Facebook censure-t-il les médias indépendants ?
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Catégorie : Local
Thèmes : Contrôle socialInformatiqueMédias
UNE CENSURE QUI NE DIT PAS SON NOM
Nantes Révoltée n’est pas seule : il semble que cette invisibilisation touche d’autres pages facebook de médias indépendants : Lille Insurgée, ou Cerveaux non Disponibles, entre autres.
C’est une censure qui ne dit pas son nom, une manœuvre ambivalente et sournoise. La page n’est pas supprimée, il ne s’agit donc pas d’une véritable censure. Elle est « déréférencée » : elle n’apparaît plus sur les comptes de ses abonnés. C’est comme couper l’électricité d’un concert mais dire au chanteur qu’il peut continuer sans micro : il ne sera plus entendu que par le premier rang. Le concert ne sera pas pour autant interdit. La sournoiserie est la marque du régime en place.
POURQUOI ?
Nantes Révoltée a été plusieurs fois la cible de menaces. Des « raids » de forces de l’ordre, ou de fascistes, signalant massivement la page. Une plainte de la procureur de Nantes en 2015 pour avoir dénoncé l’impunité policière. Des propos diffamatoires à notre encontre dans certains médias aux ordre. Et même, pendant les Gilets Jaunes, la rumeur d’une dissolution par le ministère de l’intérieur. Mais jamais la page n’avait été invisibilisée de la sorte.
Alors, pourquoi aujourd’hui ? Est-ce une vengeance après la découverte d’une policière infiltrée au sommet du G7 ? Ou pour notre travail sur la disparition de Steve ? Impossible d’affirmer quoi que ce soit.
Une chose est sûre : les grands médias ont prouvé leur servilité sans limite ces derniers mois, en relayant sans nuance tous les éléments de langage du pouvoir. Les réseaux sociaux se sont imposés comme un outil déterminant dans les luttes en cours. Ils ont permis de faire exister la question des violences policières. Sans eux, les médias classiques auraient tout passé à la trappe. Il n’y aurait ni affaire Benalla, ni vrais récits de manif, ni images de la répression. C’est dans ce contexte de disparition des contre-pouvoirs que Facebook tente de faire taire les plateformes qui donnent d’autres informations. Pour asphyxier les rares contre-discours qui restent.
FACEBOOK EN FRANCE
En France, Facebook est dirigé par un certain Laurent Solly. C’est un cadre de droite dure, proche de Nicolas Sarkozy, qui a été plusieurs fois préfet avant d’entrer das le groupe Bouygues et de rejoindre TF1 où il est numéro 2. Chargé de la campagne présidentielle de Sarkozy en 2007, il avait déclaré: « La réalité n’a aucune importance, il n’y a que la perception qui compte ».
En mai dernier, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, et le président, Emmanuel Macron, se rencontraient à l’Élysée pour discuter « des moyens de lutter contre les contenus haineux sur Internet ». Autrement dit, le chef de l’État demandait plus grande marge de manœuvre pour réprimer l’usage contestataire du réseau social. Peu après, Facebook s’engageait à délivrer systématiquement les adresses IP lorsque la justice française le lui demanderait : un sort qui était jusqu’alors réservé aux affaires de pédopornographie ou de terrorisme. Quelques jours plus tôt, on apprenait que l’Assemblée Nationale achevait l’examen d’une nouvelle proposition de loi « visant à lutter contre la haine sur internet ».
QUE FAIRE ?
Il s’agit manifestement d’une nouvelle offensive d’un pouvoir en difficulté contre tout ce qui pourrait s’opposer à lui. En ce qui concerne l’invisibilisation de notre page facebook, des solutions existent. Nous publions depuis deux ans une revue sur papier, pour s’émanciper des grands groupes numériques. Elle est trouvable dans toutes les bonnes librairies et bar nantais. Nous sommes aussi présents sur Twitter, Youtube et Instagram. Pour l’instant, ces réseaux ne sont pas touchés. Sur facebook, vous pouvez aussi cliquer sur « voir en premier » en vous abonnant à la page, ce qui permettra de contourner la censure, en recevant quoiqu’il arrive nos publications.
Alors que les médias classiques n’ont jamais été autant à la botte du pouvoir, et que les plateaux télés ne sont plus composés que de chroniqueurs allant de la droite extrême à l’extrême droite, quand ils ne sont pas directement issus de la police, la seule bulle d’oxygène que constitue encore les réseaux sociaux est ciblée par le régime de Macron. Développons nos propres médias !
Ca fait un moment que beaucoup de personnes alertent que les réseaux sociaux sont avant tout un outil de fichage, certainement pas “la seule bulle d’oxygène”.
C’est quand même dingue après s’être fait censuré de continuer à clamer des trucs pareils. C’est nier complètement tous les blogs, sites, médias indépendants, réseaux de serveurs autonomes qui existent depuis qu’internet est apparu, et se battent pour que celui-ci reste libre, ou au moins y créer des ilôts. Ce qui est un peu plus réaliste que sur les “réseaux sociaux”.
