Témoignage de robin & communiqué commun des équipes médic, automédia et légale de #bure suite à la manifestation du 15 août 2017
Published on , Edited on
Category: Global
Themes: AntinukeBureEcologieNucléaireRépression
Places: Bure
« Je suis Robin,la personne qui a été blessée au pied par une des nombreuses grenades assourdissantes que les gendarmes mobiles ont lancé sur les manifestant-e-s, aux alentours de Bure mardi 15 août 2017. Je suis à l’hôpital de Nancy. Mon pied est dans un sale état, la grenade l’a creusé sur une profondeur de 3 cm et un diamètre de 13 cm. Les os sont pour la plupart brisés. Certains ont même disparus, pulvérisés. La chaussure a été explosée, le plastique a fondu et s’est engouffré dans la plaie, si bien qu’une infection est probable, ce qui nécessiterait l’amputation des 5 orteils. À cela s’ajoute une trentaine d’éclats répartis dans l’autre jambe.
Les gendarmes ont tiré une quinzaine de grenades assourdissantes, ils ne courraient aucun danger.
Juste avant que mon pied saute, j’ai vu une grenade exploser à hauteur de tête.
Pour moi la volonté des forces de l’ordre à ce moment là est très clairement de blesser ou tuer, dans le but de terroriser ceux qui se battent et ceux qui ne se battent pas encore. Sur le brancard de l‘équipe médic dont je salue le courage et l’efficacité, j’ entendais encore les grenades exploser. Malgré le brutal changement que cette blessure va provoquer dans ma vie de père de 2 enfants en bas âge, j’appelle plus que jamais à continuer le combat, à le prendre ou le reprendre pour certain-e-s. »
- Écrire à Robin et aux autres copaines blessé-e-s : Pour écrire et témoigner de notre soutien à Robin et aux autres copain-e-s blessé-e-s lors de la manif, n’hésitez pas à écrire à la Maison de résistance à Bure, 2 rue de l’Église, 55290 BURE.
Communiqué commun des équipes médic, automédia et légale de Bure suite à la manifestation du 15 août 2017
À Bure le 15 août 2017 le cortège d’environ 800 personnes n’avait jamais été aussi massif pour une manifestation non déclarée à Bure. Face à elle, la Préfecture a choisi délibérément une stratégie d’asphyxie et d’agression entraînant de nombreux-ses blessé-e-s. Le dispositif policier de la journée était deux fois plus important que celui mis en place lors de la manifestation du 18 février 2017, à savoir qu’une quinzaine de fourgons de gendarmes mobiles ont été comptabilisés, ainsi qu’un canon à eau.
Le trajet de la manifestation, partant en direction de Saudron et non du laboratoire, était pensé précisément pour éviter la «zone rouge» fortifiée, le dispositif anti-émeute, et les affrontements. L’objectif était de se rendre sur un grand terrain entre le village de Saudron et de l’Espace Technologique (bâtiment de l’Andra), pour y visibiliser un site néolithique de très grande importance découvert par les fouilles et occulté par l’Andra.
Cependant la préfecture a tenté de provoquer délibérément l’affrontement en plein milieu de Bure, 100m après le départ de la manifestation : plusieurs fourgons avaient été postés à la sortie du village. Plutôt que de tomber dans ce piège, les manifestant-e-s ont intelligemment choisi d’éviter la confrontation et de faire un détour de 4km à travers champs pour atteindre le terrain envisagé. À deux pas de l’objectif, à la sortie de Saudron, plusieurs fourgons de GM et un canon à eau ont été de nouveau déployés, et les premiers tirs de lacrymos envoyés, rendant inévitable les affrontements en plein milieu du village…
Le dispositif policier
Outre les pluies de lacrymos et l’usage du canon à eau, la police a utilisé des lanceurs de balle de défense, notamment au-dessus de la ceinture (ce qui n’est pas « légalement » autorisé), provoquant des blessures notables sur plusieurs personnes. Mais également de nombreuses grenades de désencerclement ou assourdissantes, tirées à la main mais aussi avec des lanceurs jusqu’à plusieurs dizaines de mètres derrière les lignes d’affrontement, entraînant de lourdes blessures.
Sur une petite portion des affrontements en fin de manif ont été relevés (au moins) les restes d’une bonne quinzaine de grenades assourdissantes, 12 tirs de LBD , 4 grenades de désencerclement. Ce qui donne une idée de l’ampleur globale de la journée.
