Ces dernières ne sont pas plus apaisés qu’ailleurs en france avec la participation de gens venant de St Nazaire, St Brevin, Herbignac, Guérande, Redon, … S’il est volontiers rappelé que les fachos ne sont pas bienvenue, en tout cas de ne pas ouvertement s’afficher sous risque de se faire dégager, c’est aussi pour d’autres pas sans méfiance vis à vis des syndicalistes et autres militants. La stigmatisation d’acteurs de la lutte – comme zadiste ou cgtiste – n’est pas rare de la part des plus à droite (citoyens vigilents entre autres). En gros de toute part y’a peur de la récupération et de servir la soupe à son adversaire habituel. C’est bien là tout le paradoxe de ce mouvement social, la seule convergence étant un ras le bol contre la politique néo-libérale et la précarisation grimpante qui en résulte et ici comme ailleurs on croise pas mal de familles, de personnes isolés en détresse financière, sociale. Le lieu permet pour qui reste sur place de mieux se connaître, confronter les réalités, s’engueuler, de trouver du réconfort et au fil des jours l’occupation prend des allures de centre social autogéré avec un espace dédié aux enfants, une cuisine largement ravitaillé, une web radio qui se met en place, sur les murs une revue de presse, les dates à venir, les revendications de l’assemblée.

L’huissier est passé lundi 26 constaté l’occupation pour le promoteur, sans aucun doute une procédure a été lancé. L’électricité a été coupé puis remise le lendemain par des camarades d’edf, les autorités ont aussi essayé de couper l’eau mais cette fois ont été pris sur le fait. Si expulsion d’autres lieux ont déjà été repérés.

Après une première journée du 17 novembre axé sur les blocages ou filtrages sur des rond points, grands axes… les suivantes furent sur la même dynamique avant d’être peu à peu abandonné. Si cela a permis un ralentissement de l’économie, touchant pas mal de grandes surfaces, le mécontentement grandissant des automobilistes dont de nombreux participants et/ou sympathisants des gilets jaunes, contraint à se concentrer sur des cibles économiques plus identifiés.

Le début de la semaine du 26 se concentre d’abord sur le ralentissement de flux des camions aux alentours de zone industrielles avec des blocages temporaires au rond point de Donges, Méan, d’Airbus…

Mercredi 28 a lieu un rassemblement devant la sous-préfecture de St Nazaire avec entre 300 et 500 personnes, fermé par précaution par les autorités. Devant les grilles fermés, ça décide de partir alors à la mairie pour l’assemblée. A peine arrivé les keufs gaz et balancent 2 désencerclentes, le flash ball est aussi de sorti. Beaucoup ne sont pas habitués et sont choqués, au moins un enfant est touché. Le ton est donné pour les jours à venir.

Jeudi matin à 7h c’est le début du blocage d’un nouveau point, le port maritime de St Nazaire, avec un positionnement sur 5 ronds points qui donne accès aux différents terminaux.

Les CRS sont là mais l’affluence des gilets jaunes aussi pour se positionner un peu partout. Ça gaz mais côté manifestants ça va pas au contact préférant reculer pour ne pas se mettre en danger avant de revenir tenir les positions. La file de camions s’agrandit, le blocage fonctionne, à 11h les CRS repartent avant de revenir plus tard dans l’après midi. Globalement la journée est un succès et l’activité économique du port a été très faible.

C’est reparti vendredi pour le blocage du port. Cette fois les CRS sont plus virulents et en plus grand nombre, au moins 2 personnes interpellés le matin. Les dockers sont aussi de la partie, en solidarité un porte conteneur a été placé devant une grille d’accès. L’activité le week end est bien moindre sur le port, cependant elle est encore perturbé. “Lundi les dockers seront en grève. L’objectif est donc de tenir le blocage du port qui demandera moins de monde, et de mettre en place le blocage du dépôt SFDM.” https://nantes.indymedia.org/events/43767

Aussi samedi 1er décembre la cgt a appelé à manifester contre la précarité pour la 16e année consécutive. 600 personnes avec une pluie battante, de nombreux militants ont revêtus le gilet jaune, des prises de parole sur la convergence avec le monde syndical qui font encore grincés des dents sur les réseaux sociaux la partie la plus droitarde du mouvement.

