Venezuela : face aux mensonges frauduleux
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Catégorie : Global
Thèmes : Anti-répressionContrôle socialElectionsRépression
Lieux : Venezuela
PAR RÉDACTION DE “EL LIBERTARIO” • LE 2 FÉVRIER 2019
VENEZUELA : FACE AUX MENSONGES FRAUDULEUX
Alfredo González de la FAI ibérique a demandé à la rédaction de El Libertario un article sur la situation actuelle. Il va être publié dans le prochain Tierra y Libertad. Alfredo me le transmet aujourd’hui, au cours d’un échange sur nos Éditions fédérales respectives, au cas où cela nous intéresserait pour le ML. Trop tard pour le ML de février, le voici pour le ML en ligne.
Nos lecteurs sont certainement familiarisés avec les approches de la situation vénézuélienne que les camps étatiques en lice ont promues et c’est justement eux et leur fond de commerce mensonger que nous visons ici, en essayant de rendre clair un panorama que l’on a fait tant d’efforts opiniâtres pour brouiller. D’un côté, les tenants du capitalisme libéral et leurs bouffonneries politiques de démocratie représentative électoraliste, présentent le désastre vénézuélien comme le résultat inévitable de toute recherche d’alternatives à leurs recettes économiques et politiques, de l’autre côté, l’on trouve les chantres du capitalisme d’État et leur socialisme autoritaire caricatural. Les deux camps cherchent à tout prix aussi bien à se reconnaître mutuellement comme les seules options valables de lecture et des feuilles de route pour la société vénézuélienne qu’à dissimuler leurs similitudes frappantes lorsqu’il s’agit de définir et de mettre en oeuvre les stratégies d’oppression et d’exploitation au service de l’État et du Capital imposées à la collectivité.
Relever l’identité fondamentale de vues entre ces deux interprétations dont l’une se dit « démocratique » et l’autre « de gauche socialiste » déplaira à ceux qui adhèrent à l’une ou à l’autre mais, au journal El Libertario, nous n’avons eu de cesse de présenter des preuves catégoriques qui le démontrent, et ce depuis de nombreuses années. Ainsi, par exemple, les uns et les autres jacassent sur l’anticapitalisme comme étant à la base de la définition du régime bolivarien : il suffit de rappeler que les gouvernements de Chavez et de Maduro ont répondu à des invitations répétées et conclu des accords avec le capital international pour l’associer au développement du modèle d’exploitation et d’extraction des ressources naturelles du Venezuela, une politique qui mène, avec la proposition officielle d’exploitation de l’Arc Minier de l’Orénoque, à la soumission et la reddition écocide totale, avec le soutien muet de cette opposition parlementaire qui crie haut et fort sur d’autres sujets mais qui, de part son approbation tacite, laisse entendre clairement que si elle arrivait au pouvoir, elle ne modifierait pas ce modèle de pillage et de spoliation.
Un autre terrain de convergence consiste à passer sous silence la nature militariste du régime chaviste, une caractéristique de la première heure qui s’est renforcée au fil des ans. Maintenant, en particulier, alors que l’on négocie avec les militaires l’abandon de leur soutien à Maduro, on leur offre une impunité (sous couvert “d’amnistie”) pour toute l’étendue de leur responsabilité dans les abus et la corruption caractéristiques d’un régime dont ils ont été le soutien déterminant. Les deux interprétations dominantes de la crise nationale se donnent beaucoup de mal pour contourner le fait que, depuis son accession à la présidence, Chavez a donné la priorité à la présence militaire dans les divers exercices du gouvernement, du jamais vu au Venezuela depuis la dictature militaire des années 50. Cette domination de l’armée n’a fait que s’accentuer le long de son mandat et s’est même renforcée à partir de 2013 avec Nicolas Maduro, atteignant une telle prééminence qu’elle a été l’un des traits dictatoriaux les plus marqués de ce régime. Avec la “transition” qui a été proclamée, on devine que l’état d’esprit de la claque politique prête à occuper le pouvoir étatique, est à laisser l’élite militaire la part la plus juteuse du butin dont ils ont profité ces dernières décennies : « socialistes » aussi bien que « démocrates » cèdent donc face à la funeste réalité du chantage militariste qui s’impose et grandit au Venezuela en ce XXI siècle.
Ingérence de pouvoirs externes : vu, pas vu.
