De quoi l’affaire yann moix est-elle le nom ?
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« Toute ma vie, j’ai essayé de m’arracher à ce trou noir, à cette espèce d’attraction maléfique » – c’est ainsi qu’il caractérise son antisémitisme. Et comment s’y est-il pris ? En se faisant, du haut de son fauteuil de chroniqueur à succès et des estrades des conférences organisées par le CRIF, l’ardent défenseur des politiques coloniales et racistes de l’État d’Israël. Son péché d’antisémitisme, il compte le racheter en assimilant les JuifVEs au destin de l’État d’Israël. En défendant Israël, c’est – dit-il – les JuifVEs qu’il défend, faisant porter le poids de sa mauvaise conscience aux Palestiniens. Est-ce la culpabilité qui fait de lui un traqueur impitoyable du soutien à la cause palestinienne, assimilée ainsi à de l’antisémitisme ? Cette ficelle, grossière, a un nom – le philosémitisme, cette forme réinventée de l’antisémitisme : « La philie comme la phobie conduit à mettre un groupe humain à part. Qu’on lui prête des qualités exceptionnelles ou qu’on le considère comme un ennemi du genre humain, il s’agit dans les deux cas d’enfermer un groupe humain dans une essence immuable, de le sortir de l’histoire et de le réduire à un mythe. » [2] Son repentir est un pas de côté, et le rapprochement qu’il revendique avec « le judaïsme et la pensée juive » est conditionnel. Il nous essentialise et confisque notre parole.
Pour tenter de prouver que sa haine était une erreur de jeunesse, il est allé jusqu’à affirmer « qu’(il) avait essayé de (se) racheter toute (sa) vie » en « combattant la xénophobie ». Il faut croire que toutes les formes de racisme ne sont pas également condamnables à ses yeux, et in fine que toutes les victimes du racisme ne méritent pas des excuses publiques. Certainement pas les siennes. Brave soldat de l’air du temps, Yann Moix a pris sa part dans la reformulation du discours nationaliste et raciste autour de l’islamophobie. Il n’a pas hésité, nous ne l’oublions pas, à accuser à tort d’antisémitisme Mennel, la jeune chanteuse française d’origine syrienne, alors même qu’il était l’auteur de dessins négationnistes et qu’il se mettait en scène sur les réseaux sociaux avec des personnalités de l’extrême-droite française. L’urticaire que provoque chez Moix les marques de solidarité d’une jeune Arabe portant le hijab avec le peuple palestinien n’est rien d’autre que la preuve de son racisme et de son islamophobie.
Nous n’en doutons pas, tout lui sera pardonné. Déjà pardonné par Bernard-Henry Lévy, couvert depuis 2007 par son éditeur Olivier Nora, soutenu par sa productrice Catherine Barma qui impose le maintien de la promotion de son livre sur ONPC… Sa carrière littéraire ne sera pas pulvérisée, et il continuera d’être invité sur les plateaux de télévision ! S’il s’était appelé Younès, nous n’en doutons pas non plus, il serait devenu infréquentable à la minute même où ses dessins auraient été exhumés. Moix participe de fait d’un privilège blanc qui absout les uns et exclut les autres.
L’UJFP dénonce le traitement particulièrement complaisant dont fait l’objet Yann Moix depuis l’exhumation de ses actes antisémites. Le spectacle grossier de son repentir témoigne que ce qui est défendu à travers le cas Moix, ce ne sont pas les JuifVEs, mais l’air du temps, nationaliste, islamophobe, colonial.
La Commission Communication externe,
Pour la Coordination nationale de l’UJFP
Le 4 septembre 2019
http://www.ujfp.org/spip.php?article7363
Va en paix, Yann Moix, le sionisme pardonne l’antisémitisme ordurier !
Le moindre dérapage ou la moindre ambiguïté face à l’antisémitisme, le moindre soupçon de complaisance avec l’islamisme radical, la moindre critique des crimes israéliens vous fait écarter rapidement des ondes et des plateaux de télévision.
