PLATEFORME DES ETUDIANT-E-S NANTAIS-ES

Préambule

La précarité, la pauvreté sont créées par le système économique et politique dans lequel nous vivons. Ce n’est pas une simple réforme des contrats qui pourra changer quelque chose, mais une réelle politique de redistribution des richesses ainsi qu’une véritable démocratie où les mots liberté égalité et fraternité auront un sens. Peut-être n’en sommes-nous pas là. Peut-être. Aujourd’hui, le gouvernement ne cède pas mais depuis sept semaines, nous nous sommes mobilisés, et notre nombre grandi…
Nous, étudiant-e-s de Nantes, dans le bras de fer qui nous oppose au gouvernement, nous refusons de lâcher prise. Nous sommes engagés dans le combat contre tout ce qui fait ou peut faire de nous des précaires.
Nous nous battons contre les nouveaux contrats CPE/CNE/RMA et rejoignons ainsi les luttes des salariés et des sans-emploi qui subissent depuis trop longtemps les logiques capitalistes que nous combattons. C’est à partir de nos situations diverses que nous nous mobilisons pour une autre politique sociale où chacun-e pourra avoir un revenu décent quelque soit sa situation face à l’emploi.
Nous refusons également les nouvelles lois sur l’immigration qui traitent les immigré-e-s comme des marchandises jetables. Toutes ces mesures annoncent la casse générale du code du travail avec la perspective d’un « contrat unique » précaire pour l’ensemble des salarié-es annoncée pour dès juillet prochain. Elle participe à un projet de société où la précarité se présente comme norme de vie. Nous nous opposons à cette logique et à cette idéologie qui fait de l’être humain et de sa force de vie, une marchandise jetable et exploitable et qui fait du citoyen un pion qui vote sans maîtrise du cours de sa vie. Nous opposons à cette logique par principe et par écœurement.
Nous désirons les moyens de créer autre chose.
Nous exigeons ainsi l’investissement de la société dans l’éducation et la culture, bases de l’émancipation de tous et de chacun. Et face à l’attitude méprisante et arrogante du gouvernement, luttons contre sa politique répressive et policière et leurs conséquences désastreuses. Les forces de l’ordre servent le pouvoir en place.
Nous remettons en cause le fonctionnement de cette république qui nous fait peur, et de cette fausse démocratie où le gouvernement prend des décisions arbitraires, refuse d’écouter le peuple et use de la matraque pour le faire taire. Nous revendiquons un changement institutionnel vers une démocratie directe et participative, que nous expérimentons déjà au sein de nos Assemblées Générales.
Nous invitons l’ensemble de la population, immigré-e-s, chômeur-euse-s, salarié-e-s du public comme du privé, lycéen-ne-s à un combat commun, à se rejoindre en assemblées générales, à s’unir dans des actions, des manifestations et dans la grève.

Nous sommes en lutte contre toutes les formes d’organisation de la précarité dans nos modes de vie, nos emplois et nos enseignements.

PLATEFORME DES ETUDIANT-E-S NANTAIS-ES
« Notre combat, c’est le vôtre »

Revendications contre l’organisation de la précarité

Sur cette plate-forme des étudiant-e-s nantais-es, proposée en AG le mercredi 23/03, et amandée le vendredi 25/03 nous exposons des revendications portées depuis le début du mouvement. Ces revendications dépassent la lutte contre le CPE qui n’est qu’une partie de la loi dite « sur l’égalité des chances ».
Cette loi permet ainsi le travail de nuit dès 15 ans, l’apprentissage à 14 ans, la suppression des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire ; donne des pouvoirs supplémentaires à la police. Bref, cette loi concentre un projet : celui d’une société réactionnaire que conduit actuellement le gouvernement. Et cela se retrouve autant dans sa vision du travail, de l’éducation, du rôle de la police que de sa « gestion de la misère ». Nous le savons : ce sont les enfants des classes les plus pauvres qui vont en prison, ce sont les enfants des plus démunis qui n’ont pas accès à l’université. Sous couvert de lutte contre la pauvreté et du chômage des jeunes, la seule égalité des chances que Villepin nous propose, c’est, en réalité, de pouvoir trouver un emploi… précaire. Face à tout ça, nous exigeons :

 Le retrait de la Loi sur l’Egalité des Chances (dont le CPE)

Contre la Précarité au Travail

Nous refusons la logique de tous ces contrats proposés par l’Etat, qui soumettent les salarié-e-s et la population aux décisions arbitraires et à la pression des employeurs. Cette logique qui dit lutter contre le chômage vise en réalité à faciliter, pour l’entrepreneur, la gestion des flux monétaires destinés au salariat. Pour le salarié, cela se traduit par une flexibilité qui permet surtout l’augmentation des profits des entrepreneurs et des actionnaires. Construire sa vie sur un revenu salarié et risquer de le perdre à tout moment est une violence insupportable. La liste des contrats organisant la précarité est longue, le CPE en fait partie, le CNE est son grand frère. Mais on peut être en contrat précaire avec un CDI comme chez Mac’ Donald, ou en travaillant 17 heures par semaine sans pouvoir payer son loyer ! De même, le RMA (Revenu Minimum d’Activité) qui contraint les RMIstes à travailler dans des conditions inacceptables, participe à cette liste de contrats d’insertion qui nous soumettent à la précarité. Donc, pour les employé-e-s, les sans-emplois, les chômeur-euse-s, les étudiant-e-s, les intermittent-e-s, les immigré-e-s, la lutte est la même. Tous ces contrats visent la destruction du code du travail, accentuent le pouvoir des entreprises, mais n’améliorent pas nos conditions de vie. Nous le savons tous. Le nombre toujours plus grand de gens qui entrent dans la lutte aussi. En conséquence, nous exigeons :

