Ils ne nous feront pas taire !
Published on , Edited on
Category: Global
Themes: AntifascismeRacismeResistances
L’antisémitisme, c’est notre histoire intime. C’est une longue histoire de racisme d’État, de stéréotypes meurtriers, de discriminations, de pogroms et, au milieu du XXe siècle, d’extermination. Jamais nous n’accepterons que des colons suprématistes et négationnistes des droits des Palestiniens nous dictent ce que c’est.
L’antisémitisme, c’est une des formes du racisme. Jamais nous n’accepterons que des racistes nous dictent ce que c’est. L’État d’Israël est un État raciste, pas seulement contre les Palestiniens dont la dignité et les droits sont bafoués mais même à l’intérieur de la société juive israélienne vis-à-vis des Juifs orientaux et éthiopiens. La France dont l’Assemblée Nationale vient de voter ce texte, a des pratiques racistes régulières contre les Noirs, les Arabes, les Rroms, les Musulmans …
Les Palestiniens subissent un déni absolu de justice depuis des décennies : expulsés, occupés, enfermés, fragmentés, spoliés, le monde laisse faire et c’est un scandale. Les députés qui ont voté cette résolution soutiennent l’occupant et le texte voté veut nous obliger à l’allégeance. Jamais nous ne renoncerons à soutenir les droits du peuple palestinien.
La résolution votée voudrait travestir l’histoire. Jamais nous ne renoncerons à dire ce qui s’est passé. En 1948, 800 000 Palestiniens ont été expulsés de leur pays et cette expulsion était préméditée. Ce crime contre l’Humanité dure depuis plus de 70 ans.
Entre Méditerranée et Jourdain, la moitié de la population est palestinienne. Ils n’ont aucun droit et sont soumis au pire arbitraire. En 2011, le Tribunal Russell, composé de personnalités éminentes comme Stéphane Hessel, a jugé que l’État d’Israël était coupable du crime d’apartheid. En 2017, mandatés par une commission de l’ONU, Richard Falk et Virginia Tilley ont confirmé qu’Israël est un État d’apartheid. Jamais nous ne cesserons de l’affirmer d’autant que le vote en 2018 de la loi « Israël, État-nation du peuple juif » l’a officiellement confirmé.
En 2005, 172 associations palestiniennes ont lancé un appel mondial au BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) jusqu’à ce que l’État d’Israël respecte le droit international. Le BDS exige la liberté, l’égalité et la justice pour les Palestiniens. Plus que jamais, nous appelons au BDS comme l’ont fait 30 organisations juives mondiales.
La liberté, en particulier celle d’exprimer sa pensée, fait partie de la devise de la France. Jamais nous ne cesserons de dire que le sionisme est une idéologie colonialiste, criminelle contre les Palestiniens et mettant en danger sciemment les Juifs. Jamais nous n’accepterons une quelconque « criminalisation » de l’antisionisme comme l’ont demandé 127 universitaires juifs du monde entier.
Confondre le judaïsme avec le soutien à un État multipliant les crimes et dont les dirigeants sont les amis de tout ce que le monde compte de dirigeants d’extrême droite et antisémites est une obscénité et une atteinte à notre mémoire.
Coïncidence ? La veille du vote de cette résolution liberticide, l’Arabie Saoudite prenait la tête du G20. Le même Parlement français qui veut nous bâillonner a voté sans sourciller les crédits militaires et donc la vente d’armes à ce régime génocidaire.
Nous ne sommes pas dans leur camp et ils ne nous feront pas taire.
La Commission Israël-Palestine, pour la Coordination nationale de l’UJFP, le 6 décembre 2019
Votée récemment, cette résolution vise à susciter des menaces de sanctions pénales contre toute mobilisation dénonçant résolument la politique d’apartheid israélienne, et notamment contre le mouvement BDS.
Beaucoup de publications condamnant le projet de résolution ont circulé sur internet et dans divers médias avant le vote, par exemple cet appel émanant de 127 universitaires juifs.
La résolution Maillard n’est que l’une des tentatives des amis du régime israélien pour essayer de faire taire ses nombreux opposant-e-s sur tous les continents.
Elle repose d’ailleurs sur des bases très fragiles !
