La nasse de nuit
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Contrôle socialRépressionResistances
Lieux : Toulouse
Comme le veut la tradition féministe toulousaine, nous avions prévu de manifester, la nuit, à l’occasion du week-end du 8 mars, et de pousser la chansonnette en battant le pavé. Cette année, malgré le couvre-feu, nous avions décidé de maintenir la coutume, en nous retrouvant, plus tôt que d’habitude, à 17h30. En arrivant, la place était parsemée de groupes de bleus, prêts à intervenir dès que l’une d’entre nous avait l’audace de faire tomber le masque en dessous de la narine.
Nous étions tout de même une centaine à braver l’interdit préfectoral. Et nous avions devant nous, en tout légalité, au moins 30 minutes pour chanter, danser, crier, et jeter Darmanin dans la Garonne. Pourtant, aux alentours de 17h42, en plein échauffement vocal, la maréchaussée décide de nous encercler, et de constituer une nasse. Le groupe est alors scindé en deux, interdisant toute sortie, mais acceptant bien volontiers de nouvelles recrues.
C’est alors que commence une attente interminable. Seules les personnes qui présentent leurs papiers d’identité peuvent quitter les lieux. Au même moment ont lieu plusieurs événements : la frappe – batucada féministe toulousaine – se fait arrêter et confisquer ses instruments, tandis qu’un petit groupe extérieur à la nasse se fait gazer à bout portant. Il est alors 17h53, et la possibilité d’un voyage au poste se profile de plus en plus clairement.
Au total, une trentaine de personnes fera le déplacement, non sans avoir entendu, pendant une heure, les blagues et réflexions graveleuses de la milice fasciste. Ainsi, lorsque le camion arrive au commissariat, les brillants soldats, voyant qu’un rassemblement de soutien a lieu devant l’établissement, déclarent « HAHAHAHAHAHA, ELLES SONT VENUES POUR NOUS, ON LEUR PLAÎT TROP !!! ». Hum. Certes. Perplexité. La situation serait comique si nous n’avions pas à subir par la suite un contrôle d’identité, dans le gymnase de l’hôtel de police.
Finalement, la plupart d’entre nous sortent, saines et sauves, sans rappel à la loi, et sans amende – à priori, car il est possible que nous les recevions plus tard -. A cette heure-ci, deux personnes sont en garde à vue, sans que l’on ait plus de détails sur leurs chefs d’inculpations, ni sur les conditions de leur arrestations. Force et soutiens à ielles !
Tout ceci était une démonstration de force, mais l’effet dissuasif n’a pas marché :
On a l’attaque des louves et la rage des chiennes, fières, vénères, pas prêtes à se taire !!!
https://iaata.info/La-nasse-de-nuit-4666.html
La presse parle de 43 contrôles d’identité au commissariat hier soir. Un récit de la soirée a été publié sur le site.
ise à jour : hier à 19h14
C’est toujours la nasse à Esquirol
Les flics encerclent encore un groupe à Esquirol. Ils disent attendre des camions pour embarquer plus de monde.
Pendant ce temps les premiè·res arrêté·es sortent du commissariat.
# Mise à jour : hier à 18h35
Arrestation massive en cours
Les personnes qui ont présenté une pièce d’identité ont pu sortir de la nasse. Les flics disent qu’ils enverront des amendes.
Les autres se font embarquer, soit entre vingt et trente personnes.
Pendant ce temps la BAC traine encore dans le quartier et en profite pour arrêter un gars qui passait pas là…
# Mise à jour : hier à 18h16
Nasse toujours en cours, des arrestations
Au moins 1 personne a été arrêté à l’intérieur de la nasse. Des personnes avec des instruments de battucada ont aussi été arrêté à l’extérieur de la nasse.
Du monde est présent·e en soutien à l’extérieur de la nasse.
# Mise à jour : hier à 18h05
Menaces et répression par les bleus
À 18h les flics ont annoncé qu’ils allaient contrôler les attestations et utiliser les gazeuses à main…puis ils ont gazé à bout pourtant.
# Mise à jour : hier à 17h52
Nasse en cours à Esquirol
Énormément de CRS sont sur place pour empêcher la manif. Dans la nasse ça chante. Les personnes qui essaient de sortir se font renvoyer dans la cage.
Une quinzaine de bakeus trainent vers le Starbuck.
# Mise à jour : hier à 17h30
Infotraflic
Il y a beaucoup de flics autour du point de rendez-vous (Esquirol), et des contrôles devant les sorties du métro.
Après 18h, les violences ne sont pas mises en pause.
Après 18h, on rentre du travail et on en commence un autre : il faut s’occuper des enfants, du repas, du ménage.
Après 18h, on sort de cours et on s’enferme parfois dans des familles violentes, lesbophobes ou transphobes.
Après 18h, on est seul-e avec nous-même, nos angoisses et le poids des violences et de l’exploitation que nous subissons tous les jours.
Après 18h, on commence à ne plus se souvenir de la vie d’avant.
Et pourtant, la vie d’avant, ce n’était pas non plus le rêve !
Si nous avions plus de liberté et de vie sociale, nous n’oublions pas qu’en tant que femmes et minorités de genre, l’espace public ne nous appartenait déjà pas.
Celleux d’entre-nous qui entretiennent des relations non-hétérosexuelles se cachent dans la rue, par peur d’être agressé-e-s.
Celleux d’entre-nous qui sont des personnes trans ou non-binaire calculent leur trajet, lieu de destination, et heure de sortie.
Celleux d’entre-nous qui sont des femmes ou perçues comme telles subissent du harcèlement sexuel quotidien, partout, ne peuvent prendre un transport en commun ou aller dans un bar sans risquer d’être insulté-e-s ou agressé-e-s.
Celleux d’entre-nous qui sont racisé-e-s subissent constamment du racisme, sont exotisé-e-s, insulté-e-s, dévalorisé-e-s.
Si nous reprenons la rue le 5 mars au soir, malgré le couvre-feu, ce n’est pas pour réclamer un retour à la normale.
Nous voulons qu’avant comme après 18h, l’espace public soit débarrassé de toute marque de privatisation par le marketing capitaliste et ne soit plus le territoire de prédation du machisme, et qu’il appartienne à toustes, qu’il soit un lieu de créations, de solidarités, d’entraide et de vie collective !