Les porte-drapeaux de l’un et l’autre camp râleront arguant que nous sommes en train de laisser de côté un aspect essentiel de l’affrontement acharné qui les oppose, leur dénonciation tonitruante de la bande rivale comme valet des intérêts étrangers. Pour l’opposition de droite et social-démocrate, la méchante ombre étrangère est en premier lieu la dictature cubaine, qui n’a pas seulement été un parasite du revenu pétrolier vénézuélien jusqu’à il y a peu florissant mais aussi un facteur décisif pour imposer un modèle autoritaire qui essaye de marcher dans les pas de celui de La Havane ; puis on nomme la Chine, qui gravite de plus en plus en tant que financier et créancier du gouvernement vénézuélien, et la Russie, avec un poids économique moindre mais un soutien politico-militaire conséquent ; on cite aussi la présence, désormais en déclin comme les recette pétrolières qui l’alimentaient, de gouvernements qui profitaient au plan économique et politique de leurs relations avec l’État vénézuélien, ce qui est également vrai pour des groupes paraétatiques comme la guérilla colombienne, auparavant les FARC et à présent l’ELN. Pour les chavistes, la “Bête Noire” extérieure, par excellence, est l’impérialisme des États-Unis, qui sous la houlette de l’abominable Trump, joue ce rôle à merveille selon les canons de la propagande de la gauche marxiste. Après on trouverait toute la troupe de laquais, valets et associés de moindre importance des yankees.
Il est curieux de constater que, pour une bonne part, les deux angles de vue se nourrissent de faits avérés et vérifiables, face auxquels le camp adverse déploie de gros efforts pour faire la sourde oreille, de sorte, par exemple, que la présence, impossible à dissimuler voire ostentatoire, de fonctionnaires cubains dans des installations militaires et de sécurité de l’État, semble une donnée invisible pour les uns, les autres ayant une attitude similaire quand ils ne voient pas les accord de type usurier que le Gouvernement de Maduro a conclu avec la banque internationale, volonté d’ignorance pour laquelle, par ailleurs et une nouvelle fois, trouve un accord discret avec leurs « ennemis jurés »
Rédaction El Libertario
(Traduction Monica Jornet, Editions du Monde Libertaire)
El Libertario http://periodicoellibertario.blogspot.com
C’est plus que répétitif : déjà, au moment de la guerre en Libye, Le Monde libertaire s’était fendu d’un édito applaudissant à l’intervention de la France dans un magnifique élan lyrique qui nous ferait croire à la convergence de Sarkozy avec Durruti, et de BHL avec les Brigades internationales. Une des réponses :
Une frappe éditoriale
Les événements en cours en Libye nous ont valu de découvrir un très surprenant éditorial dans « Le Monde libertaire » n° 1628 du 24 mars 2011.
Si cet éditorial vous a échappé, vous le trouverez reproduit ci-dessous, ainsi que la réponse indirecte qu’il m’a inspirée.
EDITO DU « MONDE LIBERTAIRE »
Ça y est, les « démocraties » de notre bas monde se sont enfin décidées à intervenir en Libye. Jeudi 17, l’ONU a donné son feu vert pour l’organisation de frappes militaires contre les troupes de Khadafi. Les grands chefs de ce monde n’auront donc pas tout à fait rejoué le scénario de 1936 et abandonné un peuple en révolte contre un régime sanguinaire. Bien qu’antimilitaristes forcenés, nous ne pouvons que nous satisfaire, dans l’immédiat, de cette décision de la communauté internationale. Le contraire relèverait d’un purisme idéologique assurément bourgeois, complètement déconnecté des réalités quotidiennes. Quand un peuple se fait trucider tous les jours, une intervention militaire qu’il requiert contre son assassin lui sera toujours plus salutaire qu’une brochure ou un discours antimilitariste. Mais, évidemment, ne nous privons pas d’alerter le peuple libyen et de le mettre en garde – si besoin – contre la récupération et la confiscation de sa révolution politique par ces mêmes « démocraties » qui l’auront éventuellement libéré, en quelques frappes aériennes, des troupes de son tyran. Cette intervention ne saurait conférer en aucun cas aux gouvernements occidentaux un droit d’ingérence dans les affaires libyennes. Et elle ne doit pas non plus pousser les révolutionnaires libyens à adopter le régime politique et économique portés par les pays responsables de cette intervention. Espérons donc que la révolution suivra son cours et qu’elle saura s’opposer aux velléités interventionnistes des démocraties occidentales qui, ne nous leurrons pas, envisagent déjà de façonner à leur manière la nouvelle Libye pour la rendre conforme à leurs intérêts. De notre côté, vous pouvez compter sur nous autres, pauvres bougres que nous sommes, pour que les puissants qui nous dominent n’aillent pas jusqu’au bout de leurs ambitions « néocoloniales ». Salut à vous, force et courage !
