Le Père Duchêne n°1 (copyright B.Traven)
17 décembre 2002

Le père Duchêne exulte~: foutre dieu~! La colère qui gronde à
Goussier et Perrin l’a réveillé. Des années qu’il dormait à voir
chacun faire sa grévounette chacun de son côté. Et voilà que tout
le monde se retrouve, discute, débat, rigole, agit, ya plus
d’atoss, d’agrégé ou d’plp2, ya des gens en colère et qui décident
ensemble que ça va changer.

Mais faut pas attendre que ça change chez les jean-foutre des
ministères. Un gouvernement au-dessus du père Duchêne~, Il
voudrait bien voir ça~! Quel gouvernement~? Il n’en n’a pas
puisqu’il ne le respecte pas, puisqu’il ne le reconnait pas.

Est-ce qu’un seul de ces jean-foutre de chefs a d’autre but que de
vous régenter ou de se servir de vous pour en dominer d’autres~?

Soyez tous des chefs vous-mêmes~!

Que chacun soit son propre chef~!

Je n’ai pas besoin de chef. Alors pourquoi vous, qui êtes aussi
bien que moi, qui pouvez penser tout comme moi~?

Le père Duchêne ne veut éduquer personne.

Il ne veut persuader personne.

Il ne veut convertir personne, car si vous pensez, vous saurez ce
qu’il faut faire.

Pensez~! Mais vous ne pourrez pas penser s’il vous faut des
statuts, s’il vous faut des administrateurs à élire, si vous avez
des ministres à introniser, si vous ne pouvez pas vivre sans
gouvernement, si vous ne pouvez pas vivre sans chef.

Vous cédez vos voix pour les perdre et quand vous voulez vous en
servir vous-mêmes, elles vous font défaut car vous les avez
cédées.

Être humain, laisse ton argent se faire dévorer par les vers et
les larves, extorque un salaire vingt fois supérieur et réduis ton
travail au centième de ce que tu peux fournir et la félicité te
sera rendue au centuple.

Les faux besoins qu’on t’impose ont fait de toi un valet livré à
l’exploitation. La misérable pacotille du sauvage ou la télé seize
neuvièmes du consommateur classe moyenne ou prolo, c’est la même
chose. Elle fait de nous et de toute une classe des esclaves.

Tu fais grève. Bravo~! L”Etat et l’industrie s’engraissent de
tes grèves. Tu fais grève et tu gagnes. Allègre est viré. Sacré
vainqueur, ce que tu as gagné, c’est un quignon de pain~: pendant
que tu fêtes la victoire, le vaincu a étendu sa domination. Tu as
vaincu, tu t’es convaincu, ton chef deviendra ministre.

Qu’as-tu besoin de télé seize neuvièmes~! Tant que tu tiendras à
ta télé seize neuvièmes, tu resteras un esclave.

Tes chefs n’ont jamais pensé à eux-mêmes, ils n’ont pensé qu’au
peuple. S’ils n’avaient pensé qu’à eux-mêmes, ils seraient devenus
des êtres humains. Mais ils sont devenus des bonzes du parti et
toi un esclave.

Détruis la vie économique de l’intérieur mais aussi de
l’extérieur. C’est sur les ruines de l’industrie que fleurit ta
liberté, non sur ses forteresses et ses châteaux.

Entendez, vous avez des oreilles pour entendre~!

Pensez, vous avez des
cerveaux pour penser~!

Mais ne croyez pas~!

Ne croyez rien~!

Ne faîtes pas confiance à un guide habile~!

Ne faîtes confiance qu’à votre propre force~!

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Le Père Duchêne n°2
20 décembre 2002

ouais, c’est sûr, ma situation n’est pas vraiment périlleuse~: je
gagne entre 15 000 et 25000 F par mois, je travaille dans un lycée
tranquille près de chez moi, je vis confortablement. Les
programmes ne sont pas toujours terribles, les classes sont
souvent surchargées, les élèves pas toujours excellents, mais bon,
c’est pas la mort.

