“racisme anti-blanc”
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Contrôle socialEducationExclusion/précarité/chômageImmigration/sans-papierEs/frontieresQuartiers populairesRacismeRépression
Lieux : Monde
Régulièrement, depuis plus d’une quinzaine d’années, la question du « racisme anti-blanc » parvient – à coups de polémiques montées et orchestrées par les identitaires de tout bord – à occuper l’espace médiatique et politique. Alors que c’est une chimère. Régulièrement donc, malgré tout, des militants antiracistes, des universitaires & quelques médias prennent le temps de déconstruire ce mythe. « Non, on ne peut pas parler de racisme anti-blanc. » Hashtags : système, esclavage, histoire coloniale, expérience de masse, etc. À chaque fois, le même schéma :
- un non-blanc fait/dit un truc qui bouscule le monde blanc
- tapage politique sur le « racisme anti-blanc »
- large reprise médiatique la 1ère semaine
- puis, articles explicatifs, plus distancés, la semaine d’après. Hashtag déconstruction.
Évidemment, c’est important d’expliquer pourquoi on ne peut pas dire que les Blancs sont victimes de racisme…mais quand ça fait des années que le scénario se répète, il faut se poser les bonnes questions: en l’occurrence, quelles sont les vraies fonctions de ces polémiques ? D’abord, faut mesurer à quel point les conversations autour du “racisme anti-blanc” sont une incroyable perte de tps & d’opportunités. L’énergie dépensée à faire de la pédagogie, à réagir, à maintenir ce mythe dans le débat, dans les conditions imposées, doit nous interroger. Les débats autour du “racisme anti-blanc” nous dévient de ce qui devrait vraiment nous occuper : les effets du colonialisme & les manifestations du racisme systémique. Ce qui se joue en réalité ici, c’est donc le maintien de la centralité blanche & la dépolitisation du racisme.
Quand on parle du “racisme anti-blanc”, ce qu’on dit finalement, c’est qu’on-est-tous-le-raciste-d’un-autre. Et que donc ce n’est pas une question de pouvoir, de système, d’Histoire coloniale. Et que dc les luttes de l’antiracisme politique ne st pas valables. C’est ça l’enjeu. En d’autres termes, les polémiques sur le “racisme anti-blanc” sont des offensives de l’ordre raciste qui visent à occulter les violences quotidiennes qu’il produit & à remettre en cause, à casser même, nos luttes, nos avancées sur ces questions. Résistance du pouvoir blanc. Enfin, mais c’est lié, les polémiques sur “le racisme anti-blanc” contribuent à la construction des non-blancs comme “menaces”, “ennemis de l’intérieur” et permettent donc de justifier, entre autres choses, un traitement particulier. « Ils nous veulent du mal, freinons-les ».
Bref, tout ça pr dire que les débats sur le “racisme anti-blanc” ne peuvent se résumer à “ça n’existe pas, voilà pourquoi”. Ils ont une fonction précise: dépolitisation, invalidation de nos expériences & luttes, criminalisation. En somme, ce sont des offensives racistes.
Déjà reposer le débat sur “les Blancs” ou “les Non-blancs”, “racismeRACISME” ou “RACISME anti-blanc”, ça me semble foireux, à partir de ma perspective personnelle qui n’a aucun intêret a reconnaître les races, et plutôt vise la critiquer de la culture (ce qui des gens de toute origine ont su intégrer, en france et partout dans l’occident), la classe, l’autorité, etc…
du coup le poser comme sujet sur indy va seulement génèrer des réponses, et du coup, un débat inutile…
nourri par les hordes académiques de la gôche (inclure libertaires autoflagelants et communistes en quête d’un programme) des derniers 5 ans.
Le racisme antiblanc est centré sur l’homme blanc dans un système social construit à l’échelle de la racialisation, et dans lequel l’homme est dépourvu de sa dimension universelle quand il est noir. Pour se vivre, les noirs n’ont d’autres choix que ceux de se blanchir ou de se retrouver dans une communauté de destin au sein de laquelle leur ostracisme fait le lien social.
Parler de « racisme anti-blanc » c’est confondre ce qui relève des émotions, de la colère et ce qui a trait aux discriminations. En d’autres termes, c’est confondre les relations interpersonnelles et les rapports sociaux [1]. Ainsi, si Fatima, Mohammed, ou Fatou traitent Marie et Louis de « sales français » (relation interpersonnelle), le désagrément certain que constitue l’insulte sera mis sur le même plan que le fait que Fatima, Mohammed et Fatou risquent de voir leur CV refoulés en raison de leur couleur de peau, celle-ci signifiant une origine « autre », qu’elle soit réelle ou supposée (rapport social).
