Appel à soutien suite à une vague d’arrestations en France en lien avec le désarmement d’une usine Lafarge
Catégorie : Global
Thèmes : EcologieRépression
Lieux : France
Tôt ce matin, les gendarmes et la Sous-Direction Anti-Terroriste (SDAT) ont mené une vague de perquisitions à travers toute la France. Au moins une quinzaine de personnes ont été perquisitionnées simultanément dans plus de dix communes puis placées en garde à vue.
D’après les premières informations publiées dans la presse, ces personnes seraient accusées de “destruction en bande organisée” et “association de malfaiteurs”, en lien avec une action de désobéissance menée le 10 décembre 2022, contre l’usine Lafarge de Bouc-Bel-Air (13), par plusieurs centaines de personnes (lien du communiqué et vidéo que nous avions relayés a l’époque depuis les Soulèvements de la Terre). Sous ce régime de garde-à-vue, elles pourraient être détenues pendant 96h (jusqu’à vendredi matin).
Depuis les Soulèvements de la Terre, nous avions soutenu cette initiative de démantèlement salutaire à l’encontre d’une des entreprises les plus destructrices au monde. Nous appelons donc à soutenir très largement les personnes arrêtées aujourd’hui : dans les cortèges contre la réforme des retraites demain, par des rassemblements devant les sites Lafarge et les Préfectures mercredi soir et en rejoignant massivement la mobilisation contre l’extension d’une carrière Lafarge ce dimanche 11 juin au matin à Saint-Colomban.
L’opération policière de ce matin, sur laquelle le ministère n’a pour l’instant pas communiqué, s’inscrit de toute évidence dans l’escalade répressive que le gouvernement mène contre les mouvements sociaux et écologistes avec une accélération notable ces derniers mois : violences policières effroyables à Sainte-Soline, régime d’exception alimenté par le spectre de “l’éco-terrorisme” ou encore menaces de dissolution des Soulèvements de la Terre. Par cette criminalisation, c’est bien l’association de malfaiteurs qu’il constitue avec les industries mortifères que le gouvernement révèle.
Car nous le savons : c’est bien Lafarge-Holcim qui est coupable de destruction en bande organisée ! Sur les 50 sites les plus polluants de France, 17 sont des cimenteries. Le béton représente 8% des émissions de Co2 mondiales. Quant au secteur du BTP c’est 39 % des émissions de CO2 au niveau mondial et de 33% des émissions françaises. L’entreprise Lafarge-Holcim semble cumuler les scandales environnementaux dans ses carrières, centrales à béton et cimenteries. C’est bien aussi Lafarge-Holcim qui a financé Daesh en Syrie, avec l’accord tacite de la DGSE et de l’État. L’entreprise a d’ailleurs été condamnée pour financement du terrorisme par la justice américaine en octobre 2022.
Assimiler aujourd’hui à du terrorisme l’usage légitime de la pince coupante, de la masse et de la clef à molette en vue de neutraliser des infrastructures est un inacceptable retournement ! Les centrales à béton sont des armes d’artificialisation massive des terres agricoles et de destruction de la biodiversité, des bombes à retardement climatique. Il est donc plus que jamais légitime et nécessaire de les désarmer.
