Au loin, les détonations de la ligne de front ; celles qui rythment les allés et venues de celles et ceux qui la rejoignent. A chaque détonation la peur qu’un ami, une camarade, un frère ou une sœur de lutte, tombe sous les jets incessants des grenades militaires. Là-bas il faut se faire offensif et prudent pour défendre l’idée d’un autre monde, avec dans la têtes les milliers d’images de mutilations opérées sur ceux qui luttent, des plus pacifistes aux plus déterminés. Avec dans la tête, Rémi.

 

Les hélicoptères qui survolent en permanence nos habitations, jour et nuit, les blindés qui sillonnent les routes désertes de l’occupation, nous donnent raison de croire que contre nous ils sont prêt à tout, à toutes les dépenses, à tous les moyens.

 

Ils savent !

Ils savent qu’ici se côtoient toutes les minorités en lutte, toutes celles qui à force d’abnégation ont fini par se taire à coup de campagne de communication, d’opération policière, de condamnation en justice au prétexte mainte fois utilisé de l’ennemi intérieur.

 

C’est pourtant cette beauté que nous vivons au quotidien depuis le début des expulsions, celle de croiser ici et là, autour d’un repas partagé, accroupi derrière une barricade ou sur le chemin du front, des personnes venues des quatre coins de France, d’Europe et du monde. De l’indépendantiste basque, aux « no tav », des opposants de Bure aux militants libertaires grecques, des sans-papiers aux sans dents, des étudiants aux cheminots en luttes. La liste est aussi longue qu’elle en est riche d’échanges et de partages. Car la Zad de Notre dame de landes est devenue l’oasis de tous ces espoirs déçus, ceux d’un avenir de liberté, d’auto détermination, d’auto gestion et de solidarité entre les individus et les peuples.

 

Sid