Nantes : Réquisition d’une maison vide pour une mise à l’abri d’urgence de plusieurs familles
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Category: Local
Themes: Logement/squat
Places: Nantes
Il y a 2 mois, nous étions déjà devant la Mairie pour demander des mesures d’urgences face à la situation très critique des prises en charge des personnes à la rue à Nantes. Depuis l’expulsion de la Maison du peuple en juillet 2021, les lieux d’accueil inconditionnels manquent.
Nous sommes début janvier, toujours les mêmes réponses des autorités. Le 115 saturé depuis des semaines ne répond plus et pourtant des centaines de personnes sont à la rue, des femmes, des enfants, dont beaucoup sont malades.
Mais comme nous, vous pouvez remarquer qu’on ne manque pas de bâtiments vides (CAP44, l’ancienne école des Beaux Arts, Notre-Dame-de-Bon-Conseil…). On se réfugie derrière des normes pour laisser ces bâtiments vides, mais il n’y a pas de norme quand on dort dehors. En quasi centre-ville, l’Édit de Nantes, qui disposait de 80 chambres, a été détruit pour être remplacé par des bureaux et seulement 8 logements de luxe. Les 12 000 m² du collège Notre-Dame-de-Bon-Conseil s’apprêtent à être transformés en 48 logements de standing et encore des commerces.
Beaucoup de bâtiments pourraient être mis à disposition pour permettre des mise à l’abri mais les gros acteurs immobiliers, dont l’etat , le Diocèse et Nantes Metropole parmi beaucoup d’autres, préfèrent dépenser des sommes folles en payant des boites de sécurité ou en faisant appel à des dispositifs antisquat. C’est ainsi qu’on découvre VPS, le leader du marché de la sécurisation par occupation, où comment faire de l’argent sur le dos des proprietaires et de personnes précaires, sous une facade rassurante et sociale. Quelle vaste fumisterie !
Les espaces se font de plus en plus rares, poussant ceux dans le besoin à se battre entre eux pour le peu d’endroits encore accessible, faute d’autre options.
Et c’est pour ca que, malgré nos réticences, faute de choix, nous occupons une maison d’un particulier vide et abandonnée depuis plus d’un an.
Des familles à la rue avec des enfants des enfants qui attrapent des pneumonies et qui, après une nuit d’hôpital, sont jetés dehors pour mourir, ou encore des personne âgées laissés à l’abandon dans le froid et la pluie.
Nous n’avons vu que trop de personne mourir de la rue alors nous ne pouvons rester sans rien faire.
Malgré des lois de plus en plus punitives et des procès qui se cumulent de plus en plus, nous ne nous décourageons pas.
Alors en se samedi 07 janvier où un appel au gilet jaune resonne un peu partout, c’est notre manière à nous de répondre à cet appel en apportant une solution à un probleme par l’action.
Aujourdhui, on nous répète que le squat c’est un choix, NON, c’est une nécessité et le seul choix que nous avons fait est d’agir au lieu de rester inactifs !
Nous savons que nous ne réglons pas tout le problème mais au moins nous permettrons à quelques personnes de souffler à l’abri, le temps de trouver mieux !
Aouh Aouh Aouh!!!
Force aux camarades en manifestation aujourd’hui !
!!! Nous avons besoin de soutien aujourd’hui mais tenons à pouvoir gérer l’afflux de personnes pour que tout ce passe au mieux car des vies humaines sont en jeu.
Rdv à la Maison du Peuple (5 place Gabriel Trarieux Tram 1 – Arrêt Mairie de Doulon NANTES) à partir de 15h00 et on vous indiquera le reste sur place
🔷🔹Quand la misère s’entrechoque…
C’est sous les rires des enfants que débute cette journée de dimanche qui, malgré la situation, sont heureux d’avoir un toit, même temporaire 🤗
En arrivant dans cette maison abandonnée pour abriter des familles en danger, nous étions loin de nous douter de l’histoire de ce lieu.
Nous étions prêts à la réticence et au racisme ordinaire du voisinage. Malgré un certain moment de tension, il a plutôt bien accepté la situation et certains des riverains nous soutiennent même dans notre action !
Mais nous étions loin d’imaginer le contexte familial lié à cette maison.
La famille de la propriétaire nous a rendu visite en pleine nuit pour exprimer leur colère (légitime) et nous avons pu échanger sur la situation. Nous leur avons expliqué que nous n’allions rien dégrader et que cette action avait juste pour but de trouver une solution pour les familles présentes. Après avoir pu visiter l’intérieur et rencontrer les familles pour vérifier nos dires, la tension s’est un peu apaisée.
Mais nous ne nous attendions pas à leur cri du coeur.