Mais tout ça ça n’existe pas on dirait, il n’y a que Facebook, ses pages “révoltées” et ses “reporters”…
Ca veut p’t’être dire qu’il est grand temps de s’intéresser aux alternatives plus cohérentes et plus sécures. On pourrait par exemple utiliser et faire la promotion de Diaspora, Mastodon, Peertube, …
La DGSI, l’Interpol, la pref 44, et même l’ IGPN, tiennent à remercier la page facebook/parti communiste du s. XXI Nantes Revoltée pour les données et le profilage offerts de toute une panoplie de suiveurs/partisans, surtout de la couverture pro institutionnelle lors des expulsions de la zad en faveur de ses alliés/supérieurs hierarchiques du parti, et de faire le travail de critique anti openpublishing contre Indymedia, et des purges chez les anarchistes incontrolables.
Desormais vous pouvez rester avec les lauriers d’un inutile quantitatif du courant radical-chic (80K ++ you-ouh!) et le droit d’aller vous faire encarter dans un nouveau quelconque parti de la gauche cybernetique extra-parlementaire.
Bande de poukaves cocos.
La page Facebook de Cerveaux non disponibles est à nouveau victime d’une censure (qui ne dit pas son nom). La troisième fois depuis fin août. Et surtout, la deuxième en deux semaines.
Autant dire que cela réduit à néant leur audience.
Nous [CND] avions été « invisibilisés » durant une semaine (jusqu’au 1er novembre). Et voilà que trois jours après un retour « à la normale », Facebook nous bloque à nouveau jusqu’au 11 novembre ! Concrètement, cela signifie que nos 130 000 abonnés ne voient plus aucune de nos publications, et qu’il est impossible de les partager.
Ainsi, fin août alors que nous couvrions le contre-sommet du G7, la même sanction nous était déjà tombée dessus (une première en 7 ans d’existence). Notre audience avait alors été divisée par 1000 pendant une semaine, passant de plusieurs centaines de milliers de vues par jour à quelques centaines. Après une petite enquête, nous nous étions aperçu que nous n’étions pas les seuls et qu’une vingtaine de pages subissait le même sort (Lille Insurgée, Nantes Révoltée, Gilets jaunes Toulouse ou Bretagne Noire, etc.), toutes suivaient notamment le mouvement des Gilets jaunes.
À cette « sanction » qui enlève nos publications des murs de nos abonnés se rajoute une nouvelle sanction, qui court depuis plus de dix jours et se prolonge chaque jour d’une journée supplémentaire (au point que cela ressemble à une mesure permanente) : Facebook nous empêche de poster des publications avec des liens externes (un article d’un site Web, un lien vidéo YouTube, ou autre). D’autres pages ont subi ce même genre de restriction, à l’image du syndicat SUD Rail.
Malgré de nombreux appels de ces sanctions, nous n’avons reçu aucun retour ni explication. Plusieurs journalistes ont enquêté sur la situation, notamment suite à la sortie d’un article sur Médiapart, mais aucun n’a réussi à avoir de réponse de Facebook, en dehors de réponses standards sur le « non-respect des règles d’usages ».
L’absence totale de transparence de Facebook à ce sujet laisse de sérieux doutes sur les raisons réelles de ces sanctions, d’autant que de nombreuses pages appelant à la haine (voire pire) ne connaissent aucune sanction. À cela s’ajoutent les nombreux posts de militant En Marche qui se vantent de lancer des « campagnes de signalement » de pages jugées « hostiles » au gouvernement. À l’image de ce groupe Facebook qui lance régulièrement des signalements sur la page CND, grâce à de nombreux profils (dont certains clairement créés pour l’occasion)
(…)
Il est donc très inquiétant de voir que des structures politiques, médiatiques et syndicales puissent se retrouver totalement invisibilisées sur le plus gros réseau social de la planète, et ce, sans aucune explication. Que ce soit un acte volontaire de Facebook (en lien avec le gouvernement), ou le résultat de campagnes de trolls pro-Macron, cela pose d’énormes questions. Bien sûr, Facebook « fait ce qu’il veut » sur sa plateforme. Chaque utilisateur a signé les conditions d’utilisations qui permettent au réseau de décider comment faire apparaitre (ou non) les publications. Mais cela pose problème si ces choix se font de façon totalement opaque, sans réponses, et de façon très ciblée sur certaines pages (clairement opposée au pouvoir en place). Même si Facebook est un organe privé, vu son poids aujourd’hui dans nos sociétés, nous ne pouvons accepter que ce groupe décide de censurer des pages, avec les conséquences (politiques et sociales) que cela peut avoir. C’est une sérieuse menace pour la liberté d’expression et d’opposition.
Car ce qui arrive aujourd’hui à CND (et d’autres pages) pourra arriver dans quelques mois à Médiapart, à Libération, à la CGT, à ATTAC, à XR, à Greenpeace ou à n’importe quelle autre structure. Ne pas interroger aujourd’hui Facebook sur ces agissements, c’est laisser la porte grande ouverte à des dérives de plus en plus fréquentes et importantes.
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