Finkielkraut et le traitement par les médias des injures dont il a été victime démontrent la justesse et la pertinence de l’analyse de Jean Salmon :

Entre rumeurs et insultes, le triomphe du “clash

 

L’antisémitisme est une plaie, un intégrisme, le sommet de la conneriela synthèse ultime de la détestation et de l’ignorance de l’altérité, du rejet et du mépris de l’autre.

Il y a une tendance lourde que semblent favoriser la net-économie et la start-up nation. La connerie crasse des post-adolescents attardés dans le scandale journalistique LOL relève d’une même défaillance intellectuelle qui démontre que le diplôme ne prévient pas de la bêtise et de la brutalité. LOL est déplorable, au-delà de l’ineptie sexiste, en interpellant sur la valeur des études ainsi réduites à une forme de snobisme de la vulgarité.

 

Cette même presse consensuelle qui s’émeut de l’antisémitisme colporte les déclarations de la responsable de l’extrême-droite qui accuse la gauche ! Le Figaro  ignore sciemment les enquêtes de Marine Turchi sur l’antisémitisme de l’extrême-droite (ou la droite, du fait de sa banalisation ?). Immaturité post-adolescente, aussi ? Malgré l’histoire ?

Le mépris récurrent des propos présidentiels à l’égard des Français et sa condescendance interrogent pareillement sur cette immaturité post-adolescente et la facilité à verser dans une logique de harceleur comme l’illustrent les mutilations qu’infligent Castaner et Macron et qu’ils prétendent ne pas voir ; à la différence des Nations-Unies et de l’Union européenne qui les condamnent !

 

L’extrême-droite serait très présente dans la police et la gendarmerie. En parle-t-on souvent dans la presse ? Non.

En revanche, c’est quasiment systématique et quotidien à propos des gilets jaunes où le phénomène est marginalement présent, car, selon les chiffres même de la police publiés par le Canard, l’extrême-droite à Paris représente 300 personnes.

Qui, sinon Macron, ” Le candidat des médias – Le Monde diplomatique “, a introduit dans le grand débat, la question de l’identité nationale qui n’avait jamais été évoquée avant ?

Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage. Par la multiplicité de ses propos déplaisants, Macron montre qu’il n’aime pas les Français. Il n’aime que les riches, dont l’histoire montre la proximité avec l’extrême-droite.

 

Le cynisme de Macron est allé jusqu’à rouvrir la boîte de Pandore pour détourner l’attention de l’opinion des questions de fond que soulèvent les gilets jaunes : l’inconformité de l’organisation actuelle des pouvoirs et des institutions publics français avec un Etat de droit démocratique moderne, soulevant notamment l’archaïsme de la fonction présidentielle (déjà dénoncée ne son temps par Proudhon) et sa nécessité à la supprimer.

Macron a donc ainsi pris le risque de réveiller le racisme et l’antisémitisme – il l’a en tous les cas favorisé – pour se maintenir au pouvoir par la force, derrière une mobilisation continue de policiers et gendarmes en armes, mutilant un nombre considérable de concitoyens dénonçant la régression sociale et l’injustice fiscale que LREM favorise.

Dans le buzz qu’elle organise autour de l’agression de Finkielkraut, au-delà du jeux intellectuel confus du philosophe, la presse oublie la responsabilité directe du président dans cette haine et ce mépris de l’autre.

 

Comment s’étonner d’une aussi grande visibilité de l’extrême-droite quand la répression du gouvernement fait tout pour la favoriser ?

La violence policière disproportionnée la répression judiciaire qui la couvre apeurent les participants et les dissuadent de continuer à exprimer publiquement la contestation du pouvoir.

Les commerçants se plaignent ; mais aucun sondage n’est fait pour savoir si la clientèle ne fuit pas d’abord et avant tout le risque d’être éborgnée, mutilée, matraquée, gazée et prise en nasse pour être ensuite maintenue en garde à vue pendant 48 heures ?

En se fiant des propos entendus au quotidiens, est tout aussi pertinent de dire que c’est Macron, par son refus de rétablir l’ISF et d’engager une réforme des institutions, et Castaner, par son maintien de l’ordre inconventionnel, qui dissuadent bien plus les consommateurs que les gilets jaunes.

Qui va prendre le risque d’être mis en danger pour s’acheter quelque chose dont il découvre en plus qu’il peut s’en passer ?

