Expulsion illégale par nantes métropole
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Contrôle socialCoronavirusExclusion/précarité/chômageRépression
Lieux : Nantes
Nous sommes plusieurs personnes précaires et sans logement, une situation encore plus compliquée en période de confinement. C’est pourquoi nous avons choisi d’occuper une maison laissée vide par la mairie de Nantes située au 24 rue de Port la Blanche, commune de Nantes, pas loin de la maison d’arrêt de Carquefou. Selon l’intervenent.e de la mairie, venu.e nous parler, cette maison n’était vidée de ses ancien.ne.s colocataires que depuis un mois et demi et la ville avait alors un projet de revente en cours (elle aurait acheté la propriété que très récemment).
Malgré que la maison était sous surveillance électronique, nous sommes parvenu.e.s à y entrer sans déclencher le système d’alarme installé par Sécuri-tess. Nous sommes resté.e.s dans une des pièces à l’étage dépourvu de système de sécurité et avons évité de circuler dans le reste de la maison. Nous sommes donc resté.e.s dormir dans cette pièce, l’avons meublée et organisé le ravitaillement par la fenêtre.
Vendredi 13 Novembre 2020, nous nous sommes senti.e.s suffisament installé.e.s et légitimes pour contacter lae propriétaire – soit la mairie de Nantes ici- ainsi qu’affronter ses flics. En début d’aprem, nous avons donc appelé “La maison de la tranquilité publique” pour leur annoncer notre occupation des lieux. Iels nous annoncent qu’iels n’interviendront pas et qu’il faut contacter lae propriétaire. Nous avons alors appelé Nantes Métropôle, incapable de nous mettre en relation avec la bonne personne ni même le bon service. Entre-temps, des voisin.e.s commencent à interpeller les personnes venues en soutien et restées au niveau du portail de la propriété. Passons sur leur discours réac, l’un.e d’elleux nous déclare être en contact avec la personne de la marie responsable de la propriété, un.e certain.e Marc Paco; iel dit avoir déjà tenté de lae joindre, recommence devant nous et ne l’obtenant pas, iel appelle la police. Vers 19h, la BAC, nombreuse et en uniforme (sur le coup, nous pensons juste que c’est la nationale, pas la BAC), arrive alors et nous leur annonçons que nous sommes bien là depuis plus de 48h et que ce lieu est notre domicile et notre résidence principale. La BAC demande aux personnes toujours dans le jardin de sortir du terrain, déclare aux personnes à l’intérieur par la fenêtre vouloir rentrer dans la maison pour “prendre les identités”. Les flics feront le tour du bâtiment, tentent de forcer un volet puis renoncent, rappelé.e.s à l’ordre par leur supérieur.e au talkie, au final sans relever aucune identité.
Le lundi 16, nous demandons à lae voisin.e le contact de Marc Paco de la ville de Nantes, voisin.e qui nous répond que c’ést déjà fait le matin même et qu’iel n’a pas le n° sur ellui. Nous appelons alors Allo Nantes pour tenter de trouver Marc Paco, puis après avoir eu plusieurs services, un.e secrétaire nous répond qu’iel a transmi notre n° au responsable qui doit nous recontacter. Nous joignons Securi-tess pour leur dire que nous occupions la maison depuis la semaine précédente, que nous avons tenté de joindre la mairie à ce sujet et que nous risquons de déclencher l’alarme. La personne nous répond que l’odre d’intervenir viendra ou pas de la mairie et qu’il faut qu’on voit avec elleux directement. Ce lundi soir, nous sommes confiant.e.s puisque la preuve des 48h est dorénavant irréfutable, venant des keufs directement. Une voiture de la natio se gare devant le portail, une personne venant à leur rencontre, les keufs posent des questions sur le nombre, le genre, s’ il y a des enfants et des exhilé.é.s…
Mardi matin, une nouvelle petite visite, de la mumu cette fois, pour nous poser les mêmes questions que la natio la veille. Vers 11h30, nous étions toujours sans nouvelle de Marc Paco et nous choisissons alors d’ouvrir la pièce dans laquelle nous étions pour aller plus loin. Le couloir était pourvu d’un boitier avec une caméra et capteur(s). On tente tout d’abord de neutraliser le capteur avec du scotch, ce qui déclenche l’alarme. Peu de temps après, Marc Paco appelle enfin. Iel dit ne pas être au courant que l’alarme a été déclenchée. Iel prétend que c’est impossible que nous soyons là depuis plusieurs jours et suppose que nous occupions seulement le jardin. A peu près au même moment, une voiture de Nantes Métropôle ainsi qu’une voiture de la municipale arrivent sur les lieux. Il y a toujours des personnes en soutien dans le jardin et des personnes à l’intérieur de la maison. La boîte de sécu annonce que selon elleux, nous ne sommes dans les lieux qu’à partir du moment où nous avons déclenché la capture vidéo du système de surveillance, soit le matin même. Nous rétorquons que nous avons évité de la déclencher jusque là, qu’il y a eu intervention de la police le vendredi précédent et que même nos cher.e.s voisin.e.s le savent très bien. Le flic de la mumu prétend ne pas nous croire et déclare qu’il n’y a pas eu d’intervention de la nationale ce vendredi. Il finit tout de même par aller voir notre voisin.e qui confirme que nous étions là au moins depuis vendredi et que les flics sont bien passés ce jour là. Le flic refuse au départ de prendre le nom inscrit sur la boîte aux lettres au prétexte que ça serait “un tag” puis se ravise quand on lui apporte la carte d’identité qui correspond au nom. La mumu obtient tout d’un coup un retour de la BAC qui déclare que oui, elle est bien intervenue vendredi mais que selon elle, “il n’y avait personne à l’intérieur da la maison”- ce qui est bien évidement faux- et que les personnes présentes n’occupaient que le jardin (ce qui en théorie ne devrait rien changer quand à la loi des 48h sur la propriété mais bon). Durant toute cette situation, qui dure depuis plus de 2 heures, Securi-tess nous demande de leur restituer le “gros boitié central” du système, ce à quoi nous répondons favorablement. Les intervenant.e.s finissent par partir avec une décaration de la mumu comme quoi il y aurait expulsion plus tard dans l’aprem ou dans la journée du lendemain.
