Quant à la stratégie administrative et au fond de dotation de la zad
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Catégorie : Local
Thèmes : Actions directesAnti-répressionAntifascismeContrôle socialD281EcologieExclusion/précarité/chômageLuttes étudiantes/lycéennesMouvementResistancesZad
Lieux : Notre-Dame-des-LandesZAD
Mesdames et messieurs, bonjour ; ou bonsoir peut être,
Ce que nous vivons ici, habitants-es et occupants-es de la ZAD, n’a aucun précédent. Aucune lutte n’y ressemble et aucune méthodologie ou stratégie ne s’y applique pour tendre assurément vers une victoire majeure pour la conservation d’un espace politique marginal et expérimental.
Nous avons su pendant ces 10 longues années d’occupation faire preuve d’une créativité entretenant le mythe d’une ZAD poétique et offensive. C’est ce rêve, cet imaginaire, cette liberté fragile et cette fougue sauvage et violente, qui a su donner espoir à celles et ceux qui cherchaient l’éclairci, et su faire peur à celles et ceux qui cherchent à l’éteindre.
La stratégie administrative renforce l’état
Non, ce ne sont pas les recours en justice, les petites victoires administratives, les pique-niques, ou les éternels rassemblements forains qui ont fait converger les regards sur notre bocage. Ces méthodes usées depuis des décennies, nourrissent parfaitement la légitimité de l’état à se prétendre démocratique, en laissant ici et là les luttes pacifiées et non violentes échouer sur le sable blanc de l’épuisement ou de l’isolement.
Continuer à utiliser ces méthodes c’est faire croire qu’elles furent utiles un jour, et qu’elles seront encore utile demain, c’est maintenir la croyance que la marche légale et les cadres d’actions imposé par l’état, des stratégies légalistes aux manifestations déambulatoires, pourront servir un jour à remettre en cause notre civilisation et libérer des espaces de son emprise.
La stratégie administrative, quel message politique ?
La stratégie administrative et son lot de fiches ne porte aucun message politique émancipateur. Il affirme à nos soutiens que nous n’avons plus aucune ressource créative, que baisser la tête reste la seule porte ouverte vers un semblant de liberté, que nous déposons les armes avant nos adversaires pour jouer selon leurs règles. Sans cela plus rien n’existerai ici. Aucune lutte ne saurait s’émanciper de l’état sans lui demander l’autorisation. Voilà le message que nous lançons « La liberté ne se prend pas, elle se demande ».
La stratégie administrative et le tri sélectif.
On entend souvent par ci par là l’argument prêt à valider l’efficacité toute relative de l’étape « signature de projet individuel » énonçant le constat de : « ne vois-tu pas que s’il y a encore du monde ici c’est parce qu’il y a eu des « barricades administratives » » suivi de près par « s’il l’avait voulu, il nous aurait écrasé ».
Depuis l’abandon de l’aéroport nous ne faisons que valider la tactique de l’état. D’abord en libérant la route des chicanes plutôt que d’en faire une autre visant à protéger ou ralentir l’expulsion d’une Zad doublement menacée qui souhaiterait rester unie.
Ensuite l’ouverture ou la poursuite d’un dialogue malgré le non-respect des demandes fermes à propos de la D281.
Pour finir la signature des fiches projets qui après l’ouverture au déploiement logistique des forces militaires, montraient du doigt celles-eux qui refuseraient de rentrer dans le rang.
Le premier message de la part de la ZAD est « notre radicalité est négociable »
Le deuxième : « les « radicaux-ales » sont une minorité ignorable et nous pouvons les faire marcher au pas dans le mouvement
Le troisième : nos rêves même rabaissés à de vulgaire dos d’âne et crapauduc sont ignorable
Le quatrième : « celles-eux qui ne sont pas capable de baisser la tête pour continuer à lutter dans les cases sont là » « nous assumons notre division, et ne sommes pas solidaire dans les actes collectifs ».
Jusqu’où sommes-nous prêt-es à aller ?
La Stratégie administrative fait gagner du temps ?
Nul besoin de s’étendre sur l’argument implacable de ces derniers mois.