Par ailleurs, on pourrait réfléchir au fait qu’être anti français, c’est être anti blanc, aux yeux de ceux qui s’émeuvent des ravages dudit « racisme anti-blanc ». C’est bien la preuve que le cœur du problème est la division raciale qui sous-tend la définition de l’être français ; division incarnée par la séparation entre les français « de Souche » et les « issus de » ; division parfois reprise par les « issus de » contre les « de Souche », ce qui justifierait l’usage de la notion de « racisme anti-blanc ».
Or dans ce contexte, il ne peut y avoir de commune mesure entre les positions de ceux qui discriminés, peuvent insulter par rage, et ceux qui se retrouvent privilégiés par un rapport social. Considérer le racisme anti blanc c’est tenir pour équivalent des barrières sociales concrètes telles que des discriminations à l’embauche ou au logement, et des insultes qui peuvent toucher des personnes, sans être le reflet de pratiques structurelles concrètes. En effet voit-on son CV refusé en France parce qu’on est blanc ?
L’évocation d’un « racisme anti-blanc » rappelle l’urgence qu’il y a à redéfinir le racisme selon les enjeux contemporains, et une fois le racisme redéfini de manière pertinente et l’utilité du concept établie, il convient de démontrer en quoi le « racisme anti-blanc » ne tient pas.
Mais avant cela, il faut préciser que le terme « non blanc » qui sera employé tout au long du texte est problématique de par son aspect binaire en divisant l’humanité en blancs et non blancs , de par sa capacité à faire croire que tous les vécus de non blancs se confondent, au sens où arabes, noirs, indiens, asiatiques auraient les mêmes histoires indépendamment des origines, et peut-être surtout, de par sa nomination par le négatif, par opposition au terme « personnes de couleur » qui désigne les non blancs de manière positive, c’est à dire en ne les nommant pas par rapport à ce qu’ils ne sont pas, mais à ce qu’ils seraient.
Toutefois, parler de non blancs reste utile dans la mesure où il s’agit de parler des discriminations à l’encontre des personnes qui, peu importe leurs origines réelles ou supposées, ne passent pas pour blanches dans la société, et ont donc un vécu particulier – vécu modulé bien sûr par d’autres variables comme la classe sociale, l’âge, le lieu de vie, ou le sexe. De plus, l’expression « personne de couleur » est très négativement connotée en langue française, alors qu’elle est par exemple revendiquée par des non blancs en Allemagne, où des associations de « People of color » ont vu le jour [2]. Par ailleurs, l’expression « racisme anti-blanc », comme face à face de l’expression « racisme » qui suppose d’emblée le racisme envers les non blancs, tend à montrer la prégnance de cette conception binaire en blancs et non blancs, même s’il s’agira dans ce texte de s’en saisir pour en déconstruire les effets.
Finalement vous êtes d’accord avec les anarcho-universalistes de Non fides loooool : https://www.non-fides.fr/?Sale-epoque-quelques-notes
Notons, depuis, la déclaration du rappeur : « Pour moi il n’y a pas de racisme anti-blanc, il n’y a pas de racisme anti-juif » (dans Le Parisien).
Le dit « racisme anti-blanc » est un concept élaboré et relayé par l’extrême droite, et par elle seule. A ce titre et à d’autres, il ne fait légitimement pas partie, selon nous, d’un vocabulaire utilisable.
En revanche, il nous semble nécessaire aujourd’hui de rappeler que le racisme contre les juifs existe, et que des individus en meurent régulièrement. Car si le mot « blanc » recouvre une réalité impossible à racialiser (si tant est qu’on le souhaite…), le mot « juif » recouvre lui une réalité sociale non-conceptuelle et matérielle, du moins, revendiquée en tant que telle – les personnes se revendiquant de la « blanchité » aujourd’hui sont, elles, généralement racistes ou « anti-racistes politiques », les premières avec fierté, les secondes avec une honte et une culpabilité qui ont vocation à se diffuser politiquement.