En France et en Suisse, cela fait trois ans que des actions toujours plus massives et déterminées visent l’industrie du béton en général et Lafarge-Holcim en particulier :
- Campagnes de blocage de cimenteries “Fin de chantiers”, depuis 2020
- Occupations et désarmements simultanés de plusieurs sites Lafarge en région parisienne, à l’appel d’Extinction Rebellion et des Soulèvements de la Terre, en juin 2021 – communiqué et vidéo
- ZAD de la Colline en Suisse, entre 2020 et 2021
- Mobilisations successives à Saint-Colomban (44) contre des extensions de carrière Lafarge et GSM, en 2022
- Désarmements collectifs sur des cimenteries de Béton Lyonnais en février 2023
En décembre dernier un article du Parisien laissait fuiter pour la première fois la possibilité d’une dissolution des Soulèvements de la Terre et révélait l’implication de l’anti-terrorisme dans l’enquête sur l’action contre l’usine Bouc bel Air. Une tribune en réaction à cette inquiétante extension répressive avait alors été signée par plus de 3000 personnalités et publiée dans Libération. De multiples personnalités politiques, syndicales et intellectuelles y affirmaient leur soutien à ce type d’actions : “Nous savons aussi que nous n’avons pas peur de ces gens vêtus de blancs de protection ou de bleus de chauffe qu’on nous montre désormais à la télé, après des années de surdité du gouvernement face aux luttes écologistes. Nous ne pouvons d’ailleurs leur donner tort quand nous les entendons affirmer que leurs actions de « désarmement » sont un élément essentiel de toute stratégie conséquente pour freiner, enrayer, stopper les projets qui bétonnent les sols, s’accaparent les terres ou empoisonnent les rivières. Mieux que ça, nous aimerions parfois en être (…)”.
Les actions de désarmement de l’industrie du béton se répandent et ce n’est probablement qu’un début. Nous appelons à les amplifier.
Nous exigeons la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées ce jour.
Nous appelons à des gestes de solidarité avec elles dans toutes les manifs retraite de demain.
Nous appelons à des rassemblements de soutien partout en France mercredi soir (07 juin), face à des préfectures, ou des sites Lafarge-Holcim.
Nous appelons à converger massivement ce dimanche en Loire-Atlantique pour les convois Fin de carrières, et notamment contre l’extension d’un site Lafarge à Saint Colomban
Ne nous laissons pas intimider par la répression, désarmons le béton !
C’est naze de faire son beurre/sa com sur le dos des personnes qui se font perquis a travers la france par l’antiterro… Au moins signez et dites explicitement que vous etes les soulevements
Creve la justice et soutien aux inculpéxes
comment ça c’est pas signé ? y’a le lien qui renvoie vers le site des soulèvements
Beaucoup de perquiz ont lieu en ce moment partout en fRance, ces dernières semaines et encore aujourd’hui. Par rapport au mouvement social ou d’autres actions collectives (Ici ou là).
Prenez soin, évaluez votre niveau de risques et voilà quelques ressources pour comprendre le principe d’une perquiz, dans quels cas, et comment on peut s’y préparer.
C’est quoi une perquisition ? Brochure factuelle qui parle de l’encadrement légal et comment ça se passe concrètement
La perquisition : mode d’emploi
Les bases de la perquiz pour des militant.es, comment réagir
Que faire en cas de perquisition ?
Vous voulez vous préparer :
si le domicile de copaines avec qui vous vous organisez a été perquisitionné selon votre niveau de risques, vos actions récentes
Vous pouvez :
– retracer méthodiquement les événements politiques, actions etc auxquels vous avez participé depuis environ 6 mois en réfléchissant à ce que vous avez pu garder en traces matérielles : tracts, objets, fringues, tickets de métro
– enlever de votre domicile les vêtements, chaussures, sacs, kway qui ont servi à des actions récentes
– aussi les stickers, livres, affiches antiflics ou qui pourraient vous lier à des actions « violentes » même sans y avoir participé (il en faut parfois très peu aux flics, procureur et juge ; leur mauvaise foi est infinie quand il s’agit de condamner quelqu’un.e avec des opinions politiques)
– évidemment penser à détruire les carnets militants qui vous ont servi à préparer des actions, des repérages, etc
– ne pas négliger tous vos appareils numériques : c’est souvent une mine d’or en termes d’informations. Supprimer vos fichiers ça ne suffit pas : cherchez en ligne des logiciels qui vont vraiment supprimer les données et les rendre irrécupérables, comme BleachBit sur ordi, ou Shreddit sur téléphone. Si c’est pas déjà fait, chiffrer son ordi et son téléphone c’est toujours une bonne chose
– réfléchir à un disque dur externe chiffré plus sécurisé
– de manière générale, c’est toujours bien d’avoir une hygiène numérique en avance, une fois qu’ils ont pris nos tels/ordis etc c’est trop tard !