Seul le temps fait gagner du temps. La stratégie administrative permet juste de conserver du confort. L’énergie allouée à cette stratégie nous fait perdre du temps, à collaborer ou à nous organiser pour s’y opposer. Temps que nous préférerions avoir pour nos jardins, pour reconstruire, pour l’action directe, pour prendre du repos, pour discuter de fond politique ou simplement pour penser à autre chose.
Et l’Affront de dotation dans tout ça ?
Nous reconnaissons le travail harassant subi par les partisan-nes des méandres judiciaires et administratifs. Un travail pour nous déterrer la moindre petite fissure dans la prison administrative dans laquelle nous nous engouffrons. Quand ils-elles trouvent un peu d’ironie dans une solution ils-elles nous l’offrent. Et voilà le fond de dotation. Solution viable sur bien des points même pour celles-eux qui rejettent la propriété et ses conflits d’usage.
Pour autant la solution est bien loin de satisfaire certaines envies de lendemain qui chantent. Non encore une fois ça ne fait pas rêver.
Profiter de la « notoriété » privilégiée de la zad pour lever des fonds et acheter des terres ? légitimer notre usage de ces terres par l’achat et non par la revendication politique ou philosophique ?
Libérer ces terres du désastre économique et environnemental par le rachat alors que nous sommes en mesure de l’arracher par la lutte politique ? C’est mettre la charrue avant les bœufs, (ou donner la route avant de négocier comme vous voudrez). C’est un aveu d’échec dont beaucoup ne se remettrons pas.
Alors KESKONFOU ICI ?
Nulle autre stratégie efficace et cohérente que de maintenir une occupation de territoire sans compromis, d’en ralentir les accès, de continuer à harceler les forces étatiques en présences (administratives ou militaires), reconstruire ce qui a été détruit et continuer à faire tourner ce qui reste debout, jusqu’au dernier souffle.
Une fois que nos ennemi-es s’épuiseront à nous écraser, nous mutiler, détruire nos maisons, nous tuer, nous enfermer, sans que le soutien populaire ne s’essouffle, nous pourrons éventuellement discuter avec l’état, d’égal à égal. Seul notre manque de courage et notre peur de perdre nos petits conforts et acquis bourgeois peuvent nous faire échouer dans nos ambitions révolutionnaires.
Restons confiants, confiantes et déterminées.
Je ne remets pas en question les idéaux de changements de société. Ils sont nécessaires.
Par contre, appeler à une opposition systématique, farouche et sans compromis, tant que le soutien populaire ne s’essouffle me paraît à côté de la réalité. Il n’y a pas de soutien populaire pour une occupation illégale des terres sinon celui de petits groupes en situation similaire d’occupation illégale d’autres espaces. Mais on ne parle pas là de soutien de la population qui ne se mobilisera que pour un projet d’occupation légale de la zad.
Imaginer un autre futur pour la zad c’est choisir de rester dans le rêve.
Le fonds de dotation est pourtant une solution qui pourrait permettre aux occupants de rester sur zone, même si elle est certainement difficile à mettre en oeuvre.
L’idée ? Une acquisition progressive des terres par une structure extérieure dans une finalité environnementale et écologique. La gestion des espaces serait confiée aux habitants dans le respect d’un cahier des charges à définir.
Le fonds serait créé par les associations de soutien et alimenté par des dons. Les habitants de la zad ne pourraient en faire partie. Ils pourraient éventuellement intégrer un comité consultatif. C’est le fonds qui décide des investissements et des affectations.
Les atouts de cette solution ?
C’est d’abord la propriété collective des terres.
C’est ensuite une solution fiscalement intéressante.
Pour la structure d’une part, parce que les dons perçus ne seraient pas imposables.
Le fonds a juridiquement le droit de faire des appels à la générosité publique (ce que ne peut pas faire une association, une SCI ou toute autre structure). 5000 personnes qui versent chacune 100 euros, et on arrive déjà à 500000 euros.
C’est une solution également avantageuse pour les donateurs puisqu’ils peuvent obtenir une réduction de 66 euros pour 100 euros versés.
Il peut être envisageable de réserver des espaces non motorisés.
Le point faible ?
