Journée internationale contre l’islamophobie du 10 décembre 2017 : intervention de michèle sibony
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Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismeRacismeRépressionResistances
Les trois piliers de l’offensive d’aujourd’hui sont un libéralisme forcené qui liquide tous les droits sociaux dont nous tous avons besoin pour vivre dans la dignité, un racisme forcené qui divise nos forces, désigne des coupables potentiels pour les attaques terroristes en Europe, sur le mode de la fable le loup et l’agneau « si ce n’est toi c’est donc ton frère » sans jamais prendre en compte qu’à l’échelle mondiale, ce sont justement les musulmans et les états où ils vivent qui sont les victimes principales de ce terrorisme. Et un sionisme forcené, sionisme d’État lui aussi, qui permet au plus haut niveau de nos gouvernements d’adopter une vision du monde profondément inégalitaire et injuste, ultra libérale et raciste justement, en désignant de plus tous les opposants à Israël comme des antisémites. Donc en se servant des juifs utilisés comme fer de lance de cette offensive. Et il est vraisemblable qu’au moment utile ils seront présentés comme les principaux responsables et serviront de bouc émissaire.
L’intrication de ces trois piliers se voit par exemple chez Trump et son entourage : néocons ultra libéral, on se souvient des attaques haineuses contre l’Obama Care et toute forme de sécurité sociale, raciste islamophobe négrophobe antisémite, et sioniste.
Renforcer l’axe de la résistance, c’est reconnaître que tous et chacun nous sommes à la fois contre le libéralisme sauvage qui détruit nos sociétés, contre le racisme et contre le sionisme qui continue de détruire la Palestine, et d’installer un régime d’Apartheid entre la mer et le Jourdain. Et c’est renforcer nos alliances quelques soient par ailleurs les débats internes et bienveillants que nous pouvons conduire entre nous. Je prendrai l’exemple ici de la véritable chasse aux sorcières qui est menée contre Houria Boutelja porte-parole du PIR et contre le PIR. Il faut défendre les intellectuels et les médias attaqués parce qu’ils perçoivent et critiquent l’islamophobie et l’ultra libéralisme, il faut défendre le CCIF quand ses dirigeants sont définis comme des soutiens du terrorisme, et il faut défendre le PIR et Houria Bouteldja en particulier, quand la diabolisation va jusqu’à la désigner comme antisémite, homophobe et raciste, anti féministe, par une lecture perverse, quand il y a lecture d’ailleurs, et vicieuse de ses textes.
Nos alliances ne signifient pas que nous sommes d’accord avec tout ce que nous disons les uns et les autres, dans toute alliance, et même dans le mariage, les différences comptent autant que les ressemblances. Nos alliances, nos liens signifient que nous sommes solidaires contre chaque parcelle attaquée de notre camp anti raciste antisioniste et anti libéral. Nous avons nous aussi trois piliers en commun : la fin du néoconservatisme, la lutte pour l’égalité et contre le racisme, la lutte contre le régime sioniste d’Israël aussi parce qu’il ce qu’il veut nous imposer comme modèle de société et de gouvernance, la politique de la force et du fait accompli.
Nous devons nous unir dans cette lutte, parce tous, nous sommes assignés, et manipulés par cette offensive, les arabes musulmans, danger intérieur terroriste, les juifs blanchis et soutien inconditionnel du sionisme, et les autres, qui croient pouvoir se payer le luxe d’échapper sans efforts à l’assignation de dominant, protecteur de l’héritage colonial et détenteur de privilège. Juifs musulmans ou issus du groupe dominant nous voulons tous sortir de ces assignations seul moyen d’établir l’égalité. Nous voulons tous nous décoloniser, comme on dit dans le camp anticolonialiste israélien, décoloniser c’est aussi décoloniser le colon. Le PIR est sans doute le mouvement qui a rendu visible la condition raciale et alimenté la réflexion décoloniale en France c’est sans doute la raison des attaques contre lui. Cet aspect-là doit être tu à tout prix. Mais je dirai qu’il est trop tard, le bien est fait, et nombre d’entre nous éveillés, réveillés à ces questions, continuent par eux-mêmes, à leur façon cette réflexion et ce chemin qui croise celui du racisme, de la colonialité du monde, et du libéralisme destructeur, et ils débattent avec le PIR dans le respect et l’amitié.