La propriétaire de cette maison est en Ephad et doit vendre la maison familiale pour payer les frais. Vente ralentie par le cabinet juridique, gestionnaire des biens, qui a laissé la maison à l’abandon.
Il est alors évident pour nous que nous ne pouvons faire impasse sur cette situation qui nous touche en plein coeur.
Dans quel pays vivons nous pour que des personnes ayant travaillées toute leur vie doivent vendre leur bien pour payer leur maison de retraite ?
Le gouvernement réduit de plus en plus les retraites et la reforme en cours ne va rien arranger, bien au contraire.
Acceptons-nous de vivre dans un pays où les personnes âgées doivent vendre le travail de tout une vie pour survivre ?
Acceptons-nous de vivre dans un pays où ceux qui n’ont pas pu avoir le luxe d’acquérir un bien se retrouvent à la porte de leur location, laissés en errance dans les rues ? (plusieurs cas de femmes expulsées après le décès de monsieur car le bail n’étaient pas aussi à leur nom)
Acceptons-nous de vivre dans un pays où ceux qui arrivent encore à payer leur loyer se retrouvent de plus en plus nombreux aux distributions alimentaires ?
Pour nous, c’est NON.
Non, nous n’accepterons jamais cela et c’est dans cet état d’esprit que nous nous sommes engagés auprès de la famille de la propriétaire à partir au plus vite, même si une procédure est lancée. Nous ne resterons que le temps que les personnes présentes ici soient prises en charge par le 115 et nous partirons dès que cela sera fait.
Malgré tout, cela nous parait insuffisant. À notre petite échelle, nous allons donc faire notre possible pour ne pas nuire à cette famille en partant le plus vite possible, mais aussi, dans les prochains jours, nous mettrons en place une cagnotte pour dédommager la propriétaire pour l’utilisation de l’eau et de l’électricité consommés pendant notre court sejour et, si possible, peut-être contribuer un petit peu à payer son Ephad.
Nous avons ouvert ce lieu pour 4 familles et une personne âgée.
L’une d’entre elles a été prise en charge au moment de l ouverture de cette maison.
2 autres sont en attente de référé pour leur prise en charge par l’état que nous espérons rapide et la dernière est en attente d’une prise en charge par le 115. Nous avons trouvé une solution pour la personne âgée même si ce n’est que temporaire.
Nous souhaitons partir de cette maison au plus vite mais également que les institutions prennent leur responsabilité et mettent ces personnes à l’abri sans attendre.
Cette situation aurait dû être réglée depuis longtemps et prouve encore une fois la nécessité d’un lieu d’accueil inconditionnel à Nantes.
Les misères s’entrechoquent mais ne doivent pas se hiérarchiser.
Demain, ça sera peut-être votre tour de la subir.
Ne nous pointez pas du doigt, aidez-nous !
Aouh Aouh Aouh
Alors qu’on nous avait promis la prise en charge de toutes les familles que nous avons logées depuis 5 jours, aujourd’hui 10 personnes restent sans solution immédiate, malgré les engagements du directeur du 115. Nous sommes toujours sans nouvelles.
Nous avons reçu un arrêté d’expulsion. Que s’est il passé ? Faut-il y voir une manœuvre politique de la préfecture ?
Nous avions dit à la famille des propriétaires de la maison occupée que nous serions partis dans les 48 heures. C’était notre engagement et nous tenons parole. Nous quittons la maison aujourd’hui, nous avons contacté la famille du propriétaire pour les prévenir. Nous en avons pris soin durant ces quelques jours. Nous sommes navrés des difficultés que nous leur avons causé dans ce moment difficile qu’ils traversent.
Nous attendons maintenant le réponse de l’Etat. 10 personnes risquent de dormir à la rue ce soir et une maison de plus reste vide.
L’histoire de ces familles syriennes est terrible. Elle justifie l’urgence de notre action. Avec un tant soit peu de cœur et d’empathie, n’importe qui peut comprendre la légitimité de l’être action.
Ces 2 familles ont fuit la guerre et la persécution dans leur pays. Elles ont obtenu leur carte de séjour en Guyane et c’est à ce moment que l’organisme qui les hébergeait les a expulsé à la rue.
Comme si ce n’était pas suffisant, une des enfants souffre de handicaps et a besoin de soins importants. Elle a 6 ans. C’est un médecin de l’hôpital qui leur a annoncé que seuls les hopitaux de Paris, Montpellier et Nantes étaient capables de soigner leur fille.
Les 2 familles, qui avaient déjà traversé tant d’epreuves ensemble, ont decidé de venir ensemble à Nantes.
Quel parent n’aurait pas pris le premier avion pour Nantes quand la vie de son enfant est en jeu ? Qui peut condamner cet acte ?
