Asymétrie et crimes à gaza
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Un ”apparentement terrible” cher au Canard Enchaîné m’a une fois de plus frappé aujourd’hui, à la lecture de la page 3 des DNA, entre le titre de l’édito et les deux articles qui lui font face.
Le premier – celui qui a motivé le titre évoqué – traite des Kurdes sacrifiés au nom de la realpolitik sur l’autel de l’intransigeance du chef de l’Etat turque, soutenu sans nul risque de doute par son opinion publique. Le second fait l’objet d’un quart de page, mangé par une photo où l’on voit, de dos, une foule plus ou moins compacte, auréolée de fumée et, au (très) second plan, un talus. Le titre : “Violences à Gaza, au moins 15 Palestiniens tués”.
Sur cette image, on voit bien que les manifestants sont immobiles, certains ayant même leurs mains derrière le dos et ne tenant aucune arme ni objet pouvant constituer une menace pour ce qui se trouve derrière le talus.
Ce que cette photo ne montre pas, c’est ce que les journalistes du Monde ont choisi de faire voir. De l’autre côté du talus.
… à savoir les tireurs d’élite Israëliens, prêts à l’ “action”.
Ailleurs, dans les colonnes d’autres journaux ou sur les ondes de media audiovisuels, on parle de “heurts” à Gaza entre manifestants Palestiniens et soldats Israëliens, un peu comme si des violences avaient été commises des deux côtés, légitimant ainsi le rapport de force ayant conduit à la mort (inévitable, donc) de ces manifestants.
C’est bien cette asymétrie entre manifestants désarmés et soldats sur-armés, n’hésitant pas à tirer sur les premiers comme à la foire du Trône sur des pipes en terre cuite, qui choque tout être humain soucieux de la vie d’autrui et qui considère, comme moi, qu’une vie en vaut une autre ; que celle d’un Palestinien qui manifeste pacifiquement pour protester contre l’enfermement abominable qui frappe 2 millions de ses semblables vaut bien celle d’un Israëlien qui tente de vivre pacifiquement de l’autre côté des murs de cette prison – murs construit par les élus auxquels il a tout de même donné blanc-seing pour cette tâche.
Nous nous émouvons à juste titre devant les images d’un “Gandhi” de Richard Attenborough projetées sur grand écran et qui nous montrent le massacre d’Amritsar, commis voici 99 ans – bientôt un siècle ! Mais des massacres de même nature sont régulièrement perpétrés devant nos yeux. Yeux que nous détournons pudiquement, préférant ne pas regarder.
L’article du Monde que j’évoque a été rédigé par un reporter présent sur place. Il montre bien le rapport de force, la méthode utilisée de chaque côté durant la manifestation, les motivations des uns et des autres, leurs attitudes et l’enchaînement des faits. Le récit est presque insoutenable. Il en dit long, non seulement sur l’attitude et les intentions des responsables Israëliens, mais aussi sur la constante lâcheté des Gouvernements représentés à ONU devant le soutien inconditionnel des État-Unis pour leur “Cinquante et unième État”, comme on appelle désormais Israël.
Totalement démuni et sans aucune illusion, le secrétaire général adjoint des Nations Unies réclame une “enquête internationale indépendante”. Qui peut croire en l’efficacité – si ce n’est pas son existence elle-même – d’une telle enquête ? Celles, les rares, qui ont été, vaille que vaille, menées jusqu’ici, ont été entravées et, de toute façon, l’État israëlien s’en moque éperdûment, disposant d’un droit absolu à l’impunité.
Asymétrie toujours, lorsqu’on se rappelle que l’Afrique du Sud était officiellement frappée d’un boycott officiel de la part des pays occidentaux en représailles à l’Apartheid qu’elle imposait à sa population noire. Aujourd’hui, les militants du mouvement BDS, qui font propagande en faveur de l’appel à refuser achats ou investissement vis à vis des produits et des intérêts économiques israëliens, sont poursuivis par la justice française.
Je ne doute pas un instant que ce cri d’indignation que je pousse ici ne trouvera jamais d’écho dans les colonnes des DNA. J’avais eu la grande surprise d’y voir publié, il y a quelque temps, une réponse au courrier du consul honoraire d’Israël à Strasbourg à propos de l’installation de l’ambassade des États Unis à Jérusalem. Une troisième réponse (intitulée “suite et fin”) me contredisant a clôturé ce débat. J’ai reçu le jour même plusieurs coups de fils de la part de personnes ayant trouvé mon nom dans l’annuaire téléphonique pour me dire soit leur soutien, soit leur désapprobation. Les premiers pour manifester leur surprise d’avoir lu une telle critique des actions israëliennes dans ce quotidien, les seconds pour m’accuser d’antisémitisme.
