1. (préambulement correct) Le sentiment de colère résultant de situations sociales dégueulasses et de vies insupportables est parfaitement légitime, autant qu’est légitime l’action directe contre les robocops républicains, les tutures motorisées ou les casernes scolaires. Les banlieues sont les 1ères victimes de l’ordre capitaliste-républicain, il est normal qu’elles soient aussi ses premiers incendiaires.

2. (métaphorique !) La matraque policière est le bout d’iceberg que le pouvoir veut bien nous laisser voir. Dessous se cache une montagne mortifère dont les fondements sont loin d’être menacés. Ses fils, jusqu’aux plus dégénérés, portent en eux sa marque culturelle : culte de l’argent, obscurantisme télévisuel, violence gratuite, sexisme militant…

3. (idéologique) La république veut ses fils soumis ou délinquants, valets ou parias, résignés ou imprévisiblement dangereux. Elle ne laisse pas de place pour la liberté et prédestine ainsi stratégiquement ses débordements à être stériles et désorganisés, pour mieux les faire disparaître.

4. (télé7jours) L’émeut’academy est entièrement masculine, viriliste et ressemble à un concours de brutalité dont l’intérêt réside moins dans la cible ou le symbole visé que dans la fierté malsaine qu’en tire Le gagnant (le + courageux, le + destructeur) ou Les gagnants (la ville nominée au 20h). Le grand soir des cailleras (l’« ultime prime » comme on dit) a des odeurs réactionnaires. Il a intégré argent et consommation outrancière comme valeurs positives. Il est souvent porteur d’un sexisme dangereux et d’un culte de la violence extrême.

5. (chimique) L’émeut’academy est une « réaction », au sens chimique du terme, mais ne saute jamais de son éprouvette télé-réelle. Il est la démonstration que le pouvoir intègre, de gré ou de force, chaque sujet dans ses filets idéologiques et ne laisse rien d’autre que le vide au-delà de lui… Les cailleras ont peur du vide…ou sautent dedans.

6. (haineux) L’érection impromptue de certains gauchistes frustrés face aux images d’émeut’academy est ridicule autant que scandaleuse. Le parallèle avec mai 68 fait frissonner/rigoler/vomir. L’émeut’academy n’a rien d’un mouvement créatif ou novateur, il n’inquiète ni les pontes républicains ni les marchands de tous poils. Il est, tout au plus, le résidu brûlant de la fournaise sociale qui calcine peu à peu chacun de nous jusqu’au filtre…. En guise de bonne volonté, les cailleras finissent le boulot en incendiant leurs propres quartiers, pendant que les cadres encravatés admirent le spectacle du haut de leurs buildings.

7. (antijaunisme) Ceux qui parlent d’autres mondes à construire ont perdu toute crédibilité à force de pacifisme niais et de respectabilité « démocratique ». Ils sont en parti responsables de la dépolitisation des banlieues et de l’absence de solidarité qui s’y développe. En exigeant la démission de sarkozy, ou en faxant une einième liste de réclamations au gouvernement, ils ne font qu’apporter les mêmes réponses institutionnelles à un problème qui, précisément, se manifeste par son caractère urgent et/donc insurrectionnel. Les lobbies du « mouvement social » pensent orienter la révolte en la rendant consciente et responsable. Ce faisant, ils ignorent l’unique aspect positif de l’émeut’academy, à savoir son caractère directement destructeur pour l’ordre établi. Ils creusent chaque jour un peu plus le fossé entre politique et vie quotidienne.

8. (candide) Il n’est pourtant pas impossible qu’à force de destruction matérielle, tous ceux qui avaient un intérêt quelconque à la conservation de marchandises ou d’argent ne prennent ouvertement le parti du pouvoir et de sa milice. Dans ce cas, la révolte prendrait tout son sens et l’émeut’academy sauterait de son propre écran pour vandaliser les derniers bourgeois-spectateurs qui ne seront pas dans la rue ! Le Jeu s’étendrait partout et à tous. Le Pouvoir serait balayé. (yhea)

9. (jack) Cela dit ça m’étonnerait…

10. (télé-apathique) L’« état d’urgence » est un os à moelle jeté en pâture au mouvement social par les pontes ministériels pour lui donner prétexte à s’indigner, puis à fermer sa gueule (voire à crier victoire) au prochain changement gouverne-mental ou à la fin dudit décret. Ce faisant, nul ne s’apercevra que rien n’a changé entre le début et la fin de l’émeut’academy. Le spectateur-sarkoziste et le spectateur-progressiste se féliciteront respectivement de leur victoire (commune, quoi qu’ils en disent), l’un pour l’efficacité des mesures répressives, l’autre pour avoir obtenu leur annulation (grâce à une manif et deux pétitions). Comme prévu, les perdants sont du bon côté de l’écran. La télé-vie reprendra son cours jusqu’au prochain show.

* Une cellule en crise de la Récréation Permanente *