Et bien l’Etat Français.
On leur refuse une prise en charge parce qu’ils ont decidé de venir ici par eux même. Aberrant.
Dans quel pays vivons nous pour laisser cela se produire ?
📣 Rendez-vous à 14 heures devant la Préfecture pour réclamer une prise en charge en urgence des personnes.
Soyons nombreuses et nombreux
Prise en charge des familles 🥳🥳🥳
Suite au rassemblement devant la préfecture nous avons pu entrer en contact avec celle ci.
Après avoir constaté que nous avions quitté la maison et que nous avions remis les clefs au tuteur du proprietaire sans degradation et après avoir nettoyé toutes traces de notre passage, la préfecture nous a prevenu que les familles vont être prises en charge dès ce soir.
Le 115 nous a contacté. Les familles ont été prises en charge et seront logées de manière digne pour une durée de 15 jours. Suite à cela elles seront incluses dans le dispositif de prise en charge du 115. Nous sommes contents de cet heureux dénouement pour ces familles et esperons que tout se passe au mieux dans la suite de leur prise en charge et dans leur parcours 🤗
C’est dans la joie que nous nous sommes séparés après les avoir accompagnés à leur hébergement, avec la promesse de se réunir bientôt pour un repas 😁
Nous ne sommes pas des supervilains comme beaucoup le prétendent, ni des super-héros. Simplement des humains qui agissent par compassion, avec leurs moyens. Nous n’avions l’intention de nuire à personne et avons fait au mieux dans ce sens.
Nous avons respecté nos engagements de partir et de ne rien degrader. Nous remettrons l’argent collecté pour dédommager et aider les proprietaires dès que la cagnotte sera terminée. Nous avons prevenu la famille en nous excusant pour la gène occasionnée dans ce moment difficile.
Nous remercions tout ceux qui nous ont soutenu pendant ces moments de tensions, pendant lesquels beaucoup ont déversé leur haine sans chercher à comprendre la situation, se servant même de la situation pour leur gueguerre politique 🤮 .
Malgré le semtiment de bohneur pour cette famille 🤗, la realité nous rattrape.
Des personnes à la rue sont toujours en difficulté, faute de place disponible dans les hébergements. Les demandes d’aide continuent d’affluer :
Un père de famille avec un enfant de 7ans dorment sous un pont et nous a contacté aujourdhui 😔
Le combat continue pour que plus personne ne dorme dehors ✊✊✊
Samedi 7 janvier, la Maison du Peuple a réquisitionné un logement vide pour mettre à l’abri plusieurs familles qui dormaient dehors avec notamment des enfants, dont un gravement malade.
La BASE (base d’action social et écologiste), qui partage des locaux avec la Maison du Peuple, sort aujourd’hui de sa réserve pour exprimer son soutien à cette action de solidarité que l’absolue nécessité justifie. Devant la langueur de l’État, heureusement que des collectifs citoyens se mobilisent pour secourir des personnes cyniquement ignorées et abandonnées à la rue. Car, plus qu’une maison vide squattée où rien n’a été modifié, le véritable scandale est de laisser moisir hommes, femmes et enfants devant chez nous dans une insupportable indifférence.
Nous sommes donc solidaires avec nos camarades de la MdP, qui agissent avec leurs humbles moyens, parfois de façon maladroite et spontanée, mais toujours avec un humanisme salvateur.
En outre, nous déplorons les attaques mesquines d’élu⋅e⋅s particulièrement prompts à profiter de la moindre opportunité politique pour saper l’initiative portée par la BASE et la Maison du Peuple dans les locaux de Broussais où nous défendons un projet résolument solidaire, humain et conscient des enjeux de notre temps. Nous créons de façon bénévole, ouverte et collective un lieu où il est possible de rêver à un monde plus juste, et où on tente de se mettre en action pour faire face au dérèglement climatique, à l’accroissement des inégalités et à la banalisation des discours fascisants.
Amalgamer volontairement et de façon réductrice un collectif constitué d’une vingtaine d’associations usagères et co-animatrices du lieu à un seul des collectifs qui l’occupe – la MdP – est particulièrement malhonnête.
Nous appelons donc Mesdames et Messieurs les élus des partis « les républicains » et « démocrates et progressistes de Nantes » à un peu de dignité et de retenue dans cette affaire où il convient d’avoir du respect et de la compassion pour le sort des familles concernées.
Finalement l’issue est favorable pour tout le monde, la maison temporairement occupée est rendue à ses propriétaires (la cagnotte de soutien qui leur est destinée est d’ailleurs toujours en ligne), les familles sont à l’abri, et nous allons pouvoir continuer l’animation de ce lieu de quartier résolument ouvert aux initiatives positives.