Un vieux débat est en train d’émerger dans la petite cour de récréation intellectuelle qui s’ébroue tous les lundis matins dans le magazine culturel. Non pas que faire d’un Eric Hazan qui entre un bouquin de Lénine et un autre de Mao nous prie de cesser de vilipender la police afin de maximiser les chances d’une fraternisation avec elle. Non, on ne rompt pas pour si peu avec la main qui nous publie. Au mieux on se pince le nez et on se bande les yeux.

En fait, voici les termes de ce passionnant débat qui n’est pas si étranger aux deux maîtres cités plus haut : « La question qu’on doit se poser, à nouveau, est celle de la création d’un parti révolutionnaire. Le Parti intransigeant, incompossible, qui relie les forces de nos affections… Je nomme la multiplication de ces gestes de destitution de la totalité avec l’oxymore “Parti de la multiplicité”. On pourrait aussi l’appeler, à nouveau, le parti des communistes. » (Josep Rafanell i Orra, lundimatin, 25 mai 2018). Ce à quoi un autre idiot utile du parti trop visible vient de répondre : « Pourquoi un Parti ? Et un Parti des communistes (par exemple) ? C’est avec beaucoup d’attrait, et non d’un scepticisme critique, que je relance la question (en espérant l’avoir bien entendue), à laquelle il est sans doute trop tôt pour répondre. Mais peut-être en vue d’une échéance prochaine de rencontre qui afficherait : “Tout le monde aspire au communisme”… ? » (Patrick Condé, lundimatin, 12 novembre 2018)

Fini de tourner autour du pot de la composition tactique et destituante avec le pouvoir sous des labels disparates : appelistes et appelés, CMDO, entreprises de restauration collective ou Comité invisible : Parti des communistes, voilà un pot-pourri à la hauteur de l’ambition de ses petits-chefs politiques. Opportuniste comme de l’entrisme trotskyste. Contondante comme un service d’ordre maoïste. Hégémonique comme un appareil stalinien. Et intégratrice comme de la rhétorique négriste.

Les jeux de mots usés entre prendre parti et le Parti, entre les communes, les communs et le communisme autoritaire retrouvent enfin leur débouché naturel.