Renforcer l’axe de la résistance que nous constituons c’est conjuguer ensemble nos points communs : faire apparaître les revendications décoloniales incluant la lutte contre le régime sioniste et BDS dans les manifestations contre la casse sociale. De même rendre visibles nos revendications sociales dans les événements antiracistes. Refuser de reproduire entre nous les hiérarchies et dominations qui nous sont imposées par l’offensive.
Je voudrais préciser ce que j’entends par le pilier sioniste de l’offensive, et je citerai pour cela l’extrait d’un texte publié par Pascal Boniface récemment sur son blog :
« Lorsque M. Gozlan évoque le lien qui m’unirait à T. Ramadan, à savoir la mise en cause obsessionnelle d’Israël bien au-delà des choix politiques de l’État hébreu, elle trahit sa propre défense obsessionnelle d’Israël. Car c’est bien là le fond du problème, mal assumé, qui ne peut que la mettre mal à l’aise par rapport à un juif universaliste comme Edgar Morin. En effet, ceux qui sont jetés en pâture à l’opinion publique sont en réalité davantage visés pour avoir dénoncé l’occupation israélienne que d’avoir débattu avec T. Ramadan… »
Pascal Boniface vise très juste en effet, ce qui se cache mais se conjugue étroitement avec l’islamophobie c’est l’indéfectible soutien à Israël. Un philosionisme (qui a très peu à voir avec du p?ilosémitisme et sans doute beaucoup plus avec de l’antisémitisme.
Si l’on considère l’histoire récente, c’est en même temps que le début de la deuxième Intifada que Bush rapatrie les juifs dans un « occident judéo-chrétien » défini comme l’axe du bien en lutte contre un axe du mal constitué par l’Islam. Le rôle d’Israël et donc son soutien est intrinsèquement lié à l’offensive sur l’Islam. La casse sociale organisée en Europe et en France tout particulièrement, se sert du racisme islamophobe comme élément de diversion et de division, articulé au soutien politique d’Israël dans un Moyen Orient perçu comme un nouvelle zone à coloniser, dominer, contrôler par tous les moyens.
Avec la reconnaissance étatsunienne de l’annexion de Jérusalem, nous sommes dans une situation qui ressemble au moment de la déclaration Balfour, dit un Palestinien interviewé dans la rue à Jérusalem dans Libération. Il n’a pas tort sur deux plans, celui de la liquidation unilatérale encore une fois du droit du peuple palestinien. Mais aussi celui de l’antisémitisme sous-jacent à cette déclaration.
La position française exprimée par Macron et Valls avant lui qui transforme les juifs, tous les juifs en sionistes nous met dehors à pas de velours. Comme en 1917 au moment de la déclaration Balfour, on constate que les principaux artisans britanniques et soutiens du foyer juif en Palestine, détestaient les juifs, étaient antisémites et voyaient une Europe chrétienne blanche vidée de ces éléments étrangers. Ils l’ont écrit, et mis en œuvre dans leur politique de refus de l’immigration juive russe et polonaise en Grande Bretagne. L’histoire leur donna sinistrement raison avec la 2e guerre mondiale et la catastrophe du génocide qui vide l’Europe de ses juifs.