La thèse selon laquelle le racisme à l’égard des juifs n’est pas un racisme, ou bien qu’il n’existe pas, est vieille comme le monde (plus vieille encore que le 3eme Reich), mais sa remise au gout du jour, et à l’extrême gauche, nous la devons à la maison d’édition d’Eric Hazan, La Fabrique, et à son opuscule Les blancs, les juifs et nous, pamphlet antisémite de gauche vomit par Houria Bouteldja, patronne du Parti des Indigènes de la République (PIR), et dont les thèses ont largement infusé dans les milieux radicaux qui, pourtant, s’en défendent, mais continuent de relayer les thèses racialistes de gauche [1].
On conseillera par contre sur ce sujet, le livre La Race comme si vous y étiez par Les amis de Juliette et du printemps, dont on pourra lire la salutaire introduction « Fusiller Hazan ? » sur notre site.
conspiracy watch le site pro israel qui fait la promo de l’idéologue d’extrême droite pierre andré taguieff adhère au racisme antiblanc
Le racisme aux juifs n’existe pas (ou ne devrait pas exister car vous allez le chercher quelque par dans des librairies cheloues), car ce n’est pas forcément une ethnie (hebraique) mais c’est plutôt une religion, par contre, l’antisemitisme existe, et c’est pas bien. comme il existe l’anti islamisme et l’anti chretianisme dans toutes ces declinaisons.
mais, les athées (et ses prédateur) existent.
du coup, tous et toutes ensemble,
NIQUE LA TORA, NIQUE LE QRAN, NIQUE LA BIBLE
et l’ancien testament aussi, vu qu’on est la à l’indy et tout ça.
fermons la porte au racialisme.
*bam*
Le racisme est un système fruit de l’histoire de dominations multiséculaires. Le racisme actuel est la conséquence de siècles d’oppression, d’esclavage, de colonisation, de théories raciales qui ont placé les Blancs au sommet de l’échelle humaine. Notre pays est allé jusqu’à codifier le statut des esclaves noirs réduits au rang de bien meubles et celui des indigènes des colonies (dont mes propres parents faisaient partie) à celui de sujets de la République, des sous-citoyens. C’est de cette histoire, pas si lointaine, que le racisme que vivent les descendants d’esclaves et de colonisés, découle.
Jamais les Blancs n’ont été visés en tant que groupe blanc par des politiques oppressives au profit de minorités non blanches et ce du seul fait de leur couleur. Jamais ils n’ont fait l’objet de théories raciales faisant d’eux des êtres inférieurs et se traduisant dans des pratiques institutionnelles. Certes des Blancs étrangers peuvent être exposés à la xénophobie, des Blancs ont été réduits à l’esclavage par le passé, des Blancs juifs ont vécu la tragédie du génocide et du racisme. Personne ne peut nier ces horreurs. Toutefois, elles n’ont jamais été justifiées du fait de leur couleur de peau blanche, les Juifs n’étant d’ailleurs pas considérés comme des Blancs dans l’idéologie nazie.
Le fait d’être Blanc n’est un désavantage ni en France, ni dans la plupart des pays (y compris en Afrique où les Blancs dominent les Noirs sur le plan économique et social). Les préjugés contre les Blancs, se caractérisent par le fait qu’ils sont un vécu individuel : chez les personnes blanches, il n’existe pas de sentiment collectif d’oppression. Elles sont rarement hantées par l’idée qu’elles peuvent subir une injustice à cause de leur couleur de peau dont elles n’ont d’ailleurs que peu conscience.
Les Blancs, présumés dominants
Lorsque ces préjugés s’expriment à leur encontre, ils sont généralement le fait de propos ou d’actes isolés. Contrairement à ceux visant les minorités, cela ne s’inscrit pas dans un processus de répétition ni dans un système national. Le fait d’être blanc, n’empêche pas l’accès à des biens ou à des services. Les Blancs qui recherchent un appartement ou un emploi ne le font pas avec la crainte d’être rejetés du simple fait de leur couleur de peau. Il est rare que l’on soit privé d’une opportunité parce que l’on est blanc. Enfin, dans un pays comme la France, être blanc n’induit jamais de remise en cause de l’appartenance nationale.
Quel que soit leur degré de stigmatisation, les individus blancs ne sont jamais présumés étrangers et leur citoyenneté n’est ainsi pas remise en cause par le racisme. De manière générale, le fait d’être blanc n’est pas associé dans l’imaginaire collectif français à des caractéristiques dégradantes. Les brimades racistes instaurent chez certains non-Blancs des complexes d’infériorité ou des sentiments d’illégitimité et un désir de ressembler à la majorité dont je doute qu’ils soient vécus dans les mêmes proportions par des Blancs.
