Dégénérations. entre fierté et victimisme de genre
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Category: Global
Themes: Genre/sexualités
Places: Partout
Je suis anarchiste, je ne suis pas féministe parce que je vois le féminisme comme un repli catégoriel et victimiste ; je n’ai jamais fait des discriminations liées au genre, même si je n’utilise pas de conventions linguistiques dé-genrées, au contraire j’utilise souvent un langage vulgaire et politiquement incorrect. Je pense que, dans la recherche de l’anarchie, c’est à dire dans la pratique de rapports anti-autoritaires, l’annulation des privilégies et des oppressions liés au genre est déjà présente – et elle est à cultiver. Ah, j’oubliais, je déteste la pratique de l’autoconscience en publique et je considère les assemblées comme un instrument sans tranchant. Je comprend les autres et j’ai la volonté de les rencontrer, mais je vois que trop souvent l’assemblée tombe dans une auto-représentation stérile.
Voilà, de ces temps on risque de devoir commencer avec un préambule de ce type, pour entrer dans le guêpier des lieux communs sur le genre et le féminisme, se démêler dans la très emmêlée incapacité à se rapporter aux autres, propre à la galaxie anarchiste, avec un panel de comportements qui va de l’hyper-émotivité au calcul bureaucratique de la position à prendre (et du niveau de compromis à négocier) dans une lutte. Je ne crois pas qu’on puisse combattre des comportements autoritaires et sexistes avec la tentative de diffuser des nouvelles conventions linguistiques et avec le remaniement à la sauce alternative de quelques morceaux de rhétoriques officielle indignée (entre hashtags, listes de féminicides à la télé, prides, chaussures rouges et rubans arc-en-ciel).
Il faudrait plutôt reconnaître tout cela comme des symptômes de l’énième opération de déconstruction de tout sens véritable et de la récupération qui est en cours. C’est à dire que, tout en pensant qu’on s’y oppose, on est de facto en train de se conformer aux codes normatifs et de comportement qui sont donnés par le pouvoir comme des soupapes, afin d’évacuer les tensions.
Ce n’est pas nouveau que le pouvoir économique et politique tende à tout phagocyter et digérer, toujours plus rapidement, comme par exemple dans le cas des perles de néoconservatisme et de conformisme antisexiste, antiraciste etc, qui nous sont élargies jour après jour par les médias.
Je pense qu’un premier malentendu dérive de l’incapacité de situer correctement certains comportements, réduisant à des problèmes de genre ce qui devrait toucher à une critique plus large, anti-autoritaire, des rapports et des capacités de communication et d’interaction entre des individus.
Il faudrait laisser la catégorisation par genre, en mode LGBTI (XYZ…), à ceux qui ont besoin de se sentir partie d’une catégorie protégée, dans des rangements plus semblables à une classification linnéenne des différentes combinaisons entre individus, qu’à des corps et des esprits libres. On se retrouve, par contre, face à des tels rangements dans des milieux anti-autoritaires, qui devraient en avoir déjà intériorisé le refus.
Au passage, je ne crois pas du tout que les prétendus espaces libérés le soient toujours par de vrai ; au contraire, ils deviennent souvent des repaires de différents malaises qui, au lieu d’améliorer la qualité de la vie et des rapports, risquent de les enfoncer encore plus.
Ce n’est pas possible, par exemple, de lire avec la clef interprétative du sexisme, de l’imposition autoritaire ou de la violence de genre toute incapacité à interagir, même lors d’assemblées ; j’ai lu dans une brochure (1) qui a circulé l’année dernière, afin de stigmatiser la violence latente dans les rapports entre compagnons, que « alors le plus vieux exerce le pouvoir sur le plus jeune, celui qui a plus d’expérience s’impose sur celui qui en a moins, le plus fort sur celui qui est moins fort, en récréant ainsi, comme dans un miroir, les relations du monde qu’on dit vouloir subvertir ».