Non seulement l’UE, et la France, n’ont aucune intention de ne serait-ce qu’imposer une limite à Israël dans sa conquête de la Palestine, mais il y a une décision claire de nos gouvernements d’empêcher tout ce qui pourrait gêner Israël, or la seule chose qui le gêne depuis le tournant du millénaire c’est la Campagne de Boycott le Désinvestissement et les Sanctions (BDS). D’où la volonté de plus en plus générale de le criminaliser et si possible l’interdire. La formule proposée par Israël : antisionisme = antisémitisme est introduite en France d’abord par le rapport Rufin commandé par Sarkozy en 2004, puis la circulaire Alliot Marie, 2010 puis par Valls et Macron si antisionisme = antisémitisme, alors BDS est antisémite et on doit l’interdire. Car BDS lutte clairement contre la nature sioniste du régime israélien depuis sa naissance. Celle qui permet l’expulsion, la destruction, la discrimination entre ses citoyens de nationalité juive ou arabe, qui atteint aujourd’hui et même les dépasse les dimensions de l’Apartheid. Ce que l’on cherche à mettre au pas en même temps, n’en doutons pas, c’est notre propre expression, notre liberté d’opinion et d’action de citoyens libres. Là aussi qu’elles que soient les différences entre nous, si nous sommes d’accord qu’il faut absolument dire stop à Israël dans sa destruction de la Palestine, et qu’il faut défendre notre liberté de citoyen de dire non avec l’outil citoyen et pacifique du BDS, le seul qui soit parvenu à inquiéter ce régime, nous devons absolument lutter ensemble contre l’assimilation scandaleuse de ces deux notions antisémitisme et antisionisme et pour le développement de la Campagne BDS.
Si la confusion antisionisme antisémitisme a d’abord servi contre les musulmans et les arabes, comme carburant de l’islamophobie, le sionisme lui est en train de tuer le judaïsme. Le judaïsme c’est la loi contre la jungle, c’est les dix commandements, c’est la loi du talion si mal interprétée par l’ignorance européenne comme un principe primitif de vengeance, alors que la loi du talion c’est la notion avant-gardiste de la proportionnalité des peines. Le sionisme impose la loi du plus fort, et le régime israélien s’est mis hors la loi toutes catégories du droit international, humanitaire, des traités signés…Il participe de l’imposition d’un racisme généralisé, et de la déréglementation généralise que nous subissons au niveau du droit international, si tout est permis pour Israël alors tout est permis tout court, nous le voyons tous les jours.
Nous ne devons rien céder au racisme antijuif, ne rien céder à l’antisémitisme, et ne rien céder à l’imposture qui consiste à confondre antisionisme et antisémitisme. Car cette imposture est l’un des fondements de l’offensive islamophobe.
Je voudrais rappeler pour conclure les mots d’une autre « Sorcière » palestino-américaine, Linda Sarsour. Cette avocate pour les musulmans américains, la réforme de la justice pénale et les droits civils, ancienne directrice exécutive de l’Arab American Association de NY, co-présidente en janvier dernier de la marche nationale des femmes est diabolisée aux États-Unis pour son soutien au BDS. Invitée à intervenir n dans un colloque organisé par Jewish Voice for Peace le 29 novembre dernier – Colloque très menacé lui aussi d’annulation suite aux pressions de la gauche à l’extrême droite en raison de sa présence- elle a déclaré :
L’intersectionnalité ce n’est pas juste que les blancs et les noirs doivent s’organiser ensemble, ou que les juifs et les musulmans doivent s’organiser ensemble. C’est que nous devons tous nous organiser aux intersections de l’oppression et considérer l’oppression comme connectée.
L’antisémitisme est une branche du grand arbre du racisme a-t-elle ajouté. Vous ne pouvez juste vous intéresser à une seule branche, vous devez vous intéresser à toutes les branches ensemble pour pouvoir appréhender la racine du problème…
Sur l’antisémitisme :
Sans relation à leurs sentiments vis-à-vis d’Israël, juifs comme non juifs doivent s’engager à défaire l’antisémitisme. La menace existentielle réside à la Maison Blanche, et si ce que vous lisez toute la journée dans les média est que Linda Sarsour et le Ministre Louis Farrakhan sont la menace existentielle pour la communauté juive, alors quelque chose de vraiment grave va se produire et nous allons rater la cible , passer à côté de la question.
Sur le moment politique :
… ne parlons pas du mouvement des droits civiques d’il y a 50 ans, parce qu’il y a un mouvement des droits civils qui se produit maintenant Nous vivons sous le fascisme et nous avons besoin de tout le monde sur le pont…
Ce dont elle parle nous concerne, nous ressemble et nous devrions l’écouter.
