(Nov 2005 et Mars 2006) Les feux de jeunesse

Comment aujourd’hui ne pas voir que la révolte des quartiers populaires et la révolte anti-CPE, a des liens profonds, sur le fond comme sur la forme, et que les causes sont communes?

Les nombreuses actions qui se déroulent depuis quelques mois, voitures brulées, occupations de lieux symboliques dont les universités, bloquages de noeuds de communications, manifestations, sont réalisés par une grande partie de la jeunesse. Nous voyons tous un avenir qui nous est tracé, et qui est sombre, et c’est ce que nous n’acceptons pas.

L’émergence des feux de jeunesse, est un passage de relais entre les générations. Les jeunes de 2006 n’acceptent plus la mondialisation néolibérale, la précarisation, et l’exclusion d’une partie de la société.
C’est la misère qui est rejetée dans son ensemble, et les actions coup de poings ont provoqués une panique institutionnelle, de l’état autoritaire.

La fin de règne de Chirac sera explosive, et s’il ne souhaite pas partir avant la fin de son mandat, la justice sera bienveillante à son sujet, pour les crimes en Francafrique, et de nombreuses autres affaires de corruption.

La jeunesse est rentré dans le champ politique et est en train de combler le fossé entre 68 et 2006. Elle est prête à aller beaucoup plus loin que la génération précédante qui s’est arrétée à développer des utopies qui se sont sclérosées dans un système capitaliste en mutation internationale.

Aujourd’hui les méthodes d’actions et les revendications sont clairement issus des mouvements de résistances mondiales de la galaxie altermondialiste. La France est l’un des pays qui a travaillé à l’émergence des mouvements sociaux dans l’effort politique, en dehors des partis, et parfois en alliance temporaire.

Ces nouvelles formes sont une mutation de l’action politique, et les nouvelles générations aujourd’hui développent une résistance sur un texte de loi, qui est prêt à faire vaciller un Etat fragilisé par l’isolement des élites, et leur enfermement dans un simple logique économic-autoritaire, stérile pour la démocratie et dangereuse pour nos libértés.

Un champ nouveau apparait aujourd’hui si nous continuons notre action de manière permanente. Si nous ne laissons pas Sarkozy profiter d’une situation instable politiquement, et qui d’ailleurs cherche le soutien en Corse de la galaxie barbouze. Ce champ que nous sommes en train de débroussailler, doit permettre une alliance des mouvements sociaux à l’image de ce qui s’est réalisé en Amérique du Sud. Nous pouvons construire un espace de solidarité européen, une Alba européenne, peut-être à l’échelle des villes, pour que notre génération prenne en main le sens de nos trajectoires de vies. L’idée du capitalisme c’est de nous réduire à de simples outils du capital, controlés par des vidéos de surveillance et des nano technologies intelligentes. Nous ne pouvons pas laisser la planète s’enfoncer dans le chaos, nous pouvons aujourd’hui prendre un autre chemin.

Les universités en révolte aujourd’hui, bloqués ou en grèves, oeuvre à l’émergence d’une nouvelle génération qui travaille à créer des liens entre les universités, les banlieues ou zones périphériques et les zones rurales. L’expérience du laboratoires des utopies à Grenoble cherche à aller dans ce sens. Ainsi des groupes rassemblent des informations à Villeneuve, un quartier périphériques dit sensible, et des informations avec l’émergence des AMAPs, véritable lien entre les zones rurales et les zones urbaines, à travers des communautés de consommateur et des agriculteurs. Un jardin potagé à même été planté devant la bibliothèque universitaire…

Ainsi Novembre 2005 et Mars 2006, peuvent être des moments déclencheurs d’un changement de regard de notre génération. Nous pouvons chercher à isoler le monde capitaliste dans les centres villes. Que les zones rurales cherchent à se tourner vers les zones périphériques, et vice versa, peut être une piste à explorer pour développer de nouvelle manière pour “faire de la ville”. L’écologie urbaine aussi peut permettre d’envahir les espaces strictement marchand, en de nouveaux espaces.

La question d’ouverture d’espace est donc un pilier fondateur des mouvements de ces dernières années. Que ce soit l’émergeance des Forum sociaux ou l’occupation des universités, il peut être remarqué, que tous s’accordent à dire que la ville capitaliste cherche à concquérir les espaces et les transformer en territoires. Le cpe n’est qu’une feuille morte au milieu d’un champ de ronces.

laboratoires des utopies, 14ème jour d’occupation
Grenoble, le jeudi 23 mars 2006 R(a)Ge