Action française : le « féminisme » sous fleurs de lys
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Catégorie : Global
Thèmes : Genre
Mouvement politique royaliste, partisan du « nationalisme intégral », l’Action française (AF) dénote à l’extrême droite par le nombre de militantes dans ses rangs. À travers l’histoire, de nombreuses femmes font en effet partie soit d’AF, soit de groupes alliés, y compris à des postes relativement publics. On la remarque aussi pour son absence d’opposition au droit de vote des femmes, élément pourtant central de l’extrême droite jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle.
Pourtant, AF s’illustre régulièrement par un antiféminisme acerbe. Le premier socle de cet antiféminisme se trouve au fondement contre-révolutionnaire d’AF : la décadence de la France débuterait en 1789 et avec elle toutes les luttes pour l’émancipation dont le « féminisme de l’anarchie » qui, en ne respectant pas la hiérarchie des sexes, féminise les hommes et virilise les femmes. Le second socle est le nationalisme, justifiant de combattre le féminisme pour deux raisons : d’une part pour la défense de la famille, seule garante de la natalité nécessaire au redressement de la France ; d’autre part parce que le féminisme est conçu comme une importation juive et métèque, étrangère aux mœurs de la bonne société française.
- Un « Féminisme de tradition »
Cependant, l’originalité de l’antiféminisme d’AF tient en ce qu’il ne se contente pas de lutter frontalement contre le féminisme, mais tente d’y substituer un autre féminisme, dit « de la tradition ». Ce « féminisme » repose sur la construction mythique d’une valorisation supérieure de la place des femmes sous l’Ancien Régime, mettant notamment en avant les figures des reines. Il prétend défendre les intérêts des femmes en respectant le rôle qui leur a été assigné par la nature et la tradition, au contraire des « amazones du féminisme ». Point plus frappant, ce « féminisme » entend protéger les femmes contre l’envahisseur juif ou métèque (amené par la Révolution), qui serait évidemment la seule menace réelle contre les femmes. On trouve ainsi dessinée la défense d’un patriarcat nationaliste, respectueux des différences entre hommes et femmes contre un patriarcat importé qui, lui, serait dangereux. Il ne s’agit donc pas de féminisme, mais bien d’une instrumentalisation nationaliste. C’est en continuité de ce « féminisme» qu’il faut lire l’intervention de Némésis, dont les militantes, elles aussi, soumettent la défense des femmes à la lutte contre les migrants et à la fermeture des frontières.
Cess (UCL Grand Paris-Sud)
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