Dijon: première victoire des lentillères : il n’y aura pas d’éco-quartier !
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : EcologieQuartiers populairesResistances
Lieux : Dijon
Dans une vidéo de France 3, François Rebsamen a annoncé ce lundi 25 novembre que la mairie allait abandonner l’urbanisation des Lentillères, alors que le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal est voté ce soir au conseil municipal.
vidéo Dijon : il n’y aura pas de construction aux Lentillères par France 3 Bourgogne-Franche-Comté
L’abandon de l’éco-quartier est une première victoire pour cette lutte que les occupant·es mènent avec acharnement depuis 10 ans contre l’urbanisation mortifère de Dijon !
Rebsamen annonce dans le même moment que les Lentillères seront des jardins partagés, qu’une liste sera ouverte pour que des personnes s’inscrivent, et que les occupations illégales seront expulsées.
Cette affirmation est complètement absurde : c’est grâce à l’occupation illégale de ces terres depuis 10 ans qu’elles sont aujourd’hui préservées.
Une nouvelle phase de la lutte pour sa préservation s’ouvre. Le Quartier Libre des Lentillères vivra avec tout ce qui s’y construit : son agriculture hors norme et collective, ses fêtes incroyables, ses habitations qui permettent à une centaine de personnes de prendre soin de cet endroit au quotidien, sa qualité de refuge pour les exilé·es, sa réinvention collective d’une vie de quartier,…
La victoire ne fait que commencer !
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21h10. Casserolade de victoire
Ce lundi soir était initialement prévu une casserolade pour s’opposer au PLUI qui réaffirme que les Lentillères sont une Zone à Urbaniser. Apprenant quelques heures plus tôt l’abandon du projet d’urbanisation, 200 personnes se sont rassemblées pour fêter la nouvelle et pour affirmer que la lutte continue !
La victoire ne fait que commencer
Le maire de Dijon a annoncé lundi 25 novembre que les Lentillères allaient être interdites à l’urbanisation. Le projet d’éco-quartier contre lequel nous luttons depuis 10 ans ne verra donc jamais le jour !
C’est une première victoire contre l’urbanisation mortifère de Dijon, et nous l’avons célébré lundi soir sous les fenêtres du conseil municipal.
Mais le maire annonce aussi qu’il va « demander l’évacuation de tous ceux qui occupent de manière illégale ce terrain » en précisant que « pourront y faire des jardins partagés ou des maraîchages urbains ceux qui s’inscriront pour avoir un bail ». Plus tard, il osera compléter : « Je ne l’avais pas dit parce que je ne voulais pas faire plaisir aux anar’, mais je l’avais prévu depuis le début. »
C’est donc pour ne pas faire plaisir aux anar’ qu’il a répété pendant toutes ces années que le projet se ferait…
Il n’a de toute façon pas peur de la contradiction, en menaçant d’évacuer les gens à qui il vient de donner raison. Ces terres seraient bétonnées depuis bien longtemps par Dijon Métropole si elles n’avaient pas été occupées illégalement.
Cette illégalité reste un précieux moyen de résistance, à l’heure où le PLUI continue de dessiner une urbanisation asphyxiante, projetant encore de détruire des centaines d’hectares de terres agricoles dans et autour de la ville, tout en densifiant l’agglomération.
De notre côté, nous n’avons jamais attendu que l’écologie devienne un enjeu électoral pour réinventer notre rapport à la terre et au territoire. Depuis 10 ans, nous construisons concrètement dans ce quartier libre et autogéré l’autonomie alimentaire dont se flattent les élus.
Une nouvelle phase de la lutte pour sa préservation s’ouvre. Le Quartier Libre des Lentillères vivra avec tout ce qui s’y construit : son agriculture hors norme et collective, ses fêtes incroyables, ses habitations qui permettent à une centaine de personnes de prendre soin de cet endroit au quotidien, sa qualité de refuge pour les exilé·es, sa réinvention collective d’une vie de quartier,…
Il y a deux ans, nous nous sommes mis·es d’accord sur une « boussole » de 6 points qui nous permettraient de ne pas perdre le nord. Nous les réaffirmons aujourd’hui avec force :
– Terre, territoire, maraîchage : Depuis 2010, nous préservons ces terres. Des projets naissent au fil des saisons, des envies et des rencontres, nous continuerons de les cultiver de manière multiples et hors norme.
