Acte ix à nantes : massif et déterminé
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Exclusion/précarité/chômageGilets jaunesLuttes salariales
Lieux : Nantes
Mais on ne gouverne pas sur un bidon d’essence en jouant avec des allumettes. L’acte 9, du 12 janvier, est marqué par une augmentation considérable du nombre de manifestants, mais aussi de la détermination générale. A Nantes, c’est probablement la plus grosse manifestation depuis le début du mouvement, avec autour de 8 000 personnes dans les rues. La répression, pourtant déjà très élevée, est elle aussi sans précédente.
A 13H, des centaines de personnes se massent Place Bretagne. Une chorale chante « Bellaciao », pendant que des dizaines de casques jaunes sont distribués dans la foule. Une heure plus tard, le cortège ne cesse de gonfler. Plusieurs milliers de personnes avancent derrière une banderole sans équivoque : « Boxons Macron ». Première halte. Des boucliers sont distribués depuis un balcon par deux Gilets Jaunes, sous les acclamations. La manifestation prend la direction de la Place Aristide Briand : où se trouve un hôtel de luxe et des banques, au cœur du quartier le plus privilégié de la ville. Mais pour protéger les plus riches, l’État met les grands moyens. Le parcours est stoppé avant même de pouvoir atteindre la place, puis repoussé par un déluge de grenades. Il n’y avait pas eu, à ce stade, la moindre dégradation. Retour Place Bretagne sous le bourdonnement de l’hélicoptère. Le cortège défile dans les petites rues de Bouffay, dans une bonne ambiance, entouré par une équipe de manifestants avec des panneaux fléchés, qui indiquent le parcours.
Traquenard devant la préfecture. Un dispositif de choc a été mis en place. Nouvelles salves de grenades. Les nouveaux fusils « multi-coups », qui permettent aux CRS de tirer des munitions en rafale, sont massivement utilisés, à hauteur de tête, avec un son bien reconnaissable qui terrorise les premières lignes. Sur un bouclier, un trou circulaire, parfaitement net provoqué par un tir. Ces grenades sont encore plus dures que les balles en caoutchouc des LBD 40. Quelques courageux tentent malgré tout d’amener des échelles pour partir à l’assaut des jardins du préfet, mais une attaque de la BAC coupe définitivement le cortège en deux. C’est le début d’une confusion monumentale.
L’avant de la manifestation est coursé sur plusieurs kilomètres par une meute de BAC, vers l’ouest. Pendant ce temps, le gros du cortège monte jusqu’au siège de la banque de France, allume un feu, et cible toutes les banques de la rue. Les affrontements sont très durs rue du Calvaire. L’objectif de la police est de disperser systématiquement et sans sommations, pour empêcher les groupes, éclatés, de se réunir. Il y a des grappes de manifestants et des explosions de la Place Graslin à la Cathédrale, de Saint Nicolas au Cours des 50 Otages A chaque intersection, la police a la consigne d’aller au contact, de frapper, de tirer. Du tir au pigeon systématique, sur une foule vulnérable. L’ambiance est extrêmement anxiogène, ce qui rend certains Gilets Jaunes beaucoup plus violents, alors que l’après-midi avait démarré dans le calme. Il y a beaucoup de verre brisé. Et de rage.
Une course poursuite s’engage vers le sud de Nantes, avec un gazage massif sur un pont au dessus de la Loire. Des barricades apparaissent dans les rues désertes du quartier des Olivettes. Au même moment, un feu d’artifice à Commerce. Une grosse Mercedes est en flammes square Daviais. Sur le capot : « rends l’ISF ». Des Gilets Jaunes ont éloigné les voitures garées à côté, plus modestes, pour les protéger. Nombreuses détonations de GLI F4, parfois envoyés contre une foule compacte. Il y a de très nombreux tags, souvent poétiques. Beaucoup de passants subissent les gaz, et doivent fuir, apeurés. Des enfants sont choqués. Le balcon d’un appartement reçoit un tir de lacrymogène mal envoyé. L’habitant renvoie le palet vers la rue. La BAC, juste en bas, surexcitée, force la porte pour monter chez lui.