C’est arrivé à des personnalités ou à des journalistes des quartiers populaires ou encore à l’inspecteur du travail Gérard Filoche, le plus souvent injustement.
Mais, miracle, après les révélations sur ses dessins négationnistes violemment antisémites, après que ses relations de compagnon avec la mouvance négationniste des Alain Soral, Paul-Eric Blanrue, Marc-Edouard Nabe ou Fréderic Chatillon aient été abondamment décrites, voici que Yann Moix peut se répandre sur le plateau d’« On n’est pas couché » et sur les ondes de France-Culture, en faisant, au passage, la promotion de son dernier roman.
Bernard-Henri Lévy, s’érigeant en porte-parole autoproclamé des déportés insultés, lui a pardonné et lui tend une main secourable.
D’où vient cette indulgence affichée ?
On comprend mieux quand on se souvient des violentes polémiques de Yann Moix contre Aymeric Caron à qui Moix reprochait de lier la création de l’État d’Israël à la Shoah. « L’État d’Israël ne s’est pas construit sur des morts mais sur des vivants », avait martelé Yann Moix qui, visiblement, ne connaît pas la Nakba. Le chemin de rédemption de Yann Moix passe par le soutien inconditionnel à Israël.
D’autres antisémites bénéficient de l’indulgence et du pardon des sionistes. On a vu Viktor Orban accueilli en Israël en 2017 après un voyage de Netanyahou dans cette Hongrie dans laquelle les campagnes xénophobes ont des relents d’antisémitisme marqué.
Tout est bon à prendre pour soutenir l’apartheid israélien.
On a vu dans le passé des pétainistes, des colonialistes, d’anciens de la collaboration soutenir Israël lors de la Guerre de 1967, par exemple. On voit aujourd’hui l’extrême droite des Trump et des Bolsonaro soutenir inconditionnellement annexion de Jérusalem, de la Cisjordanie et du Golan.
Un pacte du pardon à l’antisémitisme va-t-il se mettre en place, avec l’appui du CRIF qui recevait Yann Moix encore il y a quelques mois ?
http://ujfp.org/spip.php?article7365
Réflexion sur la folie des Certificateurs de bonne Conscience
Enfin ! Les esprits brumeux, prêts à se laisser fourvoyer par la scandaleuse tentative politique consistant à faire assimiler, y compris au moyen de la loi, l’antisionisme à l’antisémitisme, vont pouvoir, grâce à la dernière turpitude de Moix, réordonner leurs idées et retrouver un bon sens salutaire.
Il est absolument affligeant que BHL, le CRIF, l’UEJF, Meyer Habib, le président du consistoire, soient montés avec une remarquable coordination, sur la crête savonneuse offerte par le polémiste perturbé et antisémite. Cette affaire démontre combien, pour certains, l’antisémitisme est devenu une boutique ne servant qu’à promouvoir un sionisme politique sur les genoux au niveau éthique et défait dans la bataille des cœurs. Pour ce qui concerne ce racisme qu’est l’antisémitisme, nous avons donc aujourd’hui un adoubement à la carte proposé par cet aréopage hypocrite, inconséquent et ô combien dangereux, tant il contribue à la réactivation de ce vieil antisémitisme, pourtant déclaré en léthargie par les mêmes. Le seul antisémitisme qui dérange ces gens-là est celui qu’ils attribuent systématiquement à tous ceux qui osent exprimer leur rejet des politiques d’Israël. Par contre, dès lors que vous exprimez comme M. Moix votre soutien indéfectible à ce pays, et en premier lieu en occultant totalement les crimes commis au nom de prétentions insensées, votre antisémitisme atavique bénéficiera en retour de la plus grande clémence. Il est à craindre que le véritable antisémitisme ne dispose, grâce à ces squatters de la pensée publique, d’un rebond des plus inquiétants pour les Citoyens de ce pays. On est en droit de penser que ce “revival” néfaste est voulu par ces maîtres penseurs, mais dans quel but ? Sans doute celui de dresser les Français les uns contre les autres, fournissant ainsi le prétexte à une nouvelle vague d’aliyahs vers Israël, pays dont le solde migratoire de plus en plus inquiétant devient incompatible avec la nécessité de grossir les rangs d’une armée déjà pléthorique et de colons partisans par nature d’une politique d’expansion sans limite. Quelle que soit la raison de ce triste épisode, nous avons à nous inquiéter.
