salut

quelques nouvelles.

MARDI

– pendant la manifestation officielle qui a ramené énormémentde monde, des actions de peinturlurages et de démanagements ont été tentée, tout ça avec l’approbation de l’AG. des flics syndicaux se sont mis sur notre passage et on reçu du coup un seau de peinture sur la tête.

– une fois la manif terminée, un bout de la foule est entrée dans la gare. ça a duré peut-être 2heures.

– après ça, quelques miliers de personnes sont parties “spontanément” en cortège vers la place de bretagne et l’UMP. une fois face à l’UMP, des “pacifistes” n’ont rien trouvé d’autre à faire que de se mettre en face des CRS (qui protégaient l’UMP) tels des boucliers, pour éviter les affrontements. perdu. ils se sont pris des projectils, en ont lancé (oui,oui) ainsi que des slogans de genre “les casseurs, cassez-vous”. il faut bien voir que c’était une évidence que massivement, les 2 ou 3000 personnes qui étaient venuent là étaient là pour se fritter, et que ces pacifistes, peu nombreux, sont vraiment à côté de ce qui se passe.

– s’en suivirent 4 heures d’affrontements un peu partout dans le centre. une dizaine de vitrines cassées ainsi que des abris bus, des voitures, des caméras de vidéo-surveillances.

– les CRS nous ont attiré place du parlement, vraissemblablement pour faire chier le village autogéré. ça a marché, il y a eu des lacrymos, bousculades, fumis, début d’incendie, mais ils n’ont pas trouvé de raisons suffisantes pour le détruire.

– il y a eu une dizaine de personnes à passer en comparution immédiate aujourd’hui. 8 mois de prison ferme et interdiction du territoire pour l’un d’entre eux pour cassage de vitrine. les autres, 3 mois fermes pour 2 lycéens, du sursis et du TIG.

MERCREDI ET APRES

– ce matin, à 7h00, il y avait blocage de Rennes par 3 endroits. les gens de rennes 2 étaient pour la plupart route de lorient. il y a avait 200 personnes. d’abord la route de lorient a été bloquée à l’aide de poubelles, de palettes, de barrières, puis la rocade, dans les 2 sens. les crs sont intervenus vers 10h00.

– il y a eu aussi blocages des routes de nantes et de paris. et vers 12h30 à la route de brest.

– après, à 17h00, AG. de décider: blocages routiers avec les lycéens jeudi matin. banderolle “grève générale, bloquons tout!” en tête de cortège. jeudi, tentative de fraternisation avec d’autres secteurs en lutte. jeudi soir, 21h00, “charivari”. samedi après-midi, blocage de centres commercieux. mardi, meeting et peut-être création d’un comité de lutte commun étudiants, salariés, et compagnie.

– dans l’AG, aussi, des motions pour la coord et pas que. “l’AG de Rennes 2 condamne tout ceux qui négocieraient en deça du retrait pur et simple du CPE et tout ceux qui appeleraient à la reprise des cours et du travail en deça du retrait de la loi d’égalité des chances”. “principe de bloquer des ANPE”.

UN TRACT (distribué ce matin.)

Blocage général !

Sur les raisons de notre présence sur la rocade ce matin

Le mouvement n’est plus un surgissement de colère sans lendemain, il est le cours pris collectivement par des milliers de vies, à Rennes et ailleurs. Nous avons constitué dans l’urgence un front commun contre le CPE-CNE, la loi sur l’égalité des chances, et de la solidarité mal dégrossie de ce front s’est dégagée, affinée, une communauté de lutte, plus déterminée encore. Une communauté politique peu sensible aux bruits de couloirs ministériels sur « l’aménagement » du CPE, indifférente aux tractations et manœuvres présentes et à venir entre gouvernants et directions syndicales qui depuis longtemps ne représentent plus rien. Ceux qui appelleraient à l’arrêt de la grève sans que nous obtenions au moins ce que demande les assemblées générales passeraient immanquablement pour des traîtres. On ne peut plus négocier impunément.

