Zad et violences patriarcales
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : EcologieGenre/sexualitésZad
Lieux : Le carnetZAD
Ce texte est l’expression des personnes MINT* présentes lors de sa conception. Le groupe est mouvant selon les jours, accueille régulièrement des nouvelleaux… nous avons donc essayé de concilier nos points de vue à un instant donné, ce texte en est le reflet et ne représente personne d’autre que nous-même.
Plusieurs agressions sexuelles ont eu lieu sur la ZAD depuis le début de la lutte. Cela a même commencé dès les premiers jours lors du festival du 29 et 30 août 2020. Parceque nous ne l’avons encore jamais évoqué sur le site du Carnet alors que visibiliser ces agressions au lieu d’en faire des tabous sont la première étape pour lutter contre, nous voulons en parler maintenant.
Nous vous invitons tout d’abord à prendre connaissance de ces deux témoignages que la ZAD a eu bien du mal à assumer et n’a donc pas jusqu’ici relayé. Attention, certains passages pourraient heurter la sensibilité de certain·e·s :
https://nantes.indymedia.org/articles/54252
https://blogs.mediapart.fr/pomme-puis-alma-je-suis-lola/blog/290121/la-place-de-la-femme-et-des-minorites-de-genre-en-milieu-anti-autoritaire-partie-2
https://mrmondialisation.org/agressee-sexuellement-a-la-zad-du-carnet-lola-souhaite-faire-evoluer-les-milieux-militants/
La manière dont la ZAD est médiatisée est très binaire, car la lutte est également médiatique et cela nous oppose naturellement à l’image diabolique présentée par les merdias conventionnels. Ainsi, pour nous défendre auprès de l’opinion public, nous avons pris l’habitude de ne mentionner presque que les aspects jouant en notre faveur. Cela pose un grave problème d’idéalisation de la ZAD pour celleux qui n’y ont jamais vécu. Alors nous voulons parler de la réalité pour ce qui est des violences sexuelles et patriarcales sur zone et c’est avec rage que nous vous avouons qu’il n’est pas possible de garantir la sécurité physique et psychologique de chacun·e. Les oppressions liées au genre sont même quotidiennes. Sexisme ordinaire, paternalisme, transphobie… Malgré nos efforts, la ZAD est loin d’être un lieu « safe »** et cela oblige les personnes oppressées à éviter certains lieux, certaines personnes, et même à s’auto-exclure de la zone. Comme partout en société, à la différence qu’à Babylone*** ce genre de problème est silencié.
Nous venons d’ailleurs toustes de cette société que nous rejetons, ce qui signifie que nous avons encore des mécanismes, des réflexes, qui ne sont pas encore déconstruits. Cela demande des années, une vie, des générations. La ZAD est par ailleurs un lieu où toutes les origines, les classes sociales, les horizons, sont brassés ; nos habitudes sont différentes, nos languages sont différents, nos fonctionnements sont différents. Notre quotidien est donc emprunt de bouscumements dans nos façons de faire et de penser, de débats, d’inconforts, de dominations, de violences, parceque nous nous confrontons les un·e·s aux autres.
Nous ne sommes pas parfait·e·s dans nos agissements, nous faisons de notre mieux pour nous adapter et inventer des solutions pour cohabiter.
Nous avons donc mis en place depuis plusieurs mois des espaces en non-mixité, espaces de paroles, d’actions et d’expressions, ainsi qu’un lieu de vie avec une cabane. Cela nous demande du temps et de l’énergie supplémentaire à ce que nous consacrons déjà à la ZAD de manière générale (tâches quotidiennes, constructions, réunions…). C’est épuisant et d’autant plus décourageant quand nous découvrons notre impuissance. Mais nous voulons que cela change.
De plus, certaines expériences nous ont mis face à des problèmes toujours plus complexes : comment gérer des agressions et des oppressions qui se superposent, s’entremêlent ? Comment visibiliser une oppression classiste justifiée par une oppression sexiste sans négliger cette dernière ? Certain·e·s de nos allié·e·s de lutte pour l’environnement sont également nos ennemi·e·s de lutte anti-patriarcale, comment gérer cette contradiction ? Comment faire pour accepter le rythme de déconstruction de chacun·e tout en cohabitant sainement ? Comment avoir les moyens de soutenir à notre échelle toutes les personnes qui auraient besoin d’une aide psychologique poussée ? Comment faire quand le mal-être de l’un·e de nous déborde sur les autres ? Comment s’écouter, se préserver, en posant ses limites dans cette lutte quotidienne indispensable mais nécessitant énormément d’énergie ?
