Trouver une telle expression dans les pages du journal d’un syndicat dit socialiste est inadmissible. Invoquer comme excuse qu’il s’agit d’une expression relevant de l’usage courant ne l’est pas non plus. J’en veux pour exemple que le gouvernement, lui, fait attention à un usage approprié du mot social et parle systématiquement de distance physique !

 

Surtout que, si on réfléchit un peu, on comprend que l’expression de « distanciation sociale » n’a pas le sens qu’on veut lui donner. Si en Belgique il y a encore des nobles, pour autant, il n’y a plus de distance sociale qui contraindrait le peuple à respecter une étiquette dégradante. Par ailleurs, il n’y a pas non plus de castes. En revanche, il y a bien des classes sociales et une distance sociale, un conflit, entre exploiteur.euse.s et exploité.e.s, et l’un des buts premiers de la FGTB est de les détruire à jamais.

 

Dans le cadre d’une épidémie, il convient de respecter une distance physique ou d’établir une barrière physique pour se protéger. On peut donc parler de distance physique, de distance de sécurité, de distance hygiénique ou, plus pédant, de distance prophylactique. Pas de distanciation sociale.

 

À cause du confinement, des distances de sécurité et du port du masque, il nous manque justement le contact social nécessaire aux humains. C’est cela dont nous avons été privés. Nous sommes une espèce sociale (comme l’a rappelé la première ministre, encore une fois c’est une libérale qui souligne ce fait, alors que j’ai entendu des personnes de gauche parler de distance sociale… Un comble ! ) Il n’est donc pas question de diminuer les contacts sociaux, mais au contraire de les augmenter par tous les moyens disponibles … en respectant la distanciation de sécurité ou la distanciation physique, pour parler comme le gouvernement ( une fois n’est pas coutume ! )

 

Dans le numéro de Mai 2020 du magazine Syndicats, cet affront à nos valeurs a été perpétré moultes fois :

– en page 6 dans l’article “Que faire des enfants après le déconfinement ?”

– en page 9 dans l’article “FGTB à votre service”

– deux fois en page 20 dans l’article “La sécurité n’est toujours pas garantie dans le secteur des titres-services”, où on exprime la distance sociale en mètres !

– en page 25 dans l’article “L’aéroport de Liège, tête de pont”

– trois fois en pages 30 et 31 dans l’article “Retour au boulot… mais pas sans protection” où on parle pourtant “d’exploiter au maximum la concertation sociale” ce qui constitue enfin une utilisation correcte du mot… !) 

– et enfin deux fois en page 32 dans l’article “Le masque : une obligation ? Un outil essentiel de protection”

 

 

Inutile de faire la liste de ces négations des principes de base de la FGTB dans le numéro d’avril, tout le monde aura compris de quoi on parle.

On pourra bien dire : c’est un détail, mais on le sait, le diable se cache dans les détails. Y a de quoi être vraiment déçu que la rédaction n’ait pas veillé à corriger cette utilisation inappropriée du mot social dans les articles publiés  !

 

En solidarité… quand-même !…