Zad : des questions pour la suite
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Catégorie : Local
Thèmes : CmdoD281Zad
Lieux : Notre-Dame-des-LandesZAD
Je reviens de la ZAD avec un fort sentiment de loose.
Sensation que tout ça, toute cette lutte, toutes ces années de vie sur la ZAD, n’auront pas réussi à aller plus loin que ce constat digne du bar du coin ou de la cafet’ : Tant que le projet d’aéroport était là pour souder tout le monde contre lui, la ZAD tenait. Mais quand il n’est plus question d’aéroport, c’est la guerre civile entre tous les anti.
C’est moche de voir comment le mouvement ne va pas plus loin que cette vieille rengaine qui veut qu’on est incapable de construire quelque chose entre radicaux.
C’était vraiment pas brillant la semaine dernière sur la ZAD. L’impression de s’être fait écrasé au niveau médiatique, militaire et politique. D’être tombé dans un nid d’embrouilles entre les gens qui ne peuvent plus rien défendre. Ça rend ouf que le niveau d’embrouille soit tel que les gens sur zone ne soient pas capables de réagir collectivement même à un truc aussi atroce que la mutilation de Maxime.
Mais bon, ce texte ce n’est pas pour déprimer. Je n’habites pas sur la Zone, j’en suis loin géographiquement mais y viens pour les plus ou moins gros événements publics. Je sais que certaines vont paraître naïves, mais il me semble qu’il y a des questions qui doivent être posées de toute urgence pour pouvoir se relever.
Et quand je dis se relever, continuer la lutte pour la ZAD, c’est aussi avec la question en tête : est-ce qu’il y en a qui veulent se relever ? Est-ce qu’il y en à qui veulent se relever ensemble ?
Puis : Est-ce qu’on appelle encore ça la Zone A Défendre vu que force est de constater qu’il y a plus grand monde qui vient la défendre ? Ou pas pour les mêmes raisons. Et aussi, avec cette idée que la suite peut aussi vouloir dire des choses différentes, comme : Quelles suites ailleurs ?
Y a aussi une première question pour le moment présent :
Comment les gens dans la ZAD envisagent-ils de vivre ensemble, de continuer la lutte ensemble, alors qu’il y a de la haine à revendre de tous côtés, que ça s’insulte à tous moments, y a des histoires de lynchage à 10 contre 1, des histoires de gens mis dans des coffres, des histoires de barre de fer, de bande contre bande, des textes d’insultes, des stickers faits pour se foutre de la gueule du CMDO, ça tague dans tous les coins des jeux de mots foutage de gueule, ça parle de shlague à chiens bons à rien, ça s’est fait des coups tordus en AG, ça crie à la trahison dans tous les coins etc etc etc…
Par ce que bon, si ce n’est plus possible, c’est plus possible. Mais il manque alors des prises de position claires sur la non unité du mouvement, sur la non-unité de la ZAD, et alors il faut savoir ce qu’on vient défendre.
Répondre à cette question, c’est pour être clair pour la suite. Déjà, la semaine passée, c’était limite si tu devais dire pour le soutien de qui tu étais là, de tel lieu et pas pour tel autre lieu.
Mais c’est aussi parce que là, on perd la compréhension des militants. Pour celles et ceux pas trop loin politiquement, pas les téléspectateurs du JT de TF1 hein, la ZAD, c’est maintenant une zone d’embrouilles, et tu ne sais pas ce que tu viens soutenir vraiment. Des gens qui vont de toute manière s’entre-tuer ? Une zone de conflits politiques qui va tranquillement s’éteindre dans des attaques en règles et destruction de position politique antagoniste, en règlement de comptes ?
Déjà, au minimum, certains doivent reconnaître leur erreur. Je sais que c’est très facile à écrire, que je n’habite pas sur place. Mais comment est-ce possible de ne pas prendre position contre le coup de rajouter, post AG, à quelques-uns, l’engagement du mouvement à dégager la D281, alors qu’il n’y avait pas encore de consensus ? Il faut que chacun revienne sur ses erreurs.
Une chose est sûre aussi, c’est qu’il ne faut pas parler d’embrouilles, mais bien de conflits politiques. Il faut faire la part des choses quand même. Y a vraiment du ressentiment fort dans certains textes, des trucs faits sur zone puent le conflit inter-personnel, les vieilles rancœur, puent tout court, mais il faut prendre le temps de dégager les conflits politiques pour se confronter politiquement. Et d’en sortir par le haut, avec au moins des combats politiques qui se tiennent, des enjeux clairs et pas un méli-mélo de rumeur/ragot/arrivisme/fantasmes/ignorance de toutes parts.