Relevé des personnes blessé-e-s
Les équipes médics dénombrent plus de 30 blessés, parmi lesquels quelques unes avec des blessures conséquentes, et 3 hospitalisations. On peut notamment mentionner une hospitalisation pour une blessure très grave :
- Un manifestant a eu le pied déchiqueté après l’explosion d’une grenade assourdissante, entraînant une triple fracture ouverte sur les os métacarpiens. Les chirurgiens ayant pris en charge le blessé, après premiers soins par l’équipe médic, parlent maintenant d’un risque d’amputation des orteils à cause de la présence de plastique fondu de sa chaussure dans les tissus. ⇒ Une photo est disponible ici, attention elle est très choquante.
Lors de l’évacuation des blessé-e-s, les forces de l’ordre ont pris pour cible les groupes de personnes qui étaient en train de venir en aide aux blessé.e.s, en engendrant panique et nouvelles blessures.
Pour les blessé-e-s les plus graves, les services publics de secours ont été appelés mais nous n’avons pu que constater leur difficulté à gérer des blessures balistiques pour lesquelles ils ne semblent pas être formés. Faut-il former les services de secours à soigner des blessures « de guerre » ou arrêter d’utiliser des armes à feu sur des civils susceptibles de mutiler et tuer, contrairement à ce que suppose leur « non-létalité » ?
Ce bilan est extrêmement lourd et s’additionne à celui, déjà très violent, de la manifestation du 18 février 2017, où une vingtaine de personnes avaient été blessés et 2 hospitalisées.
Potentielles suites répressives pour les personnes hospitalisé-e-s
Non content de se limiter à blesser, mutiler et peut-être amputer des manifestant.es, la police va jusqu’à les assaillir dans les hôpitaux, parfois avant même qu’ielles soient soigné-e-s, pour les auditionner voire les perquisitionner :
- Une personne hospitalisée à Neufchâteau a vu débarquer la police dans sa chambre pour contrôler son identité.
- À l’hôpital de Nancy, la police a auditionné le manifestant sévèrement blessé au pied dans l’après-midi du 16 août, 1h30 d’interrogatoire épuisant par des gens responsables d’une possible amputation. Une question sur deux le concernait, les autres étaient sur la manifestation. « J’accepte l’audition mais je ne vous dirai rien vous avez bousillé ma vie », réponse sur le ton du gentil flic « On est là pour vous, pas contre vous, là pour vous aider. » 1h30 plus tard, les policiers reviennent avec un ordre de perquisition pour contrôler ses vêtements. « Je suis fatigué, vous me mettez la pression, c’est la deuxième fois que vous rentrez dans ma chambre ! ». Réponse : « J’ai été gentil, j’aurais pu ne pas l’être. »
Une stratégie répressive de plus en plus brutale
Il est loin le temps où la stratégie de l’Andra et de la Préfecture se résumait à « ne faisons pas de vagues », pour éviter de trop visibiliser la contestation du projet. Depuis quelques mois la stratégie policière évolue vers un tournant de plus en plus agressif : intimidations et provocations au quotidien, asphyxie directe des manifestations, blessés graves. Bien loin de se cantonner à protéger le laboratoire et les autres infrastructures comme c’était le cas par le passé, les gendarmes ont reçu l’ordre de venir directement au contact des manifestant-e-s en plein milieu des villages, pour apeurer les gens, favoriser la division, blesser, mutiler… Jusqu’où ira-t-elle ?
L’objectif d’un tel communiqué n’est pas de tomber dans une contre-propagande victimaire, un bilan morbide ou une surenchère guerrière. Il est de documenter au mieux les attaques de la police sur le cortège, et d’offrir un témoignage sur l’évolution continue du dispositif répressif à Bure. Nous prenons acte de cette stratégie d’asphyxie et, dans les mois et années à venir, nous allons chercher à nous donner de l’air de multiples manières.
