L’unef, nouvelle cible de la chasse aux sorcières
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Les communistes libertaires n’ont jamais eu beaucoup de tendresse pour la ligne social-démocrate et les pratiques bureaucratiques de l’Unef. Mais face à une offensive réactionnaire qui, derrière une organisation particulière, vise l’ensemble du mouvement antiraciste et menace les libertés publiques, il n’y a pas d’hésitation à avoir, il faut s’opposer à toute menace de dissolution. Et se solidariser avec la présidente de l’Unef, Mélanie Luce, face à la campagne de cyber-harcèlement dont elle est victime. L’État n’a pas à s’immiscer dans le mode de fonctionnement qu’une organisation a choisi en toute indépendance, et qui ne concerne que ses propres adhérentes et adhérents.
Ce n’est pas la première fois que l’Unef est attaquée de cette façon. Elle avait déjà été prise à partie en 2018 et 2019, par la droite et par quelques barons du PS ex-Unef comme Julien Dray ou Bruno Julliard, à cause d’une prétendue dérive « islamo-gauchiste ». Ses torts ? Sa participation à des actions antiracistes et le fait que Maryam Pougetoux, alors présidente de la section de Paris-IV, porte un voile ce qui n’est, rappelons-le, aucunement interdit dans l’enceinte des universités.
L’offensive contre l’Unef a repris le 4 mars suite à l’affaire des collages visant deux professeurs de l’IEP de Grenoble membres de l’Observatoire du décolonialisme et amateurs de la provocation réactionnaire dans le style CNews [1]. L’extrême-droite en a profité pour lancer une campagne virale (#DissolutionUNEF) contre toute l’organisation. La droite lui a emboîté le pas après le 17 mars, suite à l’interview de sa présidente, Mélanie Luce, sur Europe 1. Venue pour parler de la précarité étudiante, elle a été submergée de questions sur la « dérive idéologique » de l’Unef. Résulat : la précarité étudiante, terriblement amplifiée par la crise sanitaire actuelle [2], est oubliée au profit d’une campagne menée par tous les chiens de garde médiatiques de l’ordre actuel.
Parmi les aboyeurs, des « antiracistes » de haut vol comme le compère d’Éric Zemmour, Éric Naulleau (photo) ; l’UNI (syndicat universitaire de droite radicale qui pleure la dissolution de Génération identitaire) ; 58 parlementaires dont François-Xavier Bellamy, Eric Ciotti et Gérard Longuet, qui ont demandé à Gérald Darmanin d’étudier la dissolution du syndicat.
La question des réunions entre personnes racisées, en non-mixité, pour traiter de questions de discriminations, avait déjà fait polémique : on se souvient des pathétiques tentatives de Blanquer en 2017 d’interdire ces ateliers en non-mixité au sein de SUD-Education en Seine-Saint-Denis. Mais cette nouvelle offensive atteint un niveau sans précédent : jamais les mots d’interdiction, de sanctions voire de dissolution n’avaient été autant repris dans la classe politique.
La non-mixité quand elle est choisie par des personnes vivant une oppression spécifique, n’est pas un problème mais un outil d’émancipation pour combattre les discriminations. L’UCL l’utilise également.
Si l’État veut s’attaquer au racisme, qu’il commence par sa police et son armée, gangrenées par les idées d’extrême droite, qu’il fasse fermer les locaux fascistes qui se multiplient en France, et d’où partent des agressions violentes contre le mouvement social [3]. Mais nous savons qu’il n’y a rien à attendre d’un gouvernement qui préfère célébrer Charles Maurras ou Napoléon Bonaparte et conter fleurette à l’électorat du RN.
Union communiste libertaire, le 22 mars 2021
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?L-Unef-nouvelle-cible-de-la-chasse-aux-sorcieres
Sur la chasse aux sorcières, le racisme anti-blanc, l’islamo-gauchisme de la fachosphère, voir :
http://www.regards.fr/idees-culture/article/la-non-mixite-a-t-elle-droit-de-cite
https://ujfp.org/selon-que-vous-serez-un-indigene-de-maison-ou-un-indigene-des-champs/
https://www.anti-k.org/2021/03/26/non-monsieur-blanquer-la-non-mixite-nest-pas-du-fascisme/
La ségrégation, c’est-à-dire la séparation imposée, l’accès réservé à certaines places ou certains espaces sociaux, est une des principales formes que prend la domination – que ce soit la domination des riches sur les pauvres, celle des hommes sur les femmes ou celle des blancs sur les non-blancs. Mais ce n’est pas la seule : de nombreux mécanismes de domination perdurent au sein même des espaces sociaux mixtes, malgré la mixité, voire parfois grâce à elle. C’est ce que montre Christine Delphy dans le texte qui suit : la mixité n’est pas en elle-même un bien qu’il faudrait opposer sans discernement à une non-mixité forcément « enfermante » et « étouffante » ; la non-mixité n’est en fait oppressante que lorsqu’elle est subie, au même titre que peut être oppressante une mixité ou une proximité subie. Et si la mixité choisie (ou plus exactement : la possibilité de choisir – ou pas – la mixité) constitue un objectif pour les dominé-e-s, le chemin qui y mène passe nécessairement par des moments de non-mixité choisie.