Vers 17h15, une bonne quarantaine de flics arrivent formé.e.s de la natio, la mumu ainsi que la CDI. Nous étions alors 4 personnes à l’intérieur et une à l’extérieur. Iels entrent très rapidement dans le jardin, matraque à la main, se postent tout de suite tout autour du bâtiment, interpellent la personne à l’extérieur et tentent de trouver une ouverture. Nous choisissons rapidement de sortir tranquillement avec le plus gros de nos affaires. Toutes les personnes présentes se fpnt alors relever leurs identités et les flics passent les menottes tout de suite à la personne qui avait mis son nom sur la BAL. Les 2 personnes feront 24h de gav ( à l’origine pour “violation de domicile” et “dégradations”) et ressortiront 24h plus tard avec une convoc pour “dégradations légères” (soit une contravention de classe 5). Iels reprochent, en gros, quelques morceaux de bois cloutés sur la porte d’entrée. Quand nous insistons face aux keufs pour savoir sur quelle base légale iels nous expulsent, iels répondent que c’est sous le coup de l’enquête de flagrance.
Il nous a semblé important de revenir sur ce recit d’expulsion car il s’inscrit dans un contexte un peu particulier. En effet, face à la crise sanitaire qui précarise toujours plus, le taux de loyers impayés augmente considérablement et la victimisation des pauvres petits propriétaires par les médias est en marche, entre autre pour faire passer cette loi ASAP. Particulièrement à Nantes, les expulsions illégales ou les tentatives d’expulsion illégale se généralisent. Les proprios privés se gênent de moins en moins pour expulser par la force en utilisant des “gros bras”, parfois même protégé.e.s plus ou moins discretement par la police. En lien un article qui recense trois récits d’expulsion et une tentative rocambolesques dans la ville de Nantes :
Dans une des histoires et dans la notre, les keufs (et tout l’appareil qui va avec) utilisent des moyens judiciaires pour le moins pas très clairs voire des fausses procédures pour expulser ou tenter d’expulser. Ici, iels sont intervenu.e.s sur la base de la “violation de domicile” alors qu’il a été établi que nous étions dans les lieux depuis plus de 48h et que c’était donc bien notre domicile, puis sont revenu.e.s sur leurs procédures et n’ont chargé les personnes interpellées que pour “dégradations légères”. Dans un autre squat, les keufs sont rentré.e.s sur la base de “vol d’élec manifeste” puis ont laissé lae proprio et ses potes faire le “ménage”mais cette expulsion a tout de même échoué.
Il nous semble primordial de dénoncer directement la Mairie de Nantes, propriétaire de cette maison. Elle a choisi délibérément d’expulser des personnes SDF, en pleine période de confinement alors même qu’elle ne met presque rien en place pour nourir, loger, réchauffer ces personnes (si ce n’est, à ce jour, l’ouverture d’urgence d’un gymnase de 20 places) pendant que les quelques moyens de subsistance ne sont plus possibles durant ce confinement. De plus, elle choisi délibérément de le faire en utilisant des moyens “extra-légaux”.
Selon nous, il devient urgent de faire en sorte que ces pratiques de propriétaires et de l’appareil judiciaire étatique ne deviennent la norme. Il va d’abord falloir se réorganiser ensemble, peut-être se retrouver pour étudier comment s’adapter à ce nouveau contexte qui durcit la politique “anti-squat” et comment organiser le soutien collectivement en ces temps de confinement/couvre-feux/répression et risques sanitaires face à ces “nouveaux coups de pression des flics en uniforme ou pas” qui ne sont plus seulement des coups de pression mais bien des évacuations forcées dès que l’occasion se présente, facilitées et dans les procédures (proc, OPJ, lois…) et sur le terrain (keufs, propriétaires et voisin.e.s).
Squat the world, Rage et Paillettes
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