Voilà bien, en effet, la défense bien commode de ceux qui assimilent antisionisme et antisémitisme, anticolonialisme et racisme. Ceux de mon entourage connaissent mon attachement à la religion juive et à son histoire. Il savent combien le sort fait à tant de millions de juifs durant la période nazie me soulève le cœur. Il devient lassant pour moi de dire aux uns et de rappeler aux autres tout ce que j’ai fait et continue de faire qui prouve l’hermétique frontière qui me sépare de l’antisémitisme. Mais le sort fait aux Palestiniens, même s’il n’a que fort peu de chose – si l’on ose dire, s’agissant du ghetto de Gaza – de comparable avec la Shoa, n’en mérite pas moins toute ma (notre) compassion et mes (nos) efforts pour y mettre fin, par la persuasion ou la pression.
L’armée israélienne a assasiné 15 Palestiniens lors des manifestations à Gaza. Plus de 1 400 autres personnes ont été blessées par les forces israéliennes lors des manifestations exigeant le droit au retour des réfugiés palestiniens sur leurs terres.
Ce samedi a été déclaré journée de deuil national, après que 15 Palestiniens aient été assassinés par les forces israéliennes d’occupation alors que des milliers de personnes marchaient près de la clôture avec Israël [Palestine de 1948] lors d’une grande manifestation marquant le 42ème anniversaire du Jour de la Terre.
« Les écoles, les universités ainsi que toutes les institutions à travers le pays fermeront samedi, conformément à la décision de Mahmoud Abbas [président de l’autorité de Ramallah] de déclarer un jour de deuil national pour les âmes des martyrs », a déclaré vendredi un communiqué.
Plus de 1400 autres personnes ont été blessées après que les forces israéliennes eurent tiré à balles réelles sur des manifestants et utilisé des gaz lacrymogènes pour les repousser de la clôture lourdement fortifiée, selon le ministère palestinien de la Santé.
La manifestation de vendredi commémorait le Jour de la Terre, qui marque la date du 30 mars 1976, lorsque six Israéliens palestiniens désarmés ont été abattus par les forces israéliennes lors de manifestations contre la décision du gouvernement israélien d’exproprier de vastes étendues de terres palestiniennes.
Les organisateurs de la marche de vendredi, surnommée la Grande Marche de retour, ont déclaré que le message principal de la manifestation était d’appeler au Droit au Retour des réfugiés palestiniens.
Environ 70% des deux millions d’habitants de Gaza sont des descendants de Palestiniens qui ont été chassés de leurs foyers dans les territoires pris par Israël pendant la guerre de 1948, connue par les Arabes sous le nom de Nakba.
Les manifestants à Gaza se sont rassemblés dans cinq endroits différents le long de la frontière, à l’origine positionnés à environ 700 mètres de la clôture.
Selon le ministère, la majorité ont été blessés par des tirs à balles réelles, des balles en acier recouvertes de caoutchouc et des gaz lacrymogènes.
« Une violation du droit international »
Mohammed Najjar, 25 ans, a été abattu à l’est de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, alors que Mahmoud Muammar, 38 ans, et Mohammed Abu Omar, 22 ans, ont tous deux été abattus à Rafah, a annoncé le ministère palestinien de la Santé ce vendredi.
Les 11 autres victimes ont été identifiées comme étant Ahmed Odeh, 19 ans, Jihad Freneh, 33 ans, Mahmoud Saadi Rahmi, 33 ans, Abdelfattah Abdelnabi, 22 ans, Ibrahim Abu Shaar, 20 ans, Abdelqader al-Hawajiri, Sari Abou Odeh, Hamdan Abu Amsheh, Jihad Abu Jamous, Bader al-Sabbagh et Naji Abu Hjair.
Plus tôt vendredi, Omar Waheed Abu Samour, un fermier de Gaza, a également été tué par des tirs d’artillerie israéliens alors qu’il se trouvait dans son terrain près de Khan Younis, quelques heures avant les manifestations.
Adalah, une organisation juridique pour la défense des droits des Palestiniens en Israël, a condamné l’utilisation de la force par l’armée israélienne, la qualifiant de violation du droit international.
« Des coups de feu sur des civils non armés constituent une violation brutale de l’obligation légale internationale de distinguer les civils des combattants », a déclaré le groupe dans un communiqué.