La perte des chiffres d’affaires sont donc plus à opposer à une psychorigidité immature du pouvoir qui met indécemment en compétition la misère des uns avec celle des autres :

La fragilité des petits commerçants avec la fragilité des salariés, la fragilité des 3/4 des Français vivant avec moins de 1500 euros par mois avec la fragilité des migrants qui fuient la mort et ont tout abandonné, …

Une telle compétition révèle, chez ceux qui la soutiennent, soit une grave ineptie, soit une certaine insanité d’esprit et un cynisme abject qui excluent la bonne foi.

 

Cette stratégie de dissuasion et d’assèchement du mouvement des gilets jaunes produit donc l’effet recherché ; c’est-à-dire faire fuir la participation populaire et favoriser la surreprésentation des fascistes, ce qui permet au pouvoir de le disqualifier, sans répondre au malaise sur le fond d’une très grande majorité de la population.

 

Après François Berléand, supporter de Macron, qui a tenté de contribuer à la disqualification du mouvement des gilets jaunes – auquel participe les intermittents du spectacle qrâce auxquels l’acteur peut travailler et s’enrichir – voilà Alain Finkielkraut qui se plaint à juste titre de l’antisémitisme mais qui favorise la propagande dont se délecte L’extrême-droite (“en même temps”).

Il y a eu Nuit debout est resté sans réponse.

Hollande et Valls ont mis couvercle sur la marmite, mais celle-ci explose à nouveau avec les gilets jaunes.

Réduire ce mouvement à un rassemblement de fachos n’est qu’une stratégie à très court terme, car, même si elle vise manifestement à remettre le couvercle sur la marmite – et y parvient (comme l’anticipe clairement une majorité des titres qui annoncent tous les week-end une baisse de la participation – même quand ce n’est pas vrai) – ce couvercle se resoulèvera puisque le problème n’est pas abordé comme demandé.

Il se resoulèvera avec d’autant plus de violence que le mouvement – quelque sera son nom – aura en mémoire le mépris et la violence avec lesquels il a été maltraité à deux reprises déjà dans un temps très court.

Il y a donc une très grande irresponsabilité politique du pouvoir à mépriser – comme à son habitude – les gens et les causes prévisibles de leur mécontentement : l’abandon à gérer seuls leurs difficultés et leurs souffrances. La disproportion inadmissible entre la faiblesse de la rétribution du travail sur la prodigalité dont bénéficie les actionnaires qui jouissent d’une grande mansuétude du pouvoir ne font qu’amplifier la douleur et augmenter le ressentiment.

 

Les irresponsables des “clash” ou des “buzz” sont donc bien plus sûrement Macron et Finkielkraut qui entretiennent un discours équivoque et se plaignent de ses conséquences, en donnant eux-mêmes de l’importance aux éléments de langage de l’extrême-droite.

La violence politique n’est pas dans la foule, chez les gens ; elle est au pouvoir, comme le démontrent les centaines – ou peut-être même les milliers – de blessés de la répression, le discours officiel de stigmatisation et de culpabilisation des faibles et la mansuétude pour les abus des puissants. S’il y a un mouvement qui se radicalise, c’est le néolibéralisme qui est au pouvoir, pas ceux qui tentent de résister à son oppression.

Il faut cesser d’inverser les rôles. Sont d’abord responsables les politiques. A moins qu’il soient incompétents. Mais qu’ils partent d’eux-mêmes alors. A moins qu’ils soient tellement irresponsables qu’ils ne se rendent pas compte de la nécessité à le faire.

Incohérence majeure qui finit d’interroger sur l’importance du syndrome de post adolescence en politique – au-delà de l’affaire Benalla  (remake de  l’Opération corned beef ?) – celle du  comportement contradictoire du président. Il refuse d’accueillir des gilets jaunes pour débattre et entendre leurs doléances, mais organise ‘”un grand débat” qui se réduit à un monologue prétentieux et verbeux de plusieurs heures, dont les étudiants belges se sont rendus compte de la superficialité du personnage en une seule réunion :

“Un beau parleur”, “pire que les 24h vélo “: Emmanuel Macron à Louvain-la-Neuve

Les directeurs de la presse française n’ont pas fait leurs études en Belgique et on se rapproche du printemps, qui promet un retour du beau temps pour les manifestants.