Je ne veux pas m’adapter
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Antipsychiatrie
Je ne veux pas m’adapter
Les psys sont des professionnels qui gagnent de l’argent pour nous faire accepter les contraintes de la société.
Le psychiatre m’a «diagnostiqué» et m’a «administré» des médicaments pour soigner ma «pathologie mentale». En fait, il m’a collé une étiquette psychiatrique pour s’attribuer le pouvoir de gérer mon inadaptation, m’a filé des médocs pour contrôler chimiquement mes émotions, et lorsqu’il a estimé que je n’étais pas réinsérable ou que je risquais de troubler l’ordre public, il m’a tenue enfermée à l’HP en me faisant subir humiliations et tortures.
Le psychologue m’a dit vouloir simplement «être là», et «m’aider par la parole». En fait, j’ai eu le droit à sa compassion feinte par obligation professionnelle et à sa bien-pensance de bourgeois de gauche.
Le psychanalyste m’a proposé de m’aider «à faire émerger mon désir inconscient», comme si mon désir avait des chances d’émerger sans faire trop de vagues dans le monde actuel. En fait, il ne remet pas fondamentalement en question les structures oppressives telles que le patriarcat ou l’argent. Arriver à son niveau de résignation «suffisamment bonne», c’est la plus haute idée de la liberté qu’il se fait.
Cette société m’écrase depuis la naissance du poids de toutes ses normes mortifères. Comment veux-tu que ces techniques psys, qui cherchent toutes à leur façon à me faire accepter le monde tel qu’il est, puissent m’être d’une quelconque aide? En me faisant croire que la seule solution à mon malaise est dans un certain degré de soumission à l’ordre établi, ces professionnels ne font qu’augmenter mon désespoir. Et non seulement ils ne m’aident pas, mais en plus, ils tirent argent, prestige, bonne conscience et pouvoir de leur participation active et insidieuse au contrôle de toute la population.
Essayer de se tuer veut parfois simplement dire que l’on ne veut plus mener la vie que l’on mène. Il faut une énorme dose de courage et de force pour tenter d’en finir avec sa propre vie. Nous pouvons utiliser cette force pour en finir plutôt avec tout ce qui nous oppresse, à commencer par l’école, la famille, le travail, les faux-semblants, les peurs, la honte, et toute adhésion aux valeurs de la société!
«Péter les plombs» en cassant tout chez soi, en insultant des flics, où en s’inventant des mondes imaginaires, veut parfois simplement dire que l’on ne peut plus supporter l’insupportable. Comment laisserions-nous des psys nous convaincre que ces réactions sont pathologiques?! Si nous entrons en «crise» avec ce monde, ce n’est pas d’aller voir un psy dont nous aurions besoin (même si beaucoup n’ont pas d’autres choix) mais de trouver l’entraide réelle de complices qui comprennent notre mal-être et partagent nos désirs, pour ensuite agir directement contre tout ce qui nous opprime.
Nos cheminements sont multiples, parfois extrêmes, jamais pathologiques! Ne laissons plus aux psys le pouvoir de donner un sens à nos «crises»; qui sait si chacune d’elles n’est pas une occasion de libération? Ne restons pas seulEs face à leur pouvoir qui isole: mettons en commun toutes les expériences, de la plus modeste à la plus audacieuse, qui nous ont permis de nous passer d’elleux sans encombre ou de nous échapper de leurs prisons. Trouvons d’autres moyens de traverser nos états extrêmes sans s’écraser contre des murs. Déterminons nous-mêmes quand, par qui et comment nous voulons être aidéEs et aider les autres. Créons nos propres moyens d’entraide et de lutte, et attaquons sans attendre ce qui nous oppresse…
Solidarité avec touTEs les oppriméEs en lutte !
Anonyme (2013)
http://www.zinzinzine.net/je-ne-veux-pas-m-adapter.html
joli témoignage
love
Il me semble que ce texte est bien autre chose qu’un témoignage… ce texte contient diverses propositions, et le voir comme un “témoignage” rend impossible de les entendre (comme à chaque fois qu’on assigne et valorise le statut de témoignage…). ça devient pénible ce truc des “témoignages” valorisés en soi, voire recherchés. Qu’est-ce qu’on fait d’un témoignage ? On l’encadre sur sa cheminée ? On compatit ? On le traite en tant que donnée sociologique ?
Quelle place pour la proposition, l’intervention, l’analyse, et y compris des “premiers concernés” qu’on limite ainsi au statut de “témoin” (ce qui limite toute possibilité d’auto-organisation) ?
T’as un problème avec les muet.tes ?
Je n’ai aucun problème avec les muets ni avec les muettes, j’ai un problème avec le fait de faire taire ou de rendre un énoncé muet en le transformant en simple témoignage, c’est très différent… c’est un peu comme l’invisibilisation.