Suite à l’appel pour une marche nationale lancé par #Noustoutes, y compris en Ille-et-Vilaine, concernant la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes il nous a semblé nécessaire de proposer un appel différent de ceux proposés jusqu’ici, ce pour plusieurs raisons :
    
-> Le choix du terme “marche” proposé par #Noustoutes est contradictoire avec la nécessité de faire de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes une journée politique, en plaçant l’événement dans une espèce de bulle apolitique sous le prétexte de vouloir réunir “toutes les femmes”, comme si elles étaient universellement victimes des mêmes systèmes de domination.

-> Notre lutte s’inscrit dans une mobilisation plus globale contre les systèmes de domination et d’oppression qui interagissent avec le patriarcat. Nous nous revendiquons anti-capitalistes et intersectionnels.les, c’est-à-dire anti-racistes, anti-islamophobes, anti-classistes, anti-putophobes. Par opposition, une démarche d’union de “toutes les femmes” nous semble essentialisante : elle gomme les rapports de domination présents partout dans la société et érige en norme un certain modèle de femme aux dépens des plus dominées. 

-> Dans la même logique, nous refusons de faire comme si l’ensemble des féministes pouvaient être représenté.e.s par un groupe unique portant une parole unique. Au delà du fait que la parole de Nous Toutes soit vide de revendications politiques, son mot d’ordre est de manifester sous une banderole unique, interdisant l’expression des divers groupes politiques qui pourraient être amenés à participer à un tel événement. C’est pourquoi nous ne suivrons pas les revendications imposées par Nous Toutes et refusons que les revendications d’autres groupes féministes soient étouffées par un tel positionnement.

-> La visibilisation des violences faites aux femmes est une entreprise nécessaire, mais l’accompagner d’une demande de réaction des institutions l’est, à notre sens, beaucoup moins : il n’est pas question pour nous de donner de nouveau le pouvoir sur nos corps à des extérieurs – ici à l’Etat, la police et la justice – qui savent très bien eux-mêmes comment mettre en place des violences à notre encontre.

-> Par ailleurs, se contenter de décrire les femmes comme victimes de violence (ce qui est fait dans les différents appels produits jusqu’à maintenant) ne nous semble pas propice à la constitution d’un réel rapport de force politique : les femmes peuvent être autre chose que des victimes avant tout. A l’inverse du féminisme institutionnel, nous considérons que les féministes doivent être des forces de proposition et d’action. Il paraît important de préciser que si la date du 25 novembre est éminemment symbolique concernant la question de la lutte contre les violences faites aux femmes*, notre lutte ne saurait se limiter à une date unique. Nous voulons que ces questions soient abordées de manière plus fréquentes et avec autant d’écho que lors d’une seule et unique journée annuelle. En ce sens, nous revendiquons une auto-organisation locale: dans nos lieux d’études, de travail, de lutte et de vie, pour nous défendre collectivement.

Nous appelons à rejoindre le cortège que nous allons former dans la manifestation au départ de la place de la République à 11h, le 24 novembre. 

-> Ce cortège est ouvert à toute personne se retrouvant dans la nécessité d’une construction politique autour des violences faites aux femmes, en sachant qu’il ne sera en son sein pas question de phénomènes de dissociation à l’encontre des divers moyens d’action politique qui pourraient être utilisés. Si en effet il peut être pertinent de discuter des actions réalisées, il nous paraît cependant nécessaire de rappeler que tenter de s’interposer à la réalisation d’une action dans le cadre d’une manifestation, ou encore dénoncer publiquement les événements, peut être dangereux pour les auteur.rice.s de ces actions, du fait de la présence de flics et d’enquêtes possible à la suite de la manifestation. Nous appelons au contraire au soutien des différentes actions anti-sexistes menées lors de la manifestation et à participer aux actions futures qui seront organisées par nos collectifs.

CAAS X CANIF

*La date du 25 novembre a été choisie comme date internationale de lutte contre les violences faite aux femmes en référence aux sœurs Patria, Minerva et María Teresa Mirabal, opposantes politiques à Rafael Trujilo en République Dominicaine. Elles ont toutes trois été torturées, puis assassinées le 25 novembre 1960.