Marche des fiertés antiraciste et anticapitaliste – 20 juin 2021
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismeImmigration/sans-papierEs/frontieresPrisons / Centres de rétentionRacismeRépressionResistances
Nous appelons à marcher le 20 juin 2021, à partir de la place de l’Opéra à Paris, à 14h lors d’une contre-pride antiraciste et anticapitaliste pour exprimer nos mécontentements, exiger l’application de nos droits les plus fondamentaux sans concessions et sans négociation avec les pouvoirs dirigeants.
En cette journée mondiale des réfugié·e·s, nous joignons nos voix à celles des personnes migrantes. La liberté de circulation et d’installation ainsi que le droit à une vie digne sont des conditions nécessaires à l’émancipation de toutes les personnes LGBTQI+.
Précarisation, mutilations, expulsions, violences domestiques et familiales, harcèlement policier, mauvais accès au soin … La liste est longue et l’urgence de nos situations, plus que de perdurer, s’endurcit en ce contexte de crise sanitaire. Le gouvernement se dit victime de la pandémie mais est en réalité responsable du manque d’anticipation et du manque de prises en charge médicale et sociale.
L’instrumentalisation de nos luttes par l’État qui, sous prétexte d’un soi-disant féminisme, fait pleuvoir les propositions de lois racistes et islamophobes, est inacceptable. On parle ici de lois liberticides votées au Sénat restreignant les droits des personnes qui vivent le racisme, des antiracistes politiques et autonomes et surtout ceux des personnes qui portent le voile.
Contrairement à ce que peuvent penser et clamer certain·e·s militant·e·s, nos ennemis politiques ne se résument pas exclusivement à l’extrême droite. L’hégémonie et l’impérialisme blanc touchent et pourrissent toutes les structures sociétales, dont vos partis dits de gauche, qui n’ont eu aucun scrupule à marcher en faveur de l’ordre policier.
L’État a pour vœu d’appuyer les inégalités territoriales, pour faire croire aux clichés comme quoi les immigré·e·s et/ou prolétaires sont les plus homophobes, transphobes et sexistes… Dans un pays qui décide pour les femmes ce qu’elles ont le droit ou non de porter et qui refuse l’asile à plus de 70% des requérant·e·s, y compris à des personnes LGBTQI+. C’est ironique. Nous nous désolons de retrouver ces mêmes procédés dans les discours du militantisme LGBTQI+ actuel qui est, dans sa globalité, homonationaliste et blantriarcal.
Nous refusons toute instrumentalisation de nos luttes au profit des politiques mondiales interétatiques néo-coloniales. Les lois pénalisant nos vies et nos identités dans la majorité de nos pays d’origines ont été imposées par les colons. Celles-ci ne justifient donc aucune ingérence, aucun pillage de ressources et nettoyage ethniques. Nous rejetons ainsi fermement les discours performatifs qui pensent pouvoir instrumentaliser nos douleurs dans le but de déshumaniser le peuple palestinien.
Nous nous positionnons contre les écocides qui disséminent l’Afrique et nos Départements Ultramarins ; nous sommes solidaires de nos adelphes ultramarin·e·s, Martiniquais·es, Guadeloupéen·ne·s qui luttent contre le chlordécone, la négation de ses effets sur leurs santés sans avoir d’hôpitaux dignes de ce nom pour se soigner. Nous joignons nos voix aux leurs pour exiger justice et réparation à leur encontre.
Alors que la gestion de la crise sanitaire balaie le travail et les luttes acharnées des associations communautaires de lutte contre le sida menées depuis des décennies, nous continuons de demander une meilleure prévention et de la diversité dans sa mise en œuvre. Nous voulons que les dispositifs de réduction des risques, de prévention et de dépistages soient adaptés à tous les modes de vie et de survie de sorte que les personnes les plus précarisées, s’épuisant dans l’exercice des métiers dits subalternes, ou vivant dans les bidonvilles et les campements puissent avoir accès aux informations relatives au sida et au VIH.