Seuls environ un quart des député-e-s l’ont soutenue, soit 154, alors que peu avant elles/ils étaient très nombreux dans l’hémicycle. Et seulement 84 sur 303 de la majorité présidentielle LREM, alors que 26 de ce groupe ont voté contre et 22 se sont abstenu-e-s.
Quant au contenu de la résolution, il repose sur une définition banale de l’antisémitisme, précédée par des attendus assimilant l’antisionisme, qui est une idéologie, un point de vue longtemps majoritaire parmi les juifs dans le monde, à une forme d’antisémitisme.
Nous n’ignorons pas que cette résolution, qui statutairement n’a pas valeur de loi mais n’est qu’une simple recommandation, permettra néanmoins aux amis du régime israélien d’essayer de nous harceler davantage, comme cela s’est déjà produit en Angleterre ou en Allemagne.
Mais l’image du régime israélien colonial, d’apartheid, qui déploie des pratiques criminelles et cyniques, continue de se dégrader dans l’opinion publique internationale alors que la Campagne internationale BDS poursuit inexorablement son développement.
Cette campagne est non violente et antiraciste, elle fait partie de la lutte des peuples contre les politiques racistes, suprématistes, sécuritaires, militaristes, xénophobes et pour l’égalité, la justice et la dignité.
Nous avons pu au cours de notre campagne contre le projet de résolution Maillard sensibiliser de nombreuses/breux député-e-s à la cause du peuple palestinien et à la légitimité du BDS.
Cela nous encourage à persévérer !
https://www.bdsfrance.org/la-resolution-maillard-ne-nous-intimide-pas/
Les députés français viennent de voter une résolution assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme en le pénalisant. En plus d’être ridicule, c’est scandaleux ! Tout cela malgré les mises en garde de la part de nombreux intellectuels français (juifs et non-juifs) – comme dans la récente tribune publiée le 2 décembre dans Le Monde.
Il est clair que le législateur s’est complètement trompé ici en adoptant cette résolution. L’écart se creuse ainsi encore plus entre le droit et la justice dans ce pays.
Pour mémoire, je m’appelle Gabriel HAGAÏ. Je suis juif pratiquant, franco-israélien et rabbin. Mes enfants sont tous juifs pratiquants, et certains vivent même en Terre Sainte. J’enseigne la Torah depuis plus de 30 ans, et parmi la centaine d’étudiants que j’ai eus, plusieurs sont même devenus rabbins à leur tour. On peut donc difficilement me taxer d’antisémitisme ou de judéophobie.
Et pourtant, je suis antisioniste ! AN-TI-SIO-NISTE !!
Je m’explique. Le sionisme est un projet politique séculaire d’origine européenne qui usurpe l’identité juive pour la transformer en nationalisme primaire. C’est donc par définition un mouvement raciste, exclusiviste et hégémoniste, de facto faiseur d’apartheid. C’est cette idéologie toxique qui a donné naissance à l’État d’Israël.
Notre Torah est basée sur la justice, l’amour, l’humilité et l’inclusion – vertus incarnées par nos Prophètes et nos Saints, tels Moïse, Aaron et Hillel l’Ancien.
Tout le contraire des “valeurs” du sionisme, construit sur l’orgueil, l’oppression, la haine et l’exclusion – celles de Théodore Herzl, de Joseph Trumpeldor ou de Ben Gourion.
Selon notre Torah, on ne saurait établir une société saine sur l’injustice envers ne fût-ce qu’une seule personne (fût-elle non-juive) – a fortiori envers un peuple tout entier (les Palestiniens). Il est dit (Deut. XVI:20) : « ?edheq ?edheq tirdof (justice, tu poursuivras la justice) ! ». Et (Deut. XXX:15-19) : « Wuvâ?artâ ba-?ayyîm (tu choisiras la vie). ». De même, la Torah doit être « [notre] sagesse et [notre] intelligence aux yeux des nations » (Deut. IV:6), plutôt qu’un manuel d’oppression nationaliste. La Rédemption finale ne se fera que sur l’Amour inconditionnel (Ahavath-?innâm), et pas sur autre chose.