 Le retrait de tous les contrats d’emploi et d’indemnités organisant la précarité
(CPE,CNE, RMA, Le Protocole de 2003…)

Cette logique, au nom de la bataille contre le chômage, fait de chacun-e, une marchandise vivante, que l’on peut utiliser, exploiter et jeter au besoin. Elle se dévoile dans son plus grand cynisme au travers du nouveau projet de loi sur l’immigration. Dans une logique néocoloniale infâme, la réforme du CESEDA (Code de l’Entrée et du Séjour des Etrangers et du Droit d’Asile) qui réduit l’être humain immigré à une seule chose : une force de travail renvoyable et expulsable à tout moment, après l’avoir exploité.
Français-e-s, immigré-e-s, chômeur-euse-s, employé-e-s, nous sommes toutes et tous considéré-e-s par ce gouvernement servant les intérêts du Medef, comme des marchandises, des travailleurs jetables.
C’est pourquoi en comprenant que la lutte des immigré-e-s est aussi la nôtre, nous exigeons :

 Le retrait de l’avant-projet de loi sur l’immigration (réforme du CESEDA )

Pour un système éducatif :

La colère qui monte en nous ne s’arrête pas à la casse du code du travail et aux conditions de vie et d’emploi qui se dégradent depuis des années. Les réformes que subissent continuellement le système éducatifs et précisément la diminution des budgets servant le système scolaire et autres associations d’éducations culturelles nous font réagir. Le choix des budgets destinés à l’éducation caractérise des politiques et des manières de voir la société. L’accès et la construction des savoirs est plus qu’un droit, c’est une nécessité qui doit être accessible à tous. L’éducation ne doit pas être la construction d’individus consommateurs et prêt à l’emploi, mais doit viser l’épanouissement d’individualités autonomes et solidaires.
Si nous savons que la manière d’enseigner que nous connaissons mérite d’être sérieusement modifiée et critiquée, nous voulons plus de moyens pour vivre, faire vivre nos apprentissage et construire les savoirs dont nous avons besoins pour la société de demain.
Ainsi nous exigeons :
 Un réengagement financier de l’état dans le service public pour une université et une recherche publiques.
 Le rétablissement et l’augmentation des postes aux concours de l’éducation nationale (1er et 2nd degré)
 Le retrait de la loi Fillon
 La reconnaissance de nos diplômes, par un retour sur la réforme LMD/ects.

Nous exigeons une autre forme de démocratie

Nous sommes partie prenante d’un mouvement social qui prend ses racines dans le passé : CIP 1994, Loi Fillon 2004, réforme des retraites…. Ces mouvements engageaient la défense des acquis, à l’intérieur d’un combat réel contre l’augmentation de la précarité. Aussi la révolte des banlieue a révélé la pauvreté bien présente dans notre pays et la misère des perspectives que les grands dirigeants de ce monde, politiques et patronaux, nous proposent Comme a pu l’affirmer l’ancien premier ministre en s’adressant à la France d’en bas « ce n’est pas la rue qui décide. » Notre premier ministre actuel faisant passer la loi sur l’égalité des chances avec le 49.3 sans concertation et discussion, partage cette conception et montre sa position autoritaire face aux citoyens, considérés comme des incultes, ignorants et capricieux.
Ce mépris des dirigeants pour ceux qui expriment leur opposition s’accompagne d’un usage des forces de l’ordre et d’une répression des mouvements sociaux. C’est à la fois une absence d’écoute et une répression dans la violence que nous subissons quotidiennement dans cette république. Le gouvernement est responsable de ce qui se passe.
C’est lui qui met en place des lois qui vont contre le bien-être de la population, accentuant sa précarité. Nous exigeons alors :
 l’arrêt du traitement répressif des mouvements sociaux
 l’amnistie des lycéens et lycéennes qui ont participé au mouvement contre la loi Fillon, des personnes poursuivies suite à la révolte des quartiers populaires et des camarades qui participent actuellement au mouvement et qui ont été arrêté.
 Une forme de décision et d’application des décisions semblable à ce que l’on vit et expérimente dans ce mouvement. Des assemblées populaires décisionnelles et régulière, se déroulant dans les villes et les campagnes.

Toutes ces luttes qui s’inscrivent dans le combat des jeunes et de l’ensemble de la population face à la précarité doivent se transformer en revendications positives. Suivant les derniers rapports proposés par l’Inserm et EMMAUS, la pauvreté a augmenté depuis 2003, de à O,4% par ans. Est pauvre en France tout personne qui a un revenu inférieur à 600 euros par mois. De plus une double problématique s’expose d’une part cette augmentation ce concentre essentiellement chez les jeunes. D’autre par les étudiants ne sont pas pris en compte dans les calculs de la pauvreté. C’est pourquoi, devant les œillères du gouvernement nous exigeons :
 Un revenu minimum garanti pour l’ensemble des moins de 25 ans.

Les étudiants de Nantes, toutes UFR confondues, au travers des discussions honnêtes, doivent se positionner non seulement par rapport aux revendications mais aussi par rapport aux logiques qu’elles présupposent.