À une semaine de la mobilisation massive contre les méga-bassines, à l’appel de plus de 200 organisations locales, nationales et internationales, un des porte-paroles du collectif Bassines Non Merci, Julien Le Guet, s’est fait convoquer à la gendarmerie de Niort ce vendredi 17 mars. Cette convocation fait suite à la mobilisation des 29 et 30 octobre derniers où plus de 7 000 personnes s’étaient rassemblées pour arrêter le chantier de la méga-bassine et faire entendre leurs voix à Sainte-Soline, bravant collectivement les arrêtés d’interdiction de manifester.

Dans la matinée, il est placé en garde à vue, interrogé longuement par des officiers qui se basent majoritairement sur les images d’archive de BFM TV , puis déféré rapidement devant le procureur de Niort en début d’après-midi. Un rassemblement de soutien se met en place devant la gendarmerie puis le tribunal toute la journée, avec une forte implication des syndicats (CGT, Solidaires, la Confédération Paysanne), qui se sont moblilisés tôt ce matin avant le rassemblement contre la réforme des retraites.

Libéré à 17h par le juge des libertés, Julien Leguet nous apprend que les faits pour lequel le procureur le convoque en urgence à quelques jours de la prochaine manifestation datent d’il y a six mois. Il n’y a aucune raison urgente, mis à part la volonté explicite de se débarrasser d’un porte-parole qui dérange, pour déclencher si rapidement cette procédure. Son procès, que nous qualifions de “procès politique” aura donc lieu le 8 septembre, date jusqu’à laquelle il est soumis à un contrôle judiciaire délirant. On lui interdit notamment de circuler sur les communes de Mauzé et de Ste Soline, le territoire sur lequel il vit, jusqu’à cette date. Il est évident que cette procédure vise à lui interdire de participer à la prochaine mobilisation. Elle relève d’une ultime tentative d’intimidation d’une préfecture qui a bien saisi l’ampleur de la mobilisation qui s’annonce, qui ne sait plus comment tenir ses positions et faire respecter les ordres reçus d’un ministère qui s’obstine à refuser le dialogue et le débat.

La préfecture des Deux-Sèvres a d’ailleurs profité de cette distraction répressive pour publier aujourd’hui les arrêtés d’interdiction de la manifestation du week-end prochain, qu’elle avait annoncé depuis une semaine déjà. Même s’il semble illusoire d’imaginer entamer la détermination d’un mouvement qui rassemble aussi largement à l’échelle locale, nationale et internationale, le passage en force se poursuit.

Ces basses manoeuvres gouvernementales visent très explicitement à faire taire le débat public sur l’eau et à museler toute possibilité d’exprimer la volonté de préserver nos communs et l’agriculture paysanne. Le gouvernement utilise toutes les armes dont il dispose pour réprimer un mouvement qui s’amplifie. Il n’hésite pas à porter atteinte aux libertés fondamentales et à actionner la machine juridique pour imposer un climat de tension explosif.

Ces événements révoltants ne font qu’attiser une colère et une détermination qui ont déjà fait leurs preuves lors de précédentes mobilisations. La manifestation aura bien lieu, nous serons des milliers à converger de partout pour arracher une victoire et démontrer que la mise en place d’un débat démocratique autour de la gestion de l’eau est la seule issue possible à la guerre de l’eau que le gouvernement est en train d’imposer.

Comme le mouvement social qui s’intensifie face à des pratiques autoritaires et méprisantes, nous savons que nous n’avons rien à attendre de ce gouvernement de la honte. Ce n’est qu’en maintenant le rapport de force que nous pourrons faire cesser ces projets. Nous ne lâcherons rien et continuerons à exiger collectivement un moratoire sur tous les projets de méga-bassines qui, tout comme la réforme des retraites, ne sont portés que par la minorité qui en tirera profit.

Les actions militantes et politiques doivent se poursuivre pour une répartition équitable de l’eau au service d’un autre projet agricole et alimentaire, qui préserve la ressource en eau en s’adaptant à la réalité du changement climatique.

Le collectif Bassines Non Merci, la Confédération Paysanne et les Soulèvements de la Terre

NO BASSARAN