Laquelle, lequel d’entre nous a demandé à naître ?

Et la couleur de tes yeux, celle de ta peau et l’odeur de ton corps ?

L’amour de tes parents, ou leur indifférence, parfois leur sale haine et leur dégoût de toi

La violence de tes frères, le mépris de tes sœurs

Pourtant, tu es là, bien là !

Et tu n’as pas choisi

 

Mais la tendresse des Êtres

Ho, la tendresse…

Et la liberté, c’est si bon la liberté, si primordiale

Le terreau de tout épanouissement

Le tien, le mien…

Libre d’être avec toi, libre d’être avec moi

Même de te voir partir, comme de te voir rester

Ivres, que je suis, que tu es…

Ivre de ta liberté, et toi de la mienne

Ivres et lucides, fragiles et fort.e.s, si sensibles…

Pour que jamais la Liberté ne s’arrête là ou commence celle de l’autre

Douce utopie, réalité tangible…

Équilibristes !

 

Par les un.e.s et les autres, depuis la prime enfance

Aimé.e ou bien haïs

Parfois même bafoué.e, au plus profond de nous, plus souvent qu’on le pense

Ou tendrement chéri.e

Ou bien juste ignoré.e

La vie nous porte, souvent nous blesse, parfois nous tue

Le bonheur me construit, le malheur me détruit, violemment, ou à petit feu

Il nous faut être fort.e, qu’on le veuille ou pas, et parfois c’est trop tard

Tu resteras toi même, ou tu t’effaceras, délavé.e par les larmes, brisé.e de maltraitances

Mais attention à toi

Tu es là au milieu, d’accord !

Mais TOUT NE T’APPARTIENT PAS !

Si hier tu es né.e, tu ne l’as pas choisi, tu as grandi ainsi, ici ou là…

Aujourd’hui tu es là, c’est à toi de choisir, essaie si tu le peux, essaie tant que tu peux

 

L’amour… Il y en a autant qu’il en manque… et tu n’as pas toujours le choix

Mais s’il te porte, il me porte !

Et il nous portera alors toutes et tous et nous rendra plus fort.e.s

 

Tes manques, tes impossibilités, toute la charge de ces peurs qui pèse sur tes épaules

Tes frêles et si douces épaules, parfois si fortes, si généreuses

Ou bien secouées de spasmes, de frissons de chagrin, tremblantes ou anéanties de douleurs

Ou œuvrant aux massacres et aux exécutions

Est ce bien les tiennes ?

Elle ressemblent tant aux miennes… si sensibles, tellement sensibles

Serais-ce les miennes en fait ?

Le satin noir profond de ta peau

Aussi douce et chaude que la mienne, parsemée de ses taches de rousseur

Ces peaux frileuses ou brûlantes de fièvre, mais toutes si belles de leurs nuances

Extrême limite de ton être, extrême limite de mon être, elles vibrent sous les caresses…

Mais l’une et l’autre s’ouvrent sous le fouets, se déchirent sous les coups

Et alors, purulentes et suintantes après tant de coups reçus, de plaies et de misère

Pas sûre qu’elles cicatrisent, notre raison non plus, pas sûr que l’on survive !

 

Le pouvoir qui t’écrase, la violence des puissants, carnages et destruction

Les puissants… impuissants en titre, assassins !

S’ils sont doué.e.s pour l’argent, la mort et la destruction sont leurs autres talents

Bien sûr qu’ils sont vivants, mais aussi ils sont morts et ils ont tout perdu en tuant et volant

Tout perdu, à vomir, à vomir !

Capés de leur mépris, les minables ordures, et dans leur ignominie

Si soumis à leurs peurs et la fuyant sans cesse, derrière les apparats, l’or et les artifices

Et leurs lois, toutes plus scélérates les unes que les autres

Leur vie, la vraie, elle est morte ; remplacée par leur désir de toi

Ils sont assoiffés de ton sang, de ta sueur et de tes larmes

De ta vie, et de toi tout.e entièr.e ! Vivant.e, tout d’abor, puis mort.e à la tâche…

Avides, tout gonflés d’indifférence à ta souffrance, aveuglés d’égoïsme

Perdus dans leurs désirs morbides à jamais inassouvis… des ZOMBIS !

A vomir !

Cachée ou directe, leur violence à ton égard est ton lot de tout les jours, tous!

Ta misère est leur but, ils y travaillent sans cesse

Car c’est elle qui les nourrit

 

Garde bien les yeux ouverts, ne te détourne pas ! Affûte ta colère et ta rage

 

Ils se nourrissent de ta mort, rapide ou lente, et même de la mort de tes rêves

Ils veulent que tu oublies, qui tu es, et qui ils sont, ce qu’ils sont devenus, à tes dépends

Ils veulent que tu intègre ta soumission et ta condition d’esclave comme étant naturelle

Que tu la crois innée, au pire inévitable

Esclave ! Esclaves !

Et ils te chargent de leurs peurs, de leurs paranoïas

Ils pensent qu’une fois à toi, celles-ci disparaîtront

Avec toi…

Et ils jouiront en paix des richesses amassées

Et ne vas pas penser que tu leur échapperas en devenant comme eux car ce sont des zombis…

Ce que tu seras alors devenu.e, ce ne sera plus toi !

 

Au plus profond de toi-même

Loin de la folie de ces monstres (si communs et répendus autour de toi qu’on ne les voit pas toujours)

Loin de la folie de celles et ceux qui se sont perdu.e.s dans le désespoir

Tu as su rester pur.e, ou au pire, tu as su sauver du désastre une partie de Toi, un levain très précieux

Souviens toi, tu es né.e sans choisir : tes peurs sont légitimes, car on te les impose

Ta colère aussi est légitime, elle est cruciale pour ta survie, fondamentale dans la folie ambiante

Et si tu tiens un tant soi peu à rester qui tu es

Si tu ne veux pas disparaître dans cette folie, ou te changer en zombi.e

Il n’y a qu’une seule route, longue et parfois mortelle, douce ou inconfortables

C’est la route de Ta vie et de la liberté, de ton intégrité

Il nous faut réfléchir, trouver le temps de nous parler, de partager nos expérience, nos stratégies et nos rages

Ta rage c’est ton armure, si elle est reconnue et partagée, c’est une arme dangereuse !

Affûte bien ton cri et bats toi pour ta vie

 

Et apprends, ne cesse jamais d’apprendre, continue de grandir, tout en restant aimant.e

Tache de ne pas oublier quelle est ta vraie nature, ou notre vraie nature, si tant est qu’elle existe

C’est celle d’être aimé.e et d’aimer en retour

Devenir plus lucides et quitter l’enfance, grandir

Sans cet amour, nous serions déjà mort.e.s, ou nous serions des monstres

Même si tu dois te battre, lutter pour te défendre

Pour défendre ta vie et celle de tes compagne.on.s (il n’y a pas d’autres option, il n’y en a jamais eu)

Ne perds pas ton amour, soit plus fort.e que ta peur, c’est ta seule chance

 

Qu’elles soient noires ou blanches, glabres où poilues, nos épaules sont douces

Pas faites pour le fouet !

Tes mains, lisses ou caleuses, sont faites pour les caresses

Ou bien pour te défendre car tu n’as pas le choix

Pas pour tenir le fouet !