C’est une caractéristique des idéologies en recherche de légitimité que d’emprunter du vocabulaire à d’autres domaines déjà reconnus, comme les religions ou les sciences. Les charlatans et les sectes y recourent quotidiennement. Ainsi le sionisme n’échappe pas à cette tendance. Alors que ce mouvement est athée et nationaliste, il a cherché à s’établir dans la conscience populaire juive comme une alternative légitime à la tradition en recyclant son vocabulaire le plus sacré. Et il a (presque) réussi !
Comme nombre de rabbins ainsi que de juifs honnêtes de par le monde, je dénoncerai toujours cette arnaque qu’est le sionisme politique, ainsi que la pollution idéologique qu’il a introduite dans notre judaïsme. Bien sûr – je ne suis pas dupe – l’antisionisme est aussi utilisé par ceux qui veulent purifier la Terre Sainte de toute présence juive (par un massacre pur et simple de la population israélienne, et par une destruction totale de tout ce qui a déjà été construit) – mais ce n’est évidemment pas mon cas, ni le cas de mes amis Palestiniens, ni celui de l’écrasante majorité des gens sains d’esprit. Surtout que je suis plutôt un partisan de la non-violence, un adepte de la paix et de la justice.
Ce n’est pas parce que des antisémites se cachent derrière l’antisionisme que ce dernier est de l’antisémitisme ; pas plus que parce que des islamophobes se cachent derrière la laïcité que celle-ci serait de l’islamophobie. Affirmer le contraire serait un sophisme.
Nulle volonté dans mon antisionisme de nier le droit à quiconque (juifs ou non-juifs) de vivre en Terre Sainte (le centre même de notre géographie sacrée). C’est justement par amour pour mes sœurs et frères Israéliens que je dénonce les exactions humanitaires commises en leur nom par leur gouvernement.
Ce que je désire, c’est une refonte totale de l’organisation politique en Israël-Palestine, et la création d’un nouvel état inclusif où tous vivraient avec les mêmes droits, à égalité en tant que citoyens, hébréophones et arabophones ensemble. Bref, la disparition du sionisme lui-même.
Qu’on se le dise : JE SUIS ANTISIONISTE !!
Que les cerbères de cette résolution inique “viennent me chercher” (pour paraphraser notre Président) et me coller un procès, s’ils osent ! Le rabbin traduit devant la justice pour antisionisme ! Ridicule ! On pourra ainsi démontrer publiquement l’incohérence pathétique de cette mascarade de bien-pensance.
https://www.facebook.com/gabriel.hagai/posts/10159077103874908
La majorité des journalistes qui ont rendu compte du vote de la résolution Maillard à l’Assemblée nationale, le 3 décembre, ne l’ont visiblement pas lue.
Ils y ont en effet vu un amalgame entre antisionisme et antisémitisme. Sauf que le premier terme NE FIGURE PAS dans le texte de la résolution en question – dont on trouvera le texte intégral ci- dessous. Certes, l’exposé des motifs le mentionne, mais il n‘est pas évidemment soumis au vote.
De surcroît, si la résolution reprend la médiocre définition de l’antisémitisme par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), elle ne mentionne aucun des « exemples » qui accompagnent celle-ci et visent à discréditer toute critique de la politique israélienne.
Mes confrères n’ont pas non plus souligné que seuls 154 députés sur 577 ont approuvé le texte de Sylvain Maillard. Or l’hémicycle était plein un quart d’heure avant ce vote. Et, parmi les présents, il aura fallu le renfort de députés du Parti Républicain pour que le texte passe, tant le groupe LREM, à l’initiative de la résolution, était divisé.
Autre « oubli » de la plupart des commentaires: une résolution de l’Assemblée n’a aucun caractère contraignant. Pour mémoire, les deux chambres du Parlement avaient voté en 2014 une résolution pour la reconnaissance de l’État de Palestine. Les gouvernements français successifs ont-ils obtempéré depuis ?
Bref, la soi-disante victoire de Sylvain Maillard représente plutôt une défaite pour le CRIF, qui, après la petite phrase d’Emmanuel Macron à la commémoration du Vel d’Hiv, en 2017, exigeait une loi criminalisant l’antisionisme, avec répression a la clé. On en est loin.
Et quiconque sait lire peut le constater…
PS: Ci-dessous le texte intégral de la résolution proposée
https://blogs.mediapart.fr/dominique-vidal/blog/081219/y-t-il-des-journalistes-qui-ne-savent-pas-lire