Réponse : L’EDITO QUI TUE !
Impatient d’en découdre mais frustré par une révolution qui, ici, tarde à venir, l’auteur de l’éditorial du Monde libertaire paru le 24 mars a revêtu sa tenue de combat pour venir en aide à sa manière aux insurgés libyens. Sans doute lassé de devoir encore et toujours côtoyer, au sein du mouvement anarchiste, de désolants militants imprégnés de pacifisme capitulard, ce farouche guerrier par procuration s’est installé virtuellement sur le siège de copilote d’un bombardier occidental pour lâcher sur les lecteurs de cet hebdomadaire ses arguments conquérants, lourds comme une prose d’adjudant-chef.
« Ça y est », « enfin », ne peut-il s’empêcher d’écrire dès les première et deuxième lignes de son petit devoir, avec un soulagement tout bernard-henri-léviste, en évoquant la décision de l’ONU d’autoriser les frappes aériennes en Libye. Le reste de l’éditorial, comme certains avions de combat, fait du rase-mottes au côté des Rafale, Mirage et autres Awacs de la coalition, atteignant au passage les seules cibles à sa portée : les antimilitaristes et leurs brochures et discours inefficaces. C’est méprisant, cynique. C’est consternant !
Ravi, donc, que le coûteux arsenal militaire des pays démocratiques serve « enfin » à quelque chose, l’auteur de cet éditorial tente d’ailleurs, à l’aide d’une pitoyable pirouette, d’atténuer l’aspect évidemment choquant de sa position en donnant naissance à un concept novateur : l’antimilitarisme guerrier. Cela donne cette phrase sublime, qui méritera de figurer en bonne place dans un florilège de la bêtise et du jésuitisme : « Bien qu’antimilitaristes forcenés, nous ne pouvons que nous satisfaire, dans l’immédiat, de cette décision de la communauté internationale. » Autrement dit : « Bien qu’ayant quelques solides principes, cela ne doit surtout pas nous empêcher de nous asseoir dessus à la première occasion. »
[Vous aurez noté, par ailleurs, le terme « forcenés », qui laisse entrevoir à la fois le degré de souffrance intime que ce va-t-en-guerre malgré lui doit endurer en approuvant les bombardements, et le niveau de satisfaction belliqueuse qu’il aurait pu atteindre si son antimilitarisme avait été simplement ordinaire.]
Oublié car ringard, donc, le discours sur l’industrie de mort et ses ruineuses et mortelles saloperies, modernes en diable, elles, pas comme ces pamphlets antimilitaristes poussiéreux ! Rien, pour cause d’inefficacité pacifiste chronique, sur ce commerce sordide et florissant avec les dictatures du monde entier, qui permet de museler des millions d’individus. Pas un mot, sans doute pour éviter toute atteinte au moral des armées, sur cet arsenal militaire de Khadafi que détruisent aujourd’hui ceux-là mêmes qui le lui ont vendu, du temps pas si lointain de leur amitié. Silence éditorial sur le commandement suprême d’une guerre confié à un Prix Nobel de la paix…
Au lieu de ça, il nous faudrait croire que la motivation première de la coalition dans cette intervention musclée repose sur une inquiétude angoissée des dirigeants occidentaux pour les populations de l’Est libyen. On attendait une réflexion censée, au moins une ébauche d’analyse raisonnée de l’événement, et c’est BHL qui s’invite en bonne place dans les colonnes du Monde libertaire. Après l’ « antimilitarisme guerrier », voici donc les « bombardements humanitaires ». Et quand l’heure du combat a sonné, il en va des éditoriaux comme d’une cour de caserne : on ne s’y pose plus de questions ! Comme celle-ci, très primaire, je le reconnais, eu égard à la philosophie haut de gamme de l’éditorialiste : pourquoi la Libye, et pas le Soudan, la Tchétchénie, le Tibet, la Syrie, la Biélorussie, la Birmanie, la Thaïlande, la Chine, entre autres, autant de pays où toute contestation massive se termine en massacre ?