Nos positions sont anti-carcérales pour des raisons évidentes de discriminations raciales, transphobes et classistes. Les prisons et les CRA ne sont que la continuité d’un système colonial qui incarcère et déshumanise le même type de population pour continuer d’asseoir sa supériorité. Les traitements, tel que celui contre le VIH, y sont souvent refusés.
Aujourd’hui, sous prétexte de garantir leur sécurité, les institutions carcérales contraignent nos sœurs trans à l’isolement au sein de prison pour hommes, plutôt que de les placer systématiquement dans des prisons ou quartiers pour femmes. Les humiliations et les tortures psychologiques allant toujours plus loin, nombre d’entre elles n’ont plus accès à leurs traitements d’hormonothérapies, et se retrouvent privées d’exprimer librement leur genre. Nous ne pouvons aborder la question carcérale et le traitement infligé aux femmes trans sans exprimer notre soutien inconditionnel aux femmes trans qui, dans plusieurs États, sont emprisonnées pour être qui elles sont. Nous pensons notamment au climat de terreur auquel sont confrontées nos sœurs trans camerounaises. Nous demandons la libération de Shakiro, Patricia et de toutes les femmes trans du monde.
Pourquoi une marche des fiertés sans l’inter-LGBT ?
L’inter-LGBT est l’organisme interassociatif qui organise les marche des fiertés officielles et qui s’octroie de ce fait le monopole de la marche des fiertés. Nous lui reprochons d’ouvrir la porte aux récupérations capitalistes et politiques de nos luttes en marchandant la place de char d’entreprises au sein de la marche des fiertés. Cette politique néolibérale de visibilité creuse se fait au détriment des luttes altérisées.
La représentativité ne constitue qu’une victoire de surface lorsqu’elle est dépossédée des revendications politiques spécifiques au groupe mis en avant. Une visibilité manipulée par des institutions néolibérales ne vise qu’à récupérer des populations au départ marginalisées, potentiellement contestataires de l’ordre établie, pour en faire des défenseuses du système une fois qu’elles sont passées du côté des gagnant·e·s.
Nous dénonçons, entre autres, la présence de Personn’Ailes, association LGBT+ d’Air France. Cette entreprise est rémunérée par l’État pour expulser les migrant·e·s – y compris les personnes lgbtqi+ victimes de persécutions et craignant pour leurs vies dans leurs pays d’origine.
Nous ne pardonnons pas la présence systématique du FLAG !, Association des policiers LGBT+, qui ne s’est par ailleurs toujours pas positionné concernant les violences policières à l’encontre des racisé·e·s, de la répression comme réponse aux mouvements contestataires ni même contre le harcèlement policier à l’encontre des travailleur·euse·s du sexe, des migrant·e·s et Sans-papiers.
Nous n’oublions pas la présence des partis politiques, notamment LREM à la marche des fiertés de 2018, année où la loi Asile Immigration a été adoptée en instrumentalisant les luttes LGBTQI+. Nous n’oublions pas non plus l’ouverture officielle de la marche par la Mairie de Paris qui, non satisfaite de chasser les migrant·e·s notamment en leur coupant l’accès à l’eau, travaille de mèche avec la police concernant le harcèlement des TDS.
Nous voulons une marche des fierté indépendante de l’inter-LGBT afin de ne pas rester passif·ves face à la monopolisation des représentativités lgbtqi+ qui, plus que d’effacer nos images, efface aussi nos paroles et nos révoltes.
L’inter-LGBT mise sa communication dans la prétention de faire cette année une marche des fiertés politique sans char, sur le modèle de celle réalisée indépendamment d’elle l’an passé. Nous ne sommes pas dupes et savons que dès que la crise sanitaire sera passée, le carnaval du pinkwashing et le mépris à l’égard des antiracistes redeviendront la norme de leur marche.
Liste revendicative :
Les collectifs et associations co-organisatrices de la marche des fiertées anti-raciste et anti-capitaliste 2021 :
• Se positionnent en soutien aux travailleur·euse·s du sexe en exigeant le retrait de la loi de pénalisation des clients et l’arrêt des politiques repressives abolitionniste.
