“Monsieur le Premier Ministre,

Face à l’extrême complexité de la situation de blocage actuel qui pénalise à la fois les artistes et techniciens mobilisés pour la défense de leurs droits, les publics déçus dans leur attente de spectacles pour lesquels ils se sont préparés durant des mois, les professions du tourisme, de l’hôtellerie qui vont perdre beaucoup si ce conflit ne trouve pas rapidement une issue positive, nous vous demandons :

 de surseoir à l’agrément nécessaire à la validation des modifications du statut des intermittents

 de nommer un médiateur qui ait la confiance et l’estime de toute la profession chargé d’entendre les uns et les autres

 de vous engager publiquement à encourager les partenaires sociaux et le Medef signataires à se remettre au travail dans le sens, ardemment désiré par tous, d’une chasse aux abus en particulier auprès des entreprises qui sont responsables d’une partie de ce déficit et de rétablir provisoirement la situation existante avant le 26 juin 2003 en ce qui concerne les durées d’obtention des 507 heures et la durée d’indemnisation

 nous vous proposons par ailleurs d’engager avec votre gouvernement, les syndicats, une vaste concertation durant l’année sur la politique culturelle et les moyens permettant de résoudre d’une façon satisfaisante et pérenne la question du coût et de la prise en charge de l’intermittence en France.

Vous savez que, contrairement aux qualificatifs employés de part et d’autre : “fainéants”, “irresponsables”, “suicidaires” les professionnels et techniciens du spectacle sont des travailleurs passionnés, désireux de servir la création et de participer au rayonnement culturel de la France sur la scène internationale. Un artiste n’est pas un chômeur qui travaille de temps en temps ; il est un professionnel à temps plein dont une partie du travail invisible – celui nécessaire à la gestation d’une œuvre – est rémunérée par les Assedic.

Vous savez aussi que, que contrairement aux assertions des uns et des autres, nous avons lu très attentivement l’accord proposé.

La mobilisation prend l’ampleur qu’elle a aujourd’hui précisément parce que nous avons analysé dans les moindres détails les termes de cet accord.

Ne vous laissez pas aveugler par le fameux spectre agité ici et là de notre soi-disant volonté d’entamer “un troisième tour social”.

Dès aujourd’hui un vaste consensus peut être trouvé si nous nous attaquons aux abus que nous connaissons tous. L’avis de la Cour des Comptes dans son rapport public 2002 précise : “du point de vue des employeurs concernés, le régime des intermittents peut s’analyser dans des termes très favorables. En effet, il organise les conditions d’une grande flexibilité sur le marché de l’emploi dans le secteur du spectacle et contribue, par son caractère de revenu de complément, à la modération des salaires exigés par ces bénéficiaires”. La triche opérée par certaines entreprises est, vous le savez, en partie responsable du déficit de ce régime. Commençons par là : attaquez-vous à ces abus avant de réduire les prestations des salariés.

Vous conviendrez, d’autre part, que la déclaration du ministre de la Culture, annonçant un “plan de soutien plus particulièrement destiné aux jeunes compagnies” est à la fois très vague et plus qu’aléatoire, étant donné qu’indépendamment des négociations sociales en cours, le budget de la Culture au regard de la lettre de cadrage pour le budget 2004, risque plutôt d’être fragilisé que conforté.

Ne pas jouer, ne pas travailler est pour nous un crève cœur – contrairement aux assertions du patron du Medef qui dit que les artistes et techniciens du spectacle vivent de l’assurance au lieu de vivre de leur travail – nous voulons nous remettre au travail.

Ce conflit, s’il ne trouve pas une issue rapide, va être long et douloureux pour tous ; en effet, il y a chez nous une détermination et une solidarité sans faille car c’est une question de survie pour une grande partie de nos professions. Près de 35% des professionnels, avec cette réforme, vont purement et simplement être exclus du régime des intermittents du spectacle et il s’agira, non pas de fraudeurs, mais des plus fragiles, ceux qui vivent avec 15 euros d’indemnités par jour.

Vous savez que dans certaines circonstances, un retour à la médiation et à la négociation est bien plus efficient qu’une situation de blocage qui fragilise toutes les parties concernées.

Répondez-nous par des actes avec le plus de célérité possible.

Nous attendons de vous un geste significatif. Le ferez-vous ? ”

Les artistes, professionnels du spectacle et autres soutiens.