Cette critique voudrait cibler des attitudes autoritaires qui se produisent dans des milieux anti-autoritaires, et elle pourrait avoir du sens, mais banalisée de cette façon elle nivelle tout : il y a une différence essentielle entre imposition de la force et expression de l’expérience… en cas contraire on arrive à cette stupidité qui est l’éloge de l’incapacité et de l’inaction.
Le concept de violence émotive ou de violation de l’intégrité émotionnelle est on ne peut plus flou ; pourquoi favoriser la diffusion de camelote analytique de ce type parmi des individus anti-autoritaires, qui devraient posséder des instruments de critique et des capacités d’intervention concrète bien plus tranchantes ? Cela, en plus, en vidant de sens la brutale violence subie, à laquelle elle est comparée. Comment prétendons-nous nous engager dans un combat sans quartier contre l’autorité et discuter de violence révolutionnaire et libératrice, si on n’arrive même pas à réagir individuellement à un « commentaire non demandé dans la rue » (en le voyant pour ce qu’il est et traitant en conséquence celui qui l’a craché) ou à avoir une discussion acharnée, lors d’une assemblée, sans recourir au prétexte de la sensibilité brisée ? Pourquoi se retrouver à lire la déconcertante et idiote lapalissade qui conseille, pour éviter une IVG non désirée, de faire l’amour avec une femme (2) ? Pourquoi considérer comme une conquête le fait que, par exemple par rapport au genre, l’autodéfense des agressions et des harcèlements soit un « sujet qui concerne seulement des bandes de femmes » ? Ce n’est peut-être pas un problème commun aux genres, entre des êtres libérés ?
Pourquoi ressortir des oubliettes des années 70 les produits les plus frustes, tel les rencontres en non-mixité… même en les appelant work-shop (un mot très moche, qui conjugue travail et magasin, tiré de congrès d’entreprise et non digne de la libre discussion) ?
Je trouve le spectre d’un tel mécanisme réductif et banalisant aussi dans une autre publication récente, l’édition italienne des communiqués de revendication de Rote Zora (3), c’est à dire la volonté de sensibiliser seulement un publique féministe sur un groupe de femmes qui ont pratiqué la lutte armée dans l’Allemagne des années 80 et 90, en insistant sur le choix de genre, très intéressant pour ce qui est de certaines thématiques féministes, comme d’une raison pour ôter l’oubli qui leur est tombé dessus, puisque on ne veut pas « qu’elle rentre dans l’histoire officielle. Elle est écrite par des hommes (4) » Mais… ce ne serait pas que l’histoire officielle tendrait à ne pas parler d’elles parce qu’elles étaient des enragées, pas parce qu’elle étaient des féministes enragées ? Tout comme l’histoire officielle n’affronte pas – ou déforme – l’expérience, les actions, les écrits de nombre d’autres enragées et enragés ? Une vision partielle qui n’est pas celle des Rote Zora, qui ont expérimenté leur parcours de lutte et de libération, individuelle et collective, au sein d’une plus large action anti-impérialiste et anticapitaliste, mais qui appartient à qui essaye de faire d’elles un drapeau pour donner plus de crédibilité et de poids à ses théories, peut-être pour en arriver par la suite à chercher des simples « parcours d’auto-défense ».
Pourquoi se retrancher dans un discours « féministe et lesbien » (5), pourquoi une autre cage protectrice, plutôt que développer la beauté et les infinies suggestions de critiques plus pointues à la domination (pas seulement à la domination de genre) qui ont été expérimentés et qui sont offertes ?