• Attendent que la communauté LGBTQIA+ et surtout la communauté militante se réveille et se politise sur les questions de racismes, de négrophobie, d’islamophobie, d’antisémitisme, de validisme,… et les orgas non-concernées s’engagent dans la conscientisation de ces luttes.
• Appellent au soutien visible et matériel des personnes migrantes et réfugiées, à défendre la liberté de circulation et d’installation et exigent la fin du délai de carence pour obtenir une couverture de santé.
• Demandent la régularisation de toustes les sans papiers, la fermeture des CRA et la reconnaissance du droit d’asile à toustes le demandeur·euse·s, y compris aux personnes LGBTQI+.
• Aspirent, à court terme, à la sortie des flics et des logiques sécuritaires de justice carcérale et punitive racistes, transphobes et classistes de nos luttes. A la fin du plaquage ventral, de la clef d’étranglement et des contrôles d’identités qui nous terrorisent au quotidien. A long terme, nous aspirons au démantèlement sans concessions des institutions policières, du système judiciaire et carcéral.
• Réclament le retrait des lois et projets de lois islamophobes et sexistes qui cherchent à contrôler les corps et les vies des femmes qui portent le voile au prétexte d’un prétendu féminisme. Ainsi que le retrait des lois et des projets de lois racistes dont notamment la loi contre le séparatisme et la loi sécurité globale.
• Exigent des politiques publiques prises dans le sens des personnes LGBTQI+, notamment en banlieues populaires, qu’elles favorisent l’accompagnement social et l’accès aux droits.
• Revendiquent une PMA qui soit réellement pour toustes, sans Cecos [1] abstrait et raciste avec le règlement d’appariement faisant référence à la couleur de peau, sans exclusion des personnes trans. Nous voulons que le personnel médical cesse de faire obstacle aux personnes handicapées et aux personnes grosses qui désirent des enfants. A long terme, nous voulons pouvoir fonder des familles sans que l’État n’exerce de contrôle sur nos méthodes de procréation et sur nos corps.
• Réclament que la France reconnaisse enfin aux personnes intersexes leurs droits de disposer de leurs corps en cessant la mutilation des enfants intersexes ainsi que toutes les pressions médicales imposant aux patient·e·s des traitements injustifiés.
• Nous exigeons une loi dédiée pour interdire enfin les thérapies de conversion et allant plus loin que les mesures déjà en place inefficaces.
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Note
Liste des collectifs organisateurs :
- AVA (Association pour la Visibilité Asexuelle)
- BAAM (Bureau d’Accueil et d’Accompagnement des Migrants)
- CAAN (Coordination Action Autonome Noire)
- CLE Autistes
- Décolonisons le Féminisme
- Diivineslgbtqia+
- Maricolandia
- Nta Rajel ?
- Orta ?ekerli
- PQA (Paris Queer Antifa)
- QTPOC Autonomes
- Queer Education
- Requeer
- Resistances Anti Coloniales (RAC)
- Saint-Denis Ville au Coeur
- Sorore Ensemble
- Soutien Transfem
Liste des collectifs signataires :
- 1001 Queer
- La 5e Parallèle
- Art en Gouine
- Barbi(e)turix
- Le Caélif
- Castor Magazine?- CLAP
- Collages Judéités Queer
- Collages Queer Racisé.es.x Nantes
- Collectif Asiatique Antiraciste
- Collectif POS (Collectif Psychophobie et Oppressions Systémiques)
- Equal
- Extimité
- Fiertés en Lutte
- FLIRT (Collectif Front de Libération Transfem)
- Gangreine
- Gouinement Lundi
- Jeune Garde Paris
- Juif.ve.s VNR
- Maison Chéri.e
- Mwasi
- Nos Voix Trans
- Les Ourses à Plumes
- PAAF (Collectif PanAsiAFéministe)
- Pas Ta Nyab
- Personae of Color Montpellier
- Queerasse
- Queerisé.e.s
- Qwinz
- Sororasie?- SOUAG (South Asian Gang)
- Voix Déterres
- Youth For Climate Paris IDF
- Zéro Chlordécone Zéro Poison
Notes
[1] Centre d’Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme Humain. les centres spécialisés pour les fécondations in vitro, souvent situés dans des hôpitaux.
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