Le soir au petit maroc y’a eu une soirée festive en mode auberge espagnole après cette semaine bien agitée. Bien au moins une cinquantaine de personnes y répondent présentes autour d’une sono alternant du NTM à de la variété.

Samedi 1er décembre est un jour inédit par l’ampleur de la révolte à Panam’ et les artères bourgeoises défoncés. Pleins de textes un peu partout sur le caractère inédit de ce mouvement sont dispos, c’est très confus sur les bases d’où encore l’hésitation de beaucoup à s’y joindre, les revendications s’élargissent allant à plus de répartition des richesses à des trucs dégueulasses comme l’assimilation forcée. L’État, les flics sont dépassés par l’ampleur des points de blocages partout sur le territoire. La réunion est en ébullition et sous couvre feu, les lycées et facs rentrent dans la danse ! Le grand patronat et les financiers savent que ce moment n’est pas anodin et que c’est toujours par les révoltes populaires qu’ils ont dû lâcher du lest pour maintenir ce qu’ils peuvent de leur profit. Les syndicats de flics demandent que l’armée les appuient. Pour l’instant Macron annonce ne pas vouloir changer de cap mais déjà les appels fleurissent pour un 4e round le 8 décembre.

Par chez nous, la CCI Nantes St. Nazaire s’alarme “des graves conséquences sur l’activité économique du territoire”. Airbus fonction en flux tendu et redoute de devoir stopper une chaîne de production.

La semaine qui arrive est déterminante. Si ce moment rompt l’isolation pour beaucoup, personne ne sait vers quoi on tend, on reste nombreux à redouter que l’extrême droite récoltent les fruits de cette colère profonde. Que l’État en remette encore une couche pour aller toujours plus loin dans le contrôle social. Difficile cependant de ne pas y aller si l’on veut déconstruire les dominations, les oppressions !

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Les revendications de l’assemblée de la maison du peuple St Nazaire et alentours:

Réunis en assemblé ce jeudi 29 novembre 2018, nous, gilets jaunes de la région de Saint-Nazaire ici présents, exigeons, par un vote unanime :

– la démission de Macron
– la baisse des prix des produits de première nécessité (carburants, eau, gaz, électricité, logement etc…)
– des taxes sur le kérosène des avions et sur le fuel lourd des navires + taxes sur ces pollutions
– l’augmentation des salaires, retraites et autres minimas, sans baisse des cotisations sociales
– le rétablissement de l’ISF et la lutte contre l’évasion fiscale pour financer les services publics et la transition énergétique
– le partage égalitaire des richesses
– le développement des énergies renouvelables
– la nationalisation du secteur de l’énergie, des banques et des autoroutes
– le droit de révocabilité des élus à tous les niveaux
– le plafonnement de l’indemnisation des élus à la hauteur du revenu moyen
– la dissolution du gouvernement et refondation de notre république par les assemblées représentatives du peuple.
– le respect du droit des enfants (éducation, santé….)
– la traduction dans les faits de notre devise : liberté, égalité, fraternité

PS : le nom de l’occupation en Maison Du Peuple est un clin d’oeil à l’histoire de la ville pour rappeler celle édifié en 1977 à St Nazaire et qui a été rebaptisé Maison des Syndicats suite à la construction du centre commercial ruban bleu.

https://www.facebook.com/Maison-du-Peuple-de-Saint-Nazaire-et-alentours-272152786819209/

http://giletjaune44.livehost.fr/index.html

https://fr.radioking.com/radio/gilets-jaunes