J’ai toujours vu la « sororité » comme une forme d’aliénation qui suggère des alliances politiques transversales entre opprimés et oppresseurs, entre des parties adversaires… des alliances « interclassistes », comme c’est à nouveau à la mode de dire. De ces temps, je suis tombées aussi sur une brochure (6) d’entretiens faits par une féministe italienne à quelques vétéranes de la révolution espagnole de 1936, avec la finalité de chercher une quelque « sororité » entre des femmes anarchistes au front (ou dans les arrières, avec les Mujeres Libres) et des femmes du POUM ou des stalinistes. C’est remarquable que des révolutionnaires anarchistes de presque cent ans soient beaucoup plus lucides et ouvertes, dans la critique aux limites du féminisme, que celle qui les interviewait, imprégnée de lieux communs des années 70 ; avec l’extrême tranquillité d’une vie pleinement vécue, elles arrivaient à expliquer avec simplicité les rapports paritaires entre compagnonnes et compagnons, comment elles arrivaient à tourner en ridicule et à neutraliser les machismes qui émergeaient parmi les plus arriérés et stupides de leurs compagnons. Je veux dire que les pratiques et la contribution théorique de ces femmes sont bien plus avancées dans le parcours de libération de l’individu et de négation des dynamiques d’autorité que celles des féministes qui picorent leurs expériences tout en défendant des simulacres de lutte plutôt que la lutte elle-même.
La nécessité d’autodafés, la « déconstruction de ses privilégies de mâle », la recherche d’espaces de discussion séparés, les pratiques de l’autoconscience et de l’auto-analyse en public me paraissent un peu trop être un signe de ces temps de surexposition et d’approximation, une façon de faire étalage des « luttes » catégorielles et des luttes intérieures pour finir par ne pas lutter du tout.
Anna
MAF de Rebibbia
octobre 2018
Notes :
1. « Violenza di genere in ambienti antiautoritari ed in spazi liberati« , édition italienne traduite depuis l’original espagnol, 2017.
2. « Critica all’aborto« , Jauria, Pubblicazione transfemminista per la liberazione animale, n. 1, estate/autunno 2015.
3. « Rote Zora – guerriglia urbana femminista« , Autoproduzione femminista, 2018.
4. Depuis l’introduction du même livre.
5. Chose que les Rote Zora elles-mêmes ne considéraient pas une caractéristique fondamentale. Dans une interview aux Rote Zora de 1984 : « Certaines parmi nous ont des enfants, beaucoup d’autres non. Certaines sont lesbiennes, d’autres aiment les hommes ». Ibid. p. 51
6. « Donne contro« , Isabella Lorusso, CSA editrice, 2013.
Très bon texte qui mériterait une meilleure traduction…
Ce texte ne passera pas sur indymedia si les modos le lisent.
Je voudrais parler ici des différents sens de la mixité, en particulier mais pas exclusivement de la mixité entre les sexes, et de la non-mixité.
La non-mixité subie
La non-mixité est d’abord une imposition du système patriarcal, qui exclut les femmes par principe, en les considérant comme ne faisant pas partie de la société politique – de jure en France jusqu’en 1945, ou aujourd’hui de facto. Le monde est dirigé par des clubs d’hommes : au niveau international, ONU, OSCE, OTAN, et au niveau national : gouvernements, niveaux décisionnels des administrations, et des armées, comme des ministères correspondant à ces organismes. Clubs d’hommes encore dans la France d’en bas, dans les mairies, les amicales, les innombrables amicales de boulistes, de pêcheurs, de pratiquants de sports nouveaux ou traditionnels ; la chasse par exemple est bien gardée de plus d’un point de vue.
La mixité sans l’égalité
Contre cet accaparement du pouvoir, une idée répandue est que « ça manque de femmes » et que leur présence, la mixité, suffirait à rétablir l’équilibre et à assurer l’égalité. Cette idée appelle deux remarques.
D’abord, la mixité vue par les hommes, ce n’est pas 50 % de femmes, mais à peu près 20 %. À parité, ils se sentent menacés, comme l’a fort bien dit un ministre de la justice M. Dominique Perben, redoutant une « féminisation de la magistrature » – il va sans dire que la féminisation est un mal, ça ne demande même pas d’explication.
