L’arrestation de l’un des nôtres
Published on , Edited on
Category: Global
Themes: Anti-terrorismeKurdistanRépressionZad
Places: FranceRojava
Pour comprendre cette affaire, il faut remonter au début de l’engagement de volontaires internationaux en Syrie. Entre 2015 et 2019, une trentaine de français ont répondu à l’appel des populations du Rojava pour protéger la paix en participant à la guerre de légitime défense contre Daech et l’armée turque. La DGSI a immédiatement établi un tri entre les « mauvais » volontaires, se réclamant d’une idéologie révolutionnaire, et les « bons » volontaires, anciens militaires ou apolitiques, qui pour certains ne furent même pas auditionnés à leur retour en France. Ceux qui étaient identifiés comme de potentiels membres de « l’ultragauche » se retrouvèrent systématiquement « fichés S » et firent l’objet d’une surveillance active, tout en étant coupables de rien d’autre que d’un délit d’opinion. Arrestations à l’aéroport, menaces sous forme de conseils paternalistes, pressions sur nos familles, nous sommes nombreux à avoir fait l’objet de tentatives d’intimidation plus ou moins voilées de la part des services de sécurité. Fin 2016, la DGSI fit irruption chez l’un d’entre nous pour lui retirer son passeport et sa carte d’identité, afin de l’empêcher de retourner au Kurdistan syrien. Le ministère de l’Intérieur affirmait alors que ce combattant du YPG pouvait être à l’origine « de graves troubles à l’ordre public » et était susceptible d’utiliser son expérience militaire « dans des attaques contre les intérêts français, en lien avec l’ultragauche révolutionnaire ». Ces accusations complètement fantaisistes furent balayées par le tribunal administratif de Paris quelques mois plus tard. Le ministère de l’Intérieur fut ensuite contraint de lui rendre ses documents d’identité et de lui verser des dommages et intérêts. En dépit de cette victoire judiciaire, nous savions que la DGSI nous garderait dans son collimateur et était prête à tout, y compris à des accusations sans preuves, pour nous faire rentrer dans le moule qu’elle avait créée : celui de dangereux vétérans d’ultragauche cherchant à importer la violence du conflit syrien de retour chez eux. Cette caricature a été construite dès le départ, ex-nihilo, avant même que l’un d’entre nous ne remette les pieds sur le territoire français. Même si de retour en France aucun volontaire n’a jamais été impliqué dans des actions violentes, la DGSI attendait patiemment l’occasion de piéger l’un d’entre nous, pour pouvoir enfin donner une crédibilité à ses fantasmes. L’année dernière, elle a communiqué à notre sujet par le biais de journalistes de Mediapart. Ces derniers, désireux de renvoyer l’ascenseur aux sources qui les informent sur d’autres sujets, ont déroulé le tapis rouge à l’argumentaire délirant du ministère de l’Intérieur. Un camarade parti en vacances en Amérique du Sud se retrouvait accusé d’avoir essayé de nouer des contacts avec une guérilla colombienne, un autre fréquentant la ZAD aurait prétendument tiré une fusée éclairante sur un hélicoptère de la gendarmerie, des dégradations d’antennes téléphoniques, de bornes Vélib ou de fourgons de police nous étaient également associées. Ces fables anxiogènes, parfaitement déconnectées de toute réalité, venaient confirmer ce que nous savions déjà : jusqu’à ce qu’il ait trouvé le coupable idéal, le ministère de l’Intérieur ne renoncerait pas à l’entreprise de diabolisation dont nous faisions l’objet.
En plus de chercher une revanche sur l’affaire Tarnac, les services de sécurité poursuivent depuis des années un double objectif : criminaliser l’internationalisme et nous utiliser comme des épouvantails pour stigmatiser l’ensemble de la gauche révolutionnaire française. En plein tôlé sur la loi relative à la sécurité globale, on peut reconnaître à la DGSI qu’elle fabrique des terroristes au moment opportun, au service d’un gouvernement qui nous conduit chaque jour un peu plus vers un Etat policier. Laurent Nuñez, faisant preuve d’une incroyable malhonnêteté intellectuelle, a récemment enfoncé le clou en rappelant dans une interview donnée au Figaro qu‘une « dizaine de militants d’ultragauche sont allés à s’aguerrir au Rojava ». Alors que nous nous retrouvons collectivement mis en cause par le conseiller à l’anti-terrorisme du président Macron, une mise au point est nécessaire. Nous sommes allés au Rojava avec la volonté de défendre une révolution basée sur la démocratie directe, la coexistence pacifique entre communautés, l’égalité femmes-hommes et le juste partage des richesses, autant de valeurs dont l’Etat français se réclame sans jamais les appliquer. Pour ce faire nous n’avons pas cherché à nous « aguerrir », nous avons combattu les jihadistes de Daech au moment où, à Paris et à Nice, ils massacraient des centaines de personnes en profitant de l’incompétence des services de sécurité supposés nous protéger. Les termes « allés s’aguerrir » laissent supposer que le Rojava n’était qu’un prétexte, un moyen d’acquérir une expérience militaire que nous souhaitions en réalité