Gallery
Attachments
- @ZIRAdies: #Bure une drôle de récolte de champignons après la manif du 15.... La répression a été ultra violente. #ViolencesPolicières
- #Bure: "il impossible d’ignorer les similarités avec la stratégie de la tension du gvt qui a entraîné la mort de Rémi Fraisse" via @mediapart
- @ZIRAdies: #Bure solidarité avec Robin blessé au pied par une grenade lors de la manifestation du 15 aout. Stop #ViolencesPolicières
J’ai refais l’article car on m’avait dit que le témoignage n’était que sur facebook mais en fait non, désolée, je l’aurai pas publié sinon. Vaut mieux aller sur le site de la lutte de Bure directement, c’est mieux pour toutes les autres infos qu’il contient aussi.
http://vmc.camp/2017/08/17/a-bure-la-prefecture-continue-sa-strategie-descalade-brutale-au-prix-de-nombreux-ses-blesse-e-s-continuons-le-soutien/
De retour de Bure.
La répression a clairement changé de forme, puisqu’il n’y a eu aucune tentative d’interpellation, donc de sanction judiciaire, mais une pluie de tirs de LBD (Flash-Ball), de lacrymo, usage du canon à eau, et des grenades. Et pas n’importe lesquelles, outre les habituelles grenades de désencerclement, on a eu le droit, comme en février, à des grenades assourdissantes, celles qui ont causé la mort de Rémi Fraisse.
On en a essuyé quelques-unes au début du face à face, mais c’est quand on a décidé de se replier, lorsqu’on était entrain de repartir et qu’on leur tournait le dos, que les GM nous ont littéralement noyé sous les grenades, faisant plusieurs blessés graves parmi nous. Le but n’était donc pas de nous maintenir à distance, de protéger le site, ni d’utiliser la “justice” pour sanctionner d’éventuels actes répréhensibles juridiquement, mais bel et bien de nous blesser, nous mutiler, voir de nous tuer, puisqu’ils savent que ces grenades sont potentiellement mortelles. Remi Fraisse a été tué par une seule grenade assourdissante. Avec mon binôme légal on était positionné sur la “ligne de front” on en a dénombré une trentaine au moment du repli… Ils ont donc pris le risque de faire une trentaine de morts parmi nous, alors qu’on ne représentait plus aucun “danger”, on s’en allait.
Une pluie de grenades, des explosions à hauteur de visage, des corps projetés en l’air comme s’ils sautaient sur une mine, des enfants éclaboussés par le canon à eau de la gendarmerie : quarante-huit heures après la manifestation contre Cigéo, le site d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne, des opposants accusent les gendarmes d’avoir mis en place une stratégie de la tension et décrivent des scènes d’une violence extrême. Le cas le plus grave concerne Robin, père de deux enfants, grièvement blessé par une grenade GLI-F4 qui a brisé la plupart des os de son pied. Actuellement hospitalisé, il risque l’amputation de ses cinq orteils.
[…] Journaliste et réalisateur, Sébastien Bonetti a filmé la manifestation du 15 août. Il raconte s’être senti « en danger physique » pour la première fois dans une manifestation : « Alors que je tenais ma caméra, par trois fois, j’ai failli me prendre une grenade dans le visage. Si quelqu’un ne m’avait pas crié “cours !”, à chaque fois, je me la prenais. Je me suis senti visé. J’ai vu des grenades éclater à deux mètres du sol, au niveau du visage des gens. C’était hallucinant. Quand je suis reparti, j’étais sous le choc. On est passé à rien d’avoir un mort à Bure. » Il décrit aussi le puissant jet du canon à eau s’abattant sur le cortège alors que s’y trouvaient des enfants.
Yann, un manifestant, a vu la grenade à effet de souffle tomber sur le pied de Robin : « C’était en fin de manif. Il tournait le dos aux gendarmes, et faisait partie de ceux qui criaient : “C’est fini, on rentre.” J’étais à 20 mètres de lui environ. J’ai vu un truc arriver et exploser en tombant sur son pied. Dans la seconde, son pantalon était déchiqueté. »
D’après lui, la grenade a été tirée depuis une distance de 100 mètres. Après la dispersion de la manifestation, il est retourné sur place : « J’ai retrouvé un cratère de 40 cm de diamètre, noir, calciné, dans lequel on a retrouvé des morceaux de tissus et de cuir déchiqueté de la botte du copain, et l’ogive de la grenade. » Sébastien Bonetti a également été témoin de la blessure : « J’ai vu son pied exploser. C’est la première fois de ma vie que je voyais ça. Sa chaussure a explosé, son pied pendouillait. »
Des manifestants ont prélevé les restes de grenades retrouvés au sol après la dispersion du rassemblement. Selon leur décompte, entre 15 et 30 grenades GLI-F4, contenant 25 grammes de TNT, ont été tirées par les gendarmes le 15 août. Ils ont retrouvé les restes de 2 à 6 grenades de désencerclement, entre 30 et 80 grenades lacrymogènes MP7 à main et avec propulseur ainsi que 5 à 15 balles de gommes de 40 millimètres de diamètre, lancées par des LBD. Un autre manifestant décrit une ferme bombardée de lacrymogènes et des vaches asphyxiées par les gaz dans un hangar.