Lorsque l’on est une minorité en France, il est impossible d’échapper au racisme. Celui-ci ne se traduit pas toujours de la même manière : il peut s’exprimer dans le cadre désagréable d’un contrôle policier injustifié, de façon violente lors d’une agression ou prendre la forme plus légère d’une plaisanterie. Il est impossible de ne pas avoir été à un moment ou à un autre de sa vie renvoyé au fait que l’on n’est pas blanc. Si l’on ne connaît pas la proportion de Blancs qui sont exposés à des préjugés liés à leur couleur, il est certain que la plupart des Blancs de France n’en font jamais l’expérience. Nombre d’entre eux n’ont d’ailleurs jamais côtoyé de minorités.
Des actes isolés ne créent pas le racisme
Des discriminations et des préjugés peuvent émaner de n’importe qui mais le racisme, produit d’une histoire de domination, est nécessairement la combinaison de la détention d’un pouvoir et des privilèges. Il n’y a pas d’équivalent entre le racisme historique et systémique perpétué en partie par des institutions contre des populations collectivement minorées et les discriminations contre des personnes blanches qui, bien que condamnables, sont commises à des niveaux individuels. Le racisme revêt non seulement une dimension interpersonnelle mais aussi, et ce contrairement aux discriminations et aux préjugés, structurelle (conséquences parfois indirectes de pratiques passées) et institutionnelle ou systémique. A cela s’ajoutent des manifestations liées au genre, à la classe sociale, à l’orientation sexuelle, au handicap, à l’âge ou à d’autres facteurs.
Même exposée à des brimades raciales, les personnes blanches en dehors d’éventuelles interactions violentes ponctuelles – et intolérables je le répète – ne sont pas réduites à leur couleur de peau. Alors que des minorités ethno-raciales sont visées par racisme protéiforme, diffus, permanent et sans échappatoire puisque la société dans son ensemble les minore. A-t-on déjà vu une seule fois une figure publique tenir des propos anti-Blancs dans les médias ? Non.
En revanche les minorités sont en permanence exposées à des propos racistes émanant d’intellectuels ou de personnalités politiques. Je me joins donc volontiers aux voix qui dénoncent les invectives anti-Blancs, et me place en solidarité avec toute personne victimes de violences du fait de sa couleur de peau, quelle qu’elle soit. En aucun cas je ne nierai la détresse qui est la leur. Toutefois, je n’entretiendrai pas cette confusion bien commode pour nos politiques : le racisme n’est pas la somme d’actes isolés aussi ignobles fussent-ils, c’est une idéologie qui opère de manière systémique et qui tue encore de nos jours sans que cela ne suscite la même controverse.
http://www.regards.fr/societe/article/pourquoi-le-racisme-anti-blancs-n-existe-pas
“aucune réalité ” ? vraiment ?! aucune ?!
Déni et négation sont sur un bateau et …
[…]
C’est en parallèle de ces rapprochements, et probablement en réaction, qu’une poignée de militants a mis en place une campagne de dénigrement de l’antiracisme politique, sur fond de négation du racisme structurel. Ainsi, nous avons pu, ces derniers mois, voir circuler à Rennes un pamphlet intitulé La race comme si vous y étiez ! signé des « amis de Juliette et du Printemps ». La cible de cet ouvrage n’est autre que l’antiracisme politique, ici renommé « racialisme ». Aussi surprenant que cela puisse paraître, la thèse centrale de l’ouvrage consiste à affirmer que l’antiracisme serait « racialiste » quand il ne se limite pas à l’affirmation que « les races n’existent pas » mais qu’il prend en compte les effets du racisme, la racialisation des rapports sociaux et les différentes assignations qui en découlent.
Si le Parti des Indigènes de la République (PIR) et Houria Bouteldja, sa porte-parole, sont les principales cibles du livre, ses rédacteurs ne cachent pas leur opposition à tous ceux qui « considèrent qu’ils n’ont rien à voir avec le PIR mais s’appliquent à en utiliser les catégories et la novlangue » (page 216). Comme le disent eux-mêmes les rédacteurs de La race comme si vous y étiez, « au delà des outrances de l’égérie du PIR, c’est bien aussi à l’ensemble de ces milieux qui lui servent de près ou de loin de caisse de résonance que ce livre entend s’opposer » (pages 218-219), le principal reproche fait à « ces milieux » étant la reprise du concept de « race » pour penser les rapports sociaux liés au racisme structurel et au continuum colonial en France.
