Haltes aux expulsions
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Le gouvernement utilise le martyre des familles des immeubles incendiés à Paris pour expulser les pauvres qui occupent des immeubles vacants et pour accentuer la chasse aux immigrés.
Une série d’incendies frappe des familles de prolétaires immigrés
Pendant le mois d’août, deux immeubles abritant des travailleurs immigrés ont brûlé à Paris, dans le 3e et le 13e arrondissement, provoquant la mort de 24 personnes et des dizaines de blessés. Au mois d’avril, un hôtel dans le quartier Opéra a lui aussi brûlé, tuant 24 personnes. Dans ces immeubles, des familles nombreuses s’entassaient dans une ou quelques pièces délabrées. Dans l’immeuble du 3e arrondissement, l’eau avait été coupée et le parquet de Paris vient d’ouvrir une enquête car l’incendie paraît avoir été provoqué volontairement. C’est toujours dans les quartiers pauvres que les pannes d’ascenseurs et les incendies font des victimes.
La partie du prolétariat la plus pauvre, la plus exploitée, ou bien rejetée de la production subit de surcroît la crise du logement, c’est-à-dire le contrôle par les capitalistes et leur Etat de la propriété immobilière :
1,6 million de personnes vivent dans des logements soit sans douche, sans soit WC ou sans les deux ; 1 million de personnes sont logées en situation de surpeuplement accentué ; 550 000 personnes, dont 50 000 enfants, vivent dans des hôtels, des meublés ou en sous-location ; parmi les locataires, 300 000 ménages sont en situation d’impayés de loyers dont deux tiers dans le parc social, soit environ 1 million de personnes ; 146 000 personnes vivaient dans des maisons mobiles en 1990 ; 10 000 sans abri à Paris pour une nuit moyenne de l’hiver 1995 ; 86 000 personnes « sans domicile ». (chiffres Ministère du Logement et INSEE enquête 2001).
La crise du logement participe de l’exploitation et de l’oppression du prolétariat et de la jeunesse
Ceux qui obtiennent un logement doivent subir une hausse continuelle des loyers : dans les logements HLM, la part des revenus consacrées au loyer s’élevait à 16,4 % en 2002, contre 10,3 % en 1984. Quant au logement locatif privé, les prix pratiqués y atteignent des sommes astronomiques et continuent cependant d’augmenter, grignotant toujours plus les salaires et les allocations ouvrières.
Des masses toujours plus grandes de prolétaires sont contraintes de quitter les centres ville pour aller s’établir parfois très loin de leur lieu d’exploitation, particulièrement en région parisienne. Il devient de ce fait de plus en plus difficile aux jeunes couples de s’installer, aux jeunes ouvriers et employés de quitter le domicile de leurs parents, d’autant qu’il y a peu de foyers de jeunes travailleurs. Quant aux étudiants, l’Etat ne leur fournit que 150 000 places en cité universitaire, alors qu’ils sont plus de deux millions. La jeunesse dans son ensemble est devenue la proie de toute sortes d’arnaques de bailleurs privés.
La loi Borloo votée en 2005 par l’Assemblée UMP prévoit une croissance des constructions de logements sociaux inférieure aux années 90 avec un fort pourcentage réservé aux revenus les plus importants (logements PLI) ; le traitement de l’insalubrité est délégué aux conseils généraux, qui pourront expulser les familles pauvres vers la périphérie des villes ; le développement de « l’hébergement d’urgence », c’est-à-dire le parcage des familles dans des locaux surveillés, sans aucune perspective de relogement.
Le parc locatif français appartient pour l’essentiel à la bourgeoisie ou à son Etat. Les banques, les assurances placent des millions d’euros chaque année dans l’immobilier à des fins spéculatives, organisant les renchérissements des terrains et bâtiments.
Cette situation génère environ 100 000 jugements d’expulsion dans les tribunaux bourgeois chaque année, chiffre en continuelle augmentation.
Le gouvernement des capitalistes accuse les immigrés et les persécute
Sarkozy a déclaré au lendemain des incendies :
A force d’accepter des gens malheureux, à qui on ne peut proposer ni travail, ni logement, on se retrouve dans une situation avec des drames comme ça.
Autrement dit, le gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy désigne les travailleurs d’origine étrangère comme responsables et entend se servir des incendies pour amplifier la chasse aux immigrés et vider les immeubles occupés : deux rafles simultanées ont eu lieu à Paris, visant des familles entières, le 2 septembre, jour de la rentrée scolaire.
La décision d’évacuation a été obtenue de la préfecture par le propriétaire privé, un marchand de biens. Un projet de relogement des familles, prévu pour mars 2006, était pourtant à l’étude… (Le Monde, 2 septembre 2005)
Jamais le souci de la « sécurité » des occupants n’a été présent à l’esprit de Sarkozy puisque d’après Roger Madec, le maire PS du 19e arrondissement de Paris où a eu lieu une des expulsions :
Ces appartements étaient loin d’être insalubres. Il y avait des extincteurs partout et une seconde issue de secours venait même d’être créée. (Le Figaro, 3 septembre 2005)
Les habitants sans papiers des squats ont été arrêtés pour être reconduits à la frontière. Le gouvernement poursuit sa politique, celle des charters, de la chasse au faciès, des opérations musclées, du « nettoyage au karcher ». En juillet dernier, Sarkozy a annoncé l’augmentation de 50 % des reconduites à la frontière et le renforcement de la forteresse Europe : coopération maximale des polices de l’UE et mise sur pied de charters européens. Le 27 juillet, 40 Afghans ont été embarqués dans un charter pour Kaboul. Pendant l’été, des rafles ont eu lieu dans les 18e et 19e arrondissements et en banlieue dans les communautés Roms.