utiliser dans notre pays d’origine. Nous répondions précisément à la logique inverse. Nous avions besoin de ces compétences militaires pour combattre Daech et défendre l’existence du Rojava mais avoir acquis un tel savoir faire ne signifie pas que voulions l’utiliser de retour en France, ou que la lutte armée serait subitement devenue le seul moyen d’action de notre répertoire militant. Nous ne sommes pas des amis de ce gouvernement, de ses chiens de garde et du système qu’ils servent, c’est un fait, mais nous les combattons par des moyens démocratiques et non par la violence comme nos accusateurs l’insinuent. La véritable prolongation de notre combat c’est le témoignage. Nous transmettons ce que nous avons vu et appris au Kurdistan à travers un livre dont nous recommandons la lecture à ceux qui voudraient essayer nous comprendre, loin des clichés véhiculés par le ministère de l’Intérieur et par les médias à ses ordres . Alors que la DGSI nous dépeint en comploteurs ou en vandales, nous avons en réalité passé ces dernières années à reprendre le fil de nos vies (paisibles). Nous continuons à militer pour défendre le Rojava, la mémoire de nos camarades tombés au combat, et les valeurs qui nous ont poussés à nous rendre là-bas. En rentrant chez nous, nous ne nous attendions pas à recevoir la Légion d’honneur, ni même a être remerciés par qui que ce soit, mais nous ne pouvions pas imaginer que nous serions désignés comme des ennemis de l’intérieur et traités à l’égal des jihadistes que nous avions combattus. Comme nous venons de le rappeler ici, nous avons suffisamment fait l’objet de calomnies de la part de la DGSI pour ne pas accorder la moindre crédibilité aux accusations portées contre notre camarade à qui nous réaffirmons notre confiance absolue et notre soutien sans faille”.
Le CCFR (Collectif des combattantes et combattants francophones du Rojava). 1er février 2021.
Certain-e-s dans les poubelles twitteresque de ce qu’il reste d’extrême-gauche et de micro-mini-chapelles gauchistes considèrent que combattre par les armes ou la pensée l’islamisme au kurdistan est, était et sera islamophobe (wtf !)
vous ne serez JAMAIS nos allié-e-s, nos camarades, nos compagnon-ne-s !
Ce texte/tribune est aussi publié par “lundi matin®”
le fait que c’est publié par lundi matin c’est vraiment pas le plus choquant je pense … mais le débat sur le fait de jouer les petites mains pour l’armée français et américaine, de s’organiser avec des marxistes qui ont crée un corps de police et des prisons est un débat qui n’est pas possible … Donc on continue de voir des gens aller là-bas et revenir fiers d’eux, alors qu’ici ils seraient les premiers à crier des slogans contres les flics … quand leurs camarades kurdes au Rojava ont eux-mêmes crée leur propre police … et rajouter autonome à toutes les saloperies ne les rend pas plus acceptables …
…ta vision super binaire des choses. Le monde doit être super simple pour toi, ça doit être cool. Mais d’un autre côté heureusement que tout le monde voit pas les choses pareil en fait.
Et puis bon pas s’offusquer de lundi matin, mais cracher juste après sur des marxistes qui auraient créé des prisons et un corps de police, on dirait que t’es pas à une contradiction près, vu que c’est précisemment comment les gens de ce site là envisagent les choses.
Bref merci pour ton trollage c’était la blague du dimanche on a bien rit!
Non mais alors, l’appelo-bashing qui est devenue une obligation pour pouvoir appartenir à certains milieux me gonfle vraiment !
Les attaquer sur ce qu’ils font et ce qu’ils écrivent ok .. mais il faudrait déjà savoir de qui on parle, moi personnelement, ne faisant pas partie de leurs milieux, je n’en ai jamais rencontré aucun, pourtant j’ai l’impression que dans le fourre-tout “appelistes” y a des gens qui ne se parlent même plus depuis pas mal de temps et qui n’ont plus grand chose à voir.
Donc si tu ne les aimes pas parce que la vindicte populaire chez les totos et les anars a décidé que c’était les méchants du moment, vas-y, défoule-toi à dire du mal d’eux … c’est facile et pas original, mais je ne t’en demande pas autant. Surtout que les gros malins qui les accusent de vouloir avoir une hégémonie politique ne sont souvent que des concurents jaloux, et il y a heureusement des idiots utiles pour reprendre leurs discours de politiciens.
Mais de là à inventer des trucs sur eux, assez tordus, comme les accuser de vouloir créer des prisons et un corps de police comme les disciples d’Ocalan, ça devient absurde … franchement si tu n’as rien à leur reprocher de concret abstiens-toi de mythoner, surtout que du seul point de vue des idées mais y a des tonnes de trucs à ciritiquer chez “eux” et même à ridiculiser si jamais tu veux aller jusque là ! Sauf que … bizarrement, ce que moi je leur reproche, les totos véners contre eux ne le leur reprochent pas, because ce sont tous des marxistes, et au final ça fait vachement guéguerres de pouvoir.
Bref … vive les patriarches à grosses moustaches qui expliquent au femmes comment se libérer, vive la nation, vive le peuple, vive l’armée !