La nuit tombe, et les affrontements continuent. La plupart des Gilets Jaunes ont quitté les lieux. Des feux sont allumés le long du tram vers 20H, provoquant les dernières salves de la journée. Brouillard de la Place du Bouffay jusqu’à la gare. 16 personnes ont été arrêtées.
Pendant de temps, un apéritif des Gilets Jaunes, pour terminer la soirée sur une note réconfortante, est organisé sous les Nefs de l’Ile de Nantes.
Partout en France, les cortèges étaient massifs, populaires, déterminés. Partout, le droit de manifester est suspendu à coups de grenades. Partout, le courage des Gilets Jaunes est hors du commun.
Le pouvoir est dans une impasse. Mais pour gagner, il faut inventer de nouvelles façons de contester, au delà des rituels hebdomadaires et du sang versé.
« Le pouvoir est dans une impasse ».
Ah bon ?!? Aux dernières nouvelles, et à lire ce texte, il a quand même réussi à taper sur la manif. Il y a une impasse, là ? Je rappelle juste pour dire qu’en Mai 68, le pouvoir n’avait même pas sorti les CRS !
Au fait, c’est quoi le but ? C’est très drôle de constater que ce qui est dans une impasse, ce sont les Gilets Jaunes : ils manifestent, OK, mais pour quoi faire ?…
Le pouvoir est ou n’est pas dans une impasse (en tous cas, ce qui est sur, c’est qu’il est dans une situation inédite et bien emmerdé par ce qu’il a trop cherché), mais toi vsgci (c’est quoi ce blaze de wc? une marque de chasse d’eau?) tu l’es bien dans une impasse avec tes comm à 2 balles!
Tu ferais mieux d’oublier indymédia si c’est pour banlancer ce genre de banalité inintéressante, pas constructives pour un sous, sans aucun argument politique, bref, complètement inutile et désagréable.
Ne t’exprime plus ici tu veux bien? Tu nous fatigues plus que grave, vas voir ailleurs, dégage!!!
C’est clair, toujours à gueuler cui-là, et toujours sur les présentations de nantes révoltée. Et puis pas de crs en 68? Le mec il fait pas un commentaire, il fait de l’art,mais bon sans le savoir.
On pense ce qu’on veut de ses commentaires, mais Vsgci commente depuis longtemps sur ce site, et un peu partout. Assez rarement sur les articles de NR en fait.
Pour ce qui est de l’impasse ou du caractère inédit de la situation, j’avoue être assez dubitatif aussi, mais c’est peu argumenté alors c’est un peu dur à discuter.
Est-ce que le but est de refaire le scénario de la loi travail en xxl…? En clair faire de plus gros cortèges de tête pour construire l’avant-garde façon autonomie italienne alors que justement en Italie il y a d’abord début 70’s une population qui conteste le capitalisme avec lautoreduction, la désobéissance, la critique du travail.. Et ensuite l’impasse de la lutte armée. Je ne sais pas comment avancer mais il est sûr que la composition de la manif samedi 12 janvier à Nantes à changé. Plus de jeunes qui courraient beaucoup et plus vite que les autres samedis , de militants-petits cortèges du NPA, AL-, drapeaux SUD et très peu tricolores, batucada de la ZAD, cortège de tête coupé par les flics.. . A l’arrière de la manif les gens étaient contents d’être là et de se parler malgré les flashballs et les gaz très durs… Il y a un certain nombre de personnes qui ne viennent plus, trop effrayés. L’absence des syndicats pourrait bien être leur deconsideration définitive s’ils continuent d’être absents, mais ce mouvement si autonome –à Nantes au moins- agresse clairement les burocrates .
Je crois pas non plus que le gvt soit dans une impasse, mais il donne l’impression d’être autant bordéliques que les revendications des GJs. Ça part dans tous les sens !
Pour, les directions syndicales, faut aussi arrêter 5 min. Elles ne peuvent pas rejoindre le gloubiboulga politique des GJs. Ou alors sur leurs positions, ce qui ne manquerait pas de leur être repproché. Par chez moi SUD, affiche juste son soutien (logistique), tout en continuant à se faire insulter par la moitié de l’assistance (syndicats cacas).
Faudra aussi se pencher à un moment où un autre sur l’autoritarisme de ce mouvement. Menaces de mort (même entre elleux), obligation par endroit de mettre le gilet, … Les flics, journaflics, etc… Doivent regretter les conflits lors de la lutte pour la ZAD.