[…]
Alice, membre de l’équipe médics, raconte à son tour : « Quand on a évacué les blessés, tout à la fin, on a eu l’impression de se faire canarder. On s’est pris deux ou trois grenades de désencerclement dans les jambes. C’était tellement violent. Des personnes sautaient en l’air, comme si elles avaient marché sur une mine. Ça gueulait “médic !” de partout. Il y a eu un mouvement de panique. Des gens se sont attroupés pour donner un coup de main et se relayer pour porter les gens. Il y a eu un grand élan de solidarité. » Quand les secours sont arrivés, ils semblaient démunis, se souvient-elle : « Il faut arrêter d’utiliser des armes de guerre contre des civils car les secours ne sont pas formés pour y faire face. »
Plusieurs manifestants joints par Mediapart décrivent des séquences confuses, voire chaotiques, de lancers de grenades, en cloche, sur les manifestants. Mais selon Matthieu, un opposant qui se trouvait, lui, dans le bois Lejuc occupé par les anti-Cigéo, à 4 ou 5 kilomètres de là, en surplomb et équipé de jumelles, « une rangée de gendarmes mobiles a tiré des gaz lacrymogènes [vers la fin de la manifestation] au-dessus d’une ligne de leurs collègues, traçant ainsi une ligne entre eux et les manifestants. Il y a eu ensuite un deuxième tir, qui est arrivé en plein dans la manifestation, séparant environ 30 % des personnes du reste du groupe, puis encore deux tirs, parfaitement droit à gauche et à droite. De là où je me trouvais, cela dessinait un carré parfait de fumée, montrant à quel point tout était très bien maîtrisé. Les manifestants se sont retrouvés piégés à l’intérieur de ce carré ».
Au total, les opposants dénombrent au moins une trentaine de blessés, mais pensent que certaines personnes ont préféré ne pas montrer leurs blessures, par crainte de la police. À l’hôpital de Nancy, les gendarmes ont visité à deux reprises la chambre de Robin, dont une fois pour perquisitionner ses vêtements.
La préfecture de la Meuse, elle, ne fait état que de quatre appels des manifestants aux services de secours et trois hospitalisations. Elle ne reconnaît pas pour l’instant de responsabilité dans la blessure de Robin, considérée comme une simple rumeur internet : « Les informations qui circulent sur les réseaux sociaux méritent des vérifications rigoureuses. Elles sont en cours. Il est trop tôt pour apporter des réponses définitives à ce sujet. » Pourtant, selon les opposants, la police a auditionné le blessé pendant une heure et demie l’après-midi du 16 août.
Dans un communiqué commun, l’association des élus opposés à l’enfouissement des déchets nucléaires (Eodra) et le collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (Cedra) se disent « abasourdis » par « la violence des forces de l’ordre, que l’on peut résumer en un mot (deux) : répression totale ». Ils ajoutent avoir « une pensée sincère envers tous les blessés, mais nous dénonçons par ailleurs les perquisitions subies dans les chambres d’hôpital des manifestants ; autres débordements de cette notion de violence qui représente bien, dans ce cas, l’amoralité et l’étendue de ses multiples facettes »
[…]
Les opposants accusent, eux, les gendarmes d’avoir fait dégénérer la situation en bloquant le cortège, contraignant les manifestants à traverser le village tout proche de Saudron. Aucune interpellation n’a eu lieu sur place. Mais la préfecture ajoute que « des observations ont été faites, des images ont été prises et des vérifications sont en cours par les forces de l’ordre ».
Quel enchaînement de décisions a conduit au lancer de grenade qui a gravement blessé Robin ? Combien de projectiles ont-ils, en tout, été utilisés par les gendarmes ? Les forces de l’ordre ont-elles pris le risque de causer un ou plusieurs morts à Bure le 15 août ? La préfecture ne répond à aucune des questions posées par Mediapart.