Alors ya les èmihesseux et les aides’éduc. J’veux bien être
solidaire, mais encore une grève de 24h, ça sert à rien. C’est
une bonne idée de donner un chèque~: voilà quelque chose d’utile,
pour les soutenir. J’irai à la manif, si j’ai pas prévu un
contrôle à ce moment là. Passeque, i sont bien gentils, mais les
élèves et les parents i vont finir par gueuler~: j’ai un rôle dans
la société, le Bac mon p’tit monsieur~: il faut qu’j’enseigne la
radio-activité pour l’indépendance du nucléaire français, il faut
qu’je boucle le programme de math spécial préparation aux classes
prépas, il faut pas qu’je parle de Bourdieu, il est plus au
programme, des fois qu’certains aient mauvaises conscience ou
acquièrent une conscience.

Faut faire le piquet de grève maintenant. Non mais, faut pas
exagérer. En plus faut marquer son nom sur la liste. C’est quoi
ces actions~? On n’est pas des mineurs de germinal. Encore un peu
et ils vont nous parler de bourgeoisie et d’capitalisme. C’est
fini les cocos. Qu’est-ce qu’on peut faire à not’ niveau~? Faire
deux jours de grève, ça sert à rien. Plus~? T’as vu les instits,
et puis ya l’Bac, personne n’osera. Et puis, est-ce qu’on est
vraiment sûr qu’ya un préavis pour lundi aussi ou seulement pour
mardi~? J’veux pas avoir d’ennui moi.

Au fait, ya l’autre qui nous parlait d’Athos qui gagnait 6000
balles. De qui i parle~?

J’ai quand même une conscience, je trouve qu’avec la
mondialisation, quand même, ils exagèrent. Et puis j’achète bio et
commerce équitable, c’est cher, mais j’ai les moyens de mépriser
l’industrie agro-alimentaire, les macdos et tout. Je participe à
des assoc’, je fais vivre mon quartier. Et puis Sarko et Raffarin,
vraiment des cons ces deux-là. Et Chirac, pas encore en prison~?
T’as vu, chuis radical. Moi, chuis pour un autre monde, j’attaque.
I zegsagèrent avec la bourse. Finis tout ça. Le service public,
des lois pour contrôler les abus, les licenciements et tout. Et
puis j’ai lu dans l’monde diplo qu’on pouvait investir dans
l’économie sociale et solidaire, citoyenne quoi.

Bon, ça sonne, faut qu’j’y aille~: on rf’ra pas l’monde hein~?

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Le Père Duchêne n°3
vendredi 9 mai 2003

Y en a marre~! Ah, le Père Duchêne est un donneur de leçon, alors
écoutez les ces leçons, puisque vous ne dites pas non à vos chefs
qui veulent que vous bourriez le mou à vos chers élèves : <<
apprenez par coe ur, mes petits, suivez la parole du guide, soyez
sages et obéissants et surtout ne faîtes pas de fautes
d’orthographe et la France saura reprendre la place qui est la
sienne au sein des nations dominatrices >>. Chapeau~!

Mais bon, on est de la classe moyenne intelo ou on ne l’est pas,
alors on propose une petite révolte pour avoir la conscience
tranquille : <> Voilà un slogan qui va
tout changer, qui va sûrement pousser les personnels non
enseignants à se mettre en grève, car il n’ont pas d’autres moyens
de se faire entendre. Et puis de toutes façons, c’est leurs
enfants qui seront envoyés en apprentissage en 5éme, pas les
nôtres, alors une p’tite rétention, histoire de dire, un p’tit
grain d’sable dans les rouages, c’est la mode. Mais pas de ces
actions complètement folles, ces grèves illimitées. C’est bon pour
les prolos esclavagisés des sociétés de nettoyage, qui sortent de
300 jours de grève. D’ailleurs, c’est ces sociétés qui reprendront
les ATOSS, alors ils se débrouilleront bien entre eux le moment
venu. Et puis il faut continuer à bourrer le crâne de nos élèves
de terminalesse, y a le bac. On a un rôle à tenir dans la
hiérarchisation de la société, nous. Allez, c’est bientôt les
vacances, tout cela sera bien vite oublié.