Pour répondre à la « lectrice lambda », je pose une question, et je constate qu’à part venir me chercher personnellement il n’y a rien non plus comme réponse dans son commentaire : c’est quoi le but des Gilets jaunes ? Et à quoi sert-il de manifester tous les samedis à quelques milliers, c’est-à-dire une fraction infinitésimale de la population totale, et notamment de la classe ouvrière en France ?
Dès que la « lectrice lambda » aura répondu à ça, on pourra passer à autre chose qui l’intéresse. Par exemple pourquoi elle défend les Gilets jaunes, qui sont une expression sociale fondamentalement bien réac. Rien à voir en tout cas avec un mouvement « constructif », et je ne suis pas le seul à le dire dans les commentaires ci-dessus. La « lectrice lambda » pourrait se pencher sur d’autres commentaires. Elle pourrait par ailleurs exprimer le fond de sa pensée ; en ce qui me concerne, tout ce qui bouge n’est pas rouge, et je ne vois pas quel est le problème à le dire.
Quant à Sanzy Sue, il ou elle ne connaît visiblement rien à Mai 68 : lors des manifs parisiennes à partir du 20 mai, il n’y a plus de CRS dans les rues, sur décision du préfet de police de Paris : trop dangereux pour eux ! La bourgeoisie a simplement attendu que le mouvement s’essouffle et que les syndicats fassent leur boulot de sabotage de la lutte. Ce qui démontre clairement que là, il y avait un rapport de force, qui n’existe aucunement avec les Gilets jaunes. CQFD !
Ceci dit, je suis d’accord avec l’idée du caractère inédit de la situation, et du fait que Macron et sa clique sont bien emm…és, leur crédibilité a pris sévèrement l’eau et le programme de « réformes » pour lequel ils ont été élus va être bien difficile à mettre en place vu le discrédit du gouvernement. Mais c’est bien le seul problème que la bourgeoisie rencontre en ce moment…
Quant à « l’autoritarisme » (terme creux s’il en est) des Gilets jaunes, quand on part sur une analyse de classe, on constate que les mots d’ordre en sont issus de la petite-bourgeoisie, partie la plus réac de la société : c’est cette classe qui historiquement a fourni tous les sbires du fascisme. Il n’y a donc pas spécialement lieu de s’étonner de retrouver tout ce qu’Urtiquant liste dans le commentaire précédent : c’était prévisible dès le départ…
Un terme creux, si tu veux ! Merci à toi, tel un GJ exigeant (exigentisme ça irait?), de me préciser les termes à employer. Pourtant autoritarisme me semblait à propos, avec, entre autre, un SO parisien composé en partie d’anciens militaires si j’ai bien compris.
Après je suis pas surpris, des dérives, mais j’aurai été aussi incapable que toi de les anticiper. Comme je suis aussi incapable que toi de prévoir l’issue de ce ‘non mouvement’ (là aussi tu veux pas qu’on parle de mouvement, t’es vraiment exigentiste). Par contre qu’il soit reproché aux directions syndicales (que je conchie par ailleurs) de ne pas rejoindre les GJs, et pas un mot, ou juste en passant sur les dérives ! Ça, ça m’interpelle. Si les revendications GJs avaient été avancée par les syndicats on aurait eu droit à juste titre, à une profusion de critiques politique.
Salute- VSGCI – ta lecture de classe n’est pas assez operante et a force d’anticiper l’histoire par les certitudes de l’analyse theorique (orthodoxe) on finit par ne plus rien y comprendre et ne rien faire. Dire qu’on avait tout prevu c’est achever le travail un peu vite et presenter comme issue finale ce qui est le point de depart du mouvement, le bloc dans lequel une forme se dessine. Et cette forme est positivement plus complexe que le bloc de nos vieilles routines militantes. La regle ne suffit plus, et depuis longtemps, a mesurer l’ensemble du machin. Faut etre dans le coup de marteau, dans la matiere entaillee…On craint les fachos? quoi de mieux qu’une manif cote a cote pour convertir le petit bourgeois (dixit) en defenseur des opprimes puis des migrants, contre les flics, etc.. et joyeusement Fieu!