La constitution d’un fonds de dotation doit obtenir l’agrément de la préfecture et l’aval des services fiscaux. Un fonds ne peut être constitué s’il a pour but de favoriser des intérêts particuliers.
il est vrai qu’envisager l’opinion publique comme un allié ou un ennemi requiert une boule de cristal.
faisons fit de l’attendre.
CE qui importe c’est l’engagement des réseaux militants (au sens large) à vouloir porter un projet politique qui dépasse la sphere agricole.
C’est un pari, et non un rêve. Il ne reste qu’à mettre en oeuvre tout les éléments qui pourraient permettre de gagner ce pari avec cohérence et sans compromis !
Il ne s’agit pas de phobie administrative mais de cohérence dans les choix d’action et de stratégie !
qu’une entité collective (légale ou non) réclame l’usage et la gestion des terres de la ZAD semble un jalon suffisant pour rentrer dans une campagne de communication, et dans la définition d’un projet “fédéré” sur la zad.
“”Une fois que nos ennemi-es s’épuiseront à nous écraser, nous mutiler, détruire nos maisons, nous tuer, nous enfermer, sans que le soutien populaire ne s’essouffle, nous pourrons éventuellement discuter avec l’état, d’égal à égal.””
En gros, donc, quand “nous” (c’est pas moi !) serons aussi quelque part un état. Historiquement c’est vrai, l’exemple de l’Ethiopie qui resta à la fin du XIX le seul état africain reconnu parce qu’elle remporta une victoire militaire sur son colonisateur putatif (l’italie) parle dans ce sens. mais faut il être un état, de fait, même light,même soft, même sans le vilain nom ?
D’autre part, l’égalité entre états ne tient pas : c’est la valeur accumulée qui la détermine, les états riches s’assoient sur les états pauvres. Et si on veut sortir de ça, il n’y a probablement pas d’issue dans une égalité souverainiste, c’est un vieux fake du libéralisme historique. Ou on devient cet “autre” qui est la référence, ou on disparait.
Enfin l’option un suppose que les “autres” vont s’épuiser -or, vu le rapport de force général et le fait que l’énorme majorité de la population suit et subit, adhère (quand il y a un million dans les rues, ce qui n’arrive même plus,pas oublier qu’il y en a soixante cinq qui n’y sont pas…) ça risque plutôt d’être, comme pour une grande part de nos initiatives, quand “nous” serons épuisés, voire pire ; ce qui tarde rarement (voir l’histoire des squats urbains).
D’autre part, a veux pas dire, mais je crains qu’il ne faut pas attendre que le capitalisme et ses organes baissent la garde en quelque manière que ce soit. Précisément parce qu’ils sont en crise, et se raidissent. On porte trop peu d’attention actuellement aux projets de réforme de la justice. Or ceux ci sont très nets ; un, des procédures de plus en plus sommaires et rapides pour condamner les “atteintes” ; deux, à l’inverse, un accès toujours plus difficile et coûteux aux recours et aux appels, notamment pour les plus faibles. En clair : faut que ça tourne, qu’on produise encore une peu de valeur, y a plus le temps de discuter (!). or ce rapport de force est réel, ce n’est pas en défilant ni même en élevant quelques barricades qu’on va le tangenter. D’ailleurs les dix ou quinze dernières années sont éloquentes à ce sujet. Défaites sur défaites devant la machine sociale dont le bras “armé”, efficace, qui n’est pas fait que de flics mais aussi de fonctionnaires, d’argent distribué ou pas, de ce juridique vis à vis duquel nous n’avons jamais été très clair, pensant qu’il pourrait servir à une sortie (alors que la vieille critique sociale le place à l’origine du monde actuel..).
“sans que le soutien populaire ne s’essouffle”
Bizarrement, le soutien populaire a été divisé par 10 dès lors qu’il ne restait plus que le “discours radical” qui se tenait.. Et encore, c’est sympa de dire “par 10”
Mais bon, vu que ceux qui suivent sont les bons, ceux qui suivent pas les méchants, qu’on pense détenir la vérité absolue, on risque pas de se remettre en question
Un commentaire classiste a été caché.
commentaire “classiste”
quand on en arrive à un tel degré de décomposition politique qu’on ne peut même plus traiter un bourgeois de bourgeois