Euromayday
Catégorie : Global
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Voici, voici le joli mois de mai ?
***Le plein-emploi ? Une menace, pas une promesse ! ***
L’emploi est à la mode ! A la mode de l’emploi précaire !
L’emploi précaire, c’est les congés non payés (chômage), la RTT contrainte
et non rémunérée (temps partiels), la retraite sans pension et avant l’heure
(interdiction du rmi aux moins de 25 ans).
La précarité de l’emploi, c’est le travail sous contrôle.
Chômeurs et fainéants (ceux qui refusent la production débile, les salaires
de misère et l’exploitation) sont « accompagnés » dans le cortège des
contrats pourris – contrats d’avenir, contrats d’insertion, RMA, contrats
tremplin… –
Derrière les paillettes du « suivi personnalisé » : contrôle, revenus en
chute libre, subventions aux employeurs ; emploi forcé et salaires en
miettes, quand d’autres ont droit à brioche et deuils nationaux.
Et pour les salariés « classiques » (non précaires ?), c’est la peur
entretenue du licenciement, ou du non renouvellement de poste…
L’emploi précaire ne garantit plus le salaire. Le SMIC n’est plus mensuel,
il est « horaire ». La flexibilité, c’est le bénévolat du temps d’astreinte,
de chômage. Et c’est la rémunération calculée selon le planning de
l’employeur.
L’emploi précaire explose. La France compte probablement près de 10 millions
de précaires. Plus d’un million et demi de travailleurs pauvres (20% sont
« pourtant » en CDI) vivent avec moins de 557 euros par mois. Près de 3 SDF
sur 10 ont un emploi. A l’échelle européenne, les précaires constituent 17%
de la population.
On parle de minima sociaux ! Comme si le social c’était un minimum ! On dit
« minima sociaux » pour ne pas dire « maxima patronaux ».
RMI, ASS, allocs chômages et autres système de solidarité sont vus comme un
coût. On préfère les dîners caritatifs (bonne conscience), où on discute du
démantèlement de la solidarité. Les architectes de la nouvelle donne du
travail s’amusent à communiquer dans leur novlangue. Ils disent « activation
des dépenses passives » pour ne pas dire travail forcé ; ils revendiquent la
« baisse du chômage », pour masquer les radiations ANPE ; ils soutiennent la
« professionnalisation des jeunes », au lieu de parler de stages en
entreprise non payés ; ils autorisent les expulsions des « mauvais »
locataires, et se mettent en deuil le jour de la mort du pape.
***« Le premier Mai c’est pas gai, je trime a dit le muguet, 10 fois plus
que d’habitude, regrettable servitude. » Georges Brassens***
Le plein-emploi d’antan, ce « paradis » perdu que quelques nostalgiques
aspirent retrouver, n’est plus. Devons-nous regretter ce temps où il nous
fallait trimer à vie pour gagner sa retraite (et mourir sans en profiter) ?
Nous voulons le plein-emploi de nos propres vies !
Aujourd’hui, les différents temps de vie deviennent des sources
d’enrichissement pour l’entreprise. Nos « loisirs » devenus biens de
consommation (culturels ?) se vendent en publicité sur nos temps de
« cerveau disponible ». Découverts bancaires, crédits à taux usuriers, même
la misère de nos revenus engraisse les banques…
Nous sommes sommés d’être de plus en plus disponibles. Il nous faut nous
former pour être plus productifs, accepter de maigres salaires pour rester
compétitifs, tutoyer son patron et accepter de revenir dimanche terminer son
sale boulot.
Notre disponibilité, notre flexibilité, nos savoirs sont une mine d’or.
Historiquement stratégies choisies de fuite hors de l’emploi à vie ;
flexibilité, mobilité, sont désormais requises et exploitées.
Lorsqu’elles s’engouffrent dans les soupiraux de l’emploi précaire, elles
sont visibles, productives et payées des cacahuètes. Mais lorsqu’elles
tourbillonnent et produisent partout ailleurs (quand nous produisons du
commun autrement, lorsque par exemple nous fabriquons la plus grosse
encyclopédie universelle sur internet, lorsque nous apprenons à l’université
ou chez notre voisin menuisier lorsqu’il a fini son taff) c’est encore
moins que peanuts. Ces exigences, l’employeur ne veut pas les rémunérer :
seul le travail productif pour lui sera payé. Le reste, à chacun de
l’apporter en dote ! Seule l’entreprise en profitera …
Comment faire ?
Peut-être construire des niches de solidarité, d’entraide, d’échange. Entre
nous.
Produire nous même, et pour nous, des espaces où nous pourrions nous vivre
en collectif. Non plus les uns contre les autres.
Peut-être aussi, batailler pour négocier de nouveaux droits sociaux. Parce
que nous refusons que le droit à la vie ne s’achète qu’à la sueur de son
front.
Il n’y a pas de programme préétabli, il y a tout à (ré)inventer.
A nous de faire.
***L’églantine dit en rougissant : « Muguet, délure un peu, arrête le turbin
et rejoins le premier Mai des… précaires » ***
A la fête du muguet – vendu à la sauvette, par des migrants sans droits
sociaux -, pour cette journée internationale des travailleurs, sifflotons
des airs nouveaux. Chantons, crions, dévastons, rions, fêtons, faisons…
Faisons autrement, comme nous pouvons faire : nous savons travailler,
coopérer, inventer, aussi bien que nous savons dénoncer, résister,
revendiquer.
Fêtons ce premier mai avec tous ceux qui travaillent pour rien parce qu’ils
sont invisibles, producteurs sans papiers produits par la législation (300
000 – peut-être ?); intermittents, chômeurs, pas assez subventionnés par
l’Assedic ou le Rmi ; batoucada amateurs, rémunérés ou pas, en tout cas pas
payés pour leur carnaval.
A faire la fête avec nous, on va s’amuser à faire sa fête à l’emploi !
Avec ou sans emploi, avec ou sans papiers, un revenu c’est un dû.
Logement, titre de séjour : arrêt de toutes les formes d’expulsions
35 heures c’est 40 heures de trop !
« Le travail était monotone, dix heures par jour à trimer, je gagnais un
dollar par jour. Et puis, le printemps arrivait. Les bourgeons et les
collines bleutées nous faisaient signe. Alors, quand des agitateurs des
Chevaliers du Travail ont envahi notre bagne industriel [sweatshop] en
prêchant le message divin «moins de travail pour plus de salaire», je devins
des leurs, des pieds à la tête. L’idée de la cause des travailleurs en
général ne m’effleurait même pas. Je ne savais qu’une seule chose : ce dont
ces militants parlaient, c’est ce que je voulais… »
Oscar Ameringer, 1886.
Contact : contact_euromaydayparis@hns-info.net. Pour s’informer, se
mobiliser : http://www.cip-idf.org, http://www.hns-info.net,
http://pajol.eu.org, http://www.ac.eu.org, http:/www.stop-precarite.org,
http:// www.samizdat.net/ http://www.globalproject.info
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