Nantes rayée de la carte médiatique des manifestations, samedi !

Ceux qui comme moi suivent attentivement l’actualité sociale locale depuis leurs études au lycée, il y a fort longtemps, sont probablement surpris, par une persistante particularité bien nanto-nantaise, mais trop peu connue.

Explication : Lorsqu’il y a une grande journée de mobilisation sociale ou politique en France, que ce soit comme pour la journée de manifestation de samedi dernier 5 février, ou bien pour des échéances telles que les grandes manifestations pour les retraites, contre la guerre en Irak, etc, il est d’usage que la presse parisienne de qualité (Le Monde, Libération, etc) publie les chiffres comparés de manifestants des principales villes de province, selon la police et selon les organisateurs.

Qui a remarqué que depuis plusieurs années, la ville de Nantes est généralement omise dans ces comptages qui évoquent invariablement Bordeaux, Toulouse, Marseille et Lille… Et cela même lorsque la Loire-Atlantique se place en tête des mobilisations militantes ? (Ceci sans compter nos frères et soeurs de Saint-Nazaire, qui manifestent toujours chez eux.)

Vérifiez ce petit fait persistant de censure, sinon d’oubli fortuit, et vous serez surpris. Il dure depuis plusieurs années. Je me suis souvent demandé d’où provenait ce “trou noir” social.

– D’un défaut de vigilance du réseau des correspondants AFP ? (il est vrai que leur bureau régional est à Rennes, comme celui de France 2).

– D’une négligence persistante des correspondants locaux qu’entretiennent sur Nantes plusieurs titres de la presse parisienne ? Il est vrai que ces journalistes sont accessibles au chantage, comme vous et moi. Et qu’il est toujours tentant, pour un féodal provincial, de contrôler à la source son image nationale en empêchant que l’actualité sociale locale déplaisante ne sorte des frontières de son fief. (On l’a vu avec le traitement inouï du mouvement du mouvement des “500 postes” des instituteurs, il y a trois ans, et plus récemment à propos des Sans-papiers expulsés.)

Mais pour samedi, cette fois, c’est le pompon ! En effet, on peut voir ce matin dans “Le Monde” une carte de France des manifestations de samedi dernier, carte curieuse où le disque relativement imposant qui devrait figurer les manisfestants nantais (15 000 à 20 000 personnes selon les sources) est carrément volatilisé, laissant un blanc persistant entre St-Nazaire, Rennes et Le Mans.

C’est à croire qu’une fois de plus, nous n’existions pas, nous ne comptions pas… Métaphore ou effet de réalité ?

Luc Douillard

Message suivant – pour ceux qui l’auront : Scanner de la carte nationale des manifestations de samedi dernier publiée ce jour dans Le Monde daté du 8 février 2005, page 9.
Et pourtant, cette carte illustre un reportage signé explicitement de trois journalistes, ayant travaillé “avec les correspondants”. Ne “correspondent-ils” qu’à sens unique vers Paris, lorsqu’il s’agit d’encenser les décisions institutionelles locales ?