https://blogs.mediapart.fr/liberte21/blog/070919/grand-merci-bhl-et-yann-moix
Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, dit le proverbe. Yann Moix, autoproclamé « meilleur défenseur du judaïsme », ne trouve grâce qu’aux yeux de ses amis. Ses « excuses », adossées à ses années de chroniqueur où il a su traquer avec hargne la moindre expression pro-palestinienne, ont laissé perplexes beaucoup d’observateurs. Ainsi, la dernière « affaire Moix » se conclut-elle sur une morale en pied-de-nez : derrière le « philosémite » se cachait l’antisémite. Conclusion soulignée notamment par le philosophe Pierre André Taguieff dans les colonnes de Marianne, non sans égratigner au passage les organisations et militants de l’antiracisme politique qui, pourtant, comptent parmi les premiers à avoir entrepris de déchiffrer le mépris envers les Juifs qui, souvent, se lit entre les lignes du philosémitisme [1].
On pourrait, avec le philosophe Alain Finkielkraut, se sentir « plus gêné par le repentir [de Yann Moix] que par sa faute passée » [2], bien qu’il s’agisse pour ce dernier de défendre l’écrivain islamophobe et raciste Renaud Camus et, à travers lui, une certaine idée du nationalisme français. Nous y reviendrons. Si le malaise suscité par la défense de Yann Moix, la sienne propre comme celle dont il a bénéficié, est bien palpable, c’est qu’il ne nous renvoie pas seulement à la trajectoire personnelle d’un écrivain obsédé par les Juifs, mais plus largement au contexte politique qui produit ce type de trajectoire et de profil intellectuel. Une perspective qui nous invite à comprendre Yann Moix, non comme une anomalie politique ou intellectuelle, mais comme l’expression d’une vision du monde cohérente.
Yann Moix est le judéophobe qui colle bien à une époque pleine de bruit et de fureur et que l’on croirait récitée par un idiot. Le conteur imbécile, ce pourrait être Donald Trump, que Yann Moix juge « grand et courageux » lorsque, au mépris du droit international, il appuie la politique coloniale israélienne en déménageant son ambassade à Jérusalem-El-Quds. Grandeur et courage, donc, que les organisations juives américaines n’ont apparemment pas eu la présence d’esprit d’apprécier quand ce même Président américain s’adonnait à un curieux tri entre bons Juifs et mauvais Juifs, jugeant les Juifs qui votent démocrate « déloyaux » envers le peuple Juif et « très déloyaux » envers l’État d’Israël [3]. Au moment où Donald Trump s’exprime, les communautés juives américaines sont encore endeuillées, victimes du terrorisme antisémite de suprématistes blancs qui s’est développé sous son administration. Une prose antisémite qui rappelle celle de Raymond Barre opérant une distinction entre les « israélites » et les « français innocents » parmi les victimes de l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic. Le conteur imbécile, ce pourrait aussi être Emmanuel Macron qui, mis en difficulté par le mouvement des Gilets Jaunes, a jugé bon de revêtir les habits de la lutte contre l’antisémitisme, jouant, face aux revendications sociales, les Juifs comme ligne de division sociale [4]. Les conséquences de cette posture bon marché sont évidemment désastreuses pour la lutte contre l’antisémitisme. Elles le sont d’autant plus quand ce même Président se fait le chantre d’une certaine conception de l’antisémitisme qui l’amène à le chasser là où il ne se trouve pas, au nom d’une définition de l’antisémitisme qui assimile les Juifs à l’État d’Israël et l’antisémitisme à l’expression pro-palestinienne.