À la lecture des témoignages que nous avons recueillis, il est pourtant impossible d’ignorer les similarités avec la stratégie de la tension qui a entraîné la mort de Rémi Fraisse à Sivens, en octobre 2014. Après le décès du jeune homme, l’ancien ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a interdit les grenades offensives (retrouver l’article de Louise Fessard à ce sujet). Mais l’usage des grenades GLI reste autorisé, malgré leur dangerosité. En 2024, Mediapart avait interviewé Pascal Vaillant, un manifestant gravement blessé au pied par une munition de ce type lors d’une manifestation. Il n’a jamais obtenu gain de cause auprès de la justice. La France est le seul pays en Europe à utiliser des munitions explosives en opération de maintien de l’ordre contre des manifestants.
Il y a un bug à la fin du dernier commentaire:
“En 2024, Mediapart avait interviewé Pascal Vaillant, un manifestant gravement blessé au pied par une munition de ce type lors d’une manifestation”
Je ne sais pas s’il faut lire 2014 ou une autre année, mais ça serait bien de rectifier.
rémi fraisse est mort par une grenade offensive ou une grenade de décencerclement ?
Rémi Fraisse a été assassiné par une grenade offensive ou aussi dites assourdissante.
Je me mermet de recopier un commentaire de Nantes Révoltée qui explique bien ce qu’il en est :
“Cazeneuve a suspendu les grenades OF F1 après la mort de Rémi Fraisse. Une annonce médiatique, puisque les forces de l’ordre utilisaient très peu ce type d’arme. En revanche, les autres grenades “à effet de souffle”, également chargées de TNT, n’ont jamais été interdites et sont encore massivement utilisées. Celle qui provoque le plus de dégâts est la grenade GLI F4. Notons enfin que la France est le seul pays européen où l’on envoie des grenades explosives sur des civils.”
Pour l’Etat,il s’agit de briser toute contestation et plus particulierement la contestation antinucléaire .J’ai vécu Montabo en 2012.Avant il ya avait eu Creys Malville en 1977 avec la mort de Vital Michalon
Ces gens d’armes ont des ordres et ils exécutent et ces ordres sont donnés par les réprésentants de l’Etat .
Ils ont le permis de tuer et d’invalider.C’est la politique de la peur!
Pour aller à leur contact il faut être conscient de tout ça , être entraîné et équipé. Les personnes vulnérables ,les enfants,les inconscients n’ont rien à faire sur ces champs de bataille .
La classe politique qui ne dit mot cautionne ces méthodes dictatoriales.
La France est une imposture et ce n’est pas nouveau
Société nucléaire ,société policière
Un commentaire niant la responsabilité de la police quant aux blessures et morts dues à leurs armes a été caché.
Un autre commentaire a été caché: les propos de ces commentaires sont ceux qu’on peut lire partout, alors oui sur indymedia, on préfère laisser la pplace aux paroles camarades qu’on ne peut pas trouver facilement. Si les auteurEs ne sont pas contentEs, il y a toujours les commentaires de libé ou du figaro ou illes pourront s’y faire des amiEs.
Des commentaires niant la responsabilité de la police …
La pollution des esprits touche aussi IM
On hallucine . C’est l’apologie du déni dans ce pays
Le permis de tuer est bien réel
https://www.syllepse.net/lng_FR_srub_25_iprod_611-permis-de-tuer.html
Parfois j’aimerai le faire bouffer aux crétins négationistes et révisionnistes
Bure: «Juste avant que mon pied saute, j’ai vu une grenade exploser à hauteur de tête» – Page 1
Jade Lindgaard
5-6 minutes
Une pluie de grenades, des explosions à hauteur de visage, des corps projetés en l’air comme s’ils sautaient sur une mine, des enfants éclaboussés par le canon à eau de la gendarmerie : 48 heures après la manifestation contre Cigéo, le site d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne, des opposants accusent les gendarmes d’avoir mis en place une stratégie de la tension et décrivent des scènes d’une violence extrême.
Le cas le plus grave concerne Robin, père de deux enfants, grièvement blessé par une grenade GLI-F4 qui a brisé la plupart des os de son pied. Actuellement hospitalisé, il risque l’amputation de ses cinq orteils.
