Lettre à un.e drh
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Category: Global
Themes: Exclusion/précarité/chômageLuttes salariales
Madame, Monsieur,
Je me suis un peu renseigné sur l’entreprise que tu représentes. Actuellement.
Parce que vois tu, j’aime assez savoir avec qui je pourrais être amené à partager la majeure partie de mon temps.
Toutefois, à la suspicion des égards que tu vas très certainement accorder à l’examen de ma candidature, je te remercie de bien vouloir comprendre que je n’ai pas souhaité non plus y consacrer des heures. Par souci d’équité.
Je n’aime pas trop faire ma promotion.
Déjà parce que ce n’est pas mon domaine ni partie de mes désirs, et s’agissant de plus d’un exercice qui m’est exécrable, mais surtout parce que j’apprécie peu la perspective d’être considéré (et encore moins m’auto-considérer) comme étant une marchandise.
Si d’autre part le principal objectif de ce paragraphe consiste pour toi à émettre des doutes ou à le remettre en question, ce qui en soi et paradoxalement pourrait sembler fort légitime, je me permets de me questionner sur l’intérêt de sa rédaction tout en pensant que nous pouvons conjointement admettre que notre relation s’engage sur des bases malsaines de défiance qui préjugent d’assez mauvais auspices.
Toujours au sujet de cette même relation, le fait d’en analyser les opportunités me paraît empiéter sur tes fonctions, portant ainsi le risque de décridibiliser jusqu’à ton existence.
Je puis par contre te proposer afin d’humaniser ce processus de recrutement de nous rencontrer, à la manière dont le feraient des personnes sensibles pouvant être amenées à collaborer. Pour gage de bonne volonté je m’engage à effectuer et prendre à ma charge le déplacement vers tes locaux, pour te permettre de mener cette entrevue dans un contexte qui te sera incontestablement favorable.
Je conçois que ton temps est compté, et même tellement précieux qu’il t’est d’ailleurs rémunéré; mais considérant également cet entretien comme l’essence même de ton emploi j’oserais même aller jusqu’à penser qu’ainsi que mes semblables nous pourrions être jusqu’à ta raison d’être, plutôt qu’une « organisation scientifique du travail » comme le voulait son appellation aujourd’hui dépassée. Pour ma part il s’agira d’une imputation sur mon temps de liberté; non rémunéré.
Tu demeures bien évidemment en possession du pouvoir de refuser cette entrevue ou même d’y donner une suite par un simple retour de mail qui te prendrait quelques instants, un peu moins qu’un café, et bien que celà me soit difficile à concevoir je comprends que celà puisse néanmoins t’exalter.
Avec mes sincères bisous, Madame, Monsieur.
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