Steve : 2 ans après, la justice avance à reculons
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Category: Local
Themes: Répression
Places: Nantes
Dans trois jours, cela fera 2 ans que Steve est mort noyé après une charge ultra-violente de la police nantaise, le soir de la fête de la musique. Ce soir là, le 21 juin 2019, des centaines de jeunes dansaient sur un quai de l’île de Nantes, qui se situe à plusieurs mètres au dessus de la Loire. Sans motif, les forces de l’ordre étaient intervenues au milieu de la nuit. Et avaient chargé après qu’un DJ ait diffusé le morceau «porcherie», une chanson contre le Front National. Ivre de violence, la police avait tiré des dizaines de grenades lacrymogènes, tabassé des personnes au sol, fracturé des os, envoyé des grenades explosives et tiré des balles en caoutchouc. Des dizaines de blessés, des centaines de traumatisés, mais surtout, 12 personnes tombées dans l’eau sombre et dangereuse de la Loire. Et un mort noyé, Steve, 24 ans.
En octobre dernier, une « reconstitution technique » était organisée sur les lieux du drame. Le procureur avait osé déclarer : « Il est important quand un jeune homme décède en marge d’une intervention policière que toute la lumière soit faite sur les circonstances matérielles des faits ». 1 an et 3 mois après les faits, un magistrait considérait que Steve était mort « en marge » de la charge, et semait le doute sur le lien entre l’action de la police et la noyade. Encore plus grave, plusieurs sources, notamment l’enquête de l’IGPN, avaient assuré que le téléphone de Steve avait « arrêté de borner » bien avant la charge. Sous entendu : il s’est noyé tout seul pendant la soirée.
Il a donc fallu deux années entières pour que la justice reconnaisse que «les dernières analyses techniques ont démontré que le téléphone de Steve était toujours actif au moment de la charge de police». Steve était vivant avant l’attaque, et mort après. Deux années pour reconnaître ce que tout le monde sait. Deux années pour assumer l’évidence.
Le juge chargé de l’affaire va donc « convoquer » le commissaire qui a lancé la charge mortelle : Grégoire Chassaing. Ce commissaire était très connu pour la violence de ses interventions à Nantes, notamment contre les manifestants. Il était aussi connu pour ses engagements d’extrême droite. Le fait que les policiers qui ont chargé la fête de la musique aient hurlé « sales gauchos » aux teufeurs n’est pas un hasard. L’ancien directeur départemental de la sécurité publique, la Ville de Nantes et l’ancien préfet seront aussi convoqués. « Ces convocations pourront aboutir à une mise en examen ou un placement sous statut de témoin assisté ». Deux ans, pour une décision qui aurait du avoir lieu le lendemain même des faits. Pour rappel, depuis, Chassaing a reçu une médaille et une promotion, et le préfet a continué à réprimer la population nantaise avant d’obtenir un poste doré au ministère de l’immigration.
Ouest-France écrit que les policiers nantais « sont extrêmement touchés par ce qui est arrivé » et que « au commissariat Waldeck-Rousseau, cette terrible affaire est une vraie blessure. » Comble de l’indignité. Juste après la noyade, une manifestation réclamant justice pour Steve était réprimée avec une brutalité extrême, et un manifestant d’une cinquantaine d’années étranglé en public jusqu’à perte de connaissance. Des policiers avaient été filmés, goguenards, répondant à une manifestante qui demandait « où est Steve » : « ba, dans la Loire ! » La «vraie blessure», c’est toute la jeunesse de Nantes qui l’a subie. Et elle est loin d’être refermée.
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Source : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/info-ouest-france-affaire-steve-le-commissaire-et-la-ville-de-nantes-convoques-par-la-justice-579c21e8-cf4f-11eb-a53e-cc3087557efe
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