Le mouvement par lequel, avant la grève, nous allions du hall B à la gare, au Colombier, aux boîtes d’intérim d’Henri Fréville, était celui de notre sollicitation subjective permanente par le capital : la mobilité d’une force de travail occupée à s’entretenir, s’optimiser, s’auto-exploiter ; aujourd’hui, nos piquets de grève interrompent tout, circulation des marchandises, paisible socialité désincarnée des centre-ville et spectacles culturels corollaires, tragique banalité du contrôle social et de l’exploitation.

Nous continuons sous des formes variées, une offensive ininterrompue contre les dispositifs de l’ennemi. Parmi ceux-ci, on rencontre la classique opération de division entre « casseurs » et « manifestants pacifiques ». A l’heure où le gouvernement ne cache plus sa volonté d’anéantir, comme en novembre, le mouvement par des vagues massives d’arrestations et de condamnations, il est plus que jamais nécessaire de rappeler, par delà l’hétérogénéité certaine de ses expressions, l’exigence d’unité du mouvement contre ceux qui veulent l’étouffer.

Mesurons dès maintenant qu’il n’y aura de grève générale que malgré les directions syndicales ; celles là n’en veulent pas, parce que la grève générale, c’est la fin des négociations, et donc des négociateurs. Cessons de nous contenter des interpros qui ne sont que des intersyndicales, de la distribution aux portes des usines de tracts qui se contentent d’informer sur notre mouvement et d’appeler abstraitement à une « mobilisation » sans contenus ni perspectives. Ce qu’attendent nombre de précaires et de salariés pour nous rejoindre, c’est que nous nous donnions les moyens de provoquer une crise majeure du régime, et par delà le retrait ou non du CPE, de renouer avec la puissance révolutionnaire du mouvement ouvrier, qui lui permettait d’imposer à la bourgeoisie des reculs successifs et durables. Cette fois-ci pourtant, le bocage de l’économie, l’interruption des flux de marchandises ne sera pas la conséquence, mais le préalable de la grève générale. Il s’agit pour nous de rendre sensible, par la généralisation du blocage, la possibilité pour tout un chacun de s’arrêter,
de ne pas aller travailler. De rendre tangible la possibilité révolutionnaire contenue dans le mouvement, comme une proposition adressée à tous, d’y participer ou non.

La grève générale, ça n’est pas défiler à deux ou trois millions une fois par semaine, c’est la situation où en tous lieux, comme à Villejean, l’autorité des patrons est destituée, où en tous lieux s’affirme la commune comme processus d’indistinction entre vie et lutte collective, se substituant à la poursuite de l’activité économique. Le mouvement, chacun le perçoit, va bien au delà de contester un certain type de contrat, demander des créations d’emplois ou défendre tel ou tel secteur d’emplois menacé de disparaître, pour la simple raison que ceux qui le composent s’emploient à renverser un ordre qui borne l’horizon existentiel de chacun à ce triste sort : « trouver un emploi ».

Quel que soit le devenir du mouvement, il nous aura appris que la première exigence pour qui veut constituer une force politique est de fonder la question de la subsistance matérielle et affective comme question collective, et non comme un point de faiblesse par lequel nous serions perpétuellement acculés, chacun, isolément, à se vendre à un employeur, à retourner à sa vie privée. Il nous faudra nous employer aussi à ce que le travail, l’argent, les biens et denrées circulent dans le mouvement de manière à ce que nous soyons pleinement disponibles à ce que la situation exige de nous. Il n’y a, assurément, rien de mieux à faire que s’organiser en vue de confrontations d’une autre envergure.

Enfin, à ceux qui veulent nous distraire avec des questions du type « Et par quoi remplaceriez vous ce capitalisme que vous détestez tant ? », enjoignons les à regarder mieux, à voir que nous le dissolvons dès maintenant comme réalité éthique, en nous, parmi nous, et que nous n’aurons de cesse qu’il en soit ainsi partout.
L’alternative est ici même.

Rennes, le 29 Mars 2006.