Ensuite, la parité numérique comme garante de l’égalité, il n’y a pas d’idée plus fausse. Quel lieu est plus mixte que la famille ? Et pourtant où y a-t-il plus d’inégalité, entre mari et femme, entre parents et enfants ? On objectera qu’une vision égalitaire du mariage gagne. Certes. Mais en attendant que l’idée fasse son chemin, les violences masculines dans le cadre du mariage sont la première cause de mortalité des femmes entre 18 et 44 ans, avant le cancer ou les accidents de la route, au plan mondial. Quant aux enfants, si les pédophiles-assassins – c’est-à-dire les étrangers [1] – en tuent quelques dizaines par an, les parents en tuent plusieurs milliers par an rien qu’en France. Et l’on sait que la hiérarchie n’interdit pas l’intimité, au contraire : il n’y a pas de plus grande intimité qu’entre les maîtres et les esclaves de maison.
La mixité dans les écoles et lycées, telle qu’elle est pratiquée, conduit à la persécution des filles, à l’hyper-sexualisation des conduites des deux sexes, et elle n’évite pas, loin de là, la non-mixité qui se développe en son sein même, les garçons se constituant dès l’école primaire en groupes qui excluent les filles. C’est ainsi que très tôt ils commencent cette pratique de sociabilité mono-sexuée, et on sait que ce sont les réseaux informels de sociabilité qui déterminent en grande partie les carrières dans le monde du travail, où les hommes continuent de se coopter entre eux, tout simplement pourrait-on dire, parce qu’ils n’ont pas de copains-femmes.
Les femmes, exclues, ne souhaitent pas la non-mixité qui leur est imposée : elles souhaitent, comme tous les dominés, se rapprocher du groupe dominant. Elles souhaitent aussi, en général, le convaincre qu’il les traite mal.
Devant l’échec de cette stratégie de persuasion amicale, le mouvement de libération des femmes, en 1970, dans tout le monde occidental, a choisi la non-mixité pendant ses réunions. Mais justement, une non-mixité choisie, et non imposée.
La non-mixité choisie
La pratique de la non-mixité est tout simplement la conséquence de la théorie de l’auto-émancipation. L’auto-émancipation, c’est la lutte par les opprimés pour les opprimés. Cette idée simple, il semble que chaque génération politique doive la redécouvrir. Dans les années 1960, elle a d’abord été redécouverte par le mouvement américain pour les droits civils qui, après deux ans de lutte mixte, a décidé de créer des groupes noirs, fermés aux Blancs. C’était, cela demeure, la condition
– pour que leur expérience de discrimination et d’humiliation puisse se dire, sans crainte de faire de la peine aux bons Blancs ;
– pour que la rancœur puisse s’exprimer – et elle doit s’exprimer ;
– pour que l’admiration que les opprimés, même révoltés, ne peuvent s’empêcher d’avoir pour les dominants – les noirs pour les Blancs, les femmes pour les hommes – ne joue pas pour donner plus de poids aux représentants du groupe dominant.
Car dans les groupes mixtes, Noirs-Blancs ou femmes-hommes, et en général dans les groupes dominés-dominants, c’est la vision dominante du préjudice subi par le groupe dominé qui tend à… dominer. Les opprimés doivent non seulement diriger la lutte contre leur oppression, mais auparavant définir cette oppression elles et eux-mêmes. C’est pourquoi la non-mixité voulue, la non-mixité politique, doit demeurer la pratique de base de toute lutte ; et c’est seulement ainsi que les moments mixtes de la lutte – car il y en a et il faut qu’il y en ait – ne seront pas susceptibles de déraper vers une reconduction douce de la domination.
http://lmsi.net/La-non-mixite-une-necessite
C’est un texte de Nedjib Sidi Moussa sous pseudo qui crache encore sur les victimes de l’oppressions comme sur Radio Libertaire dans l’émission de Raulin ?
https://attaque.noblogs.org/post/2019/03/13/degenerations-entre-fierte-et-victimisme-de-genre/
@ ..: ta proposition est la bienvenue!!