Pourquoi veut-on réduire au silence les militants de l’antiracisme politique ?
1) Constat : A priori, on ne nous fait pas taire.
Là où d’autres sont attaqués frontalement et avec une violence inouïe, l’UJFP est à ce jour épargnée. C’est donc notre rôle, voire notre responsabilité compte tenu de la situation plus avantageuse qui est la nôtre, de prendre la parole sur ces sujets là, pour aider le mouvement de l’antiracisme politique dans son intégralité.
Dernier exemple en date : le syndicat Sud Éducation se voit menacé d’un procès par le Ministre de l’Éducation pour avoir employé le terme « racisme d’État », que M. Blanquer qualifie d’épouvantable, lors d’un stage de formation syndicale. Il me semble qu’avant de porter un jugement sur un concept, il convient d’abord de le définir. Selon la militante féministe et antiraciste Mélusine, « la notion de « racisme institutionnel » expose les mécanismes de discriminations directes et indirectes auxquelles font face les racisé.e.s à l’école, sur le marché du travail ou auprès de l’administration et des services publics.
L’idée de « racisme d’État », quant à elle, interroge l’impact du système raciste sur la structure même de l’État et les choix de politiques publiques ». Pierre Tevanian, de son côté, précise qu’« il ne faut pas réduire la politique d’un État à son œuvre de législation […] Et de la même manière qu’il y a des paroles racistes, il y a des silences racistes, un laisser-faire raciste. » On peut légitimement s’interroger sur la pertinence de ce terme comme de tout autre concept scientifique mais empêcher tout débat en choisissant le recours à des poursuites judiciaires pour faire taire celles et ceux qui souhaitent aborder cette question a de quoi interroger. Cette démarche aboutit en effet à détourner l’attention de la réalité de discriminations systémiques subies par des catégories de la population pour jeter l’opprobre sur des militants syndicaux jugés dangereux et, c’est le comble, racistes ! Et pourtant, nommer un mal, c’est en reconnaître l’existence, ce qui constitue la première étape nécessaire au combat qu’il faut mener pour s’en défaire.
Le terme « racisme d’État » est en tout cas utilisé par l’UJFP et ses militants depuis de nombreuses années, lors de prises de parole publiques, dans ses communiqués et, plus récemment, dans une série de clips intitulé Paroles juives contre le racisme dont l’association vient de commencer la diffusion sur internet. A ce jour, nous n’avons pas encore été la cible d’un procès, sur le fond ou juridique, par les autorités. Certes, nous faisons l’objet de remarques insultantes et diffamatoires de la part de personnalités et médias pro-israéliens et/ou réactionnaires mais jusqu’ici, nous n’avons pas été la cible d’attaques répétées de responsables politiques de premier plan, encore moins d’une menace de poursuites judiciaires.
2) Comment interpréter ce traitement spécial ?
Il est vrai qu’il paraît actuellement difficile de s’en prendre à une association juive car les Juifs font l’objet d’un processus de racisation particulier depuis des années. Ce processus peut s’apparenter, à première vue, à du philosémitisme. En effet, il semble que les citoyens juifs de ce pays bénéficient d’une certaine forme de privilège, notamment en ce qui concerne ce que l’on a coutume d’appeler « le devoir de mémoire » et la lutte contre le racisme. Concrètement, cela se traduit par l’emploi continu de l’expression « lutte contre le racisme et l’antisémitisme » par des organismes directement liés à l’État comme la DILCRA (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme) ou certains de ses partenaires officiels comme la LICRA. Cette lutte est même considérée comme l’une « des missions fondamentales de l’École, réaffirmée dans la loi de refondation de l’École de la République du 8 juillet 2013 ». Cette différenciation dans le combat antiraciste officiel fait écho à l’amnésie sélective du pays quant à certaines pages sombres de son histoire. Si la reconnaissance de sa culpabilité par la France au moment de Vichy ne fait plus de doute et a rendu légitimes des réparations et multiples hommages, le pays semble avoir beaucoup plus de difficultés à regarder en face son passé esclavagiste et colonial. Du moins, s’il le reconnaît officiellement, nombreux sont ceux qui, dans la classe politique et médiatique, s’insurgent contre une « repentance » à leurs yeux infondée et insupportable.