Le Père Duchêne vous souhaite bonne nuit!

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Le Père Duchêne n°4
mai 2003

Bientôt un mois de grève pour le Père Duchêne et ses compañer@s. J’espère que nous ne vous avons pas trop gênés dans votre labeur quotidien. Mais là, la coupe est pleine! Nous avons tenu le coup un mois, suivant la consigne : « ne créons pas de clash entre grévistes et non-grévistes ». Mais nos esprits ne peuvent plus faire dans la mesure. Ce n’est plus une grève « pour plus de moyens » ou autre lutte interne de l’EN, c’est devenu un combat quotidien contre un gouvernement qui dévoile chaque jour un peu plus son hideux visage de dictature larvée : refus du dialogue, propagande à outrance relayée par des médias totalement contrôlés, mensonge, démagogie, mesures liberticides, police omniprésente. Il faut contrôler l’école : seule une minorité doit accéder à un niveau correct de culture, les autres doivent remplir les rangs des entreprises selon les aléas du monde financier et n’ont pas besoin d’apprendre à se servir librement de leurs cerveaux. Quand ils deviendront vieux, ils seront improductifs : pauvres, ils ne coûteront pas chers longtemps. Et pour ceux qui tiendront le coup malgré tout, on financera leurs maigres subsides en se servant sur le dos des plus pauvres, en puisant dans les caisses des assedic en attendant de fouiller celles des caf, de la sécu, etc. Si les pauvres survivent, ils ne doivent entraver la course à l’argent des plus riches ce qui entraîne les baisses d’impôts, des charges des entreprises, la dérèglementation des flux financiers.

Nous n’avons que peu de moyens, nous sommes les derniers à pouvoir utiliser le droit de grève nous subissons déjà une énorme pression, alors imaginez les pme. Les employés des autres services pour l’instant publics et de grandes entreprises privées vont pouvoir bloquer la libre circulation des profits de l’élite de l’argent à partir de la semaine prochaine. Ils subiront à leur tour une forte pression de la part de la propagande officielle. Alors il faut être déterminé(e)s, ce n’est pas des affabulations de trotsko-anarcho-gauchistes comme on aime à vous le faire rentrer dans le crâne. Il est urgent de les empêcher de nuire, de les combattre avant qu’il ne soit trop tard. Bien sûr, vous ne craignez pas grand chose pour vous-mêmes : dans ce meilleur des mondes, vous êtes tranquillement installé(e)s dans la moyenne. Si le combat échoue, vous serez restés bien au chaud. Si nous réussissons, et bien tant mieux. Bref, c’est tout bénef comme ils disent. Mais j’espère que vous n’êtes pas encore trop contrôlés et qu’il vous reste un minimum de libre arbitre pour ouvrir les yeux. Les tensions sont telles que, qui ne combat pas collabore. Il est temps d’agir tous ensemble pour la lutte la plus importante de ces cinquante dernières années.

Réveillez-vous !

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Le Père Duchêne n°5
11 juin 2003

Il y a tellement de Jean-foutre qui ouvrent leur grande gueule en
ce moment que le Père Duchêne n’arrive plus à tous leur botter le
cul.