la preuve cet article dont l’auteure ferait bien de lire la réponse des féministes :
Les « mecs de gauche »
https://iaata.info/Les-mecs-de-gauche-3189.html
à barcelonne, meme si les modos ne laissent pas passer des textes locaux sur des purges comme “le mechanisme”, ils ont laissé passer ce texte.
et avec raison, car la bas le débat est arrivé a un autre niveau après le suicide d’un compagnon, Pablo “Vaso”, a qui Kalinov Most à dédié leur 3eme revue, et après la gréve génerale du 8 mars, soutenu par l’Etat dans un contexte pre electoral (le PS a succédé le PP après un impeachement).
http://barcelona.indymedia.org/newswire/display/525387
Aussi la brochure “Contre l’anarcho-liberalisme et la malediction des identity politics” traduite et indroduite en français par ravage et fleurs du artique a été refusé, motif : Apartat amb codi “Un altre”
(PROJECCIÓ OCULTADORA DE LA PRÒPIA IDEOLOGIA: com els feixistes titllant de feixistes els demés / els feixistes intervenint com a antifeixistes # MATEIXOS DISCURSOS de qui anteriorment s’ha dedicat al SABOTATGE)
J’en passe la traduction du catalan et le pourquoi de sa non publication..
le troll ordinaire, limité dans la compréhension de ce débat (comme d’autres), essaie vainement de refourguer du LMSI … misère
Sinon : anarchie + féminisme = possible
Mais quel troll ordinaire? C’est vous qui trollez la compagnonne en taule qui se prononce sur l’autoritarisme etou le victimisme de certaines compagnonnes.
Rester figer la dessus, a part troller, c’est dogmate.
Moi dès la première phrase je sursaute : “je vois le féminisme comme un repli catégoriel et victimiste”. Alors là bon, c’est l’argument habituel de “faut arrêter de se prendre pour des victimes, faut se mettre en puissance”. En fait quand je lit ça, j’ai des relents vomitifs d’écoute de l’émission “Femmes de la ZAD” de la bande à appelos (qui a valu quelques tags sur la MG en représailles). Exactement les mêmes arguments. Et je me demande si on a vraiment affaire à une anarchiste (enfin ptet c’est trop “catégoriel” de s’appeler comme ça aussi?).
Puis après heureusement vient la bonne blague : “je n’ai jamais fait des discriminations liées au genre”. Ah ouf, une personne parfaite. Alors elle doit avoir raison j’imagine.
Après c’est un peu chiant à lire, c’est un peu traduit à la va vite. En tout cas rien de très nouveaux, on dirait qu’en Italie aussi y’a quelques “anars” réactionnaires.
” ils ont laissé passer ce texte. et avec raison, car la bas le débat est arrivé a un autre niveau après le suicide d’un compagnon, Pablo “Vaso”, a qui Kalinov Most à dédié leur 3eme revue”
Je crois pas que des gens hors de l’Espagne soient au courant de ces débats, en tout cas pas moi, tu peux en dire plus ?
Si tu parles du sujet de la morte de Vaso, il y a des gens hors d’espagne qui sont au courant de ce sujet car y’a des gens hors de l’etat espagnol qui le connaissaient.
Mais le débat ne s’agit pas de la mort d’un compagnon -il n’est ni un martyr ni un sujet tertulien – mais sur des façons et groupes organisés et autoritaires qui policent les espaces et les manières au nom d’une cause, le feminisme, contre une idée, l’antiautoritaire et ses propres bases et practiques antipatriarcales. Et je ne croit que ça soit qu’en espagne que ça parle, tu pourras voir au dessus.
Ah, et ne lachez pas votre pré-jugement sur le cas de Vaso depuis vos claviers, car je vous assure que les faits avérés ne sont pas faciles à digérer même pour la plus scum des fems de la mère qui tue. Ceci est surtout dirigé a qui ose foutre ses paroles dans la lettre que la compagnone Ana a sorti depuis la taule et à juger et insulter quelqu’un de positions autoritaires, l’appelisme et la réaction, quand se trouve enfermée pour combattre l’autorité, est à minima, grave et passible de mépris infantilisant. Le dogma tue.