Par le biais d’une tierce personne, il écrit ce récit, transmis à Mediapart puis diffusé dans un communiqué : « Mon pied est dans un sale état, la grenade l’a creusé sur une profondeur de 3 cm et un diamètre de 13 cm, les os sont pour la plupart brisés. Certains ont même disparu, pulvérisés. La chaussure a été explosée, le plastique a fondu et s’est engouffré dans la plaie, si bien qu’une infection est probable, ce qui nécessiterait l’amputation des cinq orteils. À cela s’ajoute une trentaine d’éclats répartis dans l’autre jambe. Les gendarmes ont tiré une quinzaine de grenades assourdissantes, ils ne couraient aucun danger. Juste avant que mon pied saute, j’ai vu une grenade exploser à hauteur de tête. »
Journaliste et réalisateur, Sébastien Bonetti a filmé la manifestation du 15 août. Il raconte s’être senti « en danger physique » pour la première fois dans une manifestation : « Alors que je tenais ma caméra, par trois fois j’ai failli me prendre une grenade dans le visage. Si quelqu’un ne m’avait pas crié : “Cours !”, à chaque fois, je me la prenais. Je me suis senti visé. J’ai vu des grenades éclater à deux mètres du sol, au niveau du visage des gens. C’était hallucinant. Quand je suis reparti, j’étais sous le choc. On est passés à rien d’avoir un mort à Bure. » Il décrit aussi le puissant jet du canon à eau s’abattant sur le cortège alors que s’y trouvaient des enfants.
Yann, un manifestant, a vu la grenade à effet de souffle tomber sur le pied de Robin : « C’était en fin de manif. Il tournait le dos aux gendarmes et faisait partie de ceux qui criaient : “C’est fini, on rentre.” J’étais à 20 mètres de lui environ. J’ai vu un truc arriver et exploser en tombant sur son pied. Dans la seconde, son pantalon était déchiqueté. »
D’après lui, la grenade a été tirée depuis une distance de 100 mètres. Après la dispersion de la manifestation, il est retourné sur place : « J’ai retrouvé un cratère de 40 cm de diamètre, noir, calciné, dans lequel on a retrouvé des morceaux de tissus et de cuir déchiqueté de la botte du copain, et l’ogive de la grenade. » Sébastien Bonetti a également été témoin de la blessure : « J’ai vu son pied exploser. C’est la première fois de ma vie que je voyais ça. Sa chaussure a explosé, son pied pendouillait. »
Des manifestants ont prélevé les restes de grenades retrouvés au sol après la dispersion du rassemblement. Selon leur décompte, entre 15 et 30 grenades GLI-F4, contenant 25 grammes de TNT, ont été tirées par les gendarmes le 15 août. Ils ont retrouvé les restes de 2 à 6 grenades de désencerclement, entre 30 et 80 grenades lacrymogènes MP7 à main et avec propulseur ainsi que 5 à 15 balles de gommes de 40 millimètres de diamètre, lancées par des LBD. Un autre manifestant décrit une ferme bombardée de lacrymogènes et des vaches asphyxiées par les gaz dans un hangar.
Robin : « La volonté des forces de l’ordre à ce moment-là est très clairement de blesser ou de tuer, dans le but de terroriser ceux qui se battent et ceux qui ne se battent pas encore. Sur le brancard de l’équipe médic [services médicaux autogérés par les militants – ndlr], dont je salue le courage et l’efficacité, j’entendais encore les grenades exploser. Malgré le brutal changement que cette blessure va provoquer dans ma vie de père de deux enfants en bas âge, j’appelle plus que jamais à continuer le combat, à le prendre ou à le reprendre pour certains. »
Alice, membre de l’équipe médics, ces équipes médicales autogérées par les militants, raconte à son tour : « Quand on a évacué les blessés, tout à la fin, on a eu l’impression de se faire canarder. On s’est pris deux ou trois grenades de désencerclement dans les jambes. C’était tellement violent. Des personnes sautaient en l’air, comme si elles avaient marché sur une mine. Ça gueulait “médic !” de partout. Il y a eu un mouvement de panique. Des gens se sont attroupés pour donner un coup de main et se relayer pour porter les gens. Il y a eu un grand élan de solidarité. » Quand les secours sont arrivés, ils semblaient démunis, se souvient-elle : « Il faut arrêter d’utiliser des armes de guerre contre des civils car les secours ne sont pas formés pour y faire face. »