Dans la même dynamique, dans le contexte de l’appel à la marche du 19 mars pour la justice et la dignité, une publication de 4 pages intitulée « Contre le racisme, contre l’État, sa police et sa justice » fut diffusée à Rennes dans un rassemblement de soutien à cette manifestation, et utilisée à l’université Rennes 2 pour recouvrir les affiches de la marche pour la justice et la dignité. Si le titre de ce texte proclame la nécessité de lutter « contre le racisme », nous observons que le seul propos de ses auteurs, qui signent « Communistes tant qu’il le faudra, pour la fédération des comités « la vérité? ?! : la justice nique sa mère » » consiste en un dénigrement des collectifs « Vérité et Justice », et de l’antiracisme politique. Selon ces quelques militants, que l’on a connus mieux inspirés à une époque pas si lointaine, l’antiracisme politique serait à combattre, puisqu’il serait « racialiste » d’analyser les rapports sociaux liés au racisme. Par ailleurs, pour ces personnes que nous avions considérées comme des camarades de lutte, toute prise en compte de l’expérience du racisme dans la constitution des subjectivités devrait être dénoncée comme « ethno-différentialiste ». […]
https://nantes.indymedia.org/articles/37534
Depuis les incidents, on entend beaucoup parler de « racisme anti-blanc ». Une sorte de symétrie avec le racisme anti-arabe/anti-noir pourrait être établie. On pourrait ainsi comparer le jeune issu de la colonisation qui se trompe d’ennemi en s’en prenant aux lycéens qui manifestent et le chômeur « blanc » raciste qui se trompe d’ennemi en s’en prenant aux immigrés. Les similitudes ? Une situation sociale difficile, pas de perspective d’avenir, et la recherche de responsables ou de boucs-émissaires. « Je suis dans la galère alors que les blancs, eux, s’en sortent » d’un côté, « je suis au chômage alors que des étrangers ont du boulot » de l’autre.
Mais la comparaison s’arrête là. Car deux différences majeures existent.
1) « Notre » chômeur veut retrouver un boulot et une vie. Et les discours racistes, que ce soient ceux de Le Pen, de la droite ou de la gauche de gouvernement (qui tous ont affirmé un jour qu’il y avait un « problème » avec l’immigration), l’ont amené à penser qu’il avait plus le droit de s’en sortir que les étrangers. Les jeunes issus de la colonisation partent d’un constat bien réel (ils sont discriminés) et estiment qu’ils ont autant le droit de s’en sortir que les « blancs ». Sur le fond, les racines sont donc très différentes : conséquence de l’idée de « préférence nationale » d’un côté, aspiration à l’égalité des droits de l’autre.
Les milieux populaires « blancs » et les milieux issus de la colonisation sont victimes des politiques anti-sociales. Mais il est indispensable de comprendre que les jeunes issus de la colonisation sont en plus victimes de politiques racistes. Dire cela, ce n’est pas dire que « le chômeur blanc a tort » et « le jeune de banlieue a raison ». C’est comprendre que même si les racines sont les mêmes (la misère et l’absence de perspectives de « s’en sortir »), il y a dans la révolte des jeunes issus de la colonisation une aspiration à l’égalité qui nous interdit toute fausse symétrie du type « racisme anti-blanc ».
2) Le racisme fait partie de l’identité de la république française. La prétendue communauté d’intérêts entre les « blancs » n’est pas une invention des victimes des politiques anti-sociales. Elle a toujours été mise en avant par ceux qui les mettaient en place. Elle est un outil aux mains de nos dirigeants pour diviser artificiellement les opprimés en désignant des boucs-émissaires. En revanche l’idée d’une communauté d’intérêts chez les populations issues de la colonisation est une conséquence de l’oppression dont elles sont victimes : ghettoïsation, discriminations, humiliations quotidiennes…
Mettre sur un pied d’égalité « deux racismes » serait amalgamer une cause et une conséquence. Car la solidarité liée à la couleur de peau est, dans le cas des « jeunes de banlieue », un pur produit du racisme institutionnel qui existe en France et de la stigmatisation collective dont sont victimes les populations issues de la colonisation. On imagine les dangers et les conséquences possibles d’un tel amalgame : « ensemble battons-nous contre tous les racismes ! » C’est la même chose que ceux qui disent « battons-nous contre toutes les violences en Palestine ! », en amalgamant les comportements de l’Etat oppresseur et de la population opprimée. […]
http://lmsi.net/Quelques-remarques-sur-les