Sans aucun contexte sur le pourquoi et comment de cette mort, il faudrait juste lire cette lettre qui nous ressasse les mêmes vieux poncifs qu’on peut aussi entendre chez les mascus ou les appelos (ben ouais déso mais c’est le cas), et rien dire ? Y’en a combien des mecs qui déconnent et se défendent de cette façon ?
Plutôt que de sortir ce texte comme ça, sans le situer par rapport à un évènement et contexte précis, ça vaudrait ptet le coup d’expliquer un peu plus.
Parce que y’a aussi des anti-autoritaires capables de faire dans le dogme, t’inquiète. Et se définir de cette façon vaccine pas non plus d’un coup de baguette magique de faire de la merde dans ses relations et ses pratiques.
il faut ( FAUT pas faux ) du débat entre révolutionnaires
– halte au dogmatisme
Mise en débat le temps d’avoir un avis collectif.
Regarde, ce n’est pas a moi de t’expliquer pourquoi quelqu’un qui visiblement t’en a peu ou rien a foutre s’est donné la mort à cause de gens avec le même discours morale et pré-jugement que tu fais preuve. Ça se saura par ceux et celles qui ça les dira d’en racconter au plus grand nombre et avec tous les détails que je ne suis pas sur de mettre en publique, de façon virtuelle, vu le peu que je connaissais. Mais je t’assure que si tu t’interesses tu pourras savoir un jour, si tu cherches la verité, mais je ne crois pas que les mots seront adréssés à des gens comme toi- qui ne cherchent des compléments à ses memes positions figées.
Kalinov Most n’a fait que rappeler la mémoire d’un compa, sans préciser ce que s’est passé, surtout pour renforcer ce qu’il a fait et qui il etait et non pas par ce que lui est arrivé. Sans laisser une revue d’analyses de qualité devenir une boule de polémiques.
Quant à Anna Beniamino, à qui tu insistes de mettre ses paroles au niveau de celles des autoritaires car pas la meme perspective antipatriarcale que la votre, elle est incarcéré dans le contexte de l’operation scripta manent, que tes yeux pourront avoir lu quelque part, mais que ta solidarité n’a pas montré d’interet car probablement trop occupée à lire la president du PC yankee Angela Davis et chercher des malpensants et maladroits dans ton millieu pour purger.
Malheureusement, l’aura de Parti (pris) et d’agissements autoritaires de certains (pas tous) groupes feministes est beaucoup plus inteligible auprès des appelos que des anarchistes. Et la preuve est bien à nantes, comme dans des autres villes, l'”alliance” (un trait de langage commun) entre des groupes feministes et appelos n’est pas un secret.
Pour “contextualiser” la lettre d’ Anna et pourquoi elle écrit depuis une taule:
https://attaque.noblogs.org/post/2018/04/02/a-chacun-sa-verite/
J’essaye de clarifier sans trop te troller, mais merde ça donne envie de derrailler. Ça descend vraiment tres bas comme reflexion et interventions, j’espere que tu te rends compte.
Le sexisme, ou le patriarcat, sont des systèmes. En cela, ils s’appliquent à tou.te.s : femmes (cis ou non) et hommes (cis ou non). Il influence nos identités, nos comportements, nos sexualités. Il agit dans l’éducation de tous et de toutes, dans nos représentations, dans nos imaginaires. Cependant, force est de constater que l’on n’a généralement pas le même vécu selon le genre dans lequel on évolue. En tant que meuf, on nous a toujours – ou très souvent – appris à ne pas faire trop de bruit, pas trop gueuler quand on en avait envie, parce que une fille ça gueule pas : une fille c’est bien souvent ramené à la séduction, à la douceur ; c’est pas classe une gueularde, c’est pas séduisant, et puis on t’a pas demandé de t’affirmer, on t’a demandé d’être sympa et souriante parce que l’agressivité ou la colère c’est pour les garçons virils. On a même intégré qu’il fallait pas trop gueuler si on se fait agresser ou violer, parce que ce qu’il risque de se passer c’est qu’on va nous culpabiliser/décrédibiliser. On a appris (et c’est parfois long de désapprendre) à avoir peur dans la rue une fois la nuit tombée (“tu vas quand même pas rentrer toute seule à cette heure ci ?”), parce que nous sommes censées être vulnérables aux attaques potentielles d’agresseurs/violeurs de toutes formes.