ALLOUCHERIE Guy metteur en scène ARDITI Pierre acteur ARIAS Alfredo metteur en scène ASCARIDE Ariane actrice

BARDOL Annick directrice adjointe du CDN Montluçon BEAUVOIS Xavier cinéaste BEL Jérôme chorégraphe BENICHOU Maurice acteur BERLING Charles acteur BERRUTTI Jean-Claude directeur comédie de Saint-Etienne BERTHOME Philippe éclairagiste BESSON Olivier metteur en scène BLAISE Jean directeur Lieu Unique – Nantes BLANC Jacques directeur Quartz, SN Brest BLIER Bertrand cinéaste BONICEL Laure chorégraphe BONNAFE Jacques acteur BORHINGER Romane actrice BOUCHAUD Nicolas acteur BOUTNIK Laurent cinéaste BREILLAT Catherine cinéaste BREITMAN Zabou actrice – réalisatrice BREUIL Annette directrice SN de Martigues BUFFARD Alain chorégraphe

CANTARELLA Robert directeur CDN Dijon Bourgogne CARRE Isabelle actrice CHAMPAGNE Béatrice cinéaste CHAMPETIER Caroline directrice de la photographie CHARMATZ Boris chorégraphe CHOPINOT Régine chorégraphe

DE CAUNES Antoine cinéaste DENEUVE Catherine actrice DENIS Claire cinéaste DERRIDA Jacques philosophe DESARTHE Gérard acteur DIEBOLD Jean-marc Théâtre du Merlan DURRINGER Xavier metteur en scène

FALL Jean-Claude directeur CDN Montpellier FICHET Roland auteur FISBACH Frédéric metteur en scène FROMANGER G. artiste peintre

GALLOTTA Jean-Claude chorégraphe GARCIA José acteur GOURFINK Myriam chorégraphe GRIMBERG Anouk actrice GUILLOU Jacques théâtre de Nantes

HENROT Pascale Directrice adjointe Parie Quartiers d’été

JAOUI Agnès actrice JACOB Irène actrice JOURDHEUIL Jean metteur en scène JOUANNEAU Joël metteur en scène

KIRCHER Jérôme acteur

LECLERC DU CABLON Luc cinéaste LE PILLOUER François directeur TNB-Rennes LACASCADE Eric directeur CDN de Caen LAMARRE Chantal directrice de culture commune scène nationale LANG Valérie actrice LARRIEU Daniel chorégraphe LASNE Claire metteur en scène LE BOTERF Gildas directeur SN Blois LECOMTE Patrice cinéaste LE GOFF Jacques historien LIEGEOIS Anne-Laure directrice du CDN Montluçon LOIK Stéphanie CDN Lorraine – Thionville

MALRIC Claude directeur du Théâtre d’Orléans, scène nationale MARIN Maguy chorégraphe MARTINELLI Jean-Louis directeur Nanterre-Amandiers MASSON Laetitia cinéaste MATHIEU Anita directrice Rencontres Seine Saint-Denis MEYER Alexandre compositeur MILIANTI Alain directeur Le Volcan – Le Havre MNICH Geneviève comédienne MONNIER Mathilde chorégraphe MONTANARI Jean-Paul directeur Montpellier Danse

NICHET Jacques-COCONNIER Richard Théâtre National de Toulouse NORDEY Stanislas metteur en scène

OTERO Marianne cinéaste

PELLY Laurent metteur en scène PENCHENAT Jean-Claude metteur en scène PODALYDES Bruno réalisateur PUTZULU Bruno acteur PY Olivier metteur en scène RAMBERT Pascal auteur

RANCILLAC François directeur comédie de Saint-Etienne REGY Claude metteur en scène REILHAC Michel Arte -France RIBOT Maria chorégraphe ROZIER Jacques cinéaste RUGGIA Christophe cinéaste

SALOME Jean-Paul cinéaste SCHIARETTI Christian directeur du TNP Villeurbanne SIVADIER Jean-François metteur en scène SIVADIER Pierre-Michel musicien SOBEL Bernard metteur en scène

TANGUY François metteur en scène TASSEMBEDO Irène chorégraphe THOMAS Pascal Président de SRF TIMSIT Véronique administratrice TOUZE Loïc chorégraphe

URREA Jean-Marc directeur délégué CCN Montpellier

VIGNER Eric metteur en scène VERRET François chorégraphe VINCENT Jean-Pierre metteur enscène VINCENT Christian cinéaste

WAVELET Christophe critique et chercheur

YERSIN Claude directeur du CDN d’Angers

ZYLBERSTEIN Elsa actrice

LE MOUVEMENT DES INTERMITTENTS de Nantes