Les principales organisations ouvrières s’inclinent devant la propriété privée
Les partis et les syndicats qui disent parler au nom des travailleurs n’engagent aucun combat sérieux pour confisquer les logements vacants, empêcher les expulsions, organiser la mobilisation pour chasser Chirac et son gouvernement.
Samedi 3 septembre, une manifestation impulsée par les organisations caritatives chrétiennes, le DAL (droit au logement), organisations qui se sont fait une spécialité de gestion respectueuse de la misère, et soutenues par la CGT, la FSU, les SUD, la LCR, LO, et pour le PS, SOS Racisme, s’est déroulée à Paris. La mobilisation a été importante, entre 15 et 20 000 manifestants pour une manifestation convoquée dans un délai très court (le 30 août 2005). L’appel à manifester ne dit pas un mot des expulsions menaçant les sans papiers raflés. Surtout, il s’en remet au gouvernement Chirac-Sarkozy pour régler la question du logement et se termine par un appel au « dialogue social » : « Nous exigeons une table ronde réunissant Etat, villes, associations, syndicats, constructeurs sociaux… »
La mairie de Paris est contrôlée par le PS, allié au PCF. Delanoë avait annoncé qu’il relogerait les familles expulsées « en situation régulière », abandonnant les autres à Sarkozy. Mais il s’est rapidement dédit, préférant la plus étroite collaboration avec le gouvernement, peu après l’intervention de la police :
« Si des interventions de ce type devaient se reproduire, il serait souhaitable qu’elles donnent lieu à une concertation préalable ». Bertrand Delanoë entend ainsi faire savoir qu’il n’acceptera pas de « piocher » sans limite dans le contingent municipal de logements sociaux pour reloger les familles expulsées à la demande de l’Etat. (Le Figaro, 4 septembre 2005).
D’ailleurs, le PS au pouvoir à Paris, qui se vante partout de privilégier le logement social au nom de la « mixité sociale » ne réhabilite les logements vétustes que pour en expulser ses occupants. Dans tous les quartiers réputés « pauvres » (18e, 19e, 20e), en fait les derniers quartiers ouvriers de Paris, sa politique est de faire du « logement social » à destination de la petite-bourgeoisie (les loyers des immeubles type PLI sont beaucoup plus élevés que dans les HLM). Derrière la mixité sociale invoquée par les partis réformistes, il y a la main tendue aux cadres et aux professions libérales, mais le dos tourné à la classe ouvrière.
Le PS, le PCF sont des gérants loyaux du capitalisme, ils ne font rien qui puisse mettre en cause la propriété privée des moyens de production et de logement. Le gouvernement de la Gauche plurielle (PCF-PS-MRG-Verts) a amplifié de 1997 à 2002 la politique sécuritaire des gouvernements précédents et n’a rien fait pour le logement, ni contre l’exploitation capitaliste et le chômage. Pour finir, le PS et le PCF ont appelé à voter Chirac, ainsi que la LCR. Des maires PS ou PCF organisent des rafles et des expulsions comme la mairie PCF d’Aubervilliers cet été contre les Roms.
Seul un gouvernement ouvrier peut assurer l’égalité et le logement à tous les travailleurs
Défendre le droit au logement pour toute la classe ouvrière, pour la jeunesse, exige de mettre en cause la propriété privée capitaliste, de baisser les loyers des travailleurs, de confisquer les logements vacants. Et aussi d’exproprier les banques, les assurances, l’Eglise qui sont les principaux propriétaires fonciers, de nationaliser sans indemnité ni rachat les groupes capitalistes de matériaux (St Gobain, Lafarge…) et du bâtiment (Vinci, Bouygues…), eux qui exploitent des ouvriers, immigrés ou pas, qui construisent tous les logements sans pouvoir se loger dignement.
À quoi il faut ajouter les revendications qui seules assurent la défense du prolétariat immigré : Abrogation des lois contre les immigrés et de toutes les lois sécuritaires, complète égalité des droits entre tous les travailleurs, quelque soit l’origine.
Seul un parti ouvrier révolutionnaire, section d’une internationale ouvrière révolutionnaire peut défendre jusqu’au bout un tel programme, seul un gouvernement ouvrier appuyé sur la mobilisation du prolétariat peut s’engager dans cette voie, assurer les logements en nombre suffisant, salubres, pour un coût modique.
Pour mettre fin à cette crise du logement, il n’y a qu’un moyen : éliminer purement et simplement l’exploitation de la classe laborieuse par la classe dominante. (F.Engels, 1845)
6 septembre 2005
Groupe Bolchevik
pour la construction du Parti ouvrier révolutionnaire, de l’Internationale ouvrière révolutionnaire
supplément à Révolution Socialiste n° 16
site : www.revolution-socialiste.info
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