Christine Delphy
https://lmsi.net/La-non-mixite-une-necessite
L’unef est un morceau ridicule de la gauche la plus médiatique et toujours intégrée au système que nous combattons
L’UNEF a toujours été sur des lignes ennemi-e-s des révolutionnaires, des libertaires, des anarchistes, des queers, des féministes, des anti-autoritaires, des situationnistes, des anti-bureaucrates des antiracistes ….
L’unef a brisé plus d’un mouvement, plus d’une grève.
L’unef a servi de dépotoir des militant-e-s socialistes, communistes, républicain-e-s, buros…..
L’unef (comme la MNEF) a servi de passerelles pour recycler des militant-e-s trotskistes devenu-e-s député-e-s etc.
L’unef, ce réseau mafieux plus que simple syndicat étudiant qui propulsa de Manuel Valls, à Cambadellis, à Bruno Julliard…
Dans les années 60-68 :
Avec la guerre d’Algérie, le syndicat étudiant de l’Unef sort de son apolitisme. Cette organisation prestigieuse devient l’enjeu de luttes de pouvoir. Les cathos de gauche, les communistes de l’UEC, les socialistes du PSU et autres gauchistes se battent pour prendre la direction de l’Unef, à Strasbourg comme à l’échelle nationale. Le syndicalisme étudiant devient le terrain de lutte de tous les apprentis bureaucrates.
http://www.zones-subversives.com/2019/07/le-scandale-de-strasbourg-et-les-situationnistes.html
http://www.zones-subversives.com/search/unef/
https://juralib.noblogs.org/2012/12/05/valls-kyste-my-ass-valls-manuel-ou-la-mafia-detat/
Racisme d’État, personnes racisées, non-mixité, discriminations : mise au point
Une campagne d’État se développe contre un stage de formation syndicale organisé par le syndicat départemental SUD éducation 93 qui, conformément au fonctionnement de la fédération SUD éducation, œuvre en toute autonomie.
Une campagne se développe contre un stage de formation syndicale organisé par le syndicat départemental SUD éducation 93. Le fonctionnement de la fédération des syndicats SUD éducation laisse entière l’autonomie de chaque syndicat, en particulier en matière de pratiques syndicales et de politique d’action, notamment sur le contenu des formations locales.
Le ministre de l’éducation nationale s’est exprimé devant l’Assemblée nationale ce mardi 21 novembre. Il y a notamment dénoncé que la fédération SUD éducation ne se soit pas désolidarisée de SUD éducation 93. La fédération SUD éducation tient à faire une mise au point sur un certain nombre de contresens opérés par le ministre à cette occasion.
Contre le racisme d’État
Nous avons pris connaissance de l’intention de M. Blanquer de porter plainte pour diffamation contre le syndicat SUD éducation 93 au motif que celui-ci utilise le terme de “racisme d’État”. Si le ministre veut attaquer en justice toutes les organisations qui utilisent ce terme, la fédération SUD éducation en fait partie. En effet, son dernier congrès, en 2015, s’est donné parmi ses objectifs de combattre le racisme d’État, outil de division des travailleurs et des travailleuses. [1]
Cette expression fait débat, car pour certain-e-s elle renvoie à des systèmes racistes officiels tels que le régime de Vichy ou les États d’apartheid. La législation française ne correspond effectivement pas à ces critères, puisque dans la loi l’égalité de toutes et tous est formellement proclamée et les actes et propos racistes sont interdits.
Ce que notre congrès dénonçait c’est « un système inégalitaire et le “deux poids deux mesures” », un ensemble de politiques institutionnelles, qui font système, et qui permet d’affirmer que l’État dans lequel nous vivons est bien, dans les faits, raciste, au sens où il reproduit, poursuit et aggrave des situations de discriminations racistes, directes et indirectes. Ainsi, le rapport au premier ministre de juin 2016 « Les discriminations dans l’accès à l’emploi public », établit l’existence de discriminations fondées sur les origines ou sur les lieux d’habitation dans l’accès aux emplois publics. [2] La Cour de cassation a condamné l’État pour les contrôles au faciès. Les discriminations dans l’accès au logement sont établies. Etc.
“Racisé-e” = “victime du racisme”
Le terme “racisé” est dénoncé par Jean-Michel Blanquer comme impliquant une vision raciste de la société, alors que c’est exactement l’inverse. Ce terme lui aussi fait débat, mais c’est un terme désormais en usage installé dans les sciences sociales. Il désigne le processus social qui attribue une race à certaines personnes, et qui les discrimine sur cette base.