Il a également déclaré qu’il lancerait une enquête pour « exiger que les responsables présumés des meurtres soient traduits en justice ».
Jour de la terre
Selon les médias israéliens, l’armée israélienne a déployé plus de 100 snipers de l’autre côté de la clôture, avec la permission de tirer.
La marche a été organisée par toutes les factions politiques et plusieurs organisations de la société civile palestinienne dans l’enclave assiégée.
S’exprimant devant les manifestants, le dirigeant du Hamas, Ismail Haniya, a déclaré: « Le peuple palestinien a prouvé à maintes reprises qu’il pouvait prendre l’initiative et faire de grandes choses. Cette marche est le début du retour vers toute la Palestine. »
La manifestation de vendredi a également donné le coup d’envoi d’une manifestation de sit-in de six semaines le long de la clôture, avec un point culminant pour la commémoration de la Nakba le 15 mai.
On s’attend à ce que les États-Unis transfèrent leur ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem vers la même époque, à la suite de la déclaration du président Donald Trump de déclarer Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017.
http://www.chroniquepalestine.com/jour-terre-israel-commet-massacre-dans-ghetto-gaza/
Netanyahou a félicité l’armée israélienne après les massacres de Palestiniens dans Gaza.
Les commentaires du Premier ministre israélien ont été faits sans tenir compte de la condamnation croissante de l’utilisation de tirs à balles réelles par les militaires des troupes d’occupation lors des manifestations du Jour de la Terre.
Dans un communiqué publié samedi, Netanyahu a remercié ses troupes de « garder les frontières du pays » et de permettre aux « citoyens israéliens de célébrer pacifiquement la fête [de la Pâque] ».
« Bravo à nos soldats », a-t-il dit.
Plusieurs pays et groupes de défense des droits de l’homme ont dénoncé les tirs contre les manifestants palestiniens qui ont défilé par milliers le long de la clôture orientale de Gaza ce vendredi.
Au moins 17 Palestiniens ont été tués et plus de 1500 autres ont été blessés lorsque les forces israéliennes ont tiré à balles réelles sur les manifestants, et utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en acier recouvertes de caoutchouc pour les repousser de la zone clôturée, selon le ministère palestinien de la Santé.
Samedi, 49 autres personnes ont été blessées dans les manifestations qui se sont poursuivies.
Le groupe de défense des droits des Palestiniens Adalah a déclaré samedi que l’armée israélienne avait « accidentellement » pris la responsabilité des attaques contre les manifestants palestiniens, avant de supprimer le post de leur page Twitter officielle.
« Hier nous avons vu 30 000 personnes; nous sommes arrivés préparés et avec des renforts précis. Rien n’a été effectué de manière incontrôlée; tout était précis et mesuré, et nous savons où chaque balle a atterri », dit une capture d’écran du message, rediffusé par Adalah.
Au lendemain des manifestations, les dirigeants de plusieurs pays ont dénoncé les actions d’Israël.
Les États-Unis ont bloqué la publication d’une déclaration du Conseil de sécurité condamnant le recours à la force par Israël.
http://www.chroniquepalestine.com/le-droit-de-tuer/
Un commentaire mettant sur le même plan deux choses différentes a été caché.
Un commentaire pas très clair sur sa revendication (“mettre fin à …”) a été caché.
La journaliste israélienne Amira Hass donne une leçon de politique et d’honnêteté à ses concitoyens et au reste du monde, en expliquant toute la conscience politique contenue dans l’initiative de la Marche du Retour engagée par la société civile palestinienne.
” La répression de la lutte contre les droits nationaux et pour l’égalité n’est pas une science exacte. Difficile de savoir, même après 70 ans d’expérience de répression, si le fait de tuer des manifestants non armés qui n’ont pas menacé la vie d’un seul soldat, va décourager les manifestants ou avoir l’effet inverse.
Et après des décennies d’expérience, nos politiciens et notre armée continuent à présenter les Palestiniens comme des marionnettes du Hamas, tout comme ils les ont fait passer pour des pions de l’OLP.
Mais des dizaines de milliers de personnes ne participent pas à une manifestation risquée, défiant les avertissements israéliens, par simple obéissance au Hamas. Le faire croire, c’est afficher un profond mépris à la fois pour le public israélien, et adopter le langage des dictateurs.
Il est difficile de savoir exactement comment est née cette initiative de la Marche du Retour, mais elle implique de toute évidence une nouvelle génération qui en a assez des luttes intestines, et qui cherche comment faire bouger les choses. Et le Hamas, comme le Fatah ont été obligés de suivre. Ce ne sont pas des manœuvres mais une prise de conscience politique.