Et d’abord un grand coup de pied à ces Jean-foutre de journaleux
qui se battent à qui mieux-mieux pour être le plus grand lécheur
des bottes des dictateurs qui se tiennent droit dedans. D’abord ce
Jean-foutre de Hutin qui dans sa feuille des calotins de l’ouest
met dans la même poubelle les bons bougres qui se battent contre
la dictature et les immondes chemise brunes qui sont allé titiller
au second tour de nos grandes élections démocratiques l’escroc
corrézien. Et puis hier, un de ses enfants de choe ur a bien
démontré quelle grande idée la dictature uèmepienne se fait de la
démocratie : une majorité de bons Français pure souche soutiennent
les bons bougres grévistes. Qu’à cela ne tienne~! En 40 aussi, une
majorité de ces hexagonaux applaudissait le régime Vichy. Et oui,
pourquoi s’emmerder à écouter le peuple~? “Ils ont été assez
couillons pour nous donner les pleins pouvoirs, ils n’ont plus
maintenant qu’à fermer leurs gueules” nous fait comprendre la voix
de la majorité(?) présidentielle. Les Allemands avaient fait
pareil en 33 avec un petit moustachu, tant qu’on est dans les
comparaisons historiques. D’ailleurs, avez-vous entendu la
médaille d’argent des présidentielles depuis un an ? Ben non,
foutre dieu ! Il n’a plus rien à dire, les uèmepiens font plus
fort que lui : médias organes de propagande, suppression de tout
dialogue social au profit de campagnes calomnieuses relayées par
les journaux qui sont tous à leurs bottes, plumage des pauvres
pour engraisser les riches, dialogue parlementaire à coups de
49.3, répression aveugle, police partout, justice nulle part, etc.
Et quand leurs opposants socialistes (mon cul!) sont interpelés à
Rezé au forum “citoyen” par des bons bougres grévistes, notre
Ayrault régional répond en parlant des parcs et jardins de la
cune~!

Et tous ces Jean-foutre de la tan qui charrient leurs cargaisons
de travailleurs méritants. Ils ont l’impression d’être à l’abri
derrière leurs lunettes de soleil. Tas de couillons ! Ah, nom de
dieu, les patrons sont de meilleurs calculateurs qu’on ne pense :
à chipotter sur les centimes avec eux, le populo sera toujours
foutu dedans. Je vois d’ici la gueule que vont faire les traminots
et autres glaneurs de petits avantages catégoriels quand ils
crèveront parce que la sécu privée les enverra se faire foutre
pour se faire rembourser, quand ils seront tchernobylisés parce
que la sécurité des centrales sera assurée(!) par edf privatisé,
quand ils passeront sous un train aux freins pourris entretenus
par sncf privée, quand ils auront l’estomac troué à force d’avaler
de la bouffe artificielle de pauvre parce qu’il ne faut pas
freiner le progrès capitaliste par des considérations de sauvetage
de la planète bonnes pour les tapettes d’écolos, parce que leur
couillon de fils sera foutu à la porte de l’école en cinquième, et
j’en passe des foutrement pires.

Et pour combattre la dictature, on nous propose de défiler en rang
d’oignon une fois par semaine sur fond musical du club med. Ou
bien des pique-niques ta mère pour bien rigoler en dansant la
bourrée au son du pipeau, ou encore des farandoles autour de la
préfecture pour que les flics puissent nous compter.

Mais nom de dieu ! Faut arrêter la kermesse patronale ! C’est bon
pour les fils de curé ! Voyez un peu le tableau si y avait plus
de courant pour s’abrutir de télé, si les ponts étaient bloqués et
que les travailleurs consciencieux ne pouvaient plus circuler y a
rien à voir, si les trains roupillaient, si on ne pouvaient plus
dépenser notre fric à consommer de la merde.

Ça serait la grève forcée pour un tas de métiers. Du coup le
populo presque tout entier se reposerait. Ça lui donnerait le
temps de réfléchir, il comprendrait qu’il est salement volé par la
dictature des patrons, et dam, il se pourrait bien qu’il leur
secoue les puces dare-dare !

Mais nom de dieu, faudrait pas se borner à la grève toute pure.
C’est une blague infecte, qui ne procure que davantage de
mistoufle, si au bout d’un mois ou deux, il faut rentrer couillons
comme la lune, dans le bagne patronal.

Faut plus de ça mille tonnerres ! Les bons bougres comprendront
qu’ils ont mieux à faire qu’à s’enfermer dans leurs piaules, ou à
se balader en rangs d’oignon, en gueulant des chansons pacifiques.

Ils comprendront que le moment est venu de foutre les pieds dans
le plat.

Tant que le populo ne se sera pas foutu dans la caboche qu’il doit
se passer de patrons, y aura rien de fait. Or pour apprendre à se
passer de cette sale vermine, faut faire comme si elle n’existait
pas.