Et aussi, il y a quand même une question (encore une) qui n’a vraiment eu que trop peu de réponse : Quel aurait été l’après ZAD sans les régularisations ? Il n’y avait pas de plan pour l’après destruction il me semble. Où serait allé tout le monde ? Chacun pour sa gueule ? Quelle sortie collective face aux militaires ?
A part ça, dans la stratégie des fiches, il y a un problème. Je dis ça ici, encore une fois c’est facile l’Internet. Mais les cabanes n’étaient pas sauvables par quelconques fiches. Quelle solidarité alors avec les gens dont les cabanes sont détruites ? Le problème c’est les grosses haines qui existent. Humainement il n’est pas possible d’héberger des gens chez toi quand ça fait des années que tu t’embrouille. Mais donc ? Je pense que ça doit être collectivement, en assemblée, que ces solutions doivent être trouvées, s’il n’est pas trop tard.
Bon voilà, beaucoup de questions, peu de réponses, mais il me semblait important de les remettre un peu au centre.
Salut, je peux comprendre que tu sois choqué par ce que tu appelles des “embrouilles” et il y en a c’est sûr, mais comme partout ailleurs. Ces derniers mois, elles ont augmenté parce que certains groupes ont été dévoilés, comme étant autoritaires. D’autres disent qu’il y aurait une sorte “d’individualisme collectif”. Durant les dernières opérations répressives, toujours d’une violence extrême, avec des charges intensives de grenades (la GLI-F4 faisait toujours partie de la panoplie), certains ont été jusqu’à viré des personnes de “leur collectif”, alors qu’elles tentaient de s’y réfugier, face à la violence policière qu’elles fuyaient. Quant à la D281, le “nettoyage” a été fait de force, par des pratiques de nouveau autoritaires et sans considération pour les personnes qui y vivaient, voire l’inconscience que c’était une porte béante à l’entrée des gm et de “l’armée”. Ces pratiques autoritaires ont depuis longtemps existé et n’ont jamais ressemblé à de l’anarchisme (quoi que, il doit y avoir des tas d’exemples dans l’histoire des mouvements anarchistes et de ses idées. par ex, Proudhon et son anarchisme chrétien, misogyne à souhait) Quant a la possibilité de réagir collectivement à la mutilation à la main de Maxime par un tir de grenade GLI-F4, il me semble au contraire que cela nous a tou.te.s abattues et qu’un grand nombre de personnes a dénoncé ce qu’il a subi, tout en s’efforçant de respecter sa parole, son image… Son image, ce sont des médias mainstream ou des personnes individuellement, qui l’ont relayé outrageusement, sans même flouter son visage. Il y a une certaine prudence à avoir, quand on commence à comprendre le fichage automatique de toutes personnes qui tentent de lutter contre ce monde mortifère et quand on a conscience des violences policières. Pour rappel, plus de 300 personnes ont été blessées par la police, depuis le 9 Avril, entre la Zad et Nantes, sans compter tous les traumatismes subis par cette répression, dans son ensemble pour toutes les personnes qui ont vécu les moments de répression violente et infame. Nous ignorons encore si cela va s’arrêter ou continuer, mais deux choses paraissent plus sûre, c’est l’indignation et la colère face à la violence d’état, qui ne s’éteignent pas. Une question me traverse l’esprit: pourquoi sommes nous toujours plus choqués par ce qui se passe dans notre environnement et moins par ce qui se passe ailleurs ? Je pense notamment aux palestinien.ne.s et la répression meurtrière qu’elles ont subi. Une banalisation du mal semble refaire surface et cela dure depuis plusieurs années. En ce qui concerne la Zad que nous sommes nombreux.ses à chérir, les questions d’usage des terres, de négociations et de normalisations qui compromettent les vies, il y a beaucoup à en dire… mais nos idées, nos convictions et nos liens ne seront jamais dévastés ! sur ce bonne nuit
Ce témoignage montre bien qu’une cohabitation durable n’est possible que tant que l’on partage un objectif commun minimum. C’était le cas jusqu’en janvier, ce ne l’est plus aujourd’hui et tant que cet objectif minimum n’est pas défini, les reconnaissances d’erreurs n’auront malheureusement aucun effet durable.