Et les dates choisies pour cette marche ne sont pas le fruit de manipulations cyniques . La Journée de la Terre marque l’assassinat de manifestants palestiniens qui étaient des citoyens israéliens et qui protestaient contre l’expropriation de leurs terres. Et c’est devenu une journée nationale qui unit les Palestiniens quels que soient les barrières ou les passeports qui les séparent. Et la douleur liée à la perte de leur terre natale en 1948 n’est pas un prétexte.
La décision de mener une action de 6 semaines le long de frontière fixée par Israël est une tentative politique de briser le blocus externe et interne imposé par Israel.
Ce n’est pas le nationalisme palestinien qui est mourant, mais c’est le Fatah, tandis que le Hamas ne parvient pas à représenter une alternative acceptée par tous. Et la société palestinienne a décidé de reprendre la main. Elle cherche ce qui pourrait mettre un terme aux divisions, en se basant sur les composantes de l’identité palestinienne qui sont acceptables par tous.
Et c’est dans cette optique que nous devons appréhender cette Marche du retour, qu’Israel réussisse ou pas à la vaincre par la répression.
Le choix politique qui est fait par Israël d’employer des moyens mortels pour réprimer une action civile populaire n’est pas lié à une quelconque crainte que ce droit au retour s’accomplisse. S’ils ont donné l’ordre aux soldats de tirer pour tuer c’est parce que cette marche déstabilise le pilier de la politique israélienne qui consiste à empêcher tout projet national palestinien de se réaliser en isolant la bande de Gaza du reste des Palestiniens de Cisjordanie et d’Israël.
Cet isolement, construit progressivement sur plus de 27 ans, n’a pas seulement provoqué une terrible crise économique et environnementale. Il a entraîné la constitution de deux gouvernements, ce qui arrangeait bien les affaires d’Israël. Et cette marche est une initiative sociale et politique qui essaie de surmonter cet obstacle.
On peut faire confiance aux dirigeants israéliens pour donner la réponse ad hoc quel que soit le développement de cette initiative. Si les manifestations de la Marche du Retour se terminent, ils diront que c’est grâce à la poigne de fer exercée dès le premier jour. Et si elles se poursuivent, ils expliqueront ne pas avoir été assez fermes avec ces « terroristes ».
Il y aurait eu quelques cocktails Molotov et quelques pneus brûlés, a écrit Amos Harel dans Haaretz. Mais tous ceux qui ont étudié le déroulement de la marche savent que même si cela avait été le cas, les snipers ont tiré dans le dos des manifestants qui ne constituait aucun danger pour les soldats. Et l’ambiance générale était de toute évidence festive et civile parmi les manifestants, avant les tueries de l’armée.
L’armée se permet de violer le droit international et de tirer sur des civils sans armes, et de les tuer parce que la société israélienne l’accepte, comme un acte de défense, sans chercher à en savoir davantage. Même chose de la part des gouvernements dans le monde, en dehors de quelques faibles condamnations, certainement pas de nature à dissuader Israel.
En tout cas, la Marche du Retour, qu’elle continue ou pas, fait savoir au monde entier que les habitants de Gaza ne sont pas des cas humanitaires passifs et désespérés, mais une population consciente politiquement. »
Source : Haaretz
Le compteur de la mort s’égrenait dramatiquement. Une mort toutes les 30 minutes. Encore une fois. Un autre. Un de plus. Israël était occupé à préparer la nuit du Seder [Pâque juive]. Les chaînes de télévision ont continué à diffuser leurs bêtises.
« Les affrontements à la frontière de Gaza reprennent alors que des milliers de personnes assistent aux funérailles de 15 Palestiniens tués lors des manifestations de vendredi. » « Des images de Gaza montrent un manifestant tué dans le dos alors qu’il fuyait le mur de la frontière israélienne. »
Il n’est pas difficile d’imaginer ce qui se serait passé si un colon avait été poignardé – les reporters sur place ; les studios ce TV en pleine activité. Mais à Gaza, les Forces de défense israéliennes (IDF) ont continué à massacrer impitoyablement, à un rythme effrayant, alors qu’Israël célébrait Passover.
S’il y avait un problème, c’était parce que les soldats ne pouvaient pas célébrer le Seder. A la tombée de la nuit, le nombre de cadavres avait atteint au moins 15, tous sous l’effet de balles réelles, avec plus de 750 blessés. Des chars et des tireurs d’élite contre des civils non armés. Ça s’appelle un massacre. Il n’y a pas d’autre mot pour ça.