Ainsi problématisée, la lutte contre l’antisémitisme devient, aux mains du pouvoir, un axe de relégation de l’immigration post-coloniale et des quartiers populaires. Otage des intérêts de l’État, la défense des Juifs n’est plus l’objet de cette politique. Ce que certains appellent « philosémitisme d’État » n’est rien d’autre que le discours sur les Juifs d’un pouvoir d’État n’ayant jamais renoncé aux hiérarchies sociales qu’il institue mais souhaitant y intégrer stratégiquement et idéologiquement les Juifs à une place subalterne privilégiée. Le passage de la haine à la philia est conditionné à la possibilité de cette intégration et à ce qu’elle implique : la dépossession des Juifs de leur parole et de leur destin. Objets du discours, et non sujets, les Juifs sont ainsi appelés à être des bons Juifs en fonction d’un agenda politique qui n’est pas le leur. Dans un Occident moderne blessé dans son amour-propre par la mémoire de la Shoah mais soucieux de préserver ses intérêts, le philosémitisme prend le plus souvent la forme du philo-sionisme. Il attend des Juifs qu’ils accomplissent les vœux de Théodore Herzl qui, en pleine expansion coloniale européenne, voulait faire des Juifs « asiatiques en Europe, des européens en Asie ». Cela impliquait d’accéder à la seule modalité d’existence légitime pour la modernité occidentale : l’État-nation. Avec l’établissement de l’État d’Israël en Palestine, conçu comme État-nation du peuple juif, les Juifs deviennent, aux yeux des nationalistes européens, d’improbables alliés potentiels. Résoudre les contradictions entre la judéité et la tradition juive d’une part, et la modernité occidentale d’autre part, à la faveur de cette dernière, c’est le fil rouge qui relie l’antisémitisme, le sionisme et le philosémitisme d’aujourd’hui. Loin de reconnaître, et a fortiori de garantir, une quelconque dignité à l’existence juive pour elle-même, le philosémitisme d’État l’enferme dans des rapports de domination qui jouent contre les Juifs. C’est sans doute la dénonciation de cet ordre injuste, colonial et impérialiste, raciste et antisémite, que l’on ne pardonne pas à l’antiracisme politique. Dans la doxa dominante, l’antisémitisme est maintenant ancré à gauche, dans l’immigration post-coloniale et dans l’antiracisme politique. On ne compte plus les campagnes abjectes dénonçant « l’indigénisme » et son antisémitisme supposé.
Campagne à laquelle participe également, et malheureusement, une partie de la gauche radicale plus ou moins inspirée par l’héritage antideutsch. C’est inversement parce qu’il y participe que Yann Moix recevra d’autant de complaisance et de place pour s’exprimer. L’enjeu, on le comprend, est moins de défendre les Juifs que l’idéologie nationaliste des États-nations occidentaux et leur hégémonie.
[1] https://www.marianne.net/debattons/entretiens/pierre-andre-taguieff-sur-yann-moix-judeophobie-judeophilie-les-deux-faces-d
[2] https://rnr.tv/o/Content/co9597/alain-finkielkraut-le-z-le-philos-mite-de-yann-moix-me-g-ne-
[3] https://www.huffingtonpost.fr/entry/donald-trump-vote-juifs-democrate-antisemitisme_fr_5d5c92ffe4b0f667ed6a154d
[4] http://www.etatdexception.net/lantisemitisme-nest-pas-le-racisme-le-plus-virulent-mais-le-plus-manipule/
https://acta.zone/moix-trump-ces-amis-qui-ne-vous-veulent-pas-du-bien/#easy-footnote-bottom-1-1415