La lucidité oblige à dire qu’il n’y aura pas de réconciliation. Et il est inutile de mettre la responsabilité de cette division sur le dos de l’Etat. Elle a toujours existé.
De toutes façons, une réconciliation ne sauverait pas la zad, c’est l’opinion publique qui la sauvera. Dans un combat comme celui-là, la détermination des uns et des autres ne suffit pas si le mouvement ne réussit pas à gagner l’opinion publique.
Il y a donc nécessité de communiquer pour la convaincre. Or, actuellement, quand on parle de la zad, on ne parle plus du mode de vie mais seulement des affrontements. Pourquoi les radicaux se battent-ils ? On ne le sait pas vraiment. Il n’y a pas de porte-parole, pas de message.
Pour gagner l’opinion publique, il faut qu’il y ait un message, et que ce message soit recevable.
Evidemment, on sait qu’ils luttent contre les expulsions mais à quel titre ? Pour pouvoir vivre dans un territoire autonome – une nouvelle Commune – qui serait une société sans état ? Ce discours n’est pas recevable par l’opinion publique. Cela ne dérangerait personne si cette mini société se faisait sans bruit dans un terrain dont les occupants seraient les “légitimes propriétaires” mais la cause est perdue d’avance si l’on souhaite que la population soutienne un groupe dont l’objectif est la destruction de l’état. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’état rassure, en dépit de tous les griefs que l’on peut lui faire.
L’absence d’indignation populaire à la suite de la mutilation de Maxime en est la preuve éclatante. Rien à voir avec la mort de Rémy Fraisse qui luttait pour une cause compréhensible par l’opinion publique. Les derniers événements de la zad renvoient l’image de jeunes idéalistes qui sont là pour vivre leurs brèves expériences contestataires avant de revenir dans le monde réel.
Une société sans état, j’y ai souvent rêvé mais ce n’est pas de la désillusion que de dire que lorsque l’on a un peu voyagé, observé et réfléchi, il faudrait vivre bien à l’écart de la réalité dans une tour d’ivoire pour ne pas se rendre compte que le rêve d’une société sans état est un mythe.
Le bilan de tout cela ?
La bataille des barricades est déjà perdue car elle n’aura jamais le soutien populaire. Il n’y aura pas non plus de convergence des luttes car les uns veulent se battent pour conserver des acquis dans une société que les autres veulent détruire.
Il ne reste qu’à sauver ce qui peut l’être et proposer à l’opinion publique des solutions qui les rassurent, non conflictuelles.
N’oublions tout de même pas qu’une partie des décisions prises arbitrairement qui ont réduit le mouvement à son état actuel ont eu pour justification première cette fameuse opinion publique… Cette opinion publique a donc justifié l’ouverture de la D281, avec toutes les conséquences qui en ont résulté. C’est aussi pour cette fameuse opinion publique que certaines asso se sont dissociées publiquement et avec fracas de la lutte!
Conclusion: cette opinion publique et la décision prise de s’y soumettre a été une des pires stratégies pour la Zad. Il eu mieux fallut faire preuve de courrage et rester toutes et tous unies et solidaires sans avoir peur de l’opinion publique, qui aurait bien fini par suivre cet élan… L’Etat aurait eu bien du mal à justifier une attaque avec la violence que l’on sait, si le mouvement avait été unitaire, solide comme un bloc! Cela aurait été un sacré balèze truc dans l’histoire de notre socité contemporaine…
J’en ai poil assez d’entendre que certain-es ont des projets. ça laisse croire que les autres (j’imagine “radicales”) n’en ont pas. Mais en tant que soutien, qui a été de passage sur zone, actif dans d’autre lieu à l’appel d’actions décentralisé-es,… , j’en ai un milliard de projet, des utopiques, mais aussi des concrets. Et je les ai hypothèqués en m’investissant dans cette lutte. J’ai donné, peu en valeur capitaliste, mais ce peu, me manque beaucoup aujourd’hui (je demande pas qu’on me le rende et je regrette pas de l’avoir donné, j’ai donné au vrai sens du terme). Aujourd’hui, je vois encore partir des dons vers la ZAD, et j’ai même pas envie d’en demander une part infime qui me serait pourtant utile. Je me suis engagé, en prenant des risques physique, juridique, big up et solidarité aux camarades embastillé-es, mutilé-es, d’hier et d’aujourd’hui. J’entends parler de voisin-es, d’opinion publique, etc… qui veulent utiliser “leur route”. mais les voisin-es illes ont dit merci pour la plus value financière de leur bicoque ? On peut être radical-e mais pas ignorer que le bled de NDDL, serait mort pour l’habitat résidenciel si “leur route chicanée” n’avait pas participé au rapport de force pour faire capoter le projet. Les historiques ont récupérer leur droit, très bien, je leur en veux pas, dans le système c’est une bonne partie de leur retraite “le capital à réaliser”. Mais merde y a des camarades qui ont renoncé-es de fait à leur retraite en passant 10 ans sur zone, d’autres ont ruiné-es leur projet “intégré” à cause du fichage, de leur séjour au poste, ….. Ces camarades qui ne demandent même pas un arpent de terre en propriété individuelle. …
Voilà.
