Face à la crise de l’accès au logement,
Face à la loi ELAN qui va multiplier le nombre de personnes à la rue,
Face aux caricatures qui sont produites des auto-réquisitions,
Pour répondre affirmativement et positivement,
Pour produire une image heureuse des réquisitions,

Auto-réquisition d’un espace d’accueil, d’hébergement et d’activités.

Nous avons collectivement réquisitionné l’ancienne CPAM du quartier de la Doutre à Angers depuis le 3/09/19. Celle-ci était laissé sans occupation ni activité depuis au moins deux ans. Nous souhaitons par ce texte éclairer notre démarche.

La crise de l’accès au logement est une réalité

En France, aujourd’hui, on compte entre 140 000 et 240 000 personnes à la rue1. En étendant la problématique au mal-logement, c’est 3,6 millions de mal-logés2. En moyenne, ce sont 2000 personnes qui meurent chaque année dans la rue3.

Pourtant, face à cela, l’INSEE relevait en 2018 que 2,8 millions de logements demeuraient vacants. Le chiffre donne d’autant plus le vertige – au vu du drame humain auquel il doit être confronté – puisqu’il a augmenté de presque 30 % depuis 20104.

Les auto-réquisitions comme dernière solution

La situation prend une perspective supplémentaire lorsque l’on sait que les pouvoirs publics ont la possibilité légale de pratiquer la réquisition de ces bâtiments laissés vacants, ceci depuis la loi d’octobre 1945, dispositif réaffirmé par la loi de lutte contre les exclusions de juillet 1998.
Pourtant, ces lois ne sont quasiment jamais appliquées.

Nous ne pouvons nous satisfaire de cette situation insupportable, tant du point de vue logique qu’éthique.

Face à cela, depuis des années, des collectifs de citoyens et citoyennes bénévoles, réunis en associations (Droit au Logement, Fondation l’Abbé Pierre…) ou non, militent pour la réquisition de ces bâtiments pour permettre un accès – même temporaire – à un toit.

D’autres, comme nous, décident de s’organiser pour pratiquer des auto-réquisitions et mettre hommes et femmes, jeunes ou vieux, enfants et parents à l’abri.

Une situation en passe de se dégrader

Si la situation peut déjà paraître catastrophique, elle risque encore de se dégrader.

Le projet de loi ELAN, qui passe en Commission Paritaire Mixte le 19 septembre, ne peut qu’aggraver ce drame humain. En effet, les procédures pour expulser les locataires les plus fragiles se trouvent maintenant largement facilitées ; la vente du parc HLM à des bailleurs privés – dont l’objectif est économique bien plus que social – est encouragée ; la loi SRU – qui visait à développer le parc de logements sociaux – est détricotée.

Enfin, la pratique de l’auto-réquisition de bâtiments vacants – qui permettait de sortir de situation dramatique, au moins temporairement – se voit pénalisée : celles et ceux qui occupent un bâtiment sans titre pour se mettre à l’abri seront non seulement renvoyés vers la rue, mais risqueront à présent la prison.

Face à cela : nous réagissons, nous auto-réquisitionnons…

A Angers, la situation est comparable à la situation nationale : le 115 est débordé et, en ce début du mois de septembre, déboute des dizaines de personnes5 – parfois même des mères isolées avec enfants en bas âge – qui souhaitent y trouver refuge pour la nuit. Les Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile sont saturés.

Et pourtant, toujours selon le même rapport de l’INSEE, 12 914 logements demeurent vacants à Angers.

Face à ce constat, face à la dégradation nouvelle de la situation que laisse entrevoir le projet de loi ELAN, nous avons décidé collectivement de réquisitionner l’ancienne CPAM, sise au 34 boulevard Daviers..

… et nous revendiquons !

Notre démarche est affirmative. Nous cherchons à :

– Permettre à des hommes et des femmes de trouver un toit, même temporairement, face à la crise de l’accessibilité aux logements et à l’hébergement d’urgence,

– Produire une image heureuse du principe d’auto-réquisition : cette fois en bonne intelligence avec le propriétaire – l’Institut de Cancérologie de l’Ouest – qui prévoit une vente à l’entreprise ALTER pour le début de l’année 2019, nous avons entamé une médiation pour respecter les souhaits du propriétaire tout en trouvant des solutions concrètes aux problèmes que nous soulevons,

– Nouer la problématique du logement à celle de la vie du quartier : cet espace se veut aussi un espace d’activités socio-culturelles, ludiques et de partage de matériel et de savoir-faire, ouvert aux résidents du bâtiment occupé comme aux habitantes et habitants du quartier.

Notre démarche est également revendicative. Nous demandons :

– L’application des différents dispositifs de réquisition prévus par la loi,

– L’ouverture d’un plus grand nombre de place, dans les dispositifs d’hébergement d’urgence type 115, comme au sein des CADA,

– Le retrait de la loi ELAN, et notamment des articles concernant :
* La pénalisation des occupants sans droit ni titre,
* Le détricotage de la loi SRU,
* Les dispositifs favorisant la cession de la gestion des HLM à des bailleurs privés,
* La diminution des délais d’expulsion,
* La quasi-suppression des normes d’accessibilité pour les personnes en situation de handicap dans les logements neufs.

Le collectif des habitantes et des habitants de la CPAM réquisitionnée.

Plus d’infos :
cpam.occup(at)protonmail.com
FB : CPAM réquisitionnée