On a appris, toutes seules cette fois, à se blinder face aux multiples réflexions/agressions physiques ou verbales qu’on peut se manger dans l’espace public, professionnel, ou même privé, du “t’es bonne, salope” au “j’ai accepté votre CV parce que vous étiez vraiment mignonne” à la réflexion de tonton Bernard sur ton physique de fâme qui enchante le dimanche en famille. L’espace public, politique, économique, médiatique appartient aux hommes. La visibilité et la parole leur reviennent de droit depuis très longtemps, et c’est seulement à coups de luttes que l’on a pu octroyer plus de place aux personnes qui ne jouissent pas du privilège masculin hétérosexuel.
En fait, on pourrait énumérer beaucoup de conséquences du privilège masculin sur le vécu des meufs, partager beaucoup d’expériences qui concordent sur le fait, que oui, il y a bien un système qui encourage la domination d’une norme de genre sur une autre. Que l’éducation des mecs les conduit beaucoup plus facilement à prendre de la place et de la voix dans l’espace. Et le milieu militant antiautoritaire, anticapitaliste, autonome n’en est pas dispensé.
Parce que oui, l’homme cis hétérosexuel ET blanc correspond à la norme privilégiée, qu’il soit pro-féministe, militant autonome n’y change rien. Plusieurs textes ont déjà circulé sur le fait que le milieu autonome/militant n’échappe pas non plus aux comportements machistes et violents. Sûrement peu d’entre nous seront passé.es à côté du “Allez tous vous pendre, vous nous rendrez service” assez édifiant sur les agissements de certains au sein du middle toto. Et si vous pensez qu’autour de vous ce n’est certainement pas le cas, si vous pensez que vous et vos ami.e.s êtes totalement exempts de comportements dominants, et bien réfléchissez-y à deux fois.
Du coup, au sein d’une AG de lutte, le fait que majoritairement quelques mecs (hétéros cis, déso) prennent systématiquement la parole n’est pas anodin. L’idée, c’est que le sexisme n’est pas LA seule oppression qui nous traverse. Certain.es disposent de plus de ressources symboliques que d’autres : parcours militants, lectures, expériences, connexions inter-personnelles avec d’autres membres de l’AG. L’assemblée de lutte est constituée majoritairement de personnes blanches, non-racisées, qui donc n’ont jamais subi l’oppression raciste, et rentrent dans la norme blanche du système néo-colonial dans lequel nous vivons tous.tes. Du coup, quand tu as tes potes autour de toi en AG, que ça fait longtemps que tu milites, que tu es habitué aux pratiques virilistes en manifs ou actions, et que tu es un mec blanc cis hétérosexuel : bingo, tu gagnes la palme du privilège et de l’aisance pour t’exprimer au sein d’une AG de lutte.
Ceci posé, il n’est donc pas étonnant que beaucoup de personnes aient demandé à se diviser en commissions pour avoir plus de facilités à parler, que les discussions en plénières peinent à décoller, que les débats de fond aient du mal à être abordés. Et dans la mesure même où nous serions dans un cadre parfaitement safe – ce qui n’est pas le cas, cf l’article cité au-dessus – mettre en place des actions entre concerné.e.s comporte une indéniable force. L’empowerment [1], ça vous parle ?