Aujourd’hui ce qui me fait le plus mal, c’est pas ce qui manque, c’est pas la non solidarité de certain-es personnes (je m’y attendais),… Ce qui me fait mal c’est qu’on crache sur mon petit engagement et surtout sur le beaucoup plus important de camarades, dont certain-es avec qui je ne partage que peu d’idéal politique, mais qui reste des camarades de lutte.
Pour répondre à la question de l’article, Et pour la suite ? Ben pour la suite vous pouvez être sûr-es que je serai plus radical-e, dès le début. Que je me méfierai des appels à “l’unité pour l’opinion”. Je me méfierai des engagements qui cautionnent l’état, tout en le critiquant sous toutes les coutures (honnêtement je sais pas comment vous faîtes après les démonstrations, de collusions préfectorale, de violences étatique, de mascarades juridiques, de mascarades votatives, … ??).
Je finirai sur une question accessoires: Et si la DUP avait été prolongée, le double langage continuerai pour pas se couper de soutiens radicaux ou non ?
Un commentaire d’observateur a été caché parce qu’il dit la même merde que partout ailleurs, et non parce qu’il dérange (vu que du coup on a un peu l’habitude de lire ce genre de dissociation).
On s’attend évidement à ses complaintes je-suis-pas-un-troll-je-suis-une-victime-de-censure.
Le marasme ,il s’appelle fascisme
Que ce soit sur la zad, avec un groupe d’encagoulés qui s’octroie droit de “police” ou chez les agresseurs qui grenades à tous va ou ailleurs à Paris par exemple quand les flics embastillent des gosses comme au lycée Arago !
Le capitalisme s’appuie sur le fascisme qui progresse en Europe tout comme Macron s’appuie sur les groupes identitaires, les chasseurs et sa police qui assassine ,invalide, violente à tout va en totale impunité .
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/26/mineurs-interpelles-au-lycee-arago-il-serait-temps-que-nous-leurs-aines-nous-dressions-face-aux-bourreaux_5304945_3232.html
Quand l’Etat et sa “justice” traitent les gosses comme des criminels ya de quoi s’inquiéter!
Et pendant ce temps là les mafieux adeptes des paradis fiscaux tels que Facebook, Uber, IBM, Microsoft sont royalement reçu par le monarque de l’Elysée .
En Europe c’est:
L’Espagne qui renoue avec son sinistre passé en pourchassant des femmes et hommes politiques catalanes dans l’indifférence générale.
L’Italie et son gouvernement fasciste qui se met en place face entre autre à l’arrivée des refugiés.
Le partenariat franco italien en matière de chasse aux réfugiés va donc se renforcer dans les prochain mois avec des morts ,des morts encore des morts à la Frontière ,en mer ,en montagne!
La croissance de la bête immonde se porte “bien”.Les actionnaires peuvent se réjouir .
Face à ça ,le plus préoccupant, alarmant, terrifiant, ce n’est pas que ça se passe comme ça , c’est que ça se passe sans qu’il y ait une réelle réponse politique, populaire conséquente car la majorité des masses est dans le déni pourvu qu’elle puisse toujours consommer et que l’ensemble de la caste politique est au service de ce système de plus en plus fascisant.
Force et courage à nous
Même l’ONU s’inquiète de la politique intérieure pour le moins policière de la France
https://www.20minutes.fr/societe/2276087-20180523-onu-epingle-france-lutte-antiterroriste-effets-preoccupants-libertes-individuelles