciste peu importe le vernis ou la dénomination qu’il se donne, et nous viserons toujours à sa destruction totale. Nous n’avons pas non plus attendu d’être « injustement » mises en garde à vue alors que « innocentes » pour découvrir la violence transphobe de l’État et de ses flics. Nous l’avons vécue à chaque contrôle d’identité, à chaque fouille, à chaque interpellation et garde à vue, à chaque procès, à chaque incarcération, à chaque course-poursuite et affrontement avec les flics. Toute interaction avec eux et l’État sous toutes ses formes dégouline de transphobie. Toute existence de la police, de la justice, de la prison et de l’État est de la transphobie.

Aucune victimisation ou dénonciation médiatique ne nous a jamais rien apporté – et elles ne le feront jamais. Il n’existe qu’un seul moyen de mettre fin à la violence transphobe exercée par les flics dans chacune des interactions que nous avons avec eux : la violence, insurrectionnelle et trans. S’il nous paraît évident qu’un bon faf est un faf mort, et s’il nous paraît tout aussi évident qu’un bon flic est un flic mort, alors il n’y a qu’une seule conclusion qui s’offre à nous. Nous le répétons : nous ne voulons voir des fachos qu’en train de courir, apeurés de ce que nous leur ferons si nous les rattrapons ; nous ne voulons voir des flics qu’en train de courir, apeurés de ce qu’il leur arrivera si tel molotov ou tel mortier les atteint ou s’ils se retrouvent coincé au milieu du bloc. C’est en tant que trans que nous désirons cette violence. C’est en tant que trans que nous nous masquons, et jamais nous ne nous sentons autant affirmées dans nos expériences de meufs trans que sous la cagoule.

Rendre les coups aux transphobes de tous genres est tout autant une part de nos transitions que la prise d’hormones, le renouvellement de nos garde-robes, les changements de pronoms, les chirurgies, l’accès aux espaces trans de socialisation… Endosser une cagoule et un k-way est la seule chose qui ait un impact réel sur la dysphorie et toute la merde de ce monde. Mon corps n’est jamais vraiment que mien qu’au bref moment où, marteau en main, adrénaline qui se mélange aux oestrogènes, je fracasse les vitres d’une banque ou d’un énième complice d’un génocide colonial. Nos corps ne peuvent être réaffirmés et libérés de l’aliénation capitalo-hétérosexiste qu’en s’émancipant de leurs normes et de leurs lois. Nos transitions ont toujours été criminalisées d’une manière ou d’une autre, et ce n’est que dans le crime que nous pourrons obtenir le plein contrôle de celles-ci et de nos désirs.

Nos transitions ne seront jamais complètes tant que nous vivrons dans un monde où la transphobie existe, et celle-ci continuera d’exister tant que la peur n’aura pas changé de camp, et que les transphobes ne craindront pas de nous croiser dans la rue. Qu’à cela ne tienne, nous continuerons de poursuivre Stern et Moutot partout où elles iront jusqu’à ce qu’elles n’osent plus sortir de chez elles – et pas seulement le tweeter !

Nique les pacificateurs. Crèvent les flics, les transphobes et les fachos. Pour une insurrection totale contre le genre et l’État. Soyons dangereuses !

Force aux copaines pour leurs procès, et notamment au compa qui dort en taule ce soir. On pense à vous, et on rendra tous les coups. Feu à toutes les prisons ! Que crèvent les juges et les matons.

une bande armée de travelos qui voulaient en découdre

Toute fuite possible hors de la contrainte du genre impliquera probablement des tactiques à la fois explosives et clandestines, mais aussi des méthodes qui rendent ces formes indiscernables. Lorsque j’enfile mon masque noir, je participe au déroulement d’une émeute, mais je me retire aussi des dispositifs qui me placeraient ou m’identifieraient dans tel ou tel genre. J’obscurcis les traits de mon visage, mes cheveux, mon corps – tout ce qui pourrait être genré ; révélant ma violence à la place. L’État, les médias et la gauche féministe insistent sans cesse sur le fait que la violence n’appartient qu’aux hommes, cette insistance elle-même forme d’autres dispositifs de capture et de genrage. Ma violence, arrachée par tant de représentations et de politiques de victimisation, fait son retour et émane maintenant de l’intérieur vers l’extérieur. Le masque noir forme le tissu qui unit les refus de la soumission intérieure et de la représentation extérieure. Les attaques qui suivent détruisent avant tout les barrières et les séparations intérieures et extérieures. Je deviens un microcosme dè chaos qui m’entoure, suspendant les pratiques et les règles de l’identité.

baedan, Contre le cauchemar du genre

Nous, queers et autres insurgéEs, avons développé ce que les gens bien comme il faut pourraient appeler une intimité criminelle. Nous explorons la solidarité matérielle et affective entretenue parmi les bandits et les rebelles. Dans notre obstruction à la loi, nous avons illégalement découvert notre beauté réciproque. En dévoilant nos désirs à nos complices, nous avons appris à nous connaître bien plus intimement que la légalité ne pourrait jamais le permettre. Dans le désir, nous produisons le conflit. Et dans le conflit avec le capital, nous avons pu trouver une échappatoire à l’ abrutissement de nos vies. Le discours de notre gang, c’est le conflit.

Nous ne proposons les mots « criminel » ou « queer » ni en tant qu’identités, ni en tant que catégories. Criminalité. Queer. Voilà des outils pour se révolter contre l’identité et la catégorie. Voici nos lignes de fuite hors de toute contrainte. Nous sommes en conflit avec tout ce qui restreint le moindre désir. Nous devenons n’importe quoi. Notre unique point commun, c’est notre haine de tout ce qui existe. Lorsqu’elle est commune, une telle révolte du désir ne peut jamais être intégrée à une forme étatique.

Mary Nardini Gang, Intimité Criminelle