Le porte-parole de l’armée a apporté une note comique lorsqu’il a annoncé dans la soirée : « Une attaque par balles a été déjouée. Deux terroristes se sont approchés de la clôture et ont tiré sur nos soldats. » Cela est arrivé après la 12e victime palestinienne et qui sait combien de blessés.
Les tireurs d’élite ont tiré sur des centaines de civils, mais deux Palestiniens qui ont osé riposter contre les soldats qui les massacrent sont des « terroristes », leurs actions qualifiées d’« attaques terroristes » et la sentence : la mort. Le manque de conscience de soi n’a jamais atteint de telles profondeurs dans les IDF.
Comme d’habitude, les médias ont apporté leur épouvantable soutien. Après 15 morts, Or Heller sur Channel 10 News a déclaré que l’incident le plus grave de la journée avait été le tir des deux Palestiniens. Dan Margalit [journaliste de « relief »] a « salué » l’armée.
Israël a subi un nouveau lavage de cerveau et s’est assis pour un repas festif [repas de Seder] dans un esprit d’autosatisfaction. Et puis les gens récitaient « Répands Ta fureur sur les nations qui ne Te connaissent pas », impressionnés par la propagation des plaies et s’enthousiasmant pour la mort des premiers-nés (la 10e plaie d’Egypte « …tous les premiers-nés moururent dans le pays d’Egypte », Exode).
Le Vendredi saint chrétien et la nuit du Seder juif sont devenus un jour de sang pour les Palestiniens de Gaza. On ne peut même pas parler de crime de guerre parce qu’il n’y a pas eu de guerre là-bas.
Le test par lequel les IDF et l’indifférence pathologique de l’opinion publique devraient être jugés est le suivant : que se passerait-il si des manifestants juifs israéliens, ultraorthodoxes ou autres, menaçaient d’envahir la Knesset ? Des tirs aussi insensés à balles réelles depuis des chars ou par des tireurs d’élite seraient-ils compris par le public ? L’assassinat de 15 manifestants juifs passerait-il sous silence ? Et si plusieurs dizaines de Palestiniens parvenaient à entrer en Israël, cela justifierait-il un massacre ?
L’assassinat de Palestiniens est accepté en Israël plus légèrement que l’assassinat de moustiques. Il n’y a rien de moins cher en Israël que le sang palestinien. S’il y avait cent ou même mille morts, Israël « saluerait » encore les IFD. C’est l’armée dont le commandant, le bon et modéré Gadi Eisenkot, est reçu avec une telle fierté par les Israéliens. Bien sûr, dans les entretiens avec les médias au moment des Fêtes, personne ne lui a posé de questions sur le massacre prévu et personne ne lui posera la question maintenant non plus.
Mais une armée qui s’enorgueillit d’avoir tiré sur un agriculteur travaillant sur sa terre, en montrant la vidéo sur son site Web afin d’intimider les Gazaouis ; une armée qui dresse des chars d’assaut contre des civils et se vante d’une centaine de tireurs d’élite qui attendent les manifestants, une telle armée a perdu toute décence. Comme s’il n’y avait pas d’autres mesures. Comme si les IDF avaient l’autorité ou le droit d’empêcher les manifestations à Gaza, menaçant les chauffeurs de bus de ne pas transporter les manifestants sur un territoire où l’occupation a pris fin depuis longtemps, comme tout le monde le sait.
Des jeunes hommes désespérés se faufilent depuis Gaza, armés d’armes ridicules, marchant sur des dizaines de kilomètres sans blesser personne, n’attendant que d’être pris pour échapper à la pauvreté de Gaza dans une prison israélienne. Cela ne touche la conscience de personne non plus. L’essentiel est que les IDF présentent fièrement leurs prises. Le président palestinien Mahmous Abbas est responsable de la situation à Gaza. Et le Hamas, bien sûr. Et l’Egypte. Et le monde arabe et le monde entier. Mais pas Israël. Il a quitté Gaza et les soldats israéliens ne commettent jamais de massacres !
Les noms ont été publiés le soir. Un homme se levait de ses prières, un autre a été abattu alors qu’il s’enfuyait. Les noms ne vont ébranler personne. Mohammed al-Najar, Omar Abu Samur, Ahmed Odeh, Sari Odeh, Bader al-Sabag. Cet espace est trop petit, à notre grande horreur, pour énumérer tous leurs noms.
Source : Haaretz