On passera sur le parallèle qu’ose entreprendre le spécialiste des questions militaires du Monde libertaire, devenu historien, avec l’Espagne de 1936, tant l’on parvient là à des sommets de ridicule, plus élevés que la hauteur atteinte par les avions de guerre « libérateurs » des curieuses brigades internationales de l’OTAN au-dessus de la Libye. Il y a bien du rouge et du noir dans le drapeau qu’arborent les insurgés, mais il est celui de l’ancienne monarchie cyrénaïque renversée par le coup d’Etat khadafiste de 1969. Les révoltés libyens ne souhaitent sans doute pas tous le retour de la couronne, mais ce choix est tout de même symboliquement lourd. Nous n’avons pas le souvenir, par ailleurs, que les antifranquistes – et en premier lieu les anarchistes espagnols – aient réclamé l’intervention armée des démocraties européennes.
Dans sa fulgurante lucidité, le baroudeur à distance entrevoit tout de même la possibilité que les « démocraties » occidentales ne jouent pas les gros bras dans un but totalement désintéressé, mais avec certaines arrière-pensées pour la période d’après-tuerie. [Vous aurez noté les guillemets à « démocraties », qui montrent que ce pertinent observateur du monde n’est pas dupe.] Aussi prend-il bien soin de les mettre en garde. [A partir de là, ce n’est plus BHL, c’est Jean-Claude Vandamme !] Car si elles s’imaginent, ces « démocraties », pouvoir tirer profit de la situation auprès des successeurs du tyran, elles se trompent ! D’abord, elles n’en ont pas le droit, il l’écrit sans même une pointe d’humour, et surtout ce serait sans compter sur les troupes de la Fédération anarchiste, qui ne permettront pas cette infâmie (« Vous pouvez compter sur nous… »). A ce stade, il est regrettable qu’il ne nous dise pas où en est son extrême vigilance concernant l’éventuelle confiscation des « révolutions » tunisienne et égyptienne par les politiciens professionnels de là-bas.
Dans un journal d’opinion, l’éditorial est censé fournir le sentiment général partagé par les adhérents de l’organisation dont il est l’organe. C’est donc avec effarement qu’on découvre cette prose en uniforme dans le journal de la Fédération anarchiste. Car il serait tout de même surprenant, j’ose l’espérer, que le point de vue développé ici soit largement répandu parmi les adhérents de cette organisation. S’il s’en trouve pour être séduits, même momentanément, par le charme discret des porte-avions et autres engins de mort, il était à la rigueur possible de reléguer cet article en tenue treillis en page intérieure, signé par son auteur, plutôt que de l’élever au rang d’éditorial.
Mais il y a plus grave. Non content d’imposer à tous cette position belliqueuse qui fera date dans l’histoire du journal, tout point de vue divergent ou contraire se voit dans le même temps caricaturé lamentablement, flingué par l’éditorialiste embusqué. Les réfractaires au lâcher de missiles, selon un procédé utilisé jusqu’à la nausée par des générations de staliniens, se voient d’emblée discrédités, placés illico par le Georges Marchais du drapeau noir au rang de « puristes assurément bourgeois déconnectés des réalités ». Pourquoi pas d’« anarchistes allemands », tant qu’on y est ? Bien qu’il ne soit pas le premier, loin de là, à user de telles méthodes, on demeure à chaque fois attendris par la découverte, sous une plume libertaire, de cette ouverture d’esprit et de cette bienveillante tolérance que n’aurait pas reniées un militant maoïste pro-albanais des années 60.
Ceux qui espèrent d’une publication libertaire qu’elle leur offre une analyse réfléchie des événements survenus dans le monde arabe depuis trois mois, débarrassée des postures bouffonnes, devront encore patienter, attendre que cet éditorialiste de préau d’école ait fini de pulvériser les chars ennemis sur sa console vidéo.
https://florealanar.wordpress.com/2011/03/31/une-frappe-editoriale/
C’est le retour des trolls qui utilisent les commentaires comme un foirum pour s’empoigner, alors on a caché des commentaires et passé leur modération en mode à priori.
Imiter un joueur de tennis connu pour pilonner son adversaire n’est pas constructif.. Ben oui Maduro est un vrai populiste qui s’appuie sur une frange trés pauvre qui lui sert de clientèle et de troupes de choc face à une bourgeoisie post coloniale cache sexe des USA et de L’UE. L’alternative libertaire n’est pas au programme, c’est le moins qu’on puisse dire. Si on regarde Morales, premier président indien de Bolivie et même d’Amérique latine, refiler à un post fasciste italien César Battisti, c’est pas facile non plus à avaler sinon dire que la révolution est pas pour demain. Donc vaut mieux proposer une lecture plus sagace que defoncer le mec qui tente un état des lieux sans soutenir un des camps…