Nous avons fait des erreurs et nous tenons à présenter nos excuses aux deux personnes à l’origine de ces témoignages mais aussi à toustes celleux qui ont souffert de notre manque d’écoute, de clairvoyance, de réactivité – bien que la responsabilité ne revienne pas uniquement à nous.
Concernant l’agresseur qui est toujours sur zone, l’histoire est tellement complexe que le dialogue entre zadistes est complètement saturé, beaucoup d’entre nous ont été surmené.e.s par les évènements et ne souhaitent plus avoir à y réfléchir pour l’instant afin de préserver leur santé. Nous ne comprenons pas nous-même tous les éléments qui ont pu mener à une telle impasse.
Le fait que certain.e.s d’entre nous, de la zad, de l’extérieur, des médias, ne fassent pas d’effort pour dépasser une version simpliste des faits et interprètent tout à leur manière ne fait qu’envenimer les choses.
Il va nous falloir du temps pour essayer de construire collectivement de quoi éviter que cette situation ne se reproduise.
Mais curieusement, nous avons le pressentiment que ce seront toujours les mêmes sur zone à se sentir concerné.e.s et à se préoccuper de la sécurité de chacun.e.
Nous faisons donc également appel à toustes celleux allié·e·s de la lutte contre le patriarcat, qui se sentent en capacité physique et psychologique de venir nous soutenir sur la ZAD. Nous avons besoin d’être en nombre pour ne pas être forcé·e·s de vivre sous la domination des mascu, nous avons besoin de montrer que la révolution sera féministe et inclusive ou ne sera pas.
Crève l’image de la ZAD, crève le patriarcat !
*Meufs, Intersexes, Non-binaires, Trans
**Où chacun·e peut se sentir en sécurité physique et psychologique, où les rapports de domination sont suffisamment déconstruits
***Référence symbolique utilisée pour désigner la société capitaliste
Traduction d’un article paru sur indymedia nantes
Déroulement d’une soirée triste dans une maison occupée à Bure [NdT : En réalité, la Maison de Résistance a été achetée par le mouvement anti-nucléaire local et est gérée par une SCI composée du collectif Bure Zone Libre et du réseau Sortir du Nucléaire.].
Je ne sais pas comment écrire ce texte sans me laisser submerger par la tristesse. Mais je vais faire de mon mieux.
Le 31 août 2019, deux groupes dans lesquels je joue ont été invités à se produire à la Maison de Résistance à Bure. Depuis Liège, nous avions quatre heures de route aller et quatre heures retour.
J’étais vraiment excitée car je n’étais encore jamais allée dans ce lieu et nous allions jouer pour la sortie du fanzine Freakszine.
Je m’attendais à une belle fête et, à mon arrivée, j’ai commencé à jouer avec des gens qui improvisaient des chansons stupides pour rire. Je me suis sentie chez moi.
Quand le premier groupe dont je fais partie a commencé à jouer, je chantais du côté gauche. Les gens faisaient un pogo et laissaient à l’autre chanteur et à moi une certaine distance afin que nous puissions nous déplacer également. Une des personnes dansait trop près et m’a donné des coups de coude à plusieurs reprises en se rapprochant trop de moi. Je suis donc allée un peu plus loin et il est revenu deux fois en marchant sur mon câble (mon matériel perso) au point que j’ai dû remettre le micro en place. À un moment, son coude s’est trop approché de mes yeux et donc, à la fin de la chanson, je lui ai demandé de faire attention et de ne pas venir si près de moi.
Après ce concert, tout le groupe était content. J’étais près de la distro et le gars est venu me demander : « Pourquoi tu ne voulais pas que je fasse le pogo ? » Pendant que je lui répondais : « Je n’ai pas dit de ne pas faire ça, mais… », il est parti comme pour signifier que ce que j’avais à dire n’était pas important. Il est revenu aussitôt et a reposé agressivement la même question. Alors je lui ai répondu agressivement que c’était à propos de mon putain de câble et de son coude, et il est à nouveau reparti pendant que je parlais. Je lui ai dit que c’était une façon typiquement sexiste de réagir. Et là, le type est revenu me voir et m’a dit : « Alors tu es raciste ! »
J’étais choquée.