Affirmer qu’il y a des personnes racisées, ce n’est en rien affirmer l’existence réelle de races, c’est uniquement reconnaître, pour la dénoncer, l’existence d’un racisme systémique (c’est à dire d’un racisme qui ne se résume pas à des actes individuels). “Racisé” signifie en résumé : “victime du racisme”. C’est en ce sens qu’il a été utilisé dans deux textes adoptés par notre dernier congrès fédéral.
La non-mixité est un outil
Le stage de SUD éducation 93 n’est interdit à personne. Il propose deux temps “non-mixtes”, pour permettre aux personnes qui subissent le racisme de se regrouper.
Cet outil de la non-mixité choisie a été mis en œuvre et explicité par la génération fondatrice du Mouvement de Libération des Femmes. Dans des écoles nordiques, les espaces de jeux sont investis en non-mixité. En France, certain-e-s enseignant-e-s mettent en place des moments de non-mixité choisie (certains cours d’EPS, interventions d’éducation sexuelle…).
Ce qui vaut pour le sexisme vaut également pour le racisme. La non-mixité choisie a également été utilisée dans le mouvement pour les droits civiques aux États-Unis d’Amérique.
La non-mixité choisie et temporaire est une stratégie de résistance politique à des dominations structurelles telles que le racisme ou le sexisme. Elle libère la parole, la sécurise, permet une mise en confiance. Elle donne de la force pour affronter les situations de discriminations et les stéréotypes. [3]
Le ministère contre les discriminations ? Chiche !
Nous nous réjouissons de voir que M. Blanquer saisit à bras le corps la lutte contre les discriminations. Nous espérons donc que les contrôles policiers au faciès pendant les sorties scolaires, les refus de scolarisation d’enfants migrants, les inégalités de progression de carrière entre femmes et hommes dans l’éducation nationale comme ailleurs cesseront au plus vite et que plus un-e seul-e de nos élèves ne dormira à l’hôtel ou dans la rue.
Nous sommes dans l’attente d’actions concrètes pour lutter contre les inégalités territoriales, pour garantir l’égalité du droit à l’éducation, avec une carte élargie de l’éducation prioritaire (incluant les lycées) et un label sur des critères nationaux et transparents, des moyens pérennes et des droits pour tou-te-s, des postes et des seuils d’effectifs contraignants, permettant la réduction des effectifs par classe.
Enfin, nous constatons que le ministère qui devait recevoir la fédération SUD éducation le mardi 21 novembre a annulé deux heures avant ce rendez-vous prévu de longue date préférant le même jour communiquer par médias interposés. Notre fédération comptait y porter des sujets sur lesquels les personnels attendent des réponses et notamment questionner la DGRH sur la réforme du bac et de l’orientation post-bac, l’annualisation des CUI et reclassement des stagiaires, le reclassement des agents dans les nouveaux échelons PPCR et la mise en oeuvre ou non du protocole, la pénurie de médecins de prévention, les atteintes au secret médical, la reconnaissance des accidents du travail, les nouvelles modalités d’évaluation des personnels. Y répondre n’était manifestement pas la priorité du jour.
De la maternelle à l’université, SUD éducation continuera à porter en toute autonomie ses revendications pour les personnels et le service public.
Contre le libéralisme, contre toutes les discriminations, contre toutes les inégalités. Pour une autre société, une autre école : publique, gratuite, laïque, égalitaire et émancipatrice.
https://paris-luttes.info/racisme-d-etat-personnes-racisees-9116
Comment expliquer les “bris” ignoble de grève et les récupérations horrible de tous les mouvements ou revendications étudiantes par l’unef (toutes époques, toutes tendances ) ?
quand l’ucl avait des “intérêts” (rigolons un coup pour nous détendre et ne surtout pas dire d’autres gros mots comme “entrisme”) dans une certaine tendance de l’unef :
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Exclusions-de-l-Unef-quel-bilan-pour-la-strategie-de-l-opposition
analyse de 2006
L’Union nationale des étudiants de France (Unef), dirigée par Bruno Julliard, a été fondée en 1907. Majoritaire aux élections étudiantes, l’Unef fonctionne selon un système de clans reflétant les tendances du Parti socialiste (NPS, Nouveau Monde, fabiusiens, etc.) à l’exception notable de la petite tendance dirigée par les JCR, nommée Tendance Tous ensemble (TTE). L’Unef est dirigée par l’ancienne tendance Nouveau Monde du PS. Syndicat cogestionnaire, l’Unef a participé à la mise en place de la réforme libérale du LMD et fait des élections l’axe central de sa politique. Sa revendication principale est l’allocation d’autonomie pour la jeunesse, individualisée et financée par la fiscalité.
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Dossier-CPE-Panorama-des
puis en 2008 :
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Mouvement-etudiant-l-UNEF-a-choisi-son-camp
Hommage à toustes qui dans les milieux autonomes du monde universitaires ou des hautes écoles ont été brisé.e.s, attaqué.e.s, diffamé.e.s, inquiété.e.s etc par l’unef (et son service d’ordre)