Détention prolongée pour un des fondateurs d’anarchistes contre le mur
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Anti-répressionRépressionResistances
Lieux : Israël
Au cours de l’audience du tribunal d’instance de Jérusalem jeudi, le militant anticolonialiste israélien refusant de reconnaître l’autorité des tribunaux et de verser une caution, sa détention provisoire a été prolongée de trois mois jusqu’au 27 avril. Elle pourrait l’être de nouveau, et ce jusqu’au mois de juillet, selon le quotidien Haaretz.
Yossi est un jeune résidant de Jérusalem et un membre du Mouvement International de Solidarité (ISM).
Il fait partie de nombreux mouvements sociaux en Israel et en Palestine, y compris celui des Anarchistes Contre le Mur et de Black Laundry, un groupe gay radical.
“Le mouvement Anarchiste détestait le mouvement Sioniste. Il n’y avait pas que des Anarchistes – il y avait aussi des Communistes.
Beaucoup de communistes sont venus ici et ont découvert que tous ces slogans socialistes étaient réellement socialistes seulement pour les Juifs. Il y avait tellement de campagnes racistes. L’une d’elles était Hebrew Labour (Travaillistes Hébreu) : “To make capitalist Jews take all the Jewish labour” (Ndt : Pour faire des Capitalistes, Juifs prenez tout le travail Juif) et c’était la plus grande campagne du mouvement sioniste en Palestine. […]
Les gens sont venus ici et ont constaté que leurs visions communistes n’avaient rien à voir avec la politique raciste qu’il y avait ici. […]
Quand l’Intifada est apparu, il y a eu deux processus qui se sont déroulé en même temps. La Gauche traditionnelle, que nous appelons en Israël la Gauche Sioniste, est devenue de plus en plus à Droite.
Ils ont commencé à montrer de nouveau leur véritable visage raciste. En même temps, la Gauche radicale est devenue de plus en plus radicalisée. […]
C’est ce jour-là où j’ai réellement compris que l’Etat était mon ennemi. L’armée est mon ennemie. Je n’ai rien à voir avec l’armée. Beaucoup d’entre nous se sont rendus compte que cette armée et cet Etat n’étaient pas les nôtres. […]
Tali Fahima est un exemple. Elle n’a jamais été dans le mouvement Anarchiste, mais elle est en prison maintenant pour avoir fait des choses pour lesquelles chacun d’entre nous pourrait aussi être arrêté : être en contact avec un terroriste, violer une zone militaire fermée, etc. […]
En termes d’idéologie, nous n’avons pas une liste de nos demandes. Naturellement, la plupart d’entre nous voudrait une ‘solution de Pas d’Etat’. Nous sommes contre tout type de séparation, et nous sommes Contre le Mur peu importe où il va être construit.
Nous sommes aussi contre l’Autorité Palestinienne. Nous voyons l’Autorité Palestinienne comme un autre outil de l’oppression. Nous travaillons avec eux certaines fois, mais nous ne soutenons pas l’Autorité Palestinienne comme le fait Gush Shalom. Nous ne sommes pas d’accord avec eux sur de nombreux points. Nous agissons différemment de la plupart des groupes vis à vis de la police. Nous n’informons jamais la police d’une action.
Mais au bout du compte, nous nous soutenons et nous travaillons ensemble. Il y a des disputes, mais nous maintenons un dialogue. Il y a une coalition contre la barrière de la part de nombreux groupes parmi la Gauche radicale, et il n’y a pas de gros problèmes à ce sujet. […]
C’est dur. Nous travaillons avec des Palestiniens tout le temps et nous disons toujours que nous ne voulons pas d’Etat palestinien. Je ne combats pas pour un Etat palestinien, je combats pour la fin de l’occupation et c’est le principal objectif. Et nous ne sommes pas seuls dans ce combat.
Il y a beaucoup de Palestiniens qui ne sont pas Anarchistes, mais qui sont à Gauche des Communistes, des Socialistes. Il y a tellement de gens qui se battent pour le même objectif; une solution d’un seul Etat est très proche de notre objectif.
D’abord, nous devons mettre un terme à l’occupation et rendre leurs droits aux Palestiniens. Après ça, nous pourrons parler de la façon dont nous voulons vivre ici. Si les Palestiniens choisissaient d’avoir une solution d’un seul Etat, nous serons avec eux. S’ils choisissaient d’avoir leur propre Etat, nous serons avec eux. Nous n’avons rien à dire à ce sujet. Il y a des Palestiniens qui travaillent avec nous pour le même type de solution. […]
Il est important de voir que nous ne travaillons pas en Palestine pour éduquer. Après tout, nous sommes les occupants. Nous ne sommes pas là pour leur dire quoi faire, mais nous sommes là pour les aider à se libérer de l’oppression de notre Etat. C’est notre but principal.
[…] il y a quelque chose de drôle dans la question. Etre Juif dans la Diaspora, d’après ce que j’ai compris, est bien différent. Vous ressentez votre identité juive. Mais vous ne ressentez pas cela en Israël. Vous ne vous inquiétez pas du Judaisme en Israël. Nous disons : “Fuck it”.
C’est comme le Christianisme aux Etats-Unis. Demandez-vous à des Chrétiens Anarchistes aux Etats-Unis comment ils ressentent le Christianisme dans leurs vies quotidiennes ? Non. Ils sont athées, ils sont anti-Chrétiens, et ils sont contre le Christ la plupart du temps.
INTERVIEW : L’ANARCHISME ISRAÉLIEN
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=2338&type=analyse&lesujet=Interviews