– relire les conseils en gardav’, au cas où la perquis’ se transforme en autre chose
– parler avec vos proches, copaines, collectifs : l’idée c’est d’être ensemble, et plus on est préparé.e, mieux on tiendra le coup.
On vous recommande aussi, si jamais vous avez des doutes, des questions ou que vous êtes confronté.e à une perquis’, de contacter laDéfense Collective
Soutien et force à toustes les interpellé.es, les blessé.es, les incarcéré.es.
Le texte de revendication de l’action : https://nantes.indymedia.org/posts/80923/a-marseille-lusine-lafarge-de-la-malle-envahie-et-sabotee-par-200-militant%c2%b7e%c2%b7s/
À notre connaissance, l’ensemble des personnes arrêtées lundi dernier ont été libérées hier soir (jeudi 8 juin)
Après 80 heures de garde à vue, dans des conditions parfois déplorables, d’interminables interrogatoires, les interpellées sont enfin libres.
Dans cette affaire, le rôle ambigu de la Sous Direction Anti-Terroriste (SDAT), l’accusation éhontée d’association de malfaiteurs, relèvent d’une stratégie de la tension et d’une inquiétante dérive autoritaire.
Il est encore trop tôt pour comprendre sur quels éléments concrets se fondent les accusations du procureur Jean-Luc Blanchon et de la juge Laure Delsupexhe.
Ces arrestations, pour motif de “destruction en bande organisée” contre le site industriel Lafarge à Bouc-Bel-air, ont eu lieu dans toute la France et ont mobilisés des centaines d’agents.
Il s’agissait à grand renfort de moyens spectaculaires, de chercher à mettre en cause un certain nombre de personnes, probablement à cause de leur engagement écologiste.
Elles seraient aujourd’hui accusées de “destruction en bande organisée” contre le site industriel de Bouc-Bel-air. L’enquête est en cours, l’instruction n’est pas close, laissant planer le doute sur de possibles convocations ulterieures.
Nous réaffirmons le caractère légitime et vital de ce type d’action de désarmement contre les infrastructures du ravage. Nous avions relayé cette action car nous en partageons le sens.
Dans la lignée des 30 rassemblements qui ont eu lieu mercredi soir à travers le pays, nous appelons à la solidarité totale avec les personnes mises en cause.
Ces arrestations abusives s’inscrivent dans un contexte de répression généralisée des mouvements écologistes et sociaux, en France, en Europe et dans le monde :
vagues d’arrestation à Rennes contre la défense collective, arrestation et placement en Centre de rétention administrative d’antifacistes italiens venus assister à une commmémoration en hommage à Clément Méric, arrestations contre Letze generation en Allemagne, 1500 interpellations en Hollande pendant une manifestation organisé par XR, harcèlement policiers des opposants à COP CITY à Atlanta @defendATLforest, etc.
Partout dans le monde, de COP en COP les États font des effets d’annonce en terme de lutte contre le changement climatique, mais systématiquement, ils se rangent du côté des industriels et contre les personnes qui décident d’agir concrètement pour l’habitabilité du monde.
Pour sortir de 40 ans d’impasse de l’écologie institutionnelle et des déclarations d’intentions réthoriques, nous appellons toutes et tous à agir concrètement contre le ravage.
Nous appelons toutes et tous à converger en Loire Atlantique ce dimanche pour les convois “Fin de carrières 44”, afin de marquer une nouvelle fois notre opposition à Lafarge-Holcim et son monde !
Nous appellons toutes et tous à faire fleurir les initiatives pour désarmer partout les infrastructures écocidaires.
Nous appelons toutes et tous à apporter leur soutien aux personnes ciblées par la répression.