Ce matin, un responsable de la police grenobloise est passé pour signifier que l’expulsion aurait lieu dans la journée. Il prétendait que la qualité de “bâtiment d’Etat” de l’immeuble occupé autorisait l’intervention immédiate et sans aucune procédure judiciaire. Il apparaît néanmoins après renseignements pris auprès de juristes que ces allégations seraient mensongères et que les propriétaires et l’Etat auraient dû passer par une procédure au tribunal administratif même pour un bâtiment appartenant à l’Etat (lors de l’occupation du parc Paul Mistral l’an dernier qui était lieu public encore utilisé, une procédure nominative avait été suivie au tribunal administratif). Il semble que ce soit la préfecture, sans doute ulcérée par l’audace croissante du mouvement squat grenoblois et le positionnement stratégique du bâtiment, qui a fait directement pression sur les propriétaires (l’université) pour que ceux-ci portent plainte.

Contrairement à ce qu’ont laissé entendre certains médias locaux, il ne s’agissait pas que d’une action symbolique des squats sur la crise du logement. Ce bâtiment était d’ores et déjà l’habitat de nombreuses personnes , mais aussi l’objet d’un projet de centre social (infokiosque, salle de projections, espace non-mixte entre femmes, débats, locaux à la disposition de collectifs , atelier informatique, salle de concert…avec encore de l’espace pour divers projets autonomes). Il s’agissait d’une semaine intense pour les squats grenoblois puisqu’une manifestation de 500 personnes avait déjà occupé les rues de Grenobles ce samedi pour protester contre les menaces d’expulsion pesant sur la traverse des 400 couverts.

A 14h, une centaine de policiers et CRS sont arrivés dans le bâtiment, bloquant directement les voies d’accès afin d’empêcher que les personnes venues en soutien de l’extérieur ne s’approchent. La cinquantaine d’occupant-e-s présent-e-s sur le lieu avait fait le choix après avoir barricadé toutes les entrées du batiment, de se regrouper sur le toit à une douzaine de mètres de hauteur et de résister à l’expulsion dans une position qui rendrait difficile une intervention speed. Une personne s’était pendue en rappel à la façade dans une position qui ne permettait pas aux policiers de le détacher sans une intervention de forces spéciales. Après avoir dégagé petit à petit les escaliers du bâtiment obstrué par des barricades en tous genres, les policiers sont arrivés en nombre sur le toit. Des négociations se sont alors opérées, s’accordant aux exigences des squattereus-e-s, les représentant-e-s de la police ont promis de ne pas contrôler ni inculper les occupant-e-s . Environ une heure après le début de leur intervention, la personne encordée est descendue, les occupant-e-s sont donc sorti-e-s du bâtiment sans passer par la case commissariat et sans subir de violences.

Juste après l’expulsion, 70 à 90 personnes ont manifesté spontanément dans le centre-ville de Grenoble, aux cris notamment de « Ni loyers ni expulsions, autogestion ! » et « Une expulsion, dix ouvertures ! ». Tout le monde s’est ensuite dispersé au jardin de ville…

Mais Grenoble continuera de se faire squatter !

Et en attendant nous vous invitons à faire pression et demander des explications, en contactant les numéros ou e-mails suivants :

alain.miaoulis@ujf_grenoble.fr secretariat-general@ujf_grenoble.fr
la préfecture : 04.76.60.34.00
rectorat de grenoble : 04.76.01.84.65 (demander le recteur)
le doyen de l’université joseph fourier, Mr Vallée : 04.76.51.47.94
standard général de l’université : 04.76.51.46.00
secrétariat du patrimoine : 04.76.51.40.42 ou 04.76.51.49.75

Des squatteur-euse-s grenoblois-es.

quelques photos pour donner une idée de cet endroit, qui aurait pu devenir fantastique, et puis non…

d’abord une vue de la façade:

la cuisine, et sa terrasse panoramique:

des vitraux très Sixties:

ce qui aurait pu être une salle de concert:

et voilà .