Il est parti, pour revenir ensuite et dire : « Désolé, je vais partir. » Il ne l’a pas fait. À la place, il m’a collée contre un mur en me traitant de RACISTE au moment où j’allais me chercher une bière avant de chanter avec le groupe suivant.
Les autres se préparaient sur la scène dans la pièce à côté de nous. Je lui ai dit qu’il était fou avec ce truc de me traiter de raciste dès que j’ouvrais la bouche pour dire que quelque chose n’allait pas dans son comportement. Il s’est approché très près de moi, comme s’il voulait me frapper. J’étais sûre qu’il allait le faire, mais j’ai décidé de rester et de lui faire face.
Au lieu de ça, il a craché trois fois sur le sol près de moi et, à chaque fois, il me disait : « Tu es raciste. »
Je lui ai dit : « Tu montres vraiment à quel point tu es un homme fort en faisant ça. » Là, il m’a giflée très fort et m’a poussée contre le mur. Il y avait du monde à côté, mes ami·es, à qui j’ai dit : « Hé, il m’a giflée ! »
Pendant que mes ami·es venaient pour prendre ma défense, je me suis précipitée dans la pièce voisine en comprenant ce qui allait se passer : les habitants de la maison sont venus le défendre et m’accuser d’être raciste !
Alors que mes ami·es tentaient de parler avec les gens, apparemment, gifler des filles, ça va, mais dire à une personne racisée qu’il s’est comporté comme un connard, c’est pas possible ! D’un coup, on était tou·tes racistes, alors que le gars, complètement bourré, frappait tout le monde, y compris ses colocs ou ses ami·es.
Certain·es d’entre nous ont essayé de discuter avec les personnes du lieu et, apparemment, le type est excusé parce qu’il est bourré, racisé et traumatisé, et à la Maison de Résistance il y a des gens qui disent que les Blancs (ils le sont tous eux aussi) n’ont pas à se défendre.
Cela m’a mise complètement hors de moi et j’ai foutu par terre leur savon, de la viande et du fromage qui traînaient dans la pièce, ainsi que des fanzines, tout en disant que ce n’était pas ce qu’ils proclamaient et que c’était violent.
J’ai vu le gars frapper mon ami, mon partenaire et une autre amie qui était venue avec nous, et elle n’est visiblement pas blanche. Puis j’ai vu un autre gars (blanc) se diriger vers mon partenaire en disant : « Tais-toi, je suis anti-Blancs. » J’ai demandé à tout le monde d’arrêter de discuter et de se dépêcher de partir !
G., l’organisateur, était en train de pleurer, alors je lui ai dit que ce n’était pas sa faute, mais qu’il ne devrait pas accepter que ces personnes puissent se comporter de la sorte.
Lui et d’autres habitants de la maison nous ont alors dit que ce n’était pas la première fois qu’il était violent. Et qu’ils étaient en colère contre lui, mais aussi qu’ils en avaient peur.
Ce n’est pas notre responsabilité si ce gars a eu une vie de merde et a été victime de discriminations. Cela ne lui donne pas le droit ni l’excuse de discriminer en retour et d’agresser d’autres personnes. Et être saoul est la pire des excuses possibles. Et dans ce cas, supposer que j’étais francophone et belge juste parce que le groupe est situé en Belgique pourrait aussi être qualifié de racisme.
Pendant que nous essayions de ranger les amplis, ce gars à qui on avait dit de partir est encore revenu vers moi, mais au lieu de me frapper, il a frappé la camionnette du groupe dans laquelle la chienne dormait. Elle a été terrorisée et a commencé à aboyer.
Devant tous ces faits, les habitants ont déclaré : « Nous n’avons rien vu ni rien entendu. »
Nous sommes parti·es vers minuit et avons dormi chez des ami·es après deux heures de route, avant de retourner à Liège le lendemain.
