« Depuis janvier, 90 personnes reconduites au pays » indiquait la presse locale début septembre.

Aujourd’hui, nous pouvons constater une aggravation de la situation de toutes ces personnes étrangères :

Ø Accroissement constant des pressions exercées sur les demandeurs d’asile.

Ø Problème urgent du relogement et de la subsistance des personnes en fin de droits de plus en plus nombreuses. Même si l’aide à la subsistance a été rétablie, elle ne l’est que pour les enfants et ne permet rien d’autre que de les nourrir. Elle ne couvre aucun autre frais, notamment ceux inhérents aux transports.

Ø Hébergements non reconduits en hôtels comme en CADA. De nombreuses familles sont convoquées sur plainte de la DDASS au Tribunal de Grande Instance le 21 octobre pour refus de quitter leur logement. Le collectif héberge actuellement trois familles expulsées de leur hôtel dans un local mis à notre disposition par l’évêché jusqu’à la fin septembre. Elles ne seront pas pour autant relogées par l’état.

Ø Problème de la grande détresse psychologique de toutes les personnes concernées.

Ø Expulsion des Roms d’un terrain d’accueil en août avec caravanes brûlées.

Ø Refus de scolarisation d’enfants Roms par un maire d’une commune de l’agglomération.

Ø Arrêtés de reconduite à la frontière de plus en plus fréquents y compris pour des familles. Passages en référé au tribunal administratif tous déboutés avec présence policière devant la porte lors des audiences.

Ø Conditions de séjour au centre de rétention de Nantes où la situation se dégrade de jour en jour pour tous. Des enfants y sont détenus (en particulier des enfants Roms), contraints de rester des journées entières dans leur chambre sans pouvoir aller dehors ne serait-ce que pour respirer et jouer. Sans parler de la nature de la promiscuité qu’ils subissent ainsi que leurs parents. Des cars et des avions partent environ deux fois par semaine de Nantes, ils sont remplis de célibataires de toutes nationalités et de familles essentiellement Roms.

Nous interpellons régulièrement les pouvoirs publics qui, lorsqu’ils acceptent de nous recevoir ne nous donnent aucune réponse et encore moins de solution.

Nous demandons en vain une table ronde entre les représentants des Collectifs, de la Préfecture, de la DDASS, des structures d’accueil (CADA…) et des autorités locales (Conseil Général, Mairie de Nantes et de l’agglomération …) Devant ce refus de dialogue, les trois collectifs mobilisés ont appelé à un rassemblement devant la préfecture mercredi dernier. Environ 250 personnes avaient fait le déplacement .

6 représentants issus des 3 collectifs : Collectif Sans Papiers, Collectif de soutien aux Roms et Collectif Enfants Etrangers Citoyens Solidaires ont donc été reçus.

Dans un premier temps, la réponse de M.Koury a consisté en un strict rappel de toutes les dispositions juridiques et légales actuelles de l’Etat français. En bref, toutes ces familles ont eu le temps de défendre leur demande de droit d’asile et au final, si les commissions ad hoc ont décidé (et c’est aujourd’hui le cas pour plus de 90 % des situations) que ces familles doivent partir, elles partiront… « On n’ira pas chercher les gens chez eux, mais ils courent le risque d’un simple contrôle de papiers… », et en gros, comme l’on a pu le lire dans le récent article du Figaro affiché à l’école, on laissera pourrir la situation de ces familles jusqu’à ce qu’elles partent d’elles-mêmes.

En conclusion, M. Koury nous a rappelé qu’aucune « logique de régularisation pour tous » n’est à espérer « ni aujourd’hui, ni demain » pas plus que l’organisation d’une quelconque table ronde, car « les dossiers doivent être traités individuellement » et « pas à chaud ». Suite à l’évocation de certaines brutalités subies (notamment par les familles roms…), le directeur de cabinet nous a assurés (ce qui n’a d’ailleurs rassuré personne) que la préfecture veillerait à ce que « les choses se fassent de la façon la plus humaine possible ».

Devant notre insistance à évoquer concrètement la situation des familles et de l’ensemble des personnes que nous sommes amenés à côtoyer au quotidien et dont nous pouvons aisément mesurer la grande angoisse à l’idée d’un retour à une situation dramatique dans leur pays d’origine, devant notre entêtement à rappeler la place croissante que les médias donnent à notre action de contestation et à la détermination des membres des différents collectifs M. Koury a alors évoqué les efforts attestés par les quelques régularisations de familles intervenues récemment, laissant entrevoir des perspectives pour d’autres « cas ». A condition bien sûr et en insistant lourdement sur ce point que nous cessions de nous faire entendre.

La préfecture a donc clairement affiché le rapport de force !

Nous avons à faire à un chantage qui dépasse les jeux auxquels se prêtent habituellement les hommes politiques au regard de leurs rivalités : il s’agit là de tout mettre en place pour que les lois Sarkosy et Perben s’appliquent d’elles-mêmes sans avoir à en informer qui que ce soit et ce le plus rapidement possible.

Nous ne pouvons donc en aucun cas accepter de rentrer dans cette logique de chantage.

Nous ne saurons bien sûr, nous contenter de la gestion des choses « au cas par cas », même si nous nous réjouissons pour les quelques familles qui ont été régularisées ou qui pourraient peut-être l’être dans le courant de l’année.

Nous restons tous conscients que le chemin est encore long et qu’il sera semé d’embûches en tous genres, mais l’optimisme (il en faut !) et la détermination continuent à nous rassembler une fois par semaine en Assemblée Générale et le plus souvent possible sur des actions d’information auprès de la population : occupation d’une école ce matin, situation mise à l’ordre du jour des conseils d’écoles et des conseils de classes, présence sur un grand nombre d’événements culturels avec ou pas le soutien des organisateurs, conférences de presse, présence systématique au Tribunal Administratif et au Tribunal de Grande Instance, soutien moral et logistique aux personnes concernées.