Aujourd’hui, vendredi 25 février, partout en France, des squatteurs-euses et leurs voisin-es solidaires se sont mobilisé-es pour protester contre les expulsions et pour défendre ces lieux d’habitation, de création, d’expérimentations sociales, de réflexions, de rencontres et de solidarités.
L’accent a notamment été mis sur la situation du squat des 400 couverts à Grenoble, menacée par la mairie socialiste de Michel DESTOT. A travers ces actions, c’est un large mouvement squat, en France et en Europe, qui se manifeste pour dénoncer les politiques répressives des municipalités de gauche, comme de droite.

(une compilation de ce qui s’est fait à reims, nantes, strasbourg, marseille, dijon, paris, toulouse, lyon, besançon, thonon-les-bains, (st) étienne, montpellier, … sera disponible bientôt)

Dans ce cadre à Grenoble une cinquantaine de personnes ont déposé des gravats devant la mairie en début d’après midi. Deux pancartes ont été plantées en haut du monticule : « ce que la mairie fait de nos maisons » et « ce qu’il faudrait faire des lieux de pouvoir ». Deux banderoles ont également été fixées sur un pont traversant le boulevard, à quelques mètres de la mairie, avec les slogans suivants : « On en a marre, on s’organise. Autonomie ! Squats ! Gratuité ! » et « Qui décide quoi pour qui ? Quoi décide qui pour quoi ? »

Alors que les manifestant-es s’apprêtaient à quitter les lieux, ils et elles ont été violemment dispersé-es par une charge de la police effectuée sans sommation. Une dizaine de personnes ont été saisies arbitrairement par les forces de l’ordre, et pour au moins une d’entre elles avec des violences physiques. Elles ont été relâchées après des contrôles d’identité, qui traduisent bien la volonté de fichage systématique des autorités. les personnes risquent des amendes pour “dépot d’encombrant sur la voie publique”

30.000 tracts ont été diffusés dans toute la ville, rappelant la situation critique des squats Les 400 couverts, de La Mordue, du Resistor et de La Mèche et de nombreux autres, à Grenoble et ailleurs (texte du tract plus bas).

En dénonçant les agissements du Parti Socialiste au pouvoir à Grenoble, nous voulons souligner que ces espaces sont constamment mis en danger par les politiques institutionnelles d’urbanisme et du logement. Hier encore, jeudi 24 février, le squat de L’Ekluserie a été violemment expulsé à Rennes. Ce lieu d’habitation et d’activité était occupé depuis plus de quatre ans.

En dénonçant la responsabilité du Parti Socialiste, aux côtés des politiques répressives menées la droite, nous voulons rappeler que ce sont bien ces « sociaux-démocrates au bon cœur » qui font recours à la force public pour expulser de leur local PS parisien (93) des sans-papiers-ères en grève de la faim. Et qu’en matière de « gestion des squats », ils légalisent trop souvent les « friches d’artistes », pour mieux expulser la majeur partie des squatteurs-euses.
Le pouvoir lutte ainsi contre les pauvres, plutôt que de combattre la pauvreté. Il aseptise les villes, plutôt que laisser émerger des volontés et des envies de changement.

A Grenoble et ailleurs, nous voulons contester le programme répressif qui se cache derrière les mesures “sociales” et les politiques d’urbanisme, portées tant par la droite que par la gauche.

Des squatteureuses grenoblois-es et solidaires

pour regarder des photos

sur Indymedia Grenoble

texte du tract diffusé dans la ville

Contre l’expulsion des squats, pour la construction d’espaces d’expérimentation et d’autonomies

Aujourd’hui, dans de nombreuses villes, des gens se mobilisent pour protester contre les menaces d’expulsion qui pèsent sur le squat des 400 couverts à Grenoble.
Suivant les villes et leur contexte politique, différents types de manifestation ont lieu, du simple rassemblement à l’occupation des mairies ou des locaux du Parti Socialiste.

Des squats ?
De nombreux lieux se créent aujourd’hui hors des circuits marchands et institutionnels. Etabli-e-s dans des maisons abandonnées, des individu-e-s les font revivre en les occupant. Ce sont des espaces où on tente d’appliquer l’autogestion, ce qui comprend un partage des tâches, une participation de chacun-e aux décisions et une organisation collective. C’est un mode de vie qui, sans subvention et pratiquement sans argent se base sur nos besoins, nos envies et nos luttes.

Ainsi sont présents à Grenoble aujourd’hui :
– les 400 couverts C’est une petite rue du centre ville de Grenoble, squattée depuis plus de trois ans. C’est le domicile d’une vingtaine de personnes, une vie collective quotidienne, un lieu public où se déroulent une multitude d’activités à prix libre. La municipalité de Grenoble, propriétaire, veut expulser et raser la traverse des 400 couverts pour y reconstruire une vaste opération immobilière.
– La Mèche est une maison avec jardin et hangar, squattée depuis quatre mois. La mairie a demandé à la GEG de lui couper l’électricité en plein hiver…
– La Mordue est une maison occupée depuis cinq mois, lieu d’habitation et d’activités pour des femmes et des lesbiennes. Elle est aujourd’hui expulsable en plein hiver.
– Resistor est une maison occupée depuis septembre par des individu-e-s désirant y habiter et réaliser un jardin collectif. Ayant obtenu la trêve d’hiver, l’expulsion devrait avoir lieu au printemps…
– D’autres squats, plus anciens, existent à Grenoble et organisent soirées, concerts et projections permettant ainsi l’existence d’une véritable culture “alternative”.
– En plus de ces lieux, de nombreux espaces vides sont habités par des familles, des jeunes, des sans papier-e-s, des demandeur-euses d’asile, généralement dans une précarité complète. Ces lieux n’ont pas toujours de procès et sont souvent explusés très violemment.

