*Dany-Robert Dufour, philosophe, professeur en sciences de l’éducation à
l’université Paris-VIII, directeur de programme au Collège international de
philosophie, enseigne régulièrement à l’étranger, en particulier au Brésil et
au Mexique. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Les Mystères de la
trinité (Gallimard, 1990), Folie et démocratie (Gallimard, 1996), Lettres sur la
nature humaine (Calmann-Lévy, 1999), L’Art de réduire les têtes* (Denoel,
2003) et On achève bien les hommes (Denoel, 2005).

L’Art de réduire les têtes*

Sur la nouvelle servitude de l’homme libéré à l’ère du capitalisme total.

Après l’enfer du nazisme et la terreur du communisme, il est possible qu’une
nouvelle catastrophe se profile à l’horizon. Cette fois, c’est le
néo-libéralisme qui veut fabriquer à son tour un « homme nouveau ». Tous les
changements en cours, aussi bien dans l’économie marchande que dans l’économie
politique, l’économie symbolique ou l’économie psychique, en témoignent. Le
sujet critique de Kant et le sujet névrotique de Freud nous avaient fourni à eux
deux la matrice du sujet de la modernité. La mort de ce sujet est déjà
programmée par la grande mutation du capitalisme contemporain. Déchu de sa
faculté de jugement, poussé à jouir sans entrave, cessant de se référer à
toute valeur absolue ou transcendantale, le nouvel « homme nouveau » est en train
d’apparaître au fur et à mesure que l’on entre dans l’ère du « capitalisme
total » sur la planète. C’est cette véritable mutation anthropologique, et les
conséquences pour le moins problématiques sur la vie des hommes qu’elle
implique, autrement dit ce que l’auteur appelle « l’art de réduire les têtes
», qu’analyse cet ouvrage. L’auteur traite ainsi, en philosophe, des questions
pratiques auxquelles sont confrontés aujourd’hui les sociologues, les
psychanalystes ou les spécialistes de l’éducation. E s’interrogeant très
concrètement sur l’avenir des jeunes générations aux prises avec de nouvelles
façons de consommer, de s’informer, de s’éduquer, de travailler ou, plus
généralement, de vivre avec les autres.