Il semble nécessaire d’avoir une réflexivité sur ce qu’il se passe dans cette assemblée, de prendre conscience du fait que si certain.es ont du mal à communiquer ce n’est pas seulement par timidité ou raisons personnelles : une meuf/trans/minorisé.es sexuelle qui va avoir du mal à s’exprimer publiquement, à porter des débats, c’est aussi (surtout ?) systémique.
Mis à part les tracts “Femmes et loi Travail”, la question du genre a été très peu abordée au sein de cette AG. Pourtant, si on veut renverser le système et qu’on s’applique à détruire les oppressions, il aurait été nécessaire de penser à s’attaquer radicalement à l’oppression sexiste, pilier du système politique, économique, de l’État capitaliste et policier. Aucune action féministe par des meufs ou alliés n’a été envisagé avant, et celle qui a été pensée n’était qu’une continuité de ce que les nanas du Planning Familial 31 avaient déjà initié, et après qu’il y ait eu des inculpés à Rennes. En fait, il semble que pas grand monde de l’AG de lutte n’ait ressenti l’urgence de dénoncer le sexisme et de le combattre collectivement, avant de reprendre cette action. Bien évidemment , tout le monde est censé être allié, être contre le patriarcat. Il faut donc admettre qu’une AG de lutte, aussi volontairement horizontale soit-elle, est traversée par différents facteurs de dominations, et il est primordial que chacun.e sache se situer selon sa position et ses privilèges. Cela pour avoir une critique de ses propres pratiques, en AG, en manif, chez soi.
Se dire féministe en tant qu’homme, c’est bien. Prendre conscience de ses privilèges, et les combattre, aussi laborieux et irritant que ça puisse être, c’est mieux.
Cela implique d’accepter que si quelqu’un te dit« je ne me sens pas apte à parler/agir dans ce contexte », c’est qu’il/elle le ressent et que ça EXISTE. Que tu ne peux pas l’ignorer.
Cela implique aussi de ne pas mépriser les catégories d’oppression (et leurs appellations) qui ne “valent” pas celle de l’oppression capitaliste (et donc ici la seule par laquelle on peut se sentir concerné en tant que mec blanc cis). C’est facile et ça permet de ne jamais se remettre en question. Si combattre le capitalisme empêche de s’attaquer en parallèle aux oppressions de genre, de race, alors il y a clairement un problème.
“De ne pas expliquer à une militante féministe qu’elle s’y prend mal, qu’elle a tout faux, et que vous, vous savez comment vous y prendre. C’est insultant, complètement déplacé et cela contribue, in fine, à l’oppression. Le féminisme est la lutte contre l’oppression spécifique que subissent les femmes et pour l’égalité. Si vous êtes un homme, a fortiori non féministe, une militante féministe est deux fois mieux placée que vous pour savoir ce qu’est le sexisme et comment lutter contre lui.” [2] En fait, il arrive régulièrement aux dominé.e.s d’être exclu.e.s d’espaces ou de pratiques. Ça fait relativement peu de bruit. Mais lorsque des dominants sont touchés on les entend énormément, d’où un flot de réactions et/ou demandes de justification. “Essayez d’y réfléchir avant d’engager un débat sur les modes d’action qu’elle a choisis.” [3]
Il serait réellement triste que la potentialité d’organiser des actions non mixtes soit envisagée comme une division de l’AG de lutte – certain.e.s ont au contraire pensé qu’il s’agissait d’une occasion de porter un message politique de plus, radical, déterminé, etc. Si la réflexivité doit aussi être portée sur la manière dont la possibilité d’une action non mixte a été amenée, le fait que nombreux.ses. soient celleux qui y aient adhéré invite à se poser la question de la présence (ou du manque de présence) des problématiques féministes au sein de l’AG.
Des meufs anticapitalistes, féministes, antiracistes, le tout sans hiérarchie.
https://iaata.info/A-propos-de-dominations-de-systeme-patriarcal-et-de-non-mixite-1429.html
C’est genial comme Anna, dans une perspective antiautoritaire, simplement ravage ce dernier texte paragraphe par paragraphe, probablement sans l’avoir lu.