Nous voulons aussi rendre visible qu’il existe partout en France des initiatives de ce type, intéressantes et riches, sans cesse mises en danger par les logiques de l’ordre et de la rentabilité.

Pourquoi s’organiser collectivement hors des institutions ?
Les choix qu’on nous laisse dans ce monde sont des choix de pacotille: acheter un pantalon noir ou un blanc, manger du chocolat volé à des personnes exploitées dans le tiers-monde ou boire un soda fabriqué dans une usine chimique, etc.
Qui pense pouvoir influer sur les orientations politiques et sociales de notre société, dans cette démocratie de façade?
Pour sortir de ces systèmes de dépendance et se réapproprier une partie de nos vies, nous pensons qu’il est nécessaire de construire ces lieux d’expérimentations hors des institutions. Comme beaucoup de gens, nous critiquons les injustices et les aberrations du système dans lequel nous vivons. Mais nous pensons qu’il est possible, dès maintenant, de s’organiser pour modifier ces fonctionnements que nous subissons et entretenons à la fois.

Nos luttes passent par la construction de modes de vie et d’actes qui nous rendent plus responsables :
– essayer d’entretenir des relations basées sur la solidarité et l’entraide, plutôt que sur la compétition et le chacun pour soi
– tenter de maîtriser notre alimentation et notre consommation suivant nos besoins
– mettre en place des systèmes d’échange, de récupération et de production qui nous permettent de réduire notre dépendance au salariat et aux rapports marchands
– tenter de nous organiser collectivement sans hiérarchie en privilégiant la discussion et la prise en compte de chacun-e.
– réflechir à nos propres constructions de domination et d’oppression (sexisme, homophobie, racisme, âgisme,…) et essayer de les déconstruire individuellement et collectivement.

Pourquoi s’attaquer à la gauche…

Nous faisons le constat qu’aujourd’hui, les partis politiques sont avant tout le relais d’un aménagement libéral. Bien sûr, la gauche et notamment le Parti Socialiste gardent, au moins dans le discours, une approche plus sociale des problèmes politiques. Mais sous son masque bienveillant et solidaire, la démocratie sociale applique les mêmes logiques que la droite : un aménagement sécuritaire et aseptisé des villes (vidéosurveillance, arsenal policier, bancs anti-SDF…), des choix budgétaires de politiques urbanistiques et culturelles, liés au prestige et au monumental et, dans le même temps, des expulsions de squats et de locataires même en plein hiver, le mépris et la criminalisation des demandeur-euse-s d’asiles et des sans papier-ère-s, etc.
De plus, par le simple fait qu’elle existe, la Gauche quelle qu’elle soit, est aussi et avant tout à nos yeux un obstacle à de vrais changements et à une reprise en main de nos existences, de par ses aptitudes à récupérer et normaliser toute contestation.

…et à ses élu-e-s grenoblois-es ?

La municipalité grenobloise consacre des millions à la construction d’un stade de foot , (malgré la désapprobation de la population) ou à une maison de la culture élitiste (prix onéreux et programmation réservée aux initié-e-s).
En parallèle, on assiste au déclin des plus petits lieux culturels grenoblois (le Rio, Théâtre 145, Adaep…) qui proposent des évènements moins commerciaux et plus indépendants.
Par ailleurs, Mr Destot et ses compères entendent donner un rayonnement international à leur métropole en investissant de nombreux fonds publics dans les secteurs des bio, micro et nanotechnologies (lancement de Crolles 2, Minatec, Nanotech 300…) alors que les répercussions sont nombreuses : augmentation du coût de la vie et des loyers, dégradation de l’environnement, risques nucléaires, chimiques et bactériologiques, enjeux en terme de choix de société, et tant d’autres,…

Parallèlement une véritable dynamique de résistance se crée à Grenoble depuis plusieurs années, constituant un réseau solidaire à l’origine de lieux autogérés. Les autorités craignent visiblement ces espaces qui échappent à leur contrôle et cherchent donc à les faire disparaître. Ainsi ont été expulsés dernièrement le CPA, la Charade (par la mairie “communiste” de Saint Martin d’Hères), Gologotha XXX, la Flibustière ou la Loupiote. Une manifestation contre les expulsions a également été violemment réprimée, le 22 janvier 2004. Les lieux actuels sont eux, comme on l’a vu, véritablement menacés et risquent tous d’être expulsés prochainement.

Nous pensons qu’il est important, nécessaire et vital de défendre chacun de ces lieux indépendants, chaque fois qu’il le faut. C’est pourquoi nous nous battons pour que ces espaces de création, de tentatives, de réflexions, de rencontres et de solidarités continuent d’exister.

Pour plus d’informations sur les squats :
http://grenoble.indymedia.org/
http://.squat.net
– [http.//www.inventati.org/nebuleuse/->http.//www.inventati.org/nebuleuse/
]

Si vous voulez protester contre les expulsions sur Grenoble:
– Hôtel de Ville 11, boulevard Jean Pain BP 1066 38021 Grenoble Cedex 1
– Tél. 04 76 76 36 36
– Fax 04 76 76 39 40
– email: contact@ville-grenoble.fr