Oui, ce nom de dieu, voilà ce qu’il faudrait ! Et le jour où assez
marioles, y aura une tripotée de bons bougres qui commenceront le
chabanais dans ce sens, eh bien, nom de dieu, foi de Père Duchêne,
le commencement de la fin sera arrivé !

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Le Père Duchêne n°6
12 juin 2003

Pas un jour de répit pour la grande colère du Père Duchêne! Ce
brave bougre fait le tour des popotes ce matin et ne voit que
tronches d’enterrement et débuts de jaunisse chez les fiers
représentants de la classe moyenne intellectuelle tendance bobo.
“Ah, l’intersyndicale, ils sont pas gentils”, “ah, tfaçon c’est
foutu”, “ah, et nous, on fait pas passer l’bac, et tout le monde
s’en fout”.

Mais nom de dieu d’bordel de merde! C’est pas parce qu’on a les
oreilles farcies de lalatirladada pendant les processions
hebdomadaires qu’il faudrait se croire au club med. Le génie des
marais poitevins n’a rien d’un géo. On est en guerre mes petits
géhèmes! C’est pas l’heure d’aller bouder dans les jupettes de
maman parce que le monsieur il est pas gentil. On danse pas la
farandole de la réformette pour le spectacle de l’école.

Bon dieu! Ils ont du jus de moule dans les bielles ou quoi ? Si ça
continue, c’est tout le toutim de la panoplie de la dictature
capitaliste qui va nous tomber sur le coin de la gueule, et pour
perpette encore.

Ou alors, ils ont bien compris que la mouise sera réservée aux
pauvres bougres, mais que, fonctionnaires de l’éducation
patronale, la casdène, la èmegéheuhaine et la maïf leur
concocterons des systèmes de santé et de retraites privés aux
petits oignons, qu’ils auront toujours assez de fric pour bouffer
bio chez carrefour, que leurs braves petits iront dans les bonnes
écoles privées, que l’nucléaire, c’est français monsieur, que le
tégévé c’est pratique pour partir au ski et que leur katkat sera
mieux protégé avec plus de flics. Et ceux qui refuseront de
prendre leur carte au parti unique joueront les rebelles en
baratinant leurs mômes qu’ils ont essayé de faire la révolution
mais, bon, maintenant, faut être réaliste.

Ah, foutre dieu, c’est le moment d’en fiche un coup les braves. Y
a le ventre mou de la république française à secouer en la jouant
pédagogie : “Ben ouais, les les potes de Jean-Pierre Pernot, i
veulent se débarrasser des pauvres couillons de français passe
qu’ils coûtent trop chers et qu’il y a pas mieux que les gosses
chinois pour faire tourner une boîte, et d’ailleurs ça nourrit
leurs familles. Alors sans retraite, sans sécu, à coup de
tchernobyl et de bouffe merdique, ils finiront bien par crever et
on pourra enfin payer moins d’impôts”. Y a ces Jean-foutre de la
dictature à noyer dans le caniveau. Y a le monde à sauver.

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Le Père Duchêne

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copyright textsc

Hébert(pas celui de FO)

1790 –
textsc

M.Vuillaume

1871 – textsc

E.Pouget

1893

N°6 jeudi 12 juin 2003
end

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Pas un jour de répit pour la grande colère du Père Duchêne! Ce
brave bougre fait le tour des popotes ce matin et ne voit que
tronches d’enterrement et débuts de jaunisse chez les fiers
représentants de la classe moyenne intellectuelle tendance bobo.
“Ah, l’intersyndicale, ils sont pas gentils”, “ah, tfaçon c’est
foutu”, “ah, et nous, on fait pas passer l’bac, et tout le monde
s’en fout”.

Mais nom de dieu d’bordel de merde! C’est pas parce qu’on a les
oreilles farcies de lalatirladada pendant les processions
hebdomadaires qu’il faudrait se croire au club med. Le génie des
marais poitevins n’a rien d’un géo. On est en guerre mes petits
géhèmes! C’est pas l’heure d’aller bouder dans les jupettes de
maman parce que le monsieur il est pas gentil. On danse pas la
farandole de la réformette pour le spectacle de l’école.