Pour toutes ces raisons, les Français juifs seraient donc une « communauté » à part, qui bénéficierait d’une attention particulière et d’une protection spéciale. Drôle de citoyenneté que celle qui consiste à vous extraire du corps national… Pour reprendre les propos de Rudolf Bkouche, regretté membre de l’UJFP : « la philie, en particulier lorsqu’elle est prise en charge par l’État, a d’autres enjeux, enjeux essentiellement politiques, dont le plus important est de diviser en fabriquant du ressentiment. » En somme, l’adage « diviser pour mieux régner » se vérifie toujours et en France, aujourd’hui, la division des minorités passe par l’accord de pseudo-privilèges à certains racisés au détriment d’autres. Ceux-là, en plus de subir des discriminations systémiques et les sorties islamophobes, négrophobes et rromophobes de nombreux intellectuels, journalistes ou responsables politiques, sont réduits au silence par l’accusation rédhibitoire et infamante d’antisémitisme lorsqu’ils manifestement une colère face à ce qu’il faut bien appeler un « deux poids/deux mesures ».
Parallèlement à cela, plusieurs responsables politiques de premier plan qui se sont succédé ces dernières années, parmi lesquels l’ancien Premier ministre Manuel Valls et, ce qui est encore plus grave, l’actuel Président de la République Emmanuel Macron, ont repris à leur compte l’équation fallacieuse « antisionisme = antisémitisme ». Autrement dit, quiconque critique la politique israélienne n’agit en réalité que par antijudaïsme primaire. Comme si la haine d’individus pour ce qu’ils sont et la critique d’une politique coloniale également dénoncée par de multiples ONG et instances internationales étaient la même chose ! Rares sont les dupes qui ne perçoivent plus le chantage au racisme voué à faire taire des prises de positions politiques parfois portées par des descendants de l’immigration post-coloniale, pour certains d’ailleurs acteurs de l’antiracisme politique. Et pourtant, si la ficelle paraît bien grosse et de moins en moins convaincante, elle s’utilise encore… Alors on est en droit de se demander « pourquoi » ? Un tel traitement qui alimente in fine l’antisémitisme qu’il prétend combattre doit-il vraiment être nommé philosémitisme ? Quand on repense que, pour la dernière commémoration de la rafle du Veld’Hiv, c’est le Premier ministre israélien qu’Emmanuel Macron a choisi d’inviter, on peut légitimement s’interroger sur le message adressé aux Juifs de France : sont-ils des citoyens un peu différents, pas tout à fait Français et qui, par conséquent, doivent être représentés par l’État d’Israël, même lorsqu’il s’agit de se rappeler un crime « franco-français » ? En somme, plutôt que de parler de philosémitisme, n’aurait-on pas à faire à du philosionisme ? Et si oui, comment l’expliquer ?