– Habitat, constructions, communs, commune : Le Quartier Libre des Lentillères est un quartier à part entière, habité aujourd’hui par une centaine de personnes. Ces terres sont intégralement liées à la vie qui s’y est inventé, leur préservation exige qu’elles restent habitées, travaillées et partagées.
– Autonomie politique et diversité : L’assemblée du Quartier est l’expression de notre autonomie politique. C’est le lien privilégié de notre élaboration collective. Notre « nous » exprime des différences infinies et irréductibles, tenues par une éthique commune, subordonnées à aucune institution.
– Économie : Nous refusons que l’économie marchande capitaliste détermine nos liens, nos projets, nos idées. Nous ne sacrifierons pas le sens de ce que nous construisons en le soumettant à ses exigences.
– Éthique et toc : Nous ne voulons pas faire de la politique une sphère séparée de nos vies quotidiennes. Nous voulons que les luttes contre le sexisme, la transphobie, l’homophobie, le racisme et tout autre oppressions systémiques s’inscrivent dans nos faits et gestes en tentant de faire obstacle et d’agir contre tout comportements les perpétuant.
– Liens : Nous ne voulons pas faire des Lentillères un lieu où il ferait juste bon vivre dans un entre-soi. Nous sommes fièr·es des liens de soutien et d’amitié que nous tissons. Nous savons aussi que nous ne faisons pas l’unanimité. Nous continuerons à en prendre le risque et à lutter aux côtés de toutes celles et ceux qui se soulèvent pour leur libération et celle de la terre.
La victoire ne fait que commencer !
Quartier Libre des Lentillères
Il y a quelques semaines, la mairie annonçait l’abandon de la phase 2 de « l’Éco-cité des Maraîchers ».
Depuis, elle annonce la possibilité d’une régularisation des seules activités maraîchères et potagères, sur la base de contrats individuels ou associatifs, à travers un « appel à projet ».
Cela fait maintenant dix ans que nous soignons et faisons vivre le Quartier Libre des Lentillères, soit 12 hectares désormais sauvés de la bétonisation. Nous y sommes lié.e.s. Viscéralement.
Personne ne connaît mieux ce Quartier que nous.
Sa richesse vient en grande partie du fait que les activités maraîchères et potagères sont entremêlées à bien d’autres activités tant pratiques et culturelles que sociales. Voilà le projet que nous continuons à construire jour après jour : celui d’un Quartier qui réfléchit collectivement aux différents usages d’un même territoire.
C’est pourquoi il est inconcevable à nos yeux que le Quartier soit morcelé pour être attribué à des personnes ou des associations qui auraient opportunément mis leurs noms dans un registre, ou déposé un dossier de projet hors-sol.
Le maire de Dijon dit aujourd’hui que l’illégalité de notre présence doit cesser.
En vérité, cela ne tient qu’à lui.
Nous n’avons pas d’opposition de principe quant à une forme de régularisation. Il n’est pas question de cela mais du respect de ce que nous avons construit : une vie collective qui prenne soin du territoire et des relations, qui entremêle les différents usages possibles d’un espace, qui laisse la place à la réflexion commune et à l’invention.
Des formes de délégation collective existent en partie, des cadres juridiques restent à inventer. En effet, nous savons qu’il existe des lieux où la loi s’incline face à la légitimité et se réinvente lorsqu’une lutte s’avère victorieuse. Cette invention ne se fera pas sans nous. Elle demandera par ailleurs de la créativité et du courage politique.
Nous démarrons un grand chantier de réflexion collective autour de l’avenir du quartier. L’abandon de l’écoquartier signe pour nous la fin d’une phase de menace, et nous voulons repenser nos projets sur ces terres au regard de cette pérennité nouvelle, avec toutes les personnes qui nous soutiennent.
Nous rendrons public le résultat de nos réflexions au printemps.
Quels que soient les terrains de bataille, nous ne cesserons jamais de défendre le Quartier Libre des Lentillères.
Nous réaffirmons qu’aucune institution extérieure ne peut soigner ce territoire comme nous l’avons fait jusqu’à présent et comme nous continuerons à le faire.
L’Assemblée du Quartier Libre des Lentillères,
jardinier.e.s ou pas, habitant.e.s ou pas, anarchistes ou pas, gaillard.e.s ou pas.
Riche de ses soutiens divers et nombreux.
https://lentilleres.potager.org/2019/12/19/on-la-joue-collectif-communique/