Bon dieu! Ils ont du jus de moule dans les bielles ou quoi ? Si ça
continue, c’est tout le toutim de la panoplie de la dictature
capitaliste qui va nous tomber sur le coin de la gueule, et pour
perpette encore.

Ou alors, ils ont bien compris que la mouise sera réservée aux
pauvres bougres, mais que, fonctionnaires de l’éducation
patronale, la casdène, la èmegéheuhaine et la maïf leur
concocterons des systèmes de santé et de retraites privés aux
petits oignons, qu’ils auront toujours assez de fric pour bouffer
bio chez carrefour, que leurs braves petits iront dans les bonnes
écoles privées, que l’nucléaire, c’est français monsieur, que le
tégévé c’est pratique pour partir au ski et que leur katkat sera
mieux protégé avec plus de flics. Et ceux qui refuseront de
prendre leur carte au parti unique joueront les rebelles en
baratinant leurs mômes qu’ils ont essayé de faire la révolution
mais, bon, maintenant, faut être réaliste.

Ah, foutre dieu, c’est le moment d’en fiche un coup les braves. Y
a le ventre mou de la république française à secouer en la jouant
pédagogie : “Ben ouais, les les potes de Jean-Pierre Pernot, i
veulent se débarrasser des pauvres couillons de français passe
qu’ils coûtent trop chers et qu’il y a pas mieux que les gosses
chinois pour faire tourner une boîte, et d’ailleurs ça nourrit
leurs familles. Alors sans retraite, sans sécu, à coup de
tchernobyl et de bouffe merdique, ils finiront bien par crever et
on pourra enfin payer moins d’impôts”. Y a ces Jean-foutre de la
dictature à noyer dans le caniveau. Y a le monde à sauver.

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Le Père Duchêne n°7
14 juin 2003

La honte, la haine. Vendredi jaune. Allez les canaris. Nantes la
bourge. La grève propre. La grève chirurgicale. Non, l’officine
des calotins de l’ouest a choisi un autre titre, “la grève en
pente douce” avec un gros niais au sourire béant au premier plan.
Le père Duchêne pour une fois félicite la calotte. C’est bien le
titre mielleux qu’il fallait pour décrire le ramassis de profs
responsables qui a tenu l’agé de la honte hier. Le Père Duchêne
s’est toujours abstenu de voter pendant les grandes séances
d’euthanasie législatives, présidentielles ou municipales. Mais
tous les abstentionistes de l’agé de la honte ne s’étaient pas
abstenus pour plébiciter l’escroc corrézien. Il fallait faire
front face à la peste brune. Il fallait être des jean-foutre
responsables, déjà. Résultat~: les fachos sont quand même au
pouvoir, plus puissants que jamais, à la tête d’une dictature en
ascencion douce et tout le monde ferme sa gueule, poliment, sans
faire de fautes d’ortograf. Tous les rêves du borgne se réalisent
au-delà de ses espérances. “Mais on remettra ça en septembre”,
crois ça et bois de l’eau bénite.

Les quelques prolos de l’EN qui ont cru aux beaux discours ont
ouverts leurs yeux pleins de larmes hier. Les larmes de la honte.
La honte d’avoir cru que les bobolandais iraient pour une fois
jusqu’au bout. La honte d’avoir cru que les bobolandais se
saliraient les mains. La honte d’avoir cru que les bobolandais se
foutraient de Jean-Pierre Pernot. Un salaire de prof amputé d’une
retenue de salaire ferait rêver ce luppenfonctionnariat, mais ils
n’ont pas les mêmes besoins, hein~?

Et ces excités d’Al-Qaïda-éducation qui veulent bloquer le bac,
les réunions d’harmonisation, les jean-foutre jaunes qui viennent
parader dans la boite à propagande, ils vont nous foutre dedans,
que dira l’opinion poujadiste~?

Tout le monde est prêt~: les grands saigneurs, les marchands
repus, les curés, les serfs. Un long moyen-âge commence, on est
(p)eureux.