Une fois l’adrénaline de l’autodéfense partie, je ne pouvais plus respirer ni arrêter de pleurer en pensant mais WHAT THE FUCK, qu’est-ce qui se passe dans ce monde soi-disant anarchiste et activiste ! Ces gens font la guerre aux mauvaises personnes juste pour nous contrôler et pour qu’on se déteste les un·es les autres ; les gens inventent des histoires pour rabaisser les autres, des histoires fausses qui ne devraient pas exister, des mots faux, une rumeur qui devient de plus en plus grande… l’anarchie est morte !
J’ai des attaques de panique depuis que nous sommes parti·es et je déteste reconnaître que je suis faible.
Mais je veux parler de ce qui s’est RÉELLEMENT passé, comme beaucoup de gens pourront le confirmer, et dégager ce poids de mon cœur, qui m’empêche de respirer correctement depuis cette agression.
En appeler au racisme lorsque tu fais de la merde, que tu es sexiste et que tu es le premier à imposer de la discrimination violente dans un lieu, c’est vraiment, vraiment lamentable et irrespectueux.
Et nous ne comprenons pas que la plupart des habitants de la maison nous montrent que, pour eux, l’anti-racisme est une lutte plus importante que l’anti-sexisme.
Nous sommes seulement dispersée, pour les motifs que tu as citée. Ces lieux de luttes sont des portes ouvertes pour les plus crapuleux en tout genre. Pour moi l’ordurerie n’a pas de couleurs, de religions, d’ethnies ou de genres. Mais dans ces lieux,beaucoup veulent paraitre pour se qu’ils-elles ne sont pas, par stratégie politique .soit pour le contrôle de la masse, soit pour déstabiliser une lutte et des groupes(flics, fafs…) où par opportunisme souvent sexuel. Je parle d’expérience, zad nddl,j’y étais et en est subi les conséquences parmi d’autres, zad testet, zad du carnet les témoignages pleuvent encore aujourd’hui, Bure je n’y vais plus depuis longtemps…
Les squats je n’y vais plus, trop de communistes se cachant derrière le drapeau noir et les causes juste… Dans tout ces lieux, la principale stratégie est l’inversion, surtout à l’égard des forts-tes contestataires…
Mais ne baisse pas les bras,moi je te crois,je te fais confiance même si on n’se connait pas.
Tire expérience de cette soirée,analyse,analyse,analyse,encore et encore,fais en tes armes et les nôtres.
Tu viens de prouver que tu n’es pas faible, t’as pas fermé ta gueule et ne la ferme jamais si c’est pour une cause juste, tu es forte!
Moi j’ferme jamais ma gueule et j’la fermerai jamais.
Heuu sauf si j’ai tord,bien sûr.
Comme le disent les filles de la zad du carnet,qui ont vécu des saloperies similaire, la révolte sera féministe!
et j’attends ce moment avec impatience,là je fermerai ma gueule pour de vrai,en tant que mec.
Pour le respect de La liberté, mais que la liberté de chacun-e s’exerce dans le respect de tout.
Anarchie!
PS:c’est quoi les noms de vos groupes ?
Hello les modos-es,les 2 dernier com’ étaient ils inapproprié ?
c,est plutot dommage,mon témoignage sur la zadnddl corroborent avec celui des filles pourtant. Ne peut on dénoncer ces exactions, qui permettent à des victimes décrédibilisée de reprendre de l’assurance .là du coup, ça permet à ces coupables et complices de continuer comme si de rien n’était.et savoir que ces personnes développent un projet de colonie pour enfants m’inquiète un peu en tant que père.
Votre censure m’amène à douter de vous.
Ne pensez vous pas qu’il est important, que la nouvelle génération militante sache ou elle va mettre les pieds afin de mieux se protéger. Ça éviterait aussi que des personnes très engagé soit traité de justicier,puis de violeur pour protéger les vrais fumiers,c’est récurent et ne fait rien avancé,mais tout reculer.
La censure est comme la non violence elle sert uniquement l’État et les salauds-pes !
Fuck la censure !
PS:que ces tordus-es de nddl cite mon pseudo,honnêtement j’m’en cure les ongles des pieds et leur dédicace mes mycoses,ils-elles en ont déjà pleins la bouche et la gorge.
Et mes témoignages censuré bien réel malheureusement…