Cela arrange la France de nier la parole portée, entre autres, par l’UJFP. Nous attaquer frontalement, ce serait aussi risquer de nous donner une exposition médiatique qui laisserait entendre nos positions ; or les autorités ont besoin des Juifs comme prétexte pour justifier les liens privilégiés de la France avec Israël. Ne soyons pas naïfs : cela a peu à voir avec son passé vichyste mais plutôt avec les nombreux intérêts économiques, géostratégiques, militaires et scientifiques que le pays espère défendre en conservant un partenariat solide avec Tel Aviv. Seulement voilà : il est plus aisé de justifier le soutien à Israël en présentant le pays comme un rempart contre le racisme antijuif que par l’opportunité qu’il représente au niveau du commerce d’armes ou encore, par exemple, de la coopération sécuritaire (contraire aux engagements de la France à respecter le droit international humanitaire). Dans ce système, les Juifs ne sont que les pions d’un calcul politique qui les renvoie sans cesse à leur altérité. Le gouvernement n’a de toute évidence pas intérêt à laisser entendre une parole juive opposée au sionisme, qui rappelle qu’il n’est pas, loin de là, synonyme de judaïsme ou de judéité, et qui dénonce cette idéologie pour ce qu’elle est : une forme de colonialisme qui prône la séparation entre Juifs et non-Juifs, commet des crimes quotidiens contre les Palestiniens, et discrimine parfois brutalement les non-Juifs vivant en Israël. Alors, là où des partenaires de l’antiracisme politique ou leurs relais subissent des agressions frontales violentes destinées à leur faire « rendre gorge » comme a déclaré Manuel Valls à l’encontre d’Edwy Plenel et Mediapart, on peut penser que le silence qui a pour l’instant prévalu quant aux actions de l’UJFP n’est qu’une stratégie pour faire taire notre parole. Et notre association n’est pas la seule voix juive dissidente à ne trouver que peu d’écho dans la société. L’absence de reprise éditoriale du livre Un boycott légitime : pour le BDS universitaire et culturel de l’État d’Israël par Armelle Laborie et le cinéaste israélien Eyal Sivan en est une autre illustration.
3) Et demain ?
Mais peut-être que cet « angle mort » dans la répression du mouvement de l’antiracisme politique n’est que temporaire ? Après tout, il ne faut pas oublier qu’après la parution de notre précédent livre Une parole juive contre le racisme, subventionné par le CGET (Commissariat Général à l’Égalité des Territoires), Roger Cukierman, le président du CRIF avait adressé un courrier au Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, pour lui signifier qu’il était « désagréablement surpris » que le CGET parraine « les dérives antisionistes et propagandistes d’un petit groupe militant ». Alors qui peut dire combien de temps encore notre parole ne sera pas la cible d’attaques plus directes et brutales ?
Le professeur de Frantz Fanon l’avait mis en garde en lui disant « Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous » Je crois qu’aujourd’hui, la même prudence est de mise pour les personnalités ou organisations juives, surtout celles qui rejettent l’assignation au sionisme : « Quand vous entendez dire du mal des autres racisés et leurs partenaires, dressez l’oreille, on parle de vous. »
http://www.ujfp.org/spip.php?article6056
Vérifiez par vous même :
-Ces prises de paroles se sont déroulées avec l’organisation islamiste nommée : P S M
– plus d’infos : https://nantes.indymedia.org/articles/39368
Se servir d’un article refusé pour trollage, c’est pas très intelligent comme argument. D’autant plus qu’il suffit de lire le commentaire pour voir d’où venait la tentative de trollage, la confusionniste Ornella Guyet, complice de Caroline Fourest et islamophobe déclarée.
Peut-être aussi serait-il bon de préciser ce que les modos avaient dit à l’époque de ce genre d’article :
> article validé mais démarche harcelante irrecevable
(…)
« quelle sera la suite ? Vous allez traquer la moindre petition signée par Ndella Paye pour demander son refus ? Autant vous prévenir tout de suite : ce sera non. Cette technique de banissement par association de noms et de soit-disant soutien pue l’inquisition jusqu’à la nausée. »
Publié: le mercredi 6 avril 2016 à 14:35 par modo
Ajoutons que les accusations de crimes au Maroc par PSM reposent sur les affirmations d’une seule personne assez suspecte, qui n’a réussi à convaincre ni les organisations participantes aux Journées internationales NI MÊME SA PROPRE ORGANISATION !
En fait, il s’agit d’essayer d’interdire n’importe quel évènement antiraciste et anti-islamophobe, comme d’habitude. Si certain-e-s attendaient une critique constructive des déclarations de Michèle Sibony, ils/elles vont être déçus !
plusieurs jours en attente, visiblement personne ne se sent ni de le valider ni de le refuser. comme ce texte n’a aucune urgence et qu’il y en a quelques unes dans le coins, je le mets en débat… et je passe les commentaires en modération à priori puisque le trollage habituel reprend et qu